Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ARTOIS, Jacques VAN

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ARTOIS (Jacques VAN), paysagiste, né à Bruxelles en 1613 et mort vers 1665. On ignore qui fut son maître. Descamps soupçonne qu’il fut élève de Wildens ; d’autres biographes prétendent qu’il doit tout à lui-même et qu’il se forma surtout par l’étude de la nature.

On a peu de renseignements sur la vie de cet artiste remarquable ; on sait seulement qu’il peignait avec une grande facilité et qu’il entretenait des relations d’amitié avec Van Dyck, Craeyer, Zeghers, Van Herp et surtout avec Teniers, dont il était l’ami intime. Ces artistes se plaisaient à peindre ou à retoucher les figures et les animaux de quelques-uns de ses paysages. Le Musée de Bruxelles possède, entre autres, de lui un paysage dont les figures sont peintes par Craeyer et les animaux par Zeghers.

Quoi qu’il en soit, Van Artois fut un des meilleurs paysagistes de son temps ; son pinceau est moelleux et sa touche aussi facile que vigoureuse. Tous ses ouvrages sont d’une grande manière ; il traitait surtout les ciels et les lointains avec un art inimitable, et son feuille révèle le faire d’un artiste consommé. Van Artois avait l’habitude d’orner le devant de ses tableaux de plantes, de ronces, de jonc et de mousse ; tous ces accessoires, sans nuire à l’ensemble et à l’harmonie de ses paysages, ajoutent à la richesse des détails. Van Artois ne paraît pas avoir visité les pays étrangers, afin de se perfectionner dans son art : les sites qu’il a reproduits semblent prouver que le cercle de ses études ne s’étendait pas au delà de la forêt de Soignes, située à peu de distance de Bruxelles ; aussi est-il moins varié que Van Uden. Ses toiles, fortement coloriées à la manière du Titien, sont devenues par le temps noirâtres. Ce défaut provient de ce qu’il glaçait souvent jusqu’à trois ou quatre reprises différentes les endroits qu’il voulait colorier.

Van Artois, dont la réputation s’était étendue au loin, et dont les productions étaient très-recherchées, avait réussi à se faire une belle fortune. Admis dans la société des grands, qui le recherchaient à cause de l’aménité de son caractère et des brillantes qualités de son esprit, il voulut les traiter magnifiquement chez lui ; il dissipa, ainsi, en fêtes et en festins une fortune laborieusement acquise par son talent, et mourut, vers 1665, dans un état voisin de la misère. On trouve son portrait dans le Gulden Cabinet, de De Bie, gravé par P. de Jode, d’après Jean Meyssens.

P.-C. Vander Meersch.

Descamps, Vies des Peintres, t. II, p. 213. — Siret, Dictionnaire historique des Peintres, 2e éd., t. I, p.46 — Kramm, Levens en Werken der hollandsche en vlaamsche Kunstschilders, 1e deel, bl 28. — De Bie, Gulden Cabinet, bl. 300. — Balkema, Biographie des Peintres flamands et hollandais, p. 6 — Houbraken, Schouburgh der nederlandsche Konstschilders, 1e deel, bl. 368. — Immerzeel, Levens en Werken der hollandsche en vlaamsche Kunstschilders, 1e deel, bl 13.