Biographie des hommes vivants Michaud



Biographie des hommes vivants ou Histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits
1817-1819


BIOGRAPHIE

DES HOMMES VIVANTS.

AB-BY.

SE VEND CHEZ

BOSSANGE ET MASSON, libraires, à Londres ;

Th. HORN, libraire, à Breslaw ;

PIATTI, libraire, à Florence.

GIEGLER, libraire, à Milan.

BOCCA, libraire, à Turin.

GRIESHAMMER, libraire, à Leipzick ;

SCHAUMBOURG, libraire, à Vienne ;

MAIRE, libraire, à Lyon ;

Mme. Vv. BERGERET, libraire, à Bordeaux.

LECHARLIER, libraire, à Bruxelles ;

RENAULT, libraire, à Rouen ;

SENAC, libraire, à Toulouse ;

DEIS, libraire, à Besançon ;

VANACKERE, libraire, à Lille ;

PASCHOUD, libraire, à Genève ;

LEVRAUT, libraire, à Strasbourg ;

DEVILLY, libraire, à Metz ;

BOGAERT DUMORTIER, libraire, à Bruges.

BIOGRAPHIE

DES HOMMES VIVANTS,

ou

HISTOIRE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE

DE LA VIE PUBLIQUE DE TOUS LES HOMMES QUI SE SONT FAIT

REMARQUER PAR LEURS ACTIONS OU LEURS ÉCRITS.

OUVRAGE ENTIÈREMENT NEUF,

RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES ET DE SAVANTS.

On doit des égards aux vivants ; on ne doit, aux morts,

que la vérité. (VOLT., Ire. Lett. sur OEdipe.)

TOME PREMIER.

A PARIS,

CHEZ L. G. MICHAUD, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,

RUE DES BONS-ENFANTS, N°. 34.

SEPTEMBRE 1816.


==AVERTISSEMENT.==

L’UTILITÉ des ouvrages biographiques est assez prouvée par le succès qu’ils ont obtenu de nos jours. Il en a paru un grand nombre, depuis quelques années, dans toutes les langues et chez toutes les nations. Quelque incomplets et quelque insuffisants qu’ils soient pour la plupart, le public les a tous lus avec empressement. Ceux de ces recueils qui ont rapport aux contemporains, sont surtout recherchés avec une extrême avidité. La cause de cet empressement est facile à comprendre : s’il est intéressant pour nous de connaître les personnages qui se sont distingués dans les siècles qui ont précédé le nôtre, à combien plus forte raison ne nous importe-t-il pas d’avoir sous les yeux, et dans un cadre facile à consulter, les portraits et l’histoire des hommes dont le nom frappe à chaque instant nos oreilles, et avec lesquels nous sommes tous les jours en relation ! Si un ouvrage de ce genre pouvait être complet sous tous les rapports, et s’il était possible qu’il fût exempt de toute espèce d’erreurs, il serait peut-être un des livres les plus utiles qui eussent jamais paru. Nous ne nous flattons pas d’être arrivés à ce degré de perfection ; mais, au moins, pouvons-nous affirmer que rien n’a été négligé pour y parvenir, et qu’aucun ouvrage de cette espèce n’est fait avec plus de soins, et n’offre plus de détails et de renseignements utiles.

Les hommes de toutes les nations ont été l’objet de nos recherches ; et quoique nous nous soyons plus particulièrement attachés à la France, partout nous avons fait en sorte de découvrir les individus qui se sont fait remarquer dans le gouvernement, dans les armes, dans les sciences et dans les lettres. La politique n’a donc pas été notre seul objet ; et nous nous flattons que, sous le rapport de la littérature, sous celui des arts et des Sciences, on remarquera peu d’omissions essentielles. La bibliographie française est surtout aussi complète qu’on puisse le desirer.

Chaque personnage n’a été considéré que dans sa vie publique, dans des circonstances notoires, et relativement aux faits et aux opinions qu’il a lui-même publiés ou mis en évidence. Sous ce rapport, tous les hommes appartiennent à leurs contemporains comme à la postérité ; mais il n’appartient à personne de revéler les détails de la vie privée, ni de violer le secret des familles : ce serait d’ailleurs s’exposer à commettre un grand nombre d’erreurs, et à publier beaucoup de calomnies et de faits controuvés ; enfin ce serait faire un libelle ; et l’on verra que la Biographie des hommes vivants est loin d’avoir ce caractère.

Le principal mérite de cet ouvrage consiste à réunir, dans l’ordre alphabétique, et dans un cadre commode, un grand nombre

II AVERTISSEMENT.

de faits publics et puisés dans des sources authentiques. Si l’on juge qu’ils ont été choisis avec discernement, et qu’ils sont exprimés avec clarté, précision, et surtout avec impartialité, nous aurons atteint notre but.

Comme le présent intéresse plus que le passé, et que les détails sur des hommes vivants ne peuvent manquer d’exciter la curiosité, lors même que ceux qu’ils concernent ne sont pas des personnages historiques, nous avons admis, dans cet ouvrage, des notices et des détails qui n’auraient pu trouver place dans la Biographie universelle.

Quelle que soit l’attention que nous ayions mise à ce travail, on trouvera sans doute encore, dans ces deux premiers volumes, des lacunes et des erreurs. Nous sommes cependant assurés qu’ils en contiennent moins qu’aucun ouvrage du même genre. Pour les éviter toutes, il eût fallu que le nombre des auteurs fût aussi considérable que doit l’être celui des lecteurs. Les homonymes ont surtout exigé une attention particulière, et ils nous ont coûté des recherches et des démarches infinies : cependant nous n’osons pas encore nous flatter d’avoir évité toute confusion à cet égard.

Après avoir fait tous nos efforts pour être secondés par un grand concours de lumières, après avoir fait des recherches de tous les genres, dans toutes les contrées et dans toutes les langues, il ne nous reste plus qu’à provoquer un sévère examen de la part de tous les lecteurs, et à les prier de, nous envoyer, non seulement tous les articles et matériaux qu’ils pourraient avoir pour les volumes subséquents, mais encore toutes les indications de lacunes ou d’erreurs qu’ils pourront nous donner sur les deux volumes que nous publions. Nous ferons usage de ces observations dans le Supplément et Errata qui terminera l’ouvrage. Ce Supplément sera ainsi une espèce de contrôle et de rectification du texte ; et il sera pour nous un moyen de réparer les torts involontaires que nous aurions commis envers quelques personnes. Nous offrons dès à présent cette satisfaction à tous ceux qui croiront devoir la réclamer avec des preuves suffisantes de leurs assertions.

On présume facilement qu’un tel ouvrage n’a pu être entrepris que par une nombreuse société : on concevra encore plus aisément les raisons qui engagent les auteurs à garder l’anonyme.

La Biographie des hommes vivants sera composée de six volumes, imprimés dans le même format et sur les mêmes papiers que la Biographie universelle, dont elle est le complément naturel ; nous pouvons même dire indispensable. Elle se vend aux souscripteurs de ce dernier ouvrage, aux mêmes conditions. Quant aux personnes qui ne voudraient souscrire que pour la Biographie des hommes vivants, elles auront à payer en même temps les deux premiers et le dernier volumes ; et, en remplissant cette condition, elles jouiront d’une remise de 20 sous par volume, sur tout l’ouvrage. Le prix des portraits, que l’on peut réunir à chaque volume des Hommes vivants, au nombre de 20 environ, est aussi le même que pour la Biographie universelle.

BIOGRAPHIE DES HOMMES VIVANTS.

A

Abadia (François-Xavier), né en 1774 à Valence en Espagne, entra, i.see encore, qualité de cadet, dans le régiment de Tolède, infanterie, où il obtint bientôt le grade de sous-lieutenant. Devenu lieutenant en 1793, il fit la campagne de Catalogne contre les Français. Il était capitaine au régiment de Malaga en 1802, et en 1804 major de place à Cadix, puis directeur du préside correctionnel de cette ville. En 1808, on le chargea d’organiser le préside correctionnel de Grenade. Soupçonné d’étre attaché à la cause des Français, il se justifia, en donnant tous ses soins à la formation de l’armée insurrectionnelle, et obtint les fonctions de chef d’état-major à l’armée de la Manche, confiée au genéral Vénégas. A la tête des débris de ce corps, il se retira à Cadix, où il eut, pendant quelques jours, le portefeuille du ministre de la guerre, et reçut le grade de maréchal-de-camp. En 1812, le général Abadia organisa l’armée de Galice, dont il fut général en chef : il est maintenant à Cadix lieutenant-général-inspecteur des troupes destinées à soumettre l’Amérique espagnole. Il a montré du courage, des talents militaires, et beaucoup d’habileté dans les affaires.


ABAMONTI, Napolitain, né vers 1760, se distingua d’abord dans la profession d’avocat, et publia quelques ouvrages de jurisprudence qui lui méritèrent l’estime de ses compatriotes. Trop frappé des abus qu’il voyait dans le pouvoir monarchique à Naples, et croyant que le gouvernement républicain était le meilleur de tous, il manifesta cette opinion lorsqu’il sut que la France s’était constituée en république. Devenu par-là suspect à la cour de Naples, et déterminé par la prudence, comme par son goût pour ce genre de gouvernement, il se rendit en Lombardie, où les Français venaient d’arriver. Les directeurs de la nouvelle république cisalpins le firent secrétaire-général de la police. Quand Abamonti vit, en 1798, que les Français avaient établi leur gouvernement républicain à Naples, il s’y rendit aussitôt, et y fut nommé l’un des membres de la commission exécutive. Le roi, qui avait été forcé de fuir, étant revenu en 1799, Abamonti fut arrèté et condamné à are pendu, ainsi que plusieurs autres ; mais on le comprit presque aussitôt dans la liste de ceux qui, au nombre de douze, furent amnistiés. Il revint alors à Milan, où il fut rétabli dans les mêmes fonctions qu’il y avait remplies. Il les exerça tant que ce pays demeura en république. Lorsqu’au commencement de 1805, il vit que Buonaparte allait en faire une monarchie, ce système de gouvernement ne permettant point à l’inflexibilité de ses principes de le servir, il donna sa démission, et retourna à Naples. Quand Buonaparte y fit roi son frère Joseph, et ensuite son beau-frère Murat, Abamonti voulut vivre sans emploi public, et dès-lors il a disparu de la scène politique.

N.


ABASCAL, vice-roi du Pérou en 1814, épuisa Lima et dégarnit de troupes toute la province pour faire des expéditions contre Buenos-Ayres, le Chili et la Nouvelle-Grenade. Une insurrection ayant ensuite éclaté à Cusco, Lima, Arequipa, Charcas et dans presque toutes les autres parties du Pérou ; et l’armée de Lima, sous les ordres de Penzuela, étant complètement coupée, Abascal partit pour l’Europe, laissant le pays eu proie à toutes les horreurs d’une terrible révolution, triste fruit de son imprévoyance. Ce fut par ordre du roi Ferdinand VII qu’il quitta le gouvernement ; il fut aussitôt remplacé par le général Penzuela.

A.


ABBÉ (Le baron), général de brigade le 1er. mars 1808, après la bataille d’Eylau, où il s’était distingué, fit la campagne de 1809 contre les Autrichiens ; et le combat ut, mai, lui valut des éloges dans le bulletin officiel. Employé à l’armée d’Espagne, le 12 juillet 1810, il chassa l’ennemi de la position de Tivisar, et défendit cette même position trois jours après contre une attaque des insurgés. Il se distingua de nouveau, le 19 novembre, au combat de Falset ; et ensuite au siége de Tortose et au combat de Bruch, près Figuères. Le 22 août 1812, il repoussa le général Mina dans le Carrascal. Nommé général de division, il prit une grande part aux sanglantes batailles de l’Adour les 9 et 13 décembre 1813. Laissé par le maréchal Soult pour commander dans Baïonne, il opposa une vive résistance aux attaques de Wellington, et détruisit à plusieurs reprises le pont que le général anglais voulait jeter sur l’Adour. Le général Abbé fut nommé chevalier de St.-Louis le 19 juillet de la même année. Il commandait les départements des Basses-Alpes et du Var, lors de l’invasion de Buonaparte en mars 1815 ; et il se borna à prévenir Masséna d’un débarquement de cinquante hommes venant de l’Ile d’Elbe. Sa lettre se trouve dans le mémoire du maréchal. Le général Abbé fut employé, daus le mois de juin suivant, au corps d’observation du Jura, sous le lieutenant-général Lecourbe.

A.