Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BAES, Martin
BAES (Martin), latinisé BASSIUS, dessinateur et graveur au burin, de l’école d’Anvers, vivait aux xvie et xviie siècles. Il est mentionné par Strutt, Bryon, Heinecken et Nagler, dans leurs nomenclatures de graveurs, comme ayant travaillé pour les imprimeurs ou les libraireséditeurs, et, en dernier lieu, avec plus de développement, par Charles Le Blanc, dans son Manuel de l’amateur d’estampes. Martin Baes gravait dans le genre de Jérôme Wiericx et de Jean Valdor, qui, en 1602, exécuta une partie des planches du Triomphe de Louis le Juste. Le burin de Baes est net, mais cette netteté n’est pas exempte de sécheresse. Les titres de la plupart de ses portraits et de beaucoup d’autres de ses gravures sont en latin ; la signature en est le monogramme M. B. f. ou le nom abrégé M. Bass, et Mart. Bass. f. (Martinus Bassius fecit). Quelquefois il signe Mart. Baes et M. Baes ou même Mart. Bast. — Heinecken cite le portrait de Felippo Bosquieri, signé : Martin Bassé fecit.
Dans ses Archives des Arts, insérées dans le Messager des sciences historiques et des arts de Belgique, année 1859, M. Alex. Pinchart constate que Martin Baes fut employé par des éditeurs de Saint-Omer, en 1614 ; de Tournai, en 1617 ; d’Arras, en 1623 ; de Douai, en 1618-1623. Voici les ouvrages qu’il a ornés de frontispices, de portraits et de gravures historiées ou épisodiques : 1° The life and death of Mr Edmund Geninges, in-4o, imprimé à Douai, chez Ch. Bogaert, en 1614. Ce volume porte en tête le portrait d’Edmond Geninges, jésuite martyrisé à Londres, en 1591. Cette planche, tirée séparément, est la pièce la plus rare de l’œuvre du graveur. Elle est signée : Mart. Bas f. Il y a, en outre, dans l’ouvrage, un titre gravé et onze planches reproduisant des épisodes de la vie et de la mort du martyr anglais. — 2° La Madeleine de F. Remi de Beauvais, capucin de la province des Pays-Bas, in-8o, imprimé chez Ch. Martin, à Tournai, en 1617. Ce petit livre, en vers français, a un frontispice et une planche représentant Sainte Madelaine portée au Ciel par deux anges ; il est d’une grande rareté aujourd’hui. — 3° Sancti Belgii ordinis Prædicatorum, chez Balth. Bellère, à Douai, en 1618, in-8o, orné d’un titre gravé, sur lequel figurent saint Thomas d’Aquin et le bienheureux Albert le Grand. L’ouvrage est illustré de dix-sept portraits de saints, en quinze planches, marquées du monogramme ou du nom de l’artiste. Ces planches ont été rééditées en 1629, par le même imprimeur douaisien, avec un texte français : Actions mémorables des PP. Dominicains qui ont fleuri aux Pays-Bas. — 4° Histoire de Tournay, chez Marc Wyon, à Douai, en 1619 et 1620 ; deux volumes in-8o, ornés de vingt-cinq planches de personnages reproduits en pied. — 5° Histoire de la vie, de la mort et des miracles de sainte Aldegonde, chez Guill. de la Rivière, à Arras, en 1623 ; in-8o, avec frontispice où sont représentés Walbert et Bertille. — 6° Vita Theodorici a Monasterio, guardiani Lovaniensis e sinu latibrarum eruta, par Arn. Raissius, chez Pierre Auroy, en 1631, à Douai, in-4o. Le frontispice offre le portrait de Thierri de Munster, mort à Louvain en 1515. — 7° Recherche des antiquitez et noblesse de Flandres, contenant l’histoire généalogique des comtes, etc., par Philippe de l’Espinoy, imprimée chez la veuve de Marc Wyon, à l’enseigne du Phoenix, à Douai, en 1631, in-folio. Ce volume renferme cinq grandes planches : 1° le frontispice du livre I, représentant la Flandre, personnifiée sous la figure d’une vigoureuse jeune femme, placée dans un portique et accostée de deux guerriers cuirassés, brandissant leur glaive. Elle tient de la main droite son écu blasonné au lion de sable en champ d’or ; 2° en face de la dédicace, les Armoiries de l’Infante d’Espagne Isabelle-Claire-Eugénie, sous un dais, accostées de deux anges avec leurs pennons armoriés ; 3° le premier comte de Flandre, Baudouin Bras de Fer, assis sur son trône, au milieu des hauts dignitaires ecclésiastiques, civils et militaires de sa comté, planche double, in-folio en travers ; 4° et 5° le frontispice du livre II, un portique moins historié que celui du livre I, et au revers la Pucelle de Gand dans son enceinte palissadée et avec ses attributs traditionnels. Les nos 1, 2 et 4 ne sont pas signés, mais ils sont évidemment de la même main que les nos 3 et 5, qui portent la signature : Mart. Baes f. Ces grandes planches ont moins de mérite que les petites gravures éditées antérieurement.
La collection de gravures de la Bibliothèque royale de Bruxelles possède quatre des publications enrichies de planches par Martin Baes : The Life and Death Mr Edm. Geninges ; Sancti Belgii ordinis Prædicatorum ; Actions mémorables des PP. Dominicains ; Histoire de la vie, de la mort et des miracles de sainte Aldegonde, et de plus, un grand médaillon flanqué d’écussons et signé : Mart. Baes sculp. a° 1610 ; un titre-frontispice d’un ouvrage intitulé : La Sacrée Vierge Marie au pied de la croix, imprimé à Arras, sans date, par Guillaume de la Rivière ; deux pièces à médaillons, avec les monogrammes de Jésus et de Marie, ainsi que leurs noms en chinois, gravures signées M. Bass. f. ; une vignette provenant d’un livre ascétique inconnu : Un Cœur avec la Sainte-Trinité au milieu, signé M. Baes, f.
Charles Le Blanc mentionne encore les gravures suivantes : L’Adoration du saint nom de Jésus, avec l’inscription : Omne genuflectur ; — Saint Pierre et saint Paul, frontispice gravé en 1622 ; les Armoiries d’un cardinal, avec cette devise : Aperit natura Deusque ; et enfin les portraits de saint François-Xavier, de Guillaume Estius (deux différents) et de Fra Paolo Sarpi. Ce dernier est attribué par Strutt et Heinecken à un graveur signant N. Baes, ce qui n’est autre que la signature fautive, défigurée ou ignorée, quant au nom propre, de Martin Baes.