Biographie nationale de Belgique/Tome 1/AYNSCOM, François-Xavier

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AYNSCOM (François-Xavier), d’origine anglaise, naquit à Anvers en 1624, et mourut dans la même ville, âgé de trente-six ans seulement. Il avait commencé de bonne heure la carrière scientifique ; dès l’âge de quatorze ans il entra dans l’ordre des Jésuites. Il devint ensuite professeur de belles-lettres et de sciences mathématiques. Ce fut en 1656 qu’il publia l’ouvrage dans lequel il entreprit de défendre, ainsi que l’avait déjà fait le père Sarapa, le fameux ouvrage de Grégoire de Saint-Vincent sur la quadrature du cercle. Sa tâche eût été facile, s’il n’avait eu qu’à faire valoir le nombre et l’importance de vérités nouvelles que renfermait ce recueil de mathématiques, d’un des savants les plus ingénieux de cette époque ; mais il prétendait soutenir une proposition erronée dont plusieurs géomètres démontraient la fausseté. Il est juste de reconnaître, d’ailleurs, que ce qui aujourd’hui, grâce à la marche des sciences, se trouve pleinement démontré, pouvait autrefois arrêter encore les géomètres les plus exercés.

Les admirateurs du talent de Grégoire de Saint-Vincent étaient nombreux ; mais les attaques de ceux qui croyaient qu’il s’était trompé sur la question de la quadrature du cercle n’en furent que d’autant plus vives. Le père Aynscom entreprit, en 1656, de répondre aux plus habiles. Neuf ans après la publication du grand ouvrage de Grégoire de Saint-Vincent, il essaya de combattre les objections qu’ils opposaient à ses arguments. Plein de confiance, il ne songea nullement à écarter les difficultés : Quâ in re, dit-il, solidius reliquis, versati sunt clariss. Dominus Christianus Hugenius, eruditissimique viri Adrianus Auzotius, Alexius Sylvius, et R. P. Vincentius Leotaudus S. I. Geometra egregius : qui licet spe suâ falsi, et scopum quem spectabant unicè, minimè attigere, ut sequentes edocebunt libri, eâ certè in re geometricâ versati sunt methodo, quæ geometras dicet[1]. L’auteur commence par établir, dans les quatre-vingt-sept premières pages de son ouvrage, les principes dont il croit avoir besoin pour répondre aux auteurs qu’il cherche à réfuter. Il commence par le père Mersenne, et démontre fort bien que ses objections ne sont pas valables et qu’il s’est trompé dans son argumentation.

Quand il s’en prend ensuite à l’illustre Huyghens, l’avantage ne reste plus de son côté. Le savant hollandais avait exposé clairement toutes les difficultés de cette importante question : il l’avait fait avec tous les égards que méritait le talent éminent du géomètre brugeois : Nostrâ sanè œtate, paucisque abhinc annis vir Clariss. D. Gregorius à Sancto Vincentio, de quo mihi deinceps dicendum restat, exquisitâ prorsus novâque methodo utramque quadraturam aggressus est, et credidit eâdem se propemodum demonstratione absolvisse. At ego cum amplissima quæ de hisce volumina emisit, perscriptis jam theorematis meis, diligentius evolverem (certus, si quod intenderat obtineret, saltem gravitatis me centra exhibiturum), intellexi tandem, majori subtilitate quam successu rem arduam tentatam fuisse, ratione quoque repertâ quâ id clarissimè ostendi posse confido. Ces mots, qui se trouvent dans l’introduction du second volume de Huyghens, page 313 de l’édition in-4o, qui parut à Leyde en 1724, prouvent, avec ceux qui les suivent, l’estime que le géomètre hollandais avait pour Grégoire de Saint-Vincent, bien qu’il se vît forcé de combattre une de ses propositions et en même temps les égards qu’il avait pour ses talents. On ne peut lire qu’avec un vif intérêt les lignes qu’il a consacrées à cette querelle, qui était à son époque d’une importance réelle pour la science, et qui aujourd’hui même n’est pas oubliée par les amis de la géométrie.

Ad. Quetelet.


  1. Francisci Xaverii Aynscom, Antverpiani è societate Jesu, expositio ac deductio geometrica quadraturarum circuli, R. P Gregorii a S. Vincentio, cui prœmillitur liber de natura et affectionibus rationum ac proportionum geometricarum. Antverpiæ, apud Jacobum Meursium. Anno 1656. Petit in-f° de 182 pages.