François-Marie Le Marchand de Lignery


François-Marie Le Marchand de Lignery était le fils d’un brave officier des troupes qui passa dans la Nouvelle-France en 1687 et décéda, en 1732, major des Trois-Rivières et chevalier de Saint-Louis.[1]

Né en 1704, probablement dans un fort où son père était en garnison le jeune de Lignery suivit la carrière paternelle et ne s’y distingua pas moins. Enseigne en second en 1733, enseigne en pied en 1741, il fut fait lieutenant en 1744 et capitaine en 1751. Il reçut la croix de Saint-Louis en 1756.[2]

Entre temps, M. de Lignery avait fait campagne par-dessus campagne, ne refusant aucune occasion de marcher contre les ennemis, qu’ils fussent Anglais ou Sauvages.

Commandant du fort Duquesne où il venait de remplacer M. Dumas, M. de Lignery fut l’organisateur de la victoire remportée par M. Aubry sur les Anglais, dans les environs de ce fort, en 1758, mais ce succès ne sauva pas le fort Duquesne. Le général Forbes, avec des forces supérieures, se mit en marche pour l’attaquer. M. de Lignery, qui avait une garnison peu nombreuse, ne pouvait compter sur aucun secours, brûla son fort et se retira avec sa petite troupe au fort Machault.

Quand le général Prideaux vint mettre le siège devant le fort Niagara en 1759, M. de Lignery se replia sur Niagara avec sa garnison pour aider M. Pouchot à défendre cette place. C’est en accomplissant cette manœuvre que M. Lignery, sérieusement blessé tomba aux mains des Anglais. Il mourut de ses blessures quelques jours plus tard.

Le proverbe populaire veut que les absents aient toujours tort. Le dicton n’est pas rigoureusement vrai mais il n’en reste pas moins que les morts ne peuvent pas se défendre contre les attaques des vivants. Devant le Châtelet de Paris, en 1763, Bigot et ses comparses accusèrent M. de Lignery d’avoir commis toutes sortes de vols pendant qu’il était commandant du fort Machault. Ils avaient beau jeu puisque M. de Lignery n’était plus de ce monde pour se justifier.

Comme la plupart des commandants des forts, M. de Lignery avait une famille nombreuse qu’il ne pouvait faire subsister avec sa solde mesquine. Il se laissa tenter et commerça avec les effets du Roi. Un des officiers qui servit sous ce brave soldat, M. Duverger de Saint-Blin, lui a rendu le témoignage suivant :

« Je ne crois pas pouvoir me dispenser de rendre hommage, en passant, à la valeur, à la capacité et à la probité de cet officier qu’une vie sans tache et une mort glorieuse n’ont pas mis à couvert des noirceurs de la calomnie, quoiqu’il n’y ait pas un homme de bien dans toute la colonie qui osât refuser les plus honorables témoignages à la mémoire de ce brave et respectable guerrier, mais je me réserve à le venger, à la fin de ce mémoire, des imputations qu’on lui a faites trop légèrement. »[3]

Les avocats de Bigot, pour amoindrir la condamnation qui attendait leur client, ont pris plaisir à nommer tous les officiers des troupes qui volaient le Roi et ils s’arrêtèrent particulièrement sur le cas de M. Le Marchand de Lignery.

Celui-ci avait été commandant du fort Machault de 1758 à 1759 et c’est là qu’il aurait commis ses principaux abus.

  1. Sur Constant Le Marchand de Lignery on Lignerie, on peut consulter Les officiers d’état-major de P.-G. Roy, p. 162.
  2. Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, p. 161.
  3. Mémoire, p. 4.