Biographie nationale de Belgique/Tome 1/AS CLOQUETTES, Michel

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AS CLOQUETTES (Michel), négotiateur, né dans le Hainaut, au xiiie siècle. Il appartenait à une famille de Tournay dant le nom figure honorablement parmi la noblesse de cette ville. A la fin de ce siècle, on le voit revêtu des fonctions de chantre de Soignies et de chapelain de la maison du comte de Flandre ; la mention de ce double titre constitue à peu près tout ce qu’on sait sur sa vie privée ; mais des indications moins restreintes nous font connaître quel fut son rôle politique. On connaît la lutte désespérée que le comte Guy de Dampierre avait entreprise pour sauvegarder l’indépendance de la Flandre contre les prétentions de la France. Le nom de Michel As Cloquettes se mêle brillamment à cette lutte, par la part qu’il prit aux négotiations diplomatiques, destinées à y mettre un terme. Après avoir fait lire publiquement dans les églises de ses domaines, l’exposé des griefs qu’il se croyait fondé à produire contre la mauvaise foi de Philippe le Bel, le comte Guy résolut d’envoyer des ambassadeurs au pape, dont l’interdit venait en de moment de frapper la Flandre ; son choix tomba sur Jean Beck, Jean de Tronchiennes et Michel As Cloquettes qui fut le chef de cette mission. Ces envoyés partirent pour Rome à la fin de l’an 1296 et furent suivis de près par un quatrième envoyé, Jean de Menin, chevalier, conseiller du comte, ainsi que de plusieurs députés des villes flamandes, toutes intéressées aux succès des négotiations. Ils étaient en même temps porteurs d’une requête du clergé flamand au souverain pontife pour demander sa protection contre le roi de France. Dès le mois d’avril 1297, Michel As Cloquettes écrit deux lettres au comte de Flandre et à son fils Robert de Béthune, pour leur communiquer le résultat de leur entrevue avec le pape, auprès duquel les députés avaient été admis en compagnie de Philippe de Thiette, troisième fils de Guy qui résidait alors à Rome. Le souverain pontife se montra très-bienveillant pour la cause flamande ; il assura aux envoyés qu’il aplanirait les difficultés survenues entre le comte et les rois de France et d’Angleterre, et que l’indépendance du comté serait garantie. Les cardinaux qu’ils allèrent tous visiter successivement, ne se montrèrent pas moins bien disposés. Dans ces lettres, As Cloquettes supplie Guy de Dampierre et son fils de n’épargner ni argent, ni dons, ni promesses pour gagner et payer les avocats qui doivent plaider leur cause en cour de Rome ; il l’engage aussi à envoyer encore d’autres ambassadeurs, attendu que leurs adversaires sont défendus par un personnel considérable.

En janvier 1299 (v. st.), Robert de Béthune mande à Michel As Cloquettes de chercher à captiver surtout la bienveillance du pape et des cardinaux ; le danger dans lequel il se trouve, étant extrême, car le roi de France avait à la fois juré la perte de sa maison et de son comté. Malgré la détresse où l’avaient mis les dépenses faites pour la défense du pays, il lui envoie une somme de quinze cents florins pour subvenir à leurs besoins les plus pressants et pour payer les gratifications destinées aux cardinaux. Le 29 décembre 1299, les envoyés flamands présentèrent au pape Boniface VIII une déclaration dans laquelle ils exposaient points par points avec autant de calme que de dignité, les torts que le comte de Flandre avait à reprocher au roi de France et imploraient la protection du souverain pontife contre tant d’iniquités et de perfidie.

La rupture continuelle des engagements souscrits par Philippe le Bel paralysait cependant tous les moyens d’action des envoyés, quand la bataille de Courtrai ou des Éperons d’or (1302), vint heureusement mettre un terme à leur difficile mission. Lorsque la nouvelle de ce glorieux événement parvint à Rome, ce fut le pape Boniface VIII, qui, malgré l’heure avancée de la nuit, voulut l’annoncer lui-même, au Vatican, au chef de la mission, Michel As Cloquettes.

On ignore la date de la mort du chapelain de Guy de Dampierre, qui continua pendant plusieurs années encore, à siéger dans les conseils du comte de Flandre.

Bon de Saint-Genois.

Kervyn, Histoire de Flandre, t. II, pp. 392, 415, 424, 480, 579, 607.