Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BASSÉE, Adam DE LA

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BASSÉE (Adam DE LA), DE BASSECA ou DE BASSEYA, poëte latin, musicien, chanoine de la collégiale de Saint-Pierre, à Lille, né à La Bassée, dans la premiére moitié du xiiie siècle, mort à Lille, le 25 février 1286. On conserve à la Bibliothèque impériale de Lille, sous le n° 95, un manuscrit, petit in-folio sur parchemin, intitulé : Ludus Adæ de Bassecia, canonici insulensis, super Anticlaudianum. C’est le seul ouvrage d’Adam de la Bassée que nous possédions encore. Comme l’indique le titre du poëme, le Ludus est un délassement poétique et littéraire sur le thème du fameux Anticlaudianus d’Alain de Lille (Voir Biographie nationale, t. I, p. 166). L’auteur nous apprend avec ingénuité, que le doux printemps, qui fait éclore les fleurs, lui ramenant trop son vent de longues et pénibles souffrances, il a entrepris ce travail pour charmer ses loisirs et calmer ses douleurs. Le fond de l’ouvrage n’est qu’une imitation, souvent trop servile, de l’œuvre d’Alain de Lille, mais les hymnes, les proses et les séquences, dont Adam de la Bassée a orné son poëme, sont originales, et ces petites poésies sont incontestablement supérieures au reste de l’ouvrage. Selon le goût de l’époque, Adam de la Bassée a écrit en prose rimée ; ses chants liturgiques accusent cependant un rhythme régulier. Pour sa poésie, elle est simple, naïve, parfois gracieuse ; mais on sent facilement qu’il s’est écarté de la tradition des classiques, et qu’il n’a connu d’autres modèles que les hymnes de l’église et les chansons des trouvères de son temps. De la Bassée aimait et cultivait la musique : « Rien n’est plus capable, dit-il, de tenir éloignés les tristes ennuis, que le son du tambourin, de la vielle et du psaltérion, ainsi que les chants et les doux concerts de voix. » Aussi a-t-il eu soin de mettre en notes tous les cantiques de son poëme, en indiquant les airs connus qu’il adopte. C’est tantôt une ancienne mélodie d’église, d’autres fois une chanson de danse ou une complainte d’amour de quelque trouvère en renom. De la Bassée puise naïvement à toutes les sources, selon l’antique adage : Omnia munda mundo. Plusieurs de ses chants ne sont rapportés à aucun air désigné, peut-être pourraient-ils être attribués au bon chanoine, que l’importune goutte rendait poëte et musicien.

Il existait autrefois plusieurs manuscrits du Ludus d’Adam de la Bassée : Foppens et Sanderus en indiquent deux à la bibliothèque de l’ancienne abbaye de Saint-Martin à Tournai ; mais ces manuscrits ont disparu et on ne connaît plus aujourd’hui que celui de Lille. M. l’abbé Carnel a publié dernièrement, dans ses Chants liturgiques d’Adam de la Basée, treize petites poésies latines de cet auteur, et reproduit, en notation moderne, sept des plus belles compositions musicales de son recueil.

Eugène Coemans.

Foppens, Biblioth. Belg., t. I, p. 4. — Le Glay, Mém. sur les archives du chapitre de Saint-Pierre à Lille, p. 17. — Dupuis, Notice sur la vie, les écrits et la doctrine d’Alain de Lille. Lille, 1849. — Carnel, Chants liturgiques d’Adam de la Bassée. Gand, 1858.