Biographie nationale de Belgique/Tome 1/AXPOELE, Guillaume VAN
AXPOELE ou AXELPOELE (Guillaume VAN), peintre d’histoire et de portraits, à Gand, élève de Daniel van Axpoele, son père, y florissait déjà à la fin du xive siècle, puisqu’il fut promu à la dignité de doyen de la corporation de Saint-Luc, ou métier des peintres et sculpteurs, à l’élection de la Noël 1399. Dès lors aussi son atelier jouissait d’une certaine réputation, ainsi que le prouve un acte authentique découvert, à la date du 25 novembre 1404, dans les registres échevinaux de Gand, Cet acte est la convention conclue entre maître Guillaume van Axpoele et Daniel van Lovendeghem, par laquelle le peintre s’engageait à donner l’instruction artistique à Guillaume van Lovendeghem, fils de Daniel, et à lui laisser faire, dans son atelier, l’apprentissage pratique, fixé à huit années. Le maître l’acceptait dans sa demeure et à sa table, pourvoyant à son entretien, selon sa condition, et promettait de l’exercer loyalement dans la peinture jusqu’à complète habileté professionnelle. Le produit du travail de l’apprenti appartenait à Guillaume van Axpoele, durant tout le temps de l’apprentissage, outre le payement d’une somme de dix livres de gros tournois, stipulée à charge de Daniel van Lovendeghem. Cette indemnité ou rémunération complémentaire accordée au maître, était considérable en 1404, et c’est le taux le plus élevé que nous ayons rencontré dans les actes semblables d’autres peintres de cette période.
Guillaume van Axpoele était un artiste de talent et de considération. Deux faits saillants le constatent : en 1418, il fut élu, pour la seconde fois, doyen de la corporation gantoise, et, en juin 1419, choisi par la magistrature urbaine pour repeindre en couleurs à l’huile les fresques historiées du vestibule de la maison échevinale de Gand. Ces peintures murales comprenaient toute la série des portraits en pied des comtes et comtesses de Flandre, avec leurs insignes souverains et leurs armoiries, depuis Baudouin Ier, surnommé Bras de Fer, jusqu’à Jean sans Peur, représentés, en grandeur naturelle, dans des compartiments architectoniques. Les intéressantes particularités sur Guillaume van Axpoele et sur ces anciennes peintures murales à l’huile, les premières qui furent exécutées à Gand par l’application du procédé des Van Eyck, nous ont été révélées par les livres des échevins, précieuse collection manuscrite conservée aux archives de la ville de Gand. Guillaume van Axpoele travailla à ces peintures murales avec Jean Martins, déjà affranchi, comme fils de franc maître, et qui fut admis à la maîtrise à la Noël 1420. Les portraitures primitives furent modifiées et exécutées à l’instar des peintures similaires effectuées, peut-être par les mêmes peintres, sur les parois de l’oratoire comtal, construit par le comte de Flandre Louis de Male, en 1374, dans l’église de Notre-Dame, à Courtrai. C’est aujourd’hui la chapelle de Sainte-Catherine), et des vestiges de ces curieux compartiments à représentations souveraines sont encore visibles. Elles y ont été découvertes en 1859, sous d’épaisses couches de badigeon, et offrent un rare spécimen de l’art pictural du xve siècle en Flandre[1].
L’année de la mort de Guillaume van Axpoele est ignorée. Après 1420, on le perd entièrement de vue. L’image du duc de Bourgogne Jean sans Peur, assassiné à Montereau, en septembre 1419, subit quelques changements en 1431, et ce fut Jean Martins seul que les échevins gantois chargèrent de cette besogne. — Des tableaux et des portraits peints par Guillaume van Axpoele, aucun n’est parvenu jusqu’à nous, du moins sous son nom.
- ↑ Recherches sur les peintres gantois des XIVe et XVe siècles ; indices primordiaux de l’emploi de la peinture à l’huile. Gand, 1859. — Messager des Sciences historiques et des Arts de Belgique. Même année.