Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERGER, Jacques

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BERGER (Jacques) ou BERGÉ, sculpteur, né à Bruxelles, le 15 mai 1693, y décédé le 16 novembre 1756. Il était fils de Louis Berger et d’Élisabeth Vanden Borre. Après s’être exercé quelque temps à la sculpture, il se rendit à Paris et entra à l’atelier de Nicolas Couston ; puis il partit pour l’Italie et séjourna plusieurs années à Rome, s’y livrant avec ardeur et succès à la pratique de son art. Revenu dans sa ville natale, en 1722, il s’y fixa et fut admis franc-maître sculpteur dans la Corporation des quatre couronnés (métier des maçons, tailleurs de pierre, sculpteurs et ardoisiers). Plus tard on lui confia la direction de l’académie de dessin ; il vécut dans le célibat, et à sa mort fut enterré dans l’église de Sainte-Catherine. Les auteurs qui eurent à le mentionner dans leurs écrits le nomment, les uns Berger, les autres Bergé ou Vergé. Il est le plus connu sous le nom de Jacques Bergé, ainsi qu’il signait ordinairement les productions de son habile ciseau. On peut signaler de cet artiste des œuvres capitales en Belgique. En 1742, il sculpta pour l’abbaye des Prémontrés, à Ninove, une magnifique chaire de vérité, qui, depuis 1807, est placée dans l’église de Saint-Pierre à Louvain. Elle est formée d’un rocher, surmonté de deux palmiers qui supportent un abat-voix en guise de draperie et entouré d’anges. Au pied du rocher est représentée la Conversion de saint Norbert, le fondateur de l’ordre des Prémontrés. Près de l’escalier est saint Pierre, dans une grotte. Les statues sont de grandeur naturelle. Cette chaire à prêcher est l’une des plus remarquables du pays.

Près de Louvain est l’abbaye du Parc, et dans son église les boiseries ornementées du chœur et le mausolée élevé aux anciens prélats du monastère, par l’abbé De Waerseggher, attestent aussi le talent très-distingué de l’artiste bruxellois. Les boiseries renferment des peintures de P.-J. Verhaeghen : le Baptême du Christ, l’Adoration des mages, la Présentation au temple, le Christ bénissant les petits enfants. Entre les deux premiers tableaux, sous une arcade, est un sarcophage en marbre noir, d’où semble sortir la Mort, qui du doigt montre la table tumulaire sur laquelle sont inscrits les abbés du Parc décédés depuis 1132 à 1728. Aux angles du sarcophage sont les statues de la Foi et de l’Espérance, et au-dessus voltigent des anges, tenant les emblèmes de la prélature. L’arcade a pour couronnement l’image du Temps. Statues et statuettes sont en marbre de Carrare ; sur le socle de l’une d’elles est l’inscription : Jacobus Bergé invenit et fecit, 1729. — Dans le chœur de la même église l’artiste plaça, en 1738, des stalles en bois, ornées de sculptures ; elles ont été enlevées et vendues en 1828.

Pour la cathédrale de Saint-Bavon, à Gand, il exécuta, en 1745, le monument funéraire du quatorzième évèque, monseigneur Jean-Baptiste Desmet. Le prélat, en habits sacerdotaux, est à demi couché sur sa tombe. La statue est en marbre blanc, d’un dessin correct et d’un fini parfait. Le mausolée porte la signature du sculpteur et le millésime d’exécution : Jacobus Bergé, invenit et fecit, 1745.

Citons encore le beau groupe en marbre blanc de la fontaine du Grand-Sablon, à Bruxelles. Cette œuvre est due à la munificence de lord Thomas Bruce, comte d’Aylesbury, en reconnaissance de l’accueil hospitalier que le fidèle partisan de Jacques II reçut dans les Pays-Bas. Sur un piédestal de quatre mètres de hauteur est assise Bellone, tenant un médaillon aux effigies de François Ier et de Marie-Thérèse d’Autriche. À la droite de la déesse est la Renommée, à sa gauche la personnification de l’Escaut. Un génie tient la lance et l’égide. Sur les faces du soubassement sont les armes de lord Bruce et des inscriptions remémoratives. Le groupe et les accessoires de ce trophée ont coûté six mille cinq cents florins de Brabant. Il fut terminé en novembre 1751. — Dans la salle de réunion de la Maison des Poissonniers sont placés aux deux côtés de la fontaine de Gabriel Gripello, fontaine décorée de figures et d’attributs de pèche, deux bas-reliefs de Jacques Bergé. Ils représentent le Martyre de saint Pierre et la Punition d’Ananias. Ces bas-reliefs, en terre cuite, sont assez médiocres, on a peine à y reconnaître le talent dont il a fait preuve dans ses autres œuvres.

Edm. de Busscher.

Ph. Baert, Mémoires sur les sculpteurs, etc., des Pays-Bas. — Bulletin de l’Académie de Belgique, 1848. — Henne et Wauters, Histoire de Bruxelles, 1845. — Les Délices des Pays-Bas. 1786. — L’Église de Saint-Bavon, à Gand, 1819 et 1857.