Alphonse Lemerre, éditeur (p. 21-22).

III

LA CHEVAUCHÉE DES BARONS

Sur des chevaux noirs, sur des chevaux blancs,
Les hardis barons se sont mis en selle.
De tout son désir Pépin les harcèle ;
Barons et coursiers ont l’écume aux flancs.

Épris d’horizons et goulus d’espace,
Ils vont, écrasant, dans les champs herbeux,
Troupeaux de moutons et troupeaux de bœufs,
La moisson qui pousse et l’enfant qui passe.

Ils vont devant eux, sans trop savoir où ;
Leur galop d’enfer luit dans la ténèbre ;
Un qui tombe pousse un grand cri funèbre,
Sa bête ayant mis les pieds dans un trou.

Et toujours, au loin, le reste s’élance
Des crêtes des monts aux crêtes des monts,
Criant et hurlant comme des démons,
Hâtant leurs chevaux à grands coups de lance.

Oh ! les râteliers d’où pendait le foin !
Épuisés, meurtris, des coups qu’ils leur flanquent,
Les pauvres bidets s’usent et s’efflanquent…
Pourtant la Hongrie est encor bien loin.