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Jacques Imbert


Le sieur de C., un peu jaloux de tous ceux qui de rien parvenaient à de belles positions, dit que Jacques Imbert était le fils d’un tanneur de Montargis. L’acte de mariage de Imbert, au registre de Québec, à la date du 12 août 1742, déclare qu’il est fils de Jean Imbert, exempt des maréchaux de France, à Montargis, diocèse de Sens, en Champagne. Imbert père a pu être tanneur avant d’être exempt des maréchaux. Le sieur de C. ne contredit donc pas le registre de Québec.

C’est peu après 1737 que Jacques Imbert entra dans les bureaux de l’Intendance à Québec en qualité de commis.

L’intendant Hocquart, qui avait remarqué son intelligence, son esprit d’ordre et de travail, lui donna, le 31 août 1740, une commission de notaire pour exercer en la prévosté et gouvernement de Québec, à la place du sieur Barbel. Imbert garda son emploi tout en exerçant sa profession de notaire.

M. Imbert passa peu après des bureaux de l’Intendance à ceux de la Trésorerie. M. Taschereau commençait à vieillir et avait besoin d’un commis habile dans les finances. Imbert lui donna pleine satisfaction et le trésorier lui accorda toute sa confiance jusqu’à sa mort.

En 1743, nous voyons que M. Imbert fit un voyage en France. En mai 1743, le chanoine Hazeur de L’Orme, alors à Paris, écrivait à sa sœur, madame Sarrazin, à Québec.

« Je n’ai point vu M. Imbert que vous aviez chargé de cette première lettre à laquelle je réponds actuellement ; peut-être étais-je pour lors dans le fort de mes maladies ».[1]

Quelques années plus tard, le 25 septembre 1749, M. Taschereau mourait, et, le jour même de sa mort, M. Hocquart donnait une commission à M. Imbert pour faire par intérim les fonctions de trésorier de la marine. M. Imbert cessa dès lors d’exercer comme notaire et fut remplacé dans cet office par François Moreau, employé au Domaine du Roi.

M. Taschereau avait été conseiller au Conseil Souverain. Le ministre jugea que son successeur devait également y avoir un siège et M. Imbert fut nommé à cette charge par le roi le 15 mai 1754.

C’est en cette même année 1754 que M. Imbert passa en France pour obtenir des instructions et des éclaircissements sur la manière d’exercer ses fonctions de trésorier, la tenue de ses livres, etc., etc.

Bigot, Péan et Lemercier étaient alors en France et M. Imbert revint au pays avec ce trio d’amis au printemps de 1756. Jusque-là personne ne s’était plaint de lui. Tout le monde semblait satisfait de la manière dont il exerçait ses fonctions. C’est à partir de son retour au pays, que les rumeurs commencèrent à circuler sur son compte. Le voyage de retour en Canada avec Bigot, Péan et Le Mercier aurait-il fait entrer le trésorier Imbert dans l’organisation détestable de l’intendant ? On peut le supposer.

Le sieur de C. qu’il faut presque toujours citer lorsqu’il s’agit des dernières années de la domination française, dit au sujet de Imbert :

« Lorsqu’il fut élevé à cette place (trésorier de la marine) et à celle de conseiller au Conseil Supérieur, il devint superbe, brusque et arrogant, il était intime ami de Cadet, et de Deschenaux et ayant plus d’esprit qu’eux, il fit une fortune immense sans se commettre, mais aussi il fut modèle dans sa défense, et ne donna point dans la bagatelle ; il servit utilement la Société… »

M. Imbert retourna en France en 1758 (Short, p. 884).

La commission instituée au Châtelet de Paris en 1763 pour juger les profiteurs du Canada, ne s’occupa pas de Imbert. Loin de là, le 5 juillet 1764, le ministre chargeait M. Imbert d’aider à la liquidation du papier monnaie. Si Imbert accepta cette tâche il ne put s’en occuper longtemps puisqu’il décéda l’année suivante, en 1765.

Le 25 octobre 1765, le ministre écrivait à la veuve Imbert qu’il ne pouvait lui accorder la pension dont jouissait son mari.

M. Imbert avait un frère ou un parent très rapproché, M. Imbert de Naugis, secrétaire du Roi à Auxerre. Le ministre lui écrivait, le 20 février 1775, qu’il était trop tard pour accorder à la veuve de l’ancien trésorier l’indemnité qu’elle demandait.

  1. Bulletin des Recherches Historiques, vol. de 1910, p. 355.