Bibliographie : Chronique de Michel le Syrien

Chronique de Michel le Syrien, patriarche jacobite d’Antioche (1166-1199), éditée pour la première fois et traduite en français par J.-B. Chabot, t. III, fasc. t. Paris, Ernest Leroux, 1905, in-4o, texte, p. 465-544, trad. p. 1-111.

Ce fascicule comprend le livre XII de la Chronique de Michel le Syrien et s’étend sur un espace de soixante-cinq ans, de 1088 à 1154 des Séleucides (777 à 843 de notre ère). Son principal intérêt consiste en ce qu’il nous transmet presque textuellement la dernière partie de la Chronique de Denys de Tellmahré, qui ne nous est pas parvenue. Dans cette partie, Denys rapporte des événements, à la plupart desquels il a été mêlé comme patriarche jacobite d’Antioche ; il y trace le lamentable tableau des dissensions qui agitaient à cette époque l’Église jacobite de la Syrie, les divisions du pouvoir civil et les exactions que les gouverneurs arabes exerçaient contre les chrétiens. Beaucoup de faits nous étaient connus par la Chronique syriaque et l’Histoire ecclésiastique de Barhebraeus qui les avait tirés de la Chronique de Michel, mais nous les avons ici plus complets, plus précis et plus détaillés. Nous y trouvons aussi des informations nouvelles, telles que des noms d’évêques d’Édesse et d’autres villes, qui ne nous étaient pas connus d’ailleurs.

Le livre XII de Michel s’arrête à la fin de la Chronique de Denys. Il nous apprend que cette chronique, divisée en deux parties, comprenait huit livres et embrassait une période de deux cent soixante années, depuis le commencement du règne de Maurice jusqu’au règne de Michel III et du calife Haroun II.

Ce fascicule, comme le précédent, contient une partie historique de valeur. Il doit être lu entièrement. Une analyse de notre part serait inutile, il nous suffira de reconnaître qu’il est publié avec le même soin que ses aînés et que la traduction est accompagnée de nombreuses notes qui l’éclairent[1].

L’importante édition de Michel sera terminée par deux autres fascicules qui ne tarderont pas, nous l’espérons, à paraître.

Rubens Duval.
  1. P. 50, note 6, Mahdi ne signifie pas « conducteur, directeur », mais « conduit, dirigé (par Dieu) ». — P. 107, 2° col., l. 8, lire : « quand ils battaient le grain », au lieu de « quand ils échenillaient ». Le mot ܓܝܓܝܐ « traîneau pour battre le grain » est bien connu. M. Chabot a été induit en erreur par le dictionnaire syriaque de Brun qui donne à tort à ܓܝܓܝܐ le second sens de eruca « roquette » qui se dit ܓܝܓܝܐ ; voir Immanuel Löw, Aramaeische Pflanzennamen, p. 92. M. Chabot a compris eruca dans le sens de « chenille ».