Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BALLAER, Jean VAN

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BALLAER (Jean VAN), écrivain ascétique plus connu sous le nom de Michel de Saint-Augustin, né à Bruxelles, le 15 avril 1622, mort dans cette ville le 2 février 1684. Il fit son cours d’humanités au collège fondé à Bruxelles, par les Augustins, au commencement du xviie siècle. Cette institution passait, à cette époque, pour un des meilleurs établissements de ce genre. Le jeune Van Ballaer s’y distingua parmi ses condisciples par une grande vertu et de rares talents. A l’âge de dix-sept ans, il entra dans l’ordre des Carmes chaussés, et prononça les vœux, solennels au couvent de sa ville natale, le 14 octobre 1640. A partir de ce moment, il prit le nom de Michel de Saint-Augustin. Ordonné prêtre, en 1645, il célébra sa première messe le 10 juin de cette année, assisté à l’autel de ses six frères, dont trois étaient prêtres séculiers et trois autres appartenaient à l’ordre de Saint-François. Le même jour, et pendant cette solennité, un septième frère fit sa profession religieuse dans l’ordre des Carmes. Le père Michel devint successivement professeur de théologie, directeur des novices, définiteur ou assistant du père provincial, et deux fois prieur du couvent de Malines. Élu, en 1656, prieur du couvent de Bruxelles, il fut encore, la même année, nommé, à l’unanimité des suffrages, provincial de la Belgique par le chapitre de l’ordre réuni à Bruges. Cette dernière charge lui fut encore confiée en 1667 et en 1677. Il fut aussi, pendant quelque temps, commissaire général de l’ordre.

Observateur scrupuleux de la règle monastique qu’il avait embrassée, et profondément versé dans la théologie mystique et ascétique, le père Michel s’adonna, avec un zèle extraordinaire, à la direction spirituelle des religieux de son ordre, des personnes ecclésiastiques et des gens du monde. Malgré les occupations si multipliées du saint ministère, il parvint à trouver le temps pour la composition de plusieurs ouvrages, qui tous respirent la plus haute et la plus tendre piété. Épuisé par des austérités continuelles, Michel de Saint-Augustin mourut, en odeur de sainteté, au couvent de Bruxelles, à la suite d’un catarrhe pulmonaire que lui causa la rigueur de l’hiver de cette année. Son corps fut inhumé dans l’église du couvent.

Voici les ouvrages dus à la plume du père Michel de Saint-Augustin : 1° Introductio in terram Carmeli et gustatio fructuum illius seu introductio ad vitam vere Carmeliticam seu mysticam et fruitiva praxis ejusdem. Bruxelles, ex typ. Francisci Vivien, 1659 ; vol.in-12 de xxii-608 pages. Il parut peu de temps après une traduction flamande de cet ouvrage, sous le titre de : Inleydinghe tot het landt van Carmelus. Brussel, vol. in-12. — 2° Pia vita in Christo pro incipientibus, proficientibus et perfectis cum compendio tentationum et remediorum earumdem pro eisdem. Bruxellæ, apud Joannem Mommartium, 1663 ; vol. in-12 de xii-743 pp. Le premier livre de ce traité avait déjà paru en flamand sous le titre : Godvruchtigh leven in Christo. Brussel, 1661 ; vol. in-12. — 3° Institutionum mysticarum libri quatuor. Antverpiæ, 1671 ; vol. in-4o. C’est l’ouvrage précédent augmenté d’un troisième et d’un quatrième livre. Le troisième était intitulé : De Introductione ad vitam mysticam et de fruitiva praxi ejusdem, le quatrième : De totali abnegatione sui et de Vita Divina et Mariana, necnon de adoratione Dei in spiritu. Ce dernier avait été publié en flamand, deux années auparavant, sous le titre : Van de grondeloose Verloocheninghe synselfs om Godt en Maria, in Godt en en Maria. Mechelen, 1669 ; volume in-12. C’est sans doute le traité cité par Paquot, au n° 6 de la liste des ouvrages de Michel de Saint-Augustin. — 4° Eensaemheydt van thien daghen, oft XXX meditatien voor d’exercitien van thien daghen. Brussel, Eug.-Henricus Fricx, 1677 ; vol. in-12 de 559 pp. — 5° Spiegel der religieuse volmaecktheydt voorghestelt in ’t leven ende deughden van den dienaer Godts Fr. Arnoldus a S. Carolo, religieus clerck van de orden der Broeders van O. L. V. des berghs Carmeli in de Nederduytsche provincie. Cortryck, erfgenamen van Jan van Gemmert, 1677 ; vol. in-12 de 327 pp. — Dès l’année 1669, le père Michel avait fait paraître, à Malines, un abrégé de cette vie, rédigé aussi en flamand ; un autre abrégé, en latin, a été imprimé dans le Speculum Carmelitanum, t. II, part. II, page 1031. — 6° Exercitien van thien daghen. Yperen, 1681 ; vol. in-16. Différent du n° 4. — 7° Het Engels Leven ; vol. in-16, imprimé à Ypres en 1681. Cité par Paquot, n° 9. — 8° Collectio decretorum pro exactiori observantia constitutionum reformationis in provincia Flandro-Belgica conditarum a reverendissimis Joanne Antonio Philippino et Hieronymo Ari, generalibus in suis visitationibus ; tum per capitula et congregationes à RR. PP. confirmatorum. Bruxellis, Petrus Vande Velde, 1681 ; vol. in-8o. — 9. Het Leven der weerdighe moeder Maria a Sta Theresia, (alias) Petyt, van den derden regel van de orden der Broederen van Onse L. Vrouwe des berghs Carmeli, tot Mechelen, overleden den 1 november 1677. Une première édition de cet ouvrage parut à Bruxelles en 1681 (1 vol. in-4o), et une seconde considérablement augmentée, à Gand, en 1683-1684, chez les héritiers de Jean Vanden Kerchove (4 parties in-4o, ordinairement reliées en deux volumes). Le père Michel avait été le directeur spirituel de Marie de Sainte-Thérèse, du tiers ordre des Carmes, nommée dans le monde Marie Petyt, et morte, à Malines, en odeur de sainteté, le 1er novembre 1677.

Le père Michel de Saint-Augustin laissa aussi quelques manuscrits : 1° Une Instruction courte et facile, contenant, en abrégé, beaucoup de choses utiles pour ceux qui commencent, pour ceux qui s’avancent et pour les parfaits. Ce traité, écrit en flamand comme le suivant, était conservé au couvent des Carmes de Malines — 2° De l’adoration en esprit et en vérité. Ce manuscrit se trouvait chez les Carmes d’Anvers. — Ces deux écrits n’étaient probablement que des traductions des livres I et IV des Institutiones mysticæ, cités ci-dessus n° 3. — 3° On conservait aussi, en manuscrit, au couvent des Carmes, à Bruxelles, un cours de philosophie en latin, et un Tractatus de jure et justifia. Ces ouvrages, composés par le père Van Ballaer, lorsqu’il était chargé de l’enseignement de la philosophie et de la théologie, en qualité de professeur de l’ordre, ont péri avec la bibliothèque et le couvent des Carmes pendant le bombardement de Bruxelles, en 1695.

E.-H.-J. Reusens.

Foppens. Bibliotheca Belgica, t. II, p. 896. — Paquot, Mémoires, éd. in-fol., t. I, p. 383. — De Ram, Hagiographie nationale, t. II, p. 44.