Bible Crampon 1923 BNF/Avant-propos

Traduction par Augustin Crampon.
Desclée (p. ).


AVANT-PROPOS


Que la connaissance des textes originaux soit d’un intérêt capital pour l’étude et l’intelligence de la Bible, saint Jérôme l’a déclaré en maints endroits de ses lettres et de ses commentaires : sa traduction latine n’a pas eu d’autre raison d’être que de mettre à la portée des fidèles ces textes trop souvent défigurés par les versions alors en cours dans l’Église.

Ce serait faire preuve d’une naïve audace que de comparer à l’œuvre magistrale du grand Docteur dalmate le travail modeste que la Société de Saint Jean l’Evangéliste livre aujourd’hui au public. Toutefois il est juste de le reconnaître, la Sainte Bible traduite en français[1] est née, elle aussi, du désir de rendre les textes originaux de l’Ancien Testament et du Nouveau accessibles au plus grand nombre, à tous ceux qui, lisant assez péniblement le grec, n’ont pas eu les loisirs ou le goût d’apprendre l’hébreu et le chaldéen.

C’est avant tout à Monsieur l’abbé Crampon, chanoine de la cathédrale d’Amiens, qu’il convient d’attribuer l’honneur de cet ouvrage destiné aux séminaristes et aux prêtres, ainsi qu’aux laïcs désireux d’entrer en contact avec la littérature sacrée.

Versé dans la connaissance des langues bibliques et des langues modernes, et ancien élève de M. Le Hir avait longuement préparé la traduction de tous les livres du Canon ; il avait aussi recueilli en assez grand nombre les notes exégétiques et critiques destinées au Commentaire, et il venait d’imprimer les livres du Pentateuque, lorsqu’en 1894 la mort interrompit brusquement ses travaux. A la prière des Éditeurs, quelques Pères de la Compagnie de Jésus, professeurs d’Écriture Sainte, acceptèrent de reprendre et de conduire à terme l’œuvre inachevée. Mis au point, complétés, notablement modifiés et parfois entièrement refondus, traduction et commentaire parurent successivement en six nouveaux volumes, accueillis par le public avec une sympathie toujours croissante. C’est la grande édition de la Sainte Bible.

Bientôt, pressés par des instances venues de tous côtés et principalement de directeurs autorisés de la jeunesse cléricale, les Éditeurs se décidèrent à donner une édition manuelle de ce grand ouvrage. Plusieurs professeurs de Saint-Sulpice ont bien voulu mettre au service de cette œuvre leur savoir et leur expérience des études ecclésiastiques.

Cette petite édition renferme :

1° la traduction française des textes originaux de l’Ancien Testament et du Nouveau, telle qu’elle a paru dans la grande Bible. On s’est borné à introduire quelques divisions nouvelles et à rendre plus sensible au point de vue typographique le parallélisme, non seulement dans les livres proprement poétiques comme Job, les Psaumes, le Cantique des cantiques, Isaïe, etc…, mais encore dans d’autres documents qui, sans être composés selon les règles d’une métrique précise, paraissent astreints à ce rvthme des membres de la phrase ; tels l’Ecclésiaste, la Sagesse, certaines parties d’Ezéchiel, de Zacharie, etc.

2° un choix de notes qui pour la plupart sont extraites du Commentaire de la grande Bible et qui contiennent diverses remarques destinées à rendre plus intelligible le langage des textes originaux ; — la comparaison des textes primitifs avec les versions anciennes, soit pour les livres dont la Vulgate ne fournit à ses lecteurs qu’une traduction de seconde main, faite sur le grec des Septante (Psaumes, Ecclésiastique), soit aussi pour certains autres livres dont les versions s’écartent notablement du texte original (Job, Proverbes, Tobie, Judith, etc.) ; — enfin des explications un peu plus étendues pour un petit nombre de passages (Ezéch. i-vi ; xi, sv. ; Dan. vi-xi, etc.), dont les descriptions et les allusions sont tout à fait inintelligibles, si elles ne sont accompagnées d’un commentaire très succinct.

La Sainte Bible traduite en français n’a pas la prétention de donner les derniers résultats de la critique ; ils sont trop souvent incertains pour qu’on les consigne dans une œuvre de vulgarisation. C’est beaucoup déjà de mettre à la disposition du public une version satisfaisante des textes grecs et hébreux, tels qu’ils figurent dans les Bibles officielles ; de fournir aux étudiants et à ceux qui s’intéressent à la Bible un manuel qui leur permette de recourir plus facilement au texte original, sur lequel se basent en leurs recherches les savants et les critiques.

La première édition est l’une des victimes de la grande guerre : on sait qu’elle a été enveloppée dans la destruction de l’imprimerie de Saint Jean l’Evangéliste. Il a fallu tout recomposer : ce qui a permis de répondre plus complètement aux desiderata les plus sérieux manifestés de divers côtés. La seconde édition se présente donc avec des améliorations. Les principales se ramènent aux points suivants : corriger les fautes d’impression qui s’étaient glissées çà et là ; serrer de plus près les textes hébreux et grecs dans les endroits où la traduction paraissait un peu trop large ; introduire en quelques livres des sommaires et des divisions plus exactes.

Il y avait peu de changements à apporter dans les notes. En quelques cas cependant il a paru utile, pour faciliter l’intelligence du texte, d’ajouter quelques explications empruntées à la Grande Bible, ou inspirées par les commentaires les plus généralement estimés et les plus autorisés.

  1. La Sainte Bible traduite en français sur les textes originaux, avec introductions et notes, et la vulgate latine en regard. 7 vol. in-8 ; 1894-1904.