Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ANSÉGISE (Lobbes)

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* ANSÉGISE, administrateur de l’abbaye de Lobbes, puis archevêque de Sens, mort vers 883, était abbé de Saint-Michel, au diocèse de Beauvais, quand, au commencement de la seconde moitié du ixe siècle, le domaine de Lobbes, près de Thuin, fut horriblement dévasté par Hubert, frère de Tietberge, épouse de Lothaire, premier roi de Lotharingie. Le monastère fut pillé et ses biens distribués aux gens d’armes d’Hubert. L’abbaye s’étant relevée de ses ruines par les soins du roi Lothaire et de saint Jean, évêque de Cambrai, ce fut Anségise qui fut désigné pour y rétablir la discipline ecclésiastique et y faire refleurir les études. Il s’acquitta de cette mission avec tant de zèle qu’il mérita le nom de second Landelin. Après trois ans d’administration, il fut élevé au siége archiépiscopal de Sens, qu’il occupa jusqu’à sa mort, arrivée probablement en 883. Quelques auteurs la placent cependant en 879, 880 ou 882. Fulquin et Gilles Waulde, qui ont tous deux écrit l’histoire de Lobbes, ne mentionnent pas Anségise parmi ses abbés, probablement parce qu’il gouverna ce monastère plutôt à titre provisoire de réformateur que comme abbé définitif.

Les actes de son épiscopat concernent l’histoire de France, mais ce qu’il nous importe d’examiner, c’est l’assertion de quelques historiens belges qui attribuent à Anségise de Lobbes le mérite d’avoir recueilli, le premier, les Capitulaires de Charlemagne et de Louis le Débonnaire. Sigebert de Gembloux, Trithème, Miræus, Valère André et le savant Sirmond partagent cette première opinion avec quelques biographes modernes. Par contre, Adso, Pithou, Foppens, Baluze, Le Cointe, les Bollandistes, Pertz, ainsi que la généralité des historiens français, réclament cet honneur pour Anségise, abbé de Fontenelles, mort en 832 ou 833. Malgré le grand nombre de manuscrits des Capitulaires de Charlemagne que Pertz a recueillis dans les bibliothèques d’Europe, cette question n’a pu recevoir de solution positive et n’en recevra probablement jamais, mais l’ensemble des faits et des dates me portent à considérer Anségise de Fontenelle comme l’auteur probable de cette importante collection. Fabricius, Feller et quelques autres auteurs sont portés à ne voir qu’un même personnage dans Anségise de Lobbes et Anségise de Fontenelle, mais cette supposition d’identité est plus que téméraire.

Eugène Coemans.

Sigebert, Chron. an. 827. — Trithemius, Chron. hist., t. I, p. 15. — Val. Andreas, Bibl. belg., p. 60. — Foppens, Bibl. belg., t. I, p. 65. — Sweertius, Ath. belg., p. 129. — Fabricius, Bibl. lat., t. I. — De Chiniac, Capit. Reg. Franc. (præf. Baluzii), p. 34. — Gallia Christiana, t. XII. p. 25. — Act. SS. julii, t. V. p. 912 — Histoire littéraire de la France, t. IV. p. 509. — Mabillon, Act. SS. Ordin. S. Benedict., t. V, p. 593. — Ann. Benedict., t. III, p. 164. — Michaux, Biogr. univ., t. LVI. — Becdelièvre, Biogr. liég., t. I, p. 31. — Pertz, Monum. Germ. histor. Leg., t. I ; Script., t. II, p. 293. — De Vos, Lobbes, t. II p. 175.