Beowulf/Walter Thomas

Anonyme
Traduction par Walter Thomas.
Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxonsHenri Didier (p. 1-85).

BEOWULF


[Note. — Cette version du Beowulf a été faite sur le texte établi par M. A. J. Wyatt pour la Cambridge University Press (1908), en tenant compte des variantes et des corrections les plus importantes. Sans s’as­treindre à un littéralisme absolu, le traducteur s’est efforcé de conserver à l’œuvre sa physionomie naïve et caractéristique. Il a donc rendu, dans la mesure du possible, le sens exact des composés anglo-saxons et s’est servi d’un même équivalent français pour chaque mot distinct de l’original, mettant ainsi en évidence les répétitions fréquentes du narrateur primitif et l’étonnante richesse de certaines parties de son vocabulaire.]

Voici ! dans les jours d’antan nous
avons ouï la renommée des rois populaires des Danois à Javelots,
comment alors les nobles exécutèrent des actions d’éclat.
Souvent Scyld de la Gerbe à des bandes d’ennemis,
à maintes tribus, enleva des bancs à hydromel.
Le comte[1]causa de la terreur, depuis que tout d’abord il fut
découvert misérable ; il éprouva consolation pour cela,
il grandit sous les nuages, il prospéra en honneurs,
jusqu’à ce que chacun de ceux habitant à l’entour
10 par-delà le chemin des baleines dût l’écouter [lui obéir],
payer tribut ; ce fut un excellent roi.
À celui-ci fut un descendant, né ensuite,
jeune, dans [ses] enclos, que Dieu envoya
au peuple pour consolation ; il comprit[2] le dénûment violent[3]
qu’ils endurèrent autrefois sans seigneur
longtemps. À lui donc le Maître de vie,
le Gouverneur de gloire, donna faveur au monde.
Beowulf fut célèbre ([son] renom se répandit au loin),
le descendant de Scyld, dans les pays de Scanie.

20 Ainsi doit un jeune homme agir excellemment,
avec de riches dons d’argent, envers les amis de [son] père,
pour que plus tard en retour ils restent auprès de lui,
compagnons de bonne volonté, quand la guerre vient,
et que les gens [le] servent ; c’est par des actes dignes d’éloges que doit
prospérer un homme dans chacune des tribus.
Lors Scyid s’en alla au temps fatal
pour se mettre en route[4], très vigoureux[5], à la garde du Maître ;
lors ils l’emportèrent vers le bord du courant marin,
les doux compagnons, comme il le demanda lui-même,
30 tandis qu’ami des Scyldings il gouvernait par [ses] paroles :
le cher chef du pays eut longtemps le pouvoir.
Là au havre se tenait avec la proue couverte d’anneaux,
glacé et prêt au départ, l’esquif du noble ;
lors ils déposèrent le cher souverain,
le dispensateur de bagues, sur le sein du vaisseau,
le glorieux auprès du mât. Là il y avait maints objets précieux,
des joyaux apportés de routes éloignées.
Je n’ai pas entendu [parler] d’embarcation plus séamment décorée
d’armes de bataille et de costumes guerriers,
40 de glaives et de cottes de mailles ; sur son sein gisaient
plusieurs objets précieux, qui avec lui devaient
s’en aller au loin à la merci du îlot.
Ils ne le pourvurent nullement de moins de dons,
de biens publics, que ceux-là le firent
qui au commencement l’envoyèrent au loin,
étant enfant, seul sur les vagues.
Lors ils lui placèrent encore une bannière dorée
haut au-dessus de la tête, ils laissèrent l’eau [le] porter,
le donnèrent à l’homme au trident[6] ; leur âme était triste,
50 leur humeur soucieuse. Les hommes ne savaient
en vérité dire, les conseillers de la grand’salle,
les héros sous les cieux, qui reçut ce fardeau.


I.


Lors dans les bourgs Beowulf [de la race] des Scyldings
fut, cher roi de la nation, pour un long temps
renommé parmi les preux ([son] père était parti ailleurs[7],
le prince, loin de [sa] résidence), jusqu’à ce qu’ensuite s’éveilla[8] pour lui
le grand Healfdene ; il dirigea, tant qu’il vécut,

vieux et formidable en la mêlée, les gracieux Scyldings.
A celui-ci quatre enfants comptés successivement
60 s’éveillèrent[9] au monde, conducteurs de troupes,
Heorogar, et Hrothgar et Halga le brave ;
j’ai entendu qu’Elan fut la femme [d’Ongentheow],
la compagne chérie du Scylfing guerrier.
Lors à Hrothgar fut donné le succès militaire,
l’honneur à la guerre, en sorte que ses parents amis
l’écoutaient[10] volontiers, jusqu’à ce que la jeunesse vaillante s’accrût,
une grande compagnie apparentée. Il lui vint à l’esprit
qu’il voudrait ordonner à ses hommes
de construire un palais, une grand’salle d’hydromel, [plus grande]
70 que jamais les enfants du siècle n’en ouïrent [parler],
et distribuer là-dedans aux jeunes
et aux vieux tout ce que Dieu lui avait remis,
sauf la propriété du peuple et les existences d'hommes.
Lors j’ai ouï dire de tous côtés que l’ouvrage fut commandé
à mainte tribu dans cet enclos du milieu [la terre]
pour orner la chambre du peuple. Il arriva, après un laps de temps,
rapidement parmi les mortels, que tout cela fut prêt pour lui,
la plus ample des salles de palais ; il créa pour elle le nom de Héorot[11],
lui qui avait un pouvoir [s’étendant] au loin par sa parole.
80 Il promit et ne mentit pas, il distribua des bagues,
un trésor au banquet. La salle s’éleva
haute et à pignons en corne écartés ; elle attendit les tourbillons hostiles
de la flamme ennemie. Ce ne fut pas longtemps ensuite
que la haine aux épées tranchantes entre beau-père et gendre
dut s’éveiller après une attaque meurtrière.
Lors le puissant esprit[12] endura avec peine
pendant un temps, lui qui demeurait dans les ténèbres,
que chaque jour il entendit la joie
bruyante dans la grand’salle ; il y avait le son de la harpe,
90 le clair chant du ménestrel. Il disait, lui qui savait
narrer de loin l’origine des humains,
il déclarait que le Tout-Puissant façonna la terre,
la plaine au bel éclat, que l’eau enveloppe ;
avec une joie victorieuse Il mit les rayons du soleil
et de la lune comme lumière pour les habitants du pays,
et orna les espaces de la campagne
de branches et de feuilles ; Il créa aussi la vie

pour chacune des races qui se meuvent animées.
Ainsi les vaillants vécurent là en joie
100 avec bonheur, jusqu’à ce qu’un certain
antagoniste d’enfer commença à faire des actes criminels.
Le farouche étranger était nommé Grendel,
fameux hanteur de la marche, qui tenait les marais,
le bourbier et la forteresse naturelle ; [cette] résidence de la race monstrueuse,
une créature infortunée l’habita quelque temps,
depuis que le Créateur les avait bannis.
Sur la race de Caïn l’éternel Seigneur vengea
l’assassinat, parce qu’il frappa et tua Abel.
Il ne se réjouit pas de cette querelle, mais Elle le chassa,
110 la Divinité, pour ce crime, loin de la race des hommes.
De là s’éveillèrent[13] toutes les mauvaises progénitures,
les monstres terrestres et les elfes et les monstres marins,
ainsi que les géants, qui luttèrent contre Dieu
pendant un long temps ; Il leur en alloua récompense.


II.


Lors il alla visiter, après que la nuit fut venue,
la haute maison, [pour voir] comment les Danois aux Anneaux[14]
après une absorption de bière l’avaient occupée.
Lors il trouva là-dedans une compagnie de nobles
assoupie après le banquet ; ils ne connaissaient pas le chagrin,
120 misère[15] des hommes. L’être destructeur,
farouche et avide, fut bientôt prêt,
féroce et furieux, et sur le lieu de repos il prit
trente vassaux ; de là il s’en alla de nouveau,
content du pillage, pour rentrer au logis,
visiter son habitation avec cette orgie de carnage.
Lors à l’aube avec le point du jour
la force au combat de Grendel fut révélée aux hommes ;
lors après ce repas une lamentation fut élevée,
une grande clameur nationale. Le fameux souverain,
130 le très excellent noble, était assis sans joie,
il endurait grande anxiété, il souffrait du chagrin des vassaux,
après qu’ils eurent observé la trace de l’odieux adversaire,
du maudit esprit ; cette anxiété était trop forte,
odieuse et prolongée. Il n’y eut pas un laps de temps plus long,
mais après une seule nuit [Grendel] perpétra de nouveau
plus de méchants meurtres et ne prit nul souci au sujet
de [sa] querelle et de [ses] actes criminels ; il y était trop décidé.

Lors il fut aisé à trouver, celui qui se
[chercha] ailleurs un lieu de repos plus éloigné,
140 un lit dans les pièces [du palais], lorsque lui fut indiquée,
[et] dite en vérité par claire preuve,
la haine du vassal gardien de la grand’salle ; il se tint après cela
loin et plus en sûreté, celui qui échappa à l’ennemi.
Ainsi [le monstre] domina et lutta contre le droit,
seul contre tous, jusqu’à ce que se dressa vide
la meilleure des maisons. Le temps fut long ;
l’espace de douze hivers l’ami[16] des Scyldings
supporta l’insulte, toute sorte de maux,
de vastes chagrins ; car après cela ce devint
150 connu sans secret aux enfants des mortels,
tristement par des chants, que Grendel luttait
de temps en temps contre Hrothgar, [lui] montrait inimitiés haineuses,
actes criminels et querelle pendant bien des semestres,
conflit continuel ; il ne voulait point par pitié
pour quelqu’un des hommes de la puissance des Danois
éloigner le mal mortel, accepter compensation pécuniaire,
et là aucun des conseillers n’osait s’attendre à
une brillante délivrance hors des paumes du destructeur.
L’être monstrueux terrible poursuivait,
160 ténébreuse ombre de mort, vétérans et jeunes gens,
[les] enserrait et prenait au piège, il tenait nuit après nuit
les marais brumeux ; les hommes ne savent
où se glissent en leurs courses les sorciers infernaux.
Tant d’actes criminels, l’ennemi de la race humaine,
le terrible solitaire, les perpétra souvent,
de plus dures humiliations ; il habitait Héorot,
la salle ornée de trésors, par les nuits noires ;
il ne pouvait approcher du siège des dons[17],
objet précieux devant la Divinité, et ne connaissait pas l’amour divin[18].
170 C’était une grande peine pour l’ami des Scyldings,
un brisement de cœur[19]. Maint puissant s’assit souvent
au conseil, ils délibérèrent sur le secours,
sur ce qui serait le mieux pour des [gens] au cœur fort
à exécuter contre ces terreurs soudaines.
De temps à autre ils promettaient aux sanctuaires d’idoles
des sacrifices guerriers, ils priaient à haute voix[20]
que le destructeur d’esprit leur vint en aide

contre la misère nationale. Telle était leur coutume,
l’espoir des païens ; ils se rappelaient l’enfer
180 en leur esprit, ils ne savaient pas la Divinité,
le Juge des actes, ils ne connaissaient pas le Seigneur Dieu,
vraiment ils ne savaient pas adorer[21] le Protecteur des cieux,
le Gouverneur de gloire. Malheur est à qui doit
par dépit sauvage précipiter [son] âme
au sein du feu, ne pas s’attendre à consolation,
ni aucunement changer ; il est bien à qui peut
après le jour de la mort aller trouver le Seigneur
et au sein du Père rechercher la paix.


III.


Ainsi donc le rejeton de Healfdene méditait
190 des soucis du moment incessants ; le héros circonspect ne pouvait
détourner le mal ; cette anxiété était trop véhémente,
odieuse et prolongée, qui était survenue à la nation,
affreuse ruine méchamment cruelle, le pire des maux de la nuit.
Cela, un vassal d’Hygelac l’ouït dire au logis,
[héros] excellent parmi les Géates, [à savoir] les actes de Grendel ;
il était le plus vigoureux de la race humaine par la puissance
en ce jour de cette vie,
noble et considérable. Il commanda qu’on lui préparât
[son] excellent [vaisseau] voyageant sur les vagues ; il déclara qu’il voulait,
200 lui, roi guerrier, aller trouver par-delà le chemin des cygnes
le fameux souverain, lorsqu’il avait besoin d’hommes.
Cette expédition, les gens circonspects la
blâmèrent peu en lui, quoiqu’il leur fût cher ;
ils encouragèrent le vaillant d’esprit, observèrent les présages.
L’excellent Géate avait choisi dans la nation
des champions, les plus audacieux de ceux
qu’il put trouver ; lui le quinzième[22]
se rendit au bois marin [navire] ; un pilote indiqua,
homme habile sur mer, les points de repère terrestres.
210 Un laps de temps s’écoula ; la barque était sur les vagues,
le bateau sous la colline. Les guerriers équipés
montèrent sur la proue ; les courants roulèrent
l’eau du détroit contre le sable ; les gens portèrent
au sein du navire de brillantes armures décorées,
un splendide attirail de combat ; les hommes poussèrent au large
les soldats, dans leur voyage spontané, le bois assemblé[23].

Lors elle alla sur l’eau agitée, sous l’impulsion du vent,
la barque au cou écumeux très semblable à un oiseau,
jusqu’à ce que vers le même moment du second jour
220 le [navire] à proue recourbée se fût avancé
au point que les passagers virent la terre ferme,
[virent] luire la falaise marine, les collines escarpées,
les larges promontoires ; lors le détroit était passé
au bout de la plaine liquide. De là rapidement
la gent des Weders monta sur la plaine ;
ils attachèrent le bois de mer[24] ; les cottes d'armes retentirent,
les vêtements de combat ; ils remercièrent Dieu
de ce que les routes des vagues leur furent aisées.
Lors du rempart le veilleur des Scyldings,
230 lui qui devait garder la falaise côtière[25],
vit porter par-dessus les passavants des écus brillants,
un attirail militaire préparé ; la curiosité le tenailla
en [ses] pensées [pour savoir] ce qu’étaient ces hommes.
Lors il alla chevaucher sur [sa] monture vers le rivage,
le vassal de Hrothgar, il brandissait fortement
un puissant bois [de javelot] dans [sa] droite, en parole parlementaires il demanda :
« Qui êtes-vous avec cet attirail d’armures,
protégés par des cottes de mailles, qui ainsi êtes venus
par delà les voies du large amener une embarcation élevée
240 [à proue couverte d’anneaux[26]] ici par-delà les eaux ?
J’ai été garde-côte, j’ai exercé la garde du littoral,
pour que sur la terre ferme des Danois aucun adversaire odieux
ne pût [nous] nuire avec une armée sur vaisseaux.
Jamais ici porteurs d’écus en tilleul n’ont essayé
de venir plus ouvertement ; et vous ne connaissiez pas
du tout le mot de passe des combattants,
la convention de [nos] parents. Je ne vis jamais sur terre
comte plus considérable que ne l’est l’un de vous,
homme en attirail guerrier ; ce n’est pas un simple partisan
250 orné d’armes, à moins que son visage ne le démente,
[son] aspect unique. Maintenant je dois
connaître votre origine, avant que plus loin d’ici,
faux espions, vous ne vous portiez plus avant
sur la terre ferme des Danois. Maintenant, étrangers lointains,
voyageurs de l’onde, écoutez mon
simple avis ; la hâte est le mieux
pour faire connaître d’où vous êtes venus ».

IV.


À lui l’aîné [le chef] répondit,
le conducteur de la troupe ouvrit le trésor des paroles :
260 « Nous sommes gens de la race d’hommes des Géates
et camarades de foyer d’Hygelac.
Mon père était fort connu des peuples,
noble chef suprême nommé Ecgtheow ;
il demeura bon nombre d’hivers avant que vieux
il s’éloigna de ses enclos ; de lui promptement se souviennent
presque tous les conseillers au loin sur la terre.
C’est dans un esprit honorable que nous sommes venus
trouver ton seigneur nourricier, fils de Healfdene,
défenseur de la nation ; sois-nous favorable par tes indications.
270 Nous avons un grand message pour ce fameux
maître des Danois ; là, rien ne devra être secret
de ce à quoi je m’attends[27]. Tu sais si cela est,
comme nous l’avons vraiment entendu dire,
[à savoir] que parmi les Scyldings je ne sais quel cruel ennemi,
haineux en ses actes et caché, dans les sombres nuits
fait montre par la terreur d’une malignité inouïe,
d’outrages et de massacres. Sur ceci je puis, grâce à
un vaste esprit, donner [bon] conseil à Hrothgar,
[à savoir] comment, prudent et excellent, il vaincra l’ennemi,
280 si jamais pour lui l’affliction des maux
devait se retourner[28], le remède venir de nouveau,
et que les tourbillons du souci deviennent moins brûlants[29],
ou que toujours après cela il endure
un temps d’épreuve, un affreux mal, tant que restera
sur son haut emplacement la meilleure des maisons.
Le garde parla, où il était assis sur sa monture,
serviteur intrépide : « Le vigilant
guerrier à bouclier devra connaître entre les deux,
entre les paroles et les actes, lui qui juge bien.
290 J’entends ceci, que c’est ici une troupe bien disposée
pour le maître des Scyldings. Allez de l’avant porter
armes et armures, je vous conduirai ;
aussi je recommanderai à mes parents vassaux
de conserver honorablement contre tout ennemi votre barque,
votre navire récemment goudronné, sur le sable,
jusqu’à ce que de nouveau il emporte
sur les courants du large, le bois au col recourbé,
le cher homme vers la marche des Weders.

À tel des [héros] agissant en braves[30] il sera accordé
300 d’échapper sain et sauf à l’assaut de la bataille. »
Lors ils se mirent en route ; la barque resta tranquille,
le vaisseau au large sein se reposa au câble,
fixé à [son] ancre. Les images de sanglier brillaient
couvertes d’or, au-dessus des garde-joues,
éclatantes et durcies au feu ; le verrat faisait garde.
Belliqueux, ils se hâtèrent, les hommes se pressèrent,
ils descendirent ensemble jusqu’à ce qu’ils purent
apercevoir la salle de planches superbe et éclatante d’or.
C’était là chez les habitants du globe le plus fameux de tous
310 les bâtiments sous les voûtes célestes, où le puissant restait ;
[sa] lueur rayonnait sur beaucoup de terres.
Lors le brave batailleur leur désigna la claire demeure
des preux, pour qu’ils pussent s’y
rendre tout droit ; l’un des héros combattants,
il retourna sa monture, puis il prononça ces paroles :
« C’est le moment pour moi de me mettre en route ; que le Père qui gouverne tout
en Sa grâce vous maintienne sains et
saufs en [vos] aventures ! Moi, je veux revenir à la mer,
faire [bonne] garde contre une troupe hostile. »


V.


330 La voie était pavée en pierres multicolores, la sente guidait
les hommes réunis ensemble. La cotte de mailles du combat brillait
dure et sertie à la main, l’anneau de fer étincelant
cliquetait dans les armures, quand ils vinrent la première fois
se rendre à la salle dans leurs terribles accoutrements.
Lassés par la mer, ils placèrent [leurs] larges boucliers,
[leurs] écus étonnamment durs, contre le mur du bâtiment,
là ils s’accroupirent sur le banc ; les cottes de mailles retentirent,
attirail de combat des hommes ; les javelots se dressèrent,
attirail des marins, tout ensemble,
330 le bois de frêne gris au bout ; la bande [enveloppée] de fer
était bien pourvue d’armes. Là donc un fier héros
interrogea les soldats sur [leur] noble lignée :
« D’où apportez-vous les boucliers plaqués,
les grises cottes d'armes et les heaumes à visière,
[ce] monceau d'épieux militaires ? Je suis le messager
et l’officier de Hrothgar. Je n’ai pas vu
de si nombreux étrangers plus hardis.
Je m’imagine que c’est par fierté, nullement par suite d’exil,
mais par grandeur d’âme, que vous êtes venus trouver Hrothgar. »

340 Lors il lui répondit, l’homme au vaillant courage,
le fier chef des Weders reprit la parole,
hardi sous le heaume : « Nous sommes commensaux
d’Hygelac ; Beowulf est mon nom.
Je veux dire au fils de Healfdene,
au fameux souverain, mon message,
à ton prince, s’il veut nous accorder
que nous puissions le saluer, lui si excellent. »
Wulfgar parla (c’était un chef des Wendels,
son [grand] esprit était connu de plusieurs,
350 [sa] valeur et [sa] sagesse) : « Je vais demander ceci
à l’ami[31] des Danois, au maître des Scyldings,
au dispensateur de bagues, [disant] comment tu fais requête
au fameux souverain, pour ton aventure,
et te faire connaître promptement la réponse. »
Lors il se porta en hâte [là] où Hrothgar était assis
vieux et tout grisonnant, avec la compagnie de ses comtes ;
l’homme au vaillant courage s’avança jusqu’à ce qu’il se tint aux épaules
du maître des Danois ; il connaissait l’usage de l’élite noble.
360 Wulfgar parla à son seigneur ami :
« Ici sont arrivés en voyage, venus de loin
par-delà l’étendue de l’océan, des gens des Géates ;
l’aîné [le chef], les soldats le
nomment Beowulf. Ils font requête
pour pouvoir, mon souverain, échanger
des paroles avec toi ; ne leur refuse pas
ta réplique, gracieux Hrothgar.
Ils semblent dignes dans leurs habits de guerre
de la haute estime des comtes ; certes le prince fut intrépide
370 qui a conduit ici ces guerriers ».


VI.


Hrothgar parla, [le] protecteur des Scyldings :
« Je l’ai connu quand il était adolescent ;
son vieux père était appelé Ecgtheow,
auquel au logis Hrethel le Géate donna
sa fille unique ; ores son descendant
hardi est venu ici, il est venu trouver un ami bien disposé.
Aussi des voyageurs sur mer disaient ceci,
eux qui portèrent là-bas des dons précieux pour [gagner]
la faveur des Géates, qu’il avait la force puissante
380 de trente hommes dans l’étreinte de sa droite,
[lui], le vaillant dans la mêlée. Lui, le Dieu saint

l’a envoyé à bon secours pour nous,
pour les Danois de l’Ouest, [ce] dont j’ai espoir,
contre la terreur de Grendel ; à cet excellent [prince]
je dois offrir pour sa bravoure des objets précieux.
Hâte-toi, fais entrer tout ensemble
cette compagnie de parents pour que je [la] voie ;
de plus dis leur en paroles qu’ils sont les bienvenus
pour la nation des Danois. » [Alors vers la porte de la
390 grand’salle Wulfgar s’avança,][32] il rapporta [cette] parole à l’extérieur :
« Mon seigneur victorieux, prince des Danois de l’Est,
vous fait dire qu’il connaît votre noble lignée,
et qu’[arrivant] ici par-delà les tourbillons de la mer,
hardis dans [vos] projets, vous lui êtes bienvenus.
Ores vous pouvez aller dans vos habits de combat,
sous [vos] masques d’armée, voir Hrothgar ;
laissez [vos] targes de bataille, [vos lances en] bois,
[vos] épieux de carnage, attendre ici l’issue du palabre. »
Lors le puissant se leva, [et] autour de lui maint guerrier,
400 suite de vassaux de choix ; quelques-uns demeurèrent là
[et] gardèrent les costumes militaires, comme le hardi [chef] le leur ordonna.
Ils se dépêchèrent ensemble, comme l’homme les guidait,
sous le toit de Héorot ; [le vaillant d’esprit s’avança][33],
hardi sous le heaume, jusqu’à ce qu’il se tint dans la chambre[34].
Beowulf parla (sur lui brillait la cotte de mailles,
la cotte d’armes jointe par l’habileté du forgeron) :
« Salut, Hrothgar, à toi ! d’Hygelac je suis
parent et homme lige ; j’ai entrepris plusieurs
exploits dans [ma] jeunesse. L’affaire de Grendel
410 me devint manifestement connue sur mon sol natal ;
les voyageurs sur mer disent que cette salle se dresse,
le meilleur bâtiment, vide et inutile
pour chacun des guerriers, après que la lumière du soir
se trouve cachée sous la voûte[35] du ciel.
Lors ma nation me conseilla cela,
les meilleurs, gens circonspects,
souverain Hrothgar, [à savoir] que je t’allasse trouver,
pour ce qu’ils connaissaient ma force de puissance ;
eux-mêmes avaient noté, lorsque je vins des embûches de la bataille,

420 souillé [du sang] des ennemis, où j’[en] liai cinq,
où je détruisis une race de monstres et dans les vagues frappai à mort
de nuit des monstres de mer, [que] j’endurai une détresse terrible,
[que] je vengeai la lutte contre les Weders — ils souffraient de maux —
[que] j’écrasai des bêtes féroces ; et ores contre Grendel,
contre cet être prodigieux, je dois seul décider
l’affaire contre l’ogre. Lors je veux ores,
seigneur des Danois Brillants, te demander,
rempart des Scyldings, une seule requête,
afin que tu ne me refuses pas, refuge des guerroyants,
430 noble ami des peuples, ores que je viens ainsi de loin,
que je puisse seul [et] la compagnie de mes comtes,
cette poignée d’hommes hardis, purifier Héorot.
J’ai aussi entendu raconter que l’être prodigieux
dans son insouciance ne tient nul compte d’armes ;
donc je renonce à ceci (afin qu’Hygelac,
mon seigneur lige, me soit gracieux d’humeur),
[à savoir] que je porte épée ou large bouclier,
écu jaune au combat ; mais avec [mon] étreinte je devrai
saisir l’ennemi, et combattre pour l’existence,
440 adversaire contre adversaire ; là il devra estimer que cela se fait
par le jugement du Seigneur, celui que la mort prendra.
Je m’imagine qu’il voudra, s’il peut l’emporter,
manger la nation des Géates dans la salle du combat
sans crainte, comme il fit souvent
de la puissance[36] des [Danois] Triomphants. Tu n’auras nul besoin
de cacher [ma] tête, mais il voudra m’avoir
souillé de sang, si la mort me prend ;
il portera mon cadavre ensanglanté, il pensera le goûter,
le solitaire [le] mangera sans pleurs,
450 il [en] tachera [son] repaire de marais ; tu n’auras pas besoin
de pourvoir plus longtemps à la nourriture de mon corps.
Envoie à Hygelac, si la bataille me prend,
la plus excellente des enveloppes guerrières, qui défend ma poitrine,
la meilleure des armures ; c’est un legs de Hrethel,
œuvre de Weland[37]. Toujours la destinée va comme elle le doit ! »


VII.


Hrothgar parla, le protecteur des Scyldings :
« C’est pour un combat défensif, mon ami Beowulf,
et pour une aide bienveillante que tu es venu nous trouver.

Ton père a livré une très grande bataille,
460 il tua de sa main Heatholaf
parmi les Wilfings ; lors la race des Weders
ne put le recueillir par crainte d’invasion.
Alors il alla trouver le peuple des Danois du Sud
par-delà le roulis des vagues, les Scyldings Honorés ;
lors je gouvernais à [mes] débuts le peuple des Danois
et dans [ma] jeunesse j’occupais le bourg à trésor accumulé,
riche en gemmes, des héros. Lors Heregar était mort,
mon frère ainé était sans vie,
l’enfant de Healfdene ; il était supérieur à moi.
470 Ensuite j’arrangeai cette querelle par compensation pécuniaire ;
je renvoyai aux Wilfings par delà le dos des eaux
d’anciens objets précieux ; il me fit des serments.
C’est un chagrin pour moi dans mon esprit de dire
à un homme quelconque ce que Grendel m’a ourdi
d’humiliations à Héorot avec ses pensées haineuses,
d’attaques soudaines ; ma troupe de [gardes du] parvis,
[ma] poignée [d’hommes] de guerre, est diminuée ; la destinée les a enlevés
dans l’assaut terrible de Grendel. [Mais] sans peine Dieu peut
arrêter dans ses méfaits ce meurtrier insensé.
480 Bien souvent, ayant bu de la bière, des soldats
sur leurs coupes de cervoise se sont vantés
de vouloir attendre dans la salle de bière
le combat contre Grendel avec la terreur des tranchants d’épée.
Alors cette grand’salle d’hydromel était le matin,
cette salle seigneuriale, ensanglantée, quand le jour luisait,
toutes les planches des bancs humectées de sang,
la grand’salle [souillée] du sang des flamberges ; je possédais d’autant moins
de fidèles [serviteurs], précieuse élite, que la mort les enlevait.
Ores assieds-toi au banquet et communique tes pensées,
490 ta confiance en la victoire, à [tes] hommes, comme ton esprit [t’y] pousse.
Lors pour les Géates tous ensemble fut
préparé un banc dans la salle de bière ;
là les [gens] au cœur fort allèrent s’asseoir,
fiers de [leur] vigueur. Un vassal s’occupa de [son] service,
qui en [ses] mains portait une coupe de cervoise couverte,
il versa le brillant liquide. Parfois un ménestrel chantait
à voix claire dans Héorot ; il y avait là de la joie parmi les héros,
et nombreuse élite de Danois et de Weders.

VIII.


Unferth, l’enfant d’Ecglaf, parla,
500 [lui] qui était assis au pied du maître des Scyldings,
il déchaîna un thème de querelle (l'aventure de Beowulf,
du courageux voyageur sur l’onde, était pour lui un gros ennui,
parce qu’il n’admettait pas qu’aucun autre homme
obtint jamais dans l’enclos du milieu [la terre] autant[38] d’actions glorieuses
sous les cieux que lui-même) :
« Est-ce toi ce Beowulf qui disputa contre Breca,
qui sur la large mer lutta à la nage,
quand par bravade vous affrontiez les lames,
et que par sotte vantardise sur l’eau profonde
510 vous risquiez [vos] jours ? Aucun homme,
cher ou odieux, ne put vous dissuader tous deux
de la triste aventure, quand vous nagiez sur le bras de mer,
lorsque de [vos] bras vous embrassiez le courant liquide,
[que] vous mesuriez les voies marines, [que] vous brandissiez vos droites[39],
[que] vous glissiez sur l’homme au trident ; l’océan bouillonnait de vagues,
tourbillon hivernal. Vous deux, dans le domaine de l’eau,
avez peiné sept nuits ; celui qui l’emportait à la nage
avait plus de puissance. Lors au moment du matin
la crête d’eau le jeta chez les Heathorêmes ;
520 de là il alla trouver le doux pays natal,
lui cher à sa nation, la terre des Brondings,
[son] beau bourg de refuge, où il possédait un peuple,
un bourg et des bagues[40]. Toute [sa] vanterie contre toi,
le fils de Beanstan l’accomplit vraiment.
C’est pourquoi je compte pour toi sur un pire destin,
quoique tu aies été partout vaillant dans l’assaut guerrier,
dans le cruel combat, si tu oses attendre
de près Grendel pendant le laps d’une nuit. »
Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow :
530 « Voici ! tu as exprimé un grand nombre de choses, mon ami
Unferth, enivré de bière, au sujet de Breca,
tu as [beaucoup] dit de son aventure. Je conterai la vérité,
[à savoir] que je possédais plus de vigueur sur mer,
d’endurance sur les vagues qu’aucun autre homme.
Tous deux nous nous entretînmes de cela, étant jouvenceaux,
et nous nous vantions (lors nous étions encore l’un et l’autre

en [notre] temps de jeunesse), qu’au dehors, sur l’homme au trident,
nous risquerions nos jours ; et cela, nous le fîmes ainsi.
Nous avions une épée nue, lorsque tous deux nous nageâmes sur le bras de mer,
540 [une épée] dure en mains ; tous deux nous pensions à nous
défendre contre les baleines. Il ne put nullement
flotter loin de moi sur les vagues du flot
plus vite sur la crête d’eau ; je ne voulus pas le quitter.
Lors tous deux ensemble nous fûmes sur la mer
le laps de cinq nuits, jusqu’à ce que le flot nous sépara,
les lames bouillonnantes ; le plus froid des temps [survint],
la nuit tombante, et le vent du Nord
farouche se tourna [contre nous] ; rudes étaient les vagues.
Des poissons de la mer l’humeur était excitée ;
550 là contre les adversaires ma cotte d’armes de corps,
dure, jointe par la main, [me] fournit secours ;
mon armure tissée de bataille, ornée d’or,
recouvrait [ma] poitrine. Un ennemi tacheté
me tira vers le fond, il [me] tenait ferme,
farouche dans son étreinte ; cependant il me fut accordé
que j’atteignisse l’être prodigieux de [ma] pointe,
de [mon] glaive de bataille ; un assaut guerrier
vigoureux enleva par ma main la bête marine.


IX.


Ainsi souvent les [bêtes] malfaisantes me
560 pressèrent vivement. Je les servis
de ma bonne épée, comme il était séant ;
ils n’eurent aucunement joie du festin,
[ces] vils destructeurs, en ce qu’ils me dévorèrent,
assis autour du banquet, près du fond de la mer,
mais au matin, blessés d’estoc,
ils gisaient à la surface sur la laisse des vagues,
endormis par l’épée, en sorte que plus désormais
autour du profond chenal ils n’arrêtèrent en route
les voyageurs sur le courant de mer. La lumière vint de l’Est,
570 brillant signal de Dieu ; les courants de mer s’apaisèrent,
en sorte que je pus voir des promontoires,
des remparts battus du vent. La destinée sauve souvent
un comte non voué à la mort, quand son courage est vaillant.
Cependant il m’advint que je frappai de l’épée
neuf monstres de mer. Je n’ai pas entendu raconter de combat
de nuit plus dur sous la voûte du ciel,
ni [parler] d’homme plus en peine sur les courants océaniques.
Cependant je survécus à l’emprise de [mes] antagonistes,
lassé de l’aventure. Lors la mer me porta,

580 le flot avec la marée, sur la terre des Finnois,
les lames bouillonnantes. Je n’ai nullement à propos de toi
ouï dire de telles luttes en armure,
un [tel] terrible danger de glaives ; jamais encore Breca
au jeu de la mêlée, ni l*un de vous deux,
n’a exécuté d’exploit aussi hardi
de [sa] brillante[41] épée (de cela je ne me vante pas beaucoup),
quoique tu sois devenu un meurtrier pour [ton] frère[42],
pour [ton] proche parent[43] ; de cela tu devras en enfer
subir le châtiment, quoique tu sois fort spirituel.
590 Je te dis en vérité, fils d’Ecglaf,
que jamais Grendel n’eût exécuté tant d’horribles méfaits,
l’être prodigieux et terrible, contre ton prince,
tant de hontes dans Héorot, si ta disposition,
si ton esprit était aussi farouche sous les armes que toi-même tu le contes ;
mais il a découvert qu’il n’a pas besoin de grandement redouter
les hostilités, la terrible attaque de pointe,
de votre nation, des Scyldings Victorieux.
Il prend des gages forcés, il n’épargne personne
de la nation danoise, mais il combat avec plaisir,
600 tue[44] et festoie, il ne tient nul compte d’un assaut
contre les Danois à javelots. Mais ores moi je devrai lui
montrer sous peu le pouvoir et le courage des Géates
au combat. Qu’il aille de nouveau, celui qui le peut,
brave, à [la beuverie d’] hydromel, après que la lumière du matin
d’un autre jour, que le soleil revêtu d’éther,
rayonnera du Sud pour les enfants des mortels ».
Lors fut en liesse le dispensateur de trésors,
à cheveux gris et renommé dans les combats, il compta
sur le secours, le seigneur des Danois Brillants, il entendit, lui,
610 pasteur du peuple, de la part de Beowulf une ferme résolution.
Là il y eut rire des héros, le bruit[45] retentit,
les paroles étaient gaies. Wealtheow s’avança,
la reine de Hrothgar, se souvenant de l’usage courtois,
elle salua, ornée d’or, les hommes dans la grand’salle ;
et lors la noble femme donna la coupe
d’abord au gardien du pays des Danois de l’Est,
elle lui recommanda d’être joyeux à la beuverie de bière,
cher à [sa] nation. Il prit avec plaisir
le banquet et la coupe de la salle, lui, le roi victorieux.

620 Lors la dame des Helmings fit le tour
de chaque partie [de la salle] auprès des anciens et des jeunes,
elle donna le précieux gobelet jusqu’à ce que survint l’occasion
pour qu’à Beowulf, reine ornée d’anneaux,
remarquable de jugement, elle portât la coupe d’hydromel.
Elle salua le chef des Géates et remercia Dieu,
sage et ferme en ses paroles, de ce que son désir s’était accompli[46],
qu’elle se fiât à quelque comte
pour une aide contre les attaques violentes. Il prit la coupe,
le guerrier acharné au carnage, de [s mains de] Wealtheow
630 et lors déclama, avide de combat.
Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow :
« Je résolus cela, lorsque je montai sur la crête de l’eau,
que je m’assis dans le bateau de mer, avec la foule de mes hommes,
qu’en une seule fois je réaliserais
le désir de votre nation, ou qu’au carnage je m’écroulerais,
saisi dans l’étreinte ennemie. Je devrai exécuter
un exploit de comte courageux ou passer
dans cette grand’salle d’hydromel mon dernier jour ».
À la femme plurent bien ces paroles,
640 les propos de défi du Géate ; elle alla, ornée d’or,
la noble reine du peuple, s’asseoir près de son maître [et seigneur].
Lors de nouveau, comme jadis, à l’intérieur de la grand’salle
furent exprimées des paroles puissantes, le populaire fut en liesse,
la rumeur du peuple victorieux [retentit], jusqu’à ce que soudain
le fils de Healfdene voulut aller trouver
le repos du soir ; il savait que pour l’être prodigieux
une bataille avait été décidée contre la haute salle,
après qu’ils ne pourraient plus voir la lumière du soleil,
ou que la nuit tombante (s’étendrait) sur tous,
650 que des formes d’ombres nocturnes viendraient se glisser,
sombres sous les nuages[47]. Toute la troupe se leva ;
lors un homme salua l’autre,
Hrothgar, Beowulf et lui souhaita[48] bonne chance,
pouvoir dans la demeure de vin, et prononça cette parole :
« Jamais auparavant à aucun homme je n’ai confié,
depuis que je pus lever ma main et mon écu,
la demeure seigneuriale des Danois, sauf ores à toi.
Occupe ores et détiens la meilleure des maisons,
songe à [ton] renom, fais connaître ta force courageuse,

660 veille contre l’[être] hostile. Il n’y aura pas manque d’objets désirés
pour toi, si tu échappes vivant à cet exploit courageux. »


X.


Lors Hrothgar s’en alla avec sa compagnie de héros,
le rempart des Scyldings [sortit] de la grand’salle ;
le chef guerrier voulait aller trouver Wealtheow,
[sa] reine, comme compagne. Gloire des rois, il avait
contre Grendel, ainsi l’avaient oui dire les hommes,
placé un gardien de la salle ; il vaquait à un service spécial
autour du prince des Danois ; il offrait une garde contre le monstre.
670 Vraiment le cacique des Géates se fiait bien
à sa fière force, à la faveur de la Divinité.
Lors il se dépouilla de la cotte de mailles en fer,
[ôta] de [sa] tête le heaume, donna son épée décorée,
élite des [armes en] fer, au vassal préposé,
et lui enjoignit de garder l’équipement de bataille.
Lors l’excellent [chef] exprima quelques paroles de défi,
Beowulf des Géates, avant qu’il montât sur sa couche :
« Je ne me compte pas pour inférieur en prouesses guerrières[49],
d’exploits de carnage à lui, Grendel ;
c’est pourquoi je ne veux pas par l’épée l’endormir,
680 le priver de ses jours, encore que je le puisse [justement].
Il ne connaît rien de ces [arts] excellents, pour qu’il frappe contre moi,
qu’il heurte mon écu, quoiqu’il soit vaillant
en actes de violence ; mais tous deux, nous devrons la nuit
nous passer de sabre, s’il ose chercher
la lutte sans arme, et qu’après cela le Dieu sage,
le saint Seigneur, adjuge la gloire
à quelque main qu’il Lui semblera bon. »
Lors se coucha le brave champion, le coussin des joues reçut
le visage du comte, et autour de lui maint
690 ardent guerrier marin s’affaissa sur le lit de salle.
Aucun d’eux ne pensait que de là il dût
jamais de nouveau aller retrouver sa chère résidence,
[son] peuple ou [son] libre bourg, où il fut élevé :
mais ils avaient ouï dire qu’auparavant le carnage meurtrier
avait pris dans cette salle de vin beaucoup trop d’entre eux,
de la nation danoise. Mais à eux le Seigneur donna
les trames du succès à la guerre, à la nation des Weders[50]
réconfort et secours, pour qu’ils vinssent tous

à bout de leur ennemi par la force d’un seul [homme],
700 par sa puissance personnelle ; la vérité est renommée,
[à savoir] que le puissant Dieu a de tout temps
gouverné la race des hommes. Dans la nuit sombre
le marcheur des ténèbres vint se glisser. Les archers étaient assoupis,
qui devaient garder ce bâtiment à cornes,
tous sauf un seul. Cela fut connu aux mortels,
que l’ennemi constant, lorsque la Divinité ne [le] voulait pas,
ne pouvait les précipiter sous les ténèbres ;
mais lui veillant, indigné contre l’[être] hostile,
attendit, furieux d'humeur, l’issue du duel.


XI.


710 Lors du marais, sous les pentes brumeuses,
Grendel vint s’avançant, il portait le courroux de Dieu[51] ;
le vil ennemi cruel s’imaginait prendre au piège
quelqu’un de la race humaine dans cette haute salle.
Il marchait sous les nuages vers l’endroit où il savait
fort bien [qu’il y avait] le bâtiment du vin, la salle d’or des hommes,
brillante de plaques d’or ; ce n’était pas là la première fois
qu’il allait trouver le logis de Hrothgar.
Jamais auparavant ni plus tard dans ses jours vécus
il ne découvrit plus hardis gaillards, vassaux de salle.
720 Lors le guerrier vint au bâtiment en sa course
privé de joies ; bientôt la porte s’ouvrit
attachée par des barres forgées au feu, après qu’il l’eût touchée de ses paumes ;
lors pensant à mal il [l’]enfonça, lorsqu’il fut gonflé de rage,
la bouche du bâtiment. Après quoi rapidement
l’ennemi foula le parquet éclatant[52],
il s’avança courroucé d’humeur ; de ses yeux sortait,
très semblable à une flamme, une lumière laide.
Il vit dans le bâtiment maints guerriers,
une compagnie de parents tout ensemble assoupie,
730 une poignée de guerriers apparentés. Lors son humeur exulta ;
il s’imagina qu’avant que vint le jour il séparerait,
être monstrueux terrible, la vie de chacun [d’eux]
de [son] corps, lorsqu’il lui fut survenu
espoir de repas abondant. Lors ce ne fut pas de nouveau la destinée
qu’il pût dévorer plus de [membres de] la race humaine

après cette nuit. [La] grande anxiété[53], le parent
d’Hygelac la contint[54] [voyant] comment le cruel
ennemi voudrait agir en ses attaques soudaines.
L’être monstrueux ne pensait pas à les retarder,
740 mais rapidement il saisit tout d’abord
un guerrier endormi, [le] déchira à l’improviste,
mordit [sa] charpente osseuse, but à flots le sang,
et avala des bouchées sans fin ; bientôt
il eut tout mangé du mort [jusqu’à ses]
pieds et [ses] paumes. Il s’approcha de plus près en avant,
lors il prit de [ses] mains le valeureux
guerrier sur la couche ; contre [lui]
l’ennemi étendit la paume ; rapidement il saisit
l’intention hostile et s’attacha au bras [du monstre].
750 Bientôt le maître criminel découvrit cela,
qu’il n’avait pas rencontré dans cet enclos du milieu[55],
dans les régions terrestres, chez un autre homme
une droite étreignant plus fort ; il devint apeuré
d’humeur, de cœur ; il n’en put pas échapper plus tôt [pour cela].
Son esprit était avide de partir, il voulait fuir dans l’obscurité,
aller trouver la horde des démons. Là son état[56] n’était pas
tel qu’il l’avait auparavant rencontré en ses jours vécus.
Lors l’excellent parent d’Hygelac se rappela
[son] discours du soir, il se tint droit
760 et le saisit fermement à bras le corps ; les doigts craquèrent ;
le monstre s’enfuyait ; le comte alla en avant.
L’infâme s’imaginait gagner le large
où qu’il le pût et fuir loin de là
dans [sa] retraite de marécage ; il savait le pouvoir de ses doigts
en l’étreinte du farouche [ennemi]. C’était là une triste course
que l’[être] malfaisant avait faite jusqu’à Héorot.
La salle seigneuriale retentit ; il se produisit pour tous les Danois,
habitants du château, pour chacun des audacieux,
pour les comtes, une grande terreur panique[57]. Tous deux étaient courroucés
770 furieux, les puissants gardiens. Le bâtiment résonna ;
lors ce fut une grande merveille que la salle de vin
résista aux braves combattants [et] qu’il ne tomba pas sur le sol,
le bel édifice terrestre. Mais il était si fermement
construit au dedans et au dehors avec des crampons de fer

d’un art curieux. Là s’écarta de sa base
maint banc d’hydromel, à ce que j’ai appris,
adorné d’or, lorsque les farouches luttèrent là.
C’est à quoi ne songèrent point auparavant les conseillers
des Scyldings, que quelque homme pourrait jamais par sa force
780 le briser, [bâtiment] splendide et brillant de bois de cerfs,
le détruire par [son] adresse, à moins que l’emprise de la flamme
ne l’engloutît dans la fumée. Un bruit s'éleva
assez surprenant ; des Danois du Nord s’empara
une affreuse alarme, de chacun de ceux
qui du rempart entendirent la lamentation,
[qui entendirent] l’adversaire de Dieu entonner son air
terrible, chant de défaite, et pleurer sa douleur,
[lui], le captif de l’enfer. Celui-là le tenait ferme
qui était le plus vigoureux des hommes par [sa] puissance
790 en ce jour de cette vie.


XII.


Il ne voulut, le refuge des comtes, en aucune façon
quitter vivant ce meurtrier survenu,
il n’en jugeait pas les jours de vie utiles
à quelqu’un d’entre les nations. Là plus d’un
comte de Beowulf brandit [une épée], ancien legs,
voulut défendre l’existence de [son] seigneur et maître,
du fameux souverain, partout où il le pouvait[58].
Ils ne savaient pas cela, lorsqu’ils prirent part à l’altercation,
les batailleurs à l’esprit hardi,
800 et qu’ils pensaient à lui porter des coups de chaque côté,
à aller trouver son âme[59], que cet ennemi constant,
aucune élite d’armes en fer sur la terre,
aucun glaive de combat, ne voudrait [l’]approcher[60] ;
mais il s’était garanti magiquement contre des armes victorieuses,
contre toute sorte de pointes d’épées. Son départ mortel[61]
devait se produire misérable en ce jour
de cette vie, et l’esprit étranger
[devait] voyager au loin sous la domination des ennemis.
Lors il découvrit cela, lui qui auparavant
810 de gaîté d’humeur exécuta contre la race humaine
beaucoup de crimes, lui, rebelle contre Dieu,
que l’enveloppe de son corps ne voudrait pas résister,
mais que le courageux parent de Hygelac

le tenait [ferme] par la main ; chacun vivant était
odieux à l’autre. Il reçut[62] une blessure de corps,
l’être monstrueux terrible ; sur son épaule se produisit
évidente une plaie perpétuelle ; [ses] tendons sautèrent,
les chairs[63] éclatèrent. À Beowulf fut accordée
la gloire du combat ; de là Grendel dut
820 s’enfuir, mortellement atteint, sous les pentes marécageuses,
aller chercher sans joie [son] habitation ; il savait trop bien[64]
que la fin de ses jours était arrivée,
le chiffre journalier de ses journées. Pour tous les Danois
après cet assaut de carnage le désir était accompli.
Lors il avait purifié, lui qui avant vint de loin,
circonspect au cœur fort, la salle de Hrothgar,
et [l’avait] préservée contre l’attaque ; il se réjouit de son œuvre
de nuit, de son exploit intrépide. Pour les Danois de l’Est
il avait exécuté, lui, le cacique des gens Géates, [sa] vanterie,
830 il avait aussi porté remède à toute la détresse,
au chagrin [provenant] de l’être hostile, qu’ils enduraient avant
et qu’ils devaient supporter par affreuse nécessité,
humiliation non médiocre. C’en fut une preuve évidente
quand le brave guerrier déposa la main,
le bras et l’épaule (il y avait là tout ensemble
la serre[65] de Grendel) sous le toit spacieux.


XIII.


Lors il y eut le matin, à ce que j’ai appris,
autour de la grand’salle aux dons maint combattant ;
les conducteurs de peuple se mirent en route de loin et de près
840 sur les grands chemins pour observer la merveille,
les traces de l’adversaire odieux. Son départ de la vie
ne sembla lamentable à aucun des hommes
qui observaient la piste de l’[être] sans gloire,
[et] comment las d’humeur, partant de là,
vaincu dans l’attaque, vers l’onde des monstres de mer,
voué à la mort et mis en fuite, il laissa des traces vives.
Là le courant marin bouillonnait de sang,
le terrible remous des vagues tout mêlé
de sang frais et chaud, bouillonnait du sang des flamberges ;
850 l’[être] voué à la mort [le] teignait, après que, dépourvu de joies,
il déposa l’existence dans la paix des marécages,

[son] âme païenne ; là l’enfer[66] le reçut.
De là les anciens compagnons s’en retournèrent,
aussi maint jeune [homme], du gai voyage
pour remonter courageux de la mer avec des coursiers,
ces militaires sur palefrois blancs. Là fut proclamé
l’exploit de Beowulf ; maint [homme] assura souvent
que ni au Sud ni au Nord entre les mers
sur le vaste sol aucun autre [héros]
860 sous l’étendue du firmament n’était meilleur
entre les porteurs d’écus, plus digne de la souveraineté.
Certes ils ne blâmaient[67] nullement leur seigneur ami,
le gracieux Hrothgar, mais c’était [bien] un roi excellent.
Parfois les vaillants à la mêlée laissaient galoper,
partir en course [leurs] coursiers bais,
là où les chemins de campagne leur semblaient beaux,
[leurs coursiers] célèbres pour leurs qualités d’élite. Parfois un vassal du roi,
homme plein[68] de vanterie, se souvenant de chants
[et] qui se rappelait un fort grand nombre
870 de vieilles sagas, imaginait une histoire nouvelle[69]
rattachée à un fait vrai. L’homme commença de nouveau
à traiter habilement l’aventure de Beowulf
et à redire avec succès d’ingénieux récits,
à associer des mots ; il relata tout ce qu’il avait
entendu dire des actes de courage de
Sigemund, beaucoup de choses inconnues,
l'altercation de Waelsing, [ses] aventures au loin,
que les enfants des hommes ne savaient pas du tout, —
les querelles et les crimes, — sauf Fitela [qui se trouvait] avec lui,
880 quand il voulut lui dire un peu de cette affaire,
l’oncle à son neveu, comme ils furent toujours,
à chaque attaque, camarades dans le besoin ;
ils avaient de leurs épées abattu un fort grand nombre
de la race des monstres. Pour Sigemund surgit
après le jour de sa mort un éclat non médiocre[70]
en tant que, hardi à la guerre, il avait tué le reptile,
gardien du trésor accumulé ; lui, sous la roche grise,
enfant de noble, osa seul
l’acte téméraire ; Fitela n’était pas avec lui.

890 Cependant il lui advint que l’épée transperça
le merveilleux reptile, [en sorte] qu’elle s’arrêta dans le mur,
fer seigneurial ; le dragon mourut de mort violente.
Le [guerrier] prodigieux avait obtenu par [son] courage
qu’il pût user du trésor accumulé de bagues
à son gré[71]. Il chargea un bateau de mer,
il porta au sein du vaisseau de brillants joyaux,
lui, le descendant de Waels ; la chaleur consuma le reptile.
Il fut largement le plus fameux des coureurs d’aventures
entre les nations humaines, lui, le refuge des guerroyants,
900 par ses actes de courage ; aussi prospéra-t-il jadis[72].
Après qu’eut diminué la prouesse batailleuse d’Heremod,
[son] pouvoir et [son] courage, il fut entre les Eotens
trahi au dehors en la domination des ennemis,
et vite envoyé au loin. Des tourbillons d’inquiétudes
le troublèrent trop longtemps ; pour [sa] nation,
pour tous les nobles il se trouva [être] un souci mortel.
Souvent aussi aux temps jadis maint sujet circonspect
a déploré l’aventure du [prince] au cœur fort,
[maint sujet] qui comptait sur lui comme aide contre les maux,
910 [pensant] que cet enfant du souverain devrait prospérer,
recevoir le noble rang de [son] père, garder le peuple,
le trésor accumulé et le bourg de refuge, le royaume des héros,
le pays natal des Scyldings. Là [Beowulf],
le parent d’Hygelac, se trouva plus chéri [que Heremod]
de toute la race humaine, de ses amis. Le crime assaillit ce dernier.
Parfois luttant à la course ils suivaient les routes fauves
sur [leurs] coursiers[73]. Lors la lumière du matin [le soleil]
fut lancée et hâtée. Maint feudataire s’avança,
fort d’esprit, vers la haute salle
920 pour voir la rare merveille ; aussi le roi lui-même,
gardien des trésors accumulés de bagues, marcha,
glorieux, du gynécée avec un grand cortège ;
[le roi] renommé pour ses qualités d’élite, et sa reine avec lui,
prirent[74] le sentier [de la salle] d’hydromel avec un groupe de jeunes filles.


XIV.


Hrothgar parla ; il se rendit à la grand’salle,
se tint sur le perron, regarda le toit escarpé
éclatant d’or et la main de Grendel :
« Pour cette vue que grâce soit rendue[75]
promptement au Gouverneur Universel. J’ai éprouvé
930 beaucoup d’horreurs, de tristesses, par Grendel ; [mais] toujours Dieu
peut effectuer merveille sur merveille, Conservateur de l’honneur.
C’était tout récemment que je m’imaginais
que de ma vie jamais je ne verrais[76] de remède à aucun
de [mes] maux, pour ce que tachée de sang
la meilleure des maisons se dressait ensanglantée de flamberges.
Le mal avait dispersé au loin chacun des conseillers,
qui ne s’imaginaient pas que, de leur vie entière,
ils défendraient l’œuvre de la nation contre les odieux
adversaires, démons et diables. Ores un feudataire
940 a par la puissance du Seigneur exécuté un acte
auquel tous nous ne pouvions auparavant
atteindre par [notre] prudence. Voici ! elle peut le dire,
cette femme même qui mit au monde un tel rejeton
parmi les races d’hommes, si elle vit toujours,
que de tout temps la Divinité lui fut favorable
en son accouchement. Ores moi, Beowulf, le plus
excellent des héros, je veux t’aimer, toi, comme [mon] fils
en [mon] cœur ; tiens bien désormais
la nouvelle parenté. Il n’y aura pour toi aucun manque
950 d’objets désirés au monde sur lesquels j’ai domination.
Bien souvent j’ai assigné pour moins une récompense,
une distinction par trésor accumulé, à un guerrier inférieur,
plus faible à l’assaut. Tu as toi-même
effectué par [tes] actes que ton [éclat] vive
à tout jamais. Que le Gouverneur Universel te [le] rende
en bien, commme ores il l’a fait encore ! »
Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow :
« Cette œuvre courageuse, ce combat, c’est très volontiers
que nous l’avons effectué, que hardiment nous avons bravé
960 le pouvoir de l’inconnu ; je voudrais plutôt
que tu eusses pu le voir lui-même,
l’ennemi en [son] accoutrement [et] lassé à en tomber.
Je pensai vite à le lier par de
dures étreintes au lit de carnage,

en sorte que par ma droite qui le saisit il dût
être couché luttant pour la vie, à moins que son corps n’échappât ;
je ne pus, lorsque la Divinité ne le voulut pas,
empêcher [son] départ ; je ne m’attachai pas assez bien à lui,
à l'assaillant mortel, il était trop supérieur en puissance,
970 l’ennemi, par son allure. Cependant il a laissé sa paume,
pour sauver [sa] vie et marquer [sa] trace,
[son] bras et [son] épaule ; pourtant il n’obtint en cela,
homme misérable, aucun soulagement ;
le malfaiteur n’en vivra pas plus longtemps,
harassé de péchés ; mais la douleur le tient
saisi étroitement en une terrible étreinte,
dans de funestes liens ; là il devra attendre,
rejeton souillé de crimes, le grand jugement
suivant que la Divinité éclatante voudra le condamner. »
980 Lors le fils d’Ecglaf [Unferth] fut un homme plus silencieux
sur [son] discours de défi au sujet d’exploits de combat,
après que les nobles, grâce à la force habile du comte,
observèrent la main [du monstre] sur le haut toit,
chacun [voyant] devant lui les doigts de l’ennemi ;
chacune des places des ongles était très semblable à de l’acier,
la griffe du païen, les pointes monstrueuses
du guerrier batailleur ; chacun déclara
que rien de plus dur ne voudrait les toucher[77],
aucune lame de fer excellente[78] qui voulût
990 arracher la sanglante paume d’assaut de l’être prodigieux.


XV.


Lors il fut rapidement ordonné que Héorot fût orné
intérieurement de paume [d’homme] ; il y eut beaucoup
d’hommes et de femmes qui préparèrent
le bâtiment de vin, la salle d'hôtes. Éclatantes d’or brillaient
les tapisseries sur les murailles, nombreux spectacles merveilleux
pour chacun des humains qui contemplent[79] pareilles choses.
Le brillant édifice était grandement abîmé,
tout affermi à l’intérieur avec des crampons de fer,
les gonds [étaient] forcés ; seul le toit fut sauvé
1000 entièrement intact, quand l’être prodigieux,
souillé d’actes criminels[80], prit la fuite,

désespérant pour ses jours. Ce n’est pas aisé
d’échapper [à la mort], l’essaie qui veut ;
mais il devra gagner de nécessité nécessaire
l’endroit préparé pour les enfants des mortels
qui portent une âme et occupent le sol,
où l’enveloppe de son corps fixé sur le lit de couche
s’assoupira après le banquet. Lors ce fut le temps et l'occasion
pour que le fils d’Healfdene se rendît à la grand’salle ;
1010 le roi lui-même voulut participer au banquet.
Je n’ai jamais ouï dire que des tribus en troupe plus nombreuse
se soient mieux comportées autour de leur donateur de trésors.
Lors les [troupes] prospères s’accroupirent sur le banc,
se réjouirent du festin ; de façon séante
leurs parents prirent maintes coupes d’hydromel,
[guerriers] forts d'esprit dans la haute salle,
Hrothgar et Hrothulf. À l’intérieur Héorot était
rempli d’amis ; les Scyldings nationaux
n’avaient encore aucunement usé de traîtrise.
1020 Lors l’enfant de Healfdene [Hrothgar] donna à Beowulf
une bannière dorée comme récompense pour [sa] victoire,
un étendard à hampe couvert [d’ornements], un heaume et une cotte de mailles ;
beaucoup virent apporter la fameuse épée à [pierres] précieuses
devant le [chef] militaire. Beowulf reçut [en mains]
la coupe dans le parvis. Il n’eut pas besoin
d’avoir honte du don d’argent devant les archers.
Je n’ai pas oui dire que beaucoup d’hommes aient remis
plus amicalement quatre objets précieux [pareils]
ornés d’or à un autre sur le banc de cervoise.
1030 Autour du toit du heaume, un rebord entouré
de fils de fer fournissait extérieurement protection à la tête,
afin que les épées[81] ne pussent pas audacieusement,
durcies par la trempe[82], lui nuire, quand le preux à bouclier
devrait se rendre au-devant d’ennemis farouches.
Lors le refuge des comtes [Hrothgar] ordonna d’amener
sur le parvis huit coursiers à bride plaquée d’or
au dedans des barrières ; sur l’un d’eux se dressait
une selle habilement décorée, ornée d’un trésor [de joyaux] ;
c’était là le siège de bataille du haut roi,
1040 quand le fils de Healfdene voulait prendre part
au jeu des épées ; jamais à l’avant-garde ne défaillit
la valeur du [chef] connu au loin, quand tombaient les cadavres.
Et lors le rempart des Ingwins transmit à Beowulf

possession et des unes et des autres,
des montures et des armes ; il lui recommanda d’en bien jouir.
Ainsi le fameux souverain, gardien du
trésor accumulé des héros, [lui] revalut de façon virile
les assauts de la mêlée en coursiers et objets précieux, tels que jamais
ne [les] blâma l’homme qui veut dire la vérité selon le droit.


XVI.


1050 Lors en plus le seigneur des comtes remit à chacun
de ceux qui avec Beowulf voyagèrent par le chemin du courant marin
des objets précieux sur le banc d’hydromel,
[quelque] legs de famille ; et il ordonna de donner
compensation en or pour celui que Grendel auparavant
avait méchamment tué, comme il voulait en [tuer] plus,
si le Dieu sage et l’humeur courageuse de cet homme
n’avaient écarté la destinée[83]. La Divinité gouvernait tous ceux
de race humaine, comme Elle le fait encore maintenant ;
c’est pourquoi l’intelligence est partout ce qu’il y a de mieux,
1060 la prévoyance du cœur. Il devra endurer beaucoup
d’aimable et d’odieux[84] celui qui longtemps ici
use du monde en ces jours de lutte.
Là il y eut chant et musique tout ensemble
au sujet du [chef], sage à la bataille, de Healfdene,
le bois joyeux [la harpe] fut touché, lai souvent répété,
quand le ménestrel de Hrothgar dut proclamer
la joie de la grand’salle le long du banc d’hydromel :
« Par les descendants de Finn, lorsque l’alarme les assaillit[85],
le héros des Demi-Danois, Hnaef des Scyldings,
1070 dut tomber dans le massacre des Frisons.
Certes Hildeburgh n’eut pas de raison pour louer
la bonne foi des Eotens ; innocemment elle se trouva
privée de [ses] bien-aimés au jeu des écus en tilleul,
de [ses] enfants et de [ses] frères ; ils s’affaissèrent sous le destin[86]
blessés par le javelot ; triste fut la dame.
Ce ne fut nullement sans cause que la fille de Hôc
pleura le décret de la Divinité, après que vint le matin,
lorsqu’elle put voir sous le firmament
la ruine meurtrière de [ses] parents, là où auparavant elle tenait

1080 le plus de joie au monde. La guerre enleva tous
les vassaux de Finn, sauf quelques-uns en petit nombre,
en sorte qu’il ne put sur le lieu de rencontre
faire en aucune façon la guerre à Hengest,
ni sauver les malheureux survivants, par la guerre[87],
du vassal de [ce] souverain, mais ils offrirent des conditions à Hengest,
[à savoir] qu’ils lui céderaient en entier un autre parvis,
grand’salle et haut siège, afin qu’ils pussent posséder
domination à demi avec les enfants des Eotens[88]
et que pour les dons pécuniaires le fils de Folcwalda [Finn]
1090 ferait honneur, à chacun des jours [de paie], aux Danois,
qu’il gratifierait d’anneaux la suite de Hengest,
[et] même aussi largement des biens de [son] trésor
d’or en plaques qu’il voudrait [en] encourager
la race des Frisons dans la salle de bière.
Lors ils confirmèrent des deux côtés
un ferme contrat de paix. À Hengest Finn
jura avec serment absolument sans contestation
qu’il traiterait honorablement, au jugement des conseillers,
les malheureux survivants, que là aucun homme
1100 en paroles ni en œuvres ne violerait le contrat [de paix],
ni ne l’enfreindrait jamais par une ruse hostile,
bien qu’ils eussent suivi le meurtrier de leur donateur de bagues,
étant sans souverain, lorsque [cela] leur fut ainsi imposé.
Si alors[89] quelqu’un des Frisons par un discours
provocant rappelait cette haine meurtrière,
alors le tranchant de l’épée devrait l’[apaiser].
Le serment fut fait, et l’or massif[90]
fut soulevé hors du trésor accumulé. Le meilleur des guerriers
des Scyldings d’Armée était prêt sur le bûcher ;
1110 sur l’amas étaient aisément visibles
la cotte d’armes ensanglantée, l’[image du] verrat toute d’or,
le sanglier en fer dur, maint noble destiné
à la mort par [ses] blessures ; plus d’un s’était écroulé au carnage.
Lors Hildeburgh ordonna que sur l’amas de Hnaef
on confiât à la flamme son propre fils, à elle,
qu’on brûlât les corps[91] et qu’on [les] mît sur le bûcher ;
la malheureuse dame pleura sur l’épaule [du mort]

[et] se lamenta en complaintes. Le guerrier combattant monta dans
les flammes]. Le plus grand des feux de carnage surgit en volutes vers
1120 les nuages, retentit au-dessus du tertre ; les têtes fondirent,
les blessures béantes éclatèrent ; alors le sang jaillit
par la morsure hostile [la blessure] du corps. La flamme, le plus avide
des esprits, dévora tous ceux des deux peuples que le combat
avait enlevés là ; leur souffle[92] était parti. »


XVII.


« Lors les guerroyants s'en allèrent visiter [leurs] habitations ;
privés de [leurs] amis, ils [allèrent voir la Frisie,
[leurs] logis et [leur] haut bourg. Lors Hengest
demeura encore, cet hiver souillé de carnage, avec Finn
absolument sans contestation ; il se souvenait de [sa] résidence,
1130 quoiqu’il ne put pas pousser sur l’onde
un [navire] à proue couverte d’anneaux ; la crête d’eau bouillonnait sous l'orage,
luttait contre le vent ; l’hiver enserrait les vagues
d'un lien de glace, jusqu'à ce qu’une autre[93] année
vînt aux enclos [des hommes], comme elle le fait ores encore,
[et] les temps merveilleusement brillants qui continuellement
observent la saison[94]. Lors l’hiver était parti,
beau [était] le sein de la campagne ; le voyageur,
l’étranger sortait en hâte de [son] enclos. Lui, plutôt
qu'à un voyage sur mer, songeait à vengeance,
1140 s’il pouvait causer une rencontre insultante
pour qu’en elle il se rappelât[95] les enfants des Eotens.
Aussi il n’évita[96] pas le sort du monde[97],
quand Hunlafing lui plongea dans le sein[98]
la lueur des batailles [l’épée brillante], le meilleur des glaives ;
les tranchants en étaient célèbres parmi les Eotens.
De même ensuite une terrible mort par l'épée
assaillit Finn au cœur preux dans son propre logis,

quand Guthlaf et Oslaf se lamentèrent avec chagrin
sur l’attaque[99] farouche, après leur voyage sur mer
1150 [et] l’accusèrent de [leur] part de maux ; [son] esprit[100]
agité ne put se garder dans [sa] poitrine. Lors la grand'salle
fut couverte de cadavres d’ennemis, Finn aussi [fut] frappé à mort,
le roi dans [son] cortège, et la reine [fut] prise.
Les archers des Scyldings portèrent aux vaisseaux
toute la propriété mobilière du roi de [cette] terre,
ce qu’ils purent trouver au logis de Finn
de bijoux, de gemmes curieuses. Sur le sentier de la mer
ils portèrent la femme[101] seigneuriale aux Danois,
[la] conduisirent à [sa] nation. »
Le lai fut chanté en entier,
1160 le chant du ménestrel. La gaîté s’éleva de nouveau,
le bruit sur les bancs s'entendit clairement ; les échansons versaient
le vin [tiré] de récipients merveilleux. Lors Wealtheow vint
s’avancer sous un diadème d'or, là où les deux vaillants,
oncle et neveu[102], étaient assis ensemble ; lors il y avait encore entente
entre eux, chacun [était] fidèle à l’autre. Là aussi, Unferth l’orateur
était assis aux pieds du maître des Scyldings ; chacun d’eux se fiait à [son] cœur,
[et] qu’il eût grand courage, quoiqu’il n’eût pas été pour ses parents
plein d’honneur au jeu des tranchants d’épée. Lors la souveraine des Scyldings parla :
« Prends cette coupe, mon seigneur et maître,
1170 dispensateur du trésor ; toi, sois en allégresse,
ami d'or des hommes, et parle aux Géates
avec de douces paroles, ainsi qu’on doit le faire.
Sois gracieux envers les Géates, te souvenant de dons ;
auprès et au loin ores tu as la paix.
On m'a dit que tu voulais avoir comme fils pour toi
le guerrier d’armée. Héorot est purifié,
la brillante salle de bagues ; use, tandis que tu le peux,
de maints prix, et laisse à tes proches
peuple et royaume, quand tu devras t'en aller
1180 pour voir le destin de la divinité. Je connais mon
gracieux Hrothulf, [et] qu’il voudra diriger

avec honneur la jeunesse, si avant lui,
ami des Scyldings, tu quittes ce monde ;
je m’imagine qu’il voudra [le] revaloir en bien
à nos descendants, s'il se rappelle tout ce
que nous deux avons auparavant montré de faveurs,
par bon vouloir et pour l’honneur[103], à lui enfant. »
Lors elle se dirigea auprès du banc où ses garçons étaient,
Hrethric et Hrothmund, et les enfants des héros,
1190 la jeunesse réunie ; là l’excellent était assis,
Beowulf le Géate, auprès des deux frères.


XVIII.


À lui la coupe fut portée, et l’invitation amicale
offerte en paroles, et l’or enroulé [fut]
aimablement présenté, deux bracelets,
un manteau et des anneaux, le plus beau des cercles de cou
dont j’aie entendu parler sur le globe.
Jamais sous le firmament je n’ai entendu parler d’un meilleur
trésor accumulé de héros, depuis que Hama emporta
au brillant bourg le collier des Brisings,
1200 le bijou et l’écrin ; il fuyait les ruses ourdies
d’Eormenric, [et] gagna un profit éternel.
Cet anneau, Hygelac le Géate l’eut,
le petit-fils de Swerting, dans [sa] dernière aventure,
après que sous [sa] bannière il défendit le trésor
[et] garda le butin du carnage ; la destinée l’enleva
après que par bravade il souffrit des maux,
la querelle avec les Frisons. Lors il porta les joyaux,
les pierres précieuses, par delà la coupe des vagues,
le puissant souverain ; il succomba sous [son] écu.
1210 Lors le corps du roi passa aux mains des Francs,
[son] armure de poitrine et le cercle [de cou] ensemble ;
de preux guerriers inférieurs pillèrent les cadavres
après le massacre du combat ; les gens des Géates
tenaient le lieu de cadavres[104].
          La grand’salle était pleine de bruit[105].
Wealtheow parla, devant la troupe elle s’exprima [ainsi] :
« Use de ce cercle [de cou], cher Beowulf,
jeune homme, avec bonne chance et sers-toi de ce manteau,
de [ces] biens publics et prospère bien ;
signale toi par [ta] force et sois pour ces jouvenceaux

1220 aimable en conseils. Pour cela je me souviendrai envers toi de récompenses.
Tu as obtenu qu’au loin et auprès
à tout jamais les hommes t’estimeront[106]
même autant au large que la mer entoure
les remparts de la côte battus par le vent. Sois, tant que tu vivras,
un noble fortuné ; je te souhaite bien des
trésors précieux. Sois pour mon fils,
amical en actes, sauvegardant [sa] joie.
Ici chaque comte est fidèle à l’autre,
doux d’humeur, loyal comme son seigneur lige ;
1230 les vassaux sont amènes, tout le populaire prêt à l’appel.
Hommes liges abreuvés de vin, faites comme je vous l’ordonne[107] ».
Lors elle s’avança vers son siège. Là il y eut l’élite des banquets,
les hommes burent le vin ; ils ne connaissaient pas la destinée,
le sort cruel, comme il se trouvait déclaré contre
maint comte. Après que le soir fut venu
et que Hrothgar s’en alla à sa demeure,
le puissant à [son] repos, des comtes innombrables
gardèrent le bâtiment, comme ils [le] firent souvent auparavant.
Ils débarrassèrent les planches de bancs ; [la salle] se trouva jonchée
1240 de lits et de traversins. L’un des feudataires pris de bière,
prêt et voué [à la mort], s’affaissa sur le [lit de] repos du parvis.
Ils placèrent à [leur] tête les écus de bataille,
les brillants bois de targes ; là sur le banc fut
aisément visible au-dessus de [chaque] noble
le heaume qui domine la mêlée, la cotte de mailles à anneaux,
le glorieux bois d’attaque [le javelot]. C’était leur coutume
qu’ils fussent sans cesse préparés à la guerre
tant au logis qu’au champ de bataille, et chacun d’eux,
même à tels moments où la nécessité [en] survenait
1250 à leur seigneur lige ; cette gent était brave.


XIX.


Lors ils s’enfoncèrent dans le sommeil. L’un [d’eux] paya douloureusement
le repos du soir, comme il leur arriva fort souvent,
après que Grendel eut habité la salle d’or,
pratiqué l’injustice, jusqu’à ce que la fin survint,
le trépas après [ses] péchés. Ceci devint visible,
connu au loin des hommes, que pour lors un vengeur
vivait encore après l’odieux adversaire, pour longtemps

après le combat et son souci. La mère de Grendel,
femme, femelle monstrueuse, se souvint de [sa] misère,
1260 elle qui dut habiter les eaux terribles,
les froids cours d'eau, après que Caïn devint
meurtrier, par l’épée tranchante, de son frère unique,
fils de [son] père ; lors il [Caïn] s’en alla, banni,
marqué par le meurtre, pour fuir la joie humaine,
il habita le désert. De là naquirent[108] beaucoup
d’esprits voués parle destin[109] ; Grendel était l’un d’eux,
loup féroce haïssable[110], qui trouva à Héorot
un homme veillant pour attendre la guerre.
Là l’être prodigieux se trouva aux prises avec lui ;
1270 cependant il se souvint de la vigueur de sa puissance,
de l’ample don que Dieu lui octroya,
et se confia au Maître Suprême pour la grâce[111],
le réconfort et le secours ; aussi il vainquit l’ennemi,
abattit l’esprit infernal. Lors il s’en alla méprisé,
privé de joie, voir l’habitation de la mort,
lui, l’ennemi de la race humaine. Et lors sa mère encore,
avide et d’humeur patibulaire, voulut aller
en lamentable aventure venger la mort de [son] fils ;
lors elle vint à Héorot, où les Danois aux Anneaux[112]
1280 étaient assoupis par toute la salle. Lors bientôt il se trouva
là un bouleversement pour les comtes, après que la mère de Grendel
fit irruption. L’effroi fut moins grand
d’autant même que la force d’une femme,
l’effroi guerrier féminin, [l’est moins] auprès d’hommes armés,
quand la flamberge bien emmanchée[113] forgée par le marteau,
l’épée tachée de sang versé, vaillante du tranchant,
fend sur le heaume [ennemi] le verrat sauvage[114].
Lors fut tirée dans la grand’salle au milieu des sièges
l’épée à dur tranchant, maint écu large [fut]
1290 levé ferme en main ; aucun ne se souvint du heaume,
de la large cotte de mailles, lorsque le terrible danger le saisit.
Elle avait hâte, elle voulait sortir de là
pour se sauver vivante, lorsqu’elle fut découverte ;
rapidement elle avait agrippé ferme l’un
des nobles ; lors elle alla au marécage.

C’était pour Hrothgar le plus aimé des héros,
en tant que camarade, entre les mers,
un puissant guerrier à écu, quelle détruisit sur [sa] couche,
militaire de ferme renom. Beowulf n'était pas là,
1300 mais auparavant un autre logement fut assigné
au fameux Géate après le don des objets précieux.
Il se fit une clameur dans Héorot ; couverte de sang frais[115],
elle prit la paume connue ; le souci fut renouvelé,
[et] surgit dans les habitations [le château]. Ce ne fut pas
un bon échange que des deux côtés ils durent payer
par l'existence de [leurs] amis. Lors le prudent roi,
le gris guerrier des batailles, [fut] d’humeur farouche,
après qu’il sut son premier vassal sans vie,
le plus cher [de tous] mort.
1310 Rapidement Beowulf fut mandé à la chambre [royale],
l’homme bienheureux en victoires ; ensemble avec l'aube[116]
il s'avança parmi [ses] comtes, le noble champion
lui-même avec ses camarades, là où le [roi] circonspect attendait
[pour voir] si jamais le Gouverneur Universel voudrait,
après les nouvelles de malheurs, effectuer un changement.
Lors il marcha sur le parquet, le héros au mérite militaire,
avec sa poignée [de comtes], (la boiserie de la grand’salle [en] retentit),
pour qu’il saluât de [ses] paroles le maître
avisé des Ingwins, [et lui] demandât si pour lui,
1320 d’après cette convocation pressante[117], la nuit [avait été] paisible.


XX.


Hrothgar parla[118], le protecteur des Scyldings :
« Ne demande pas concernant [de la] joie ; le chagrin est renouvelé
pour la nation des Danois. Aeschere est mort,
le frère ainé d’Yrmenlaf,
mon conseiller sagace et mon donneur d’avis,
[mon] bras droit[119], quand dans le tumulte guerrier
nous protégions [nos] têtes, quand [les] fantassins se rencontraient,
que les [images de] sangliers se heurtaient. Tel devrait être un comte,
[noble] excellent, tel que fut Aeschere.
1330 À Héorot l’étranger meurtrier errant devint
son assassin ; moi, je ne sais où

[l’être] terrible, fier de [la carcasse, a effectué sa retraite,
mis en évidence par son repas. [L’ogresse] a vengé la querelle –
parce que dans la nuit d’hier tu as tué Grendel
de façon violente par de dures étreintes,
attendu que trop longtemps il diminua ma
nation et [la] détruisit. Il a succombé en guerre,
ayant payé de ses jours, et ores une autre est venue,
mécréante puissante, [et] a voulu venger son fils
1340 et a poussé plus loin la querelle,
ce qui peut sembler à maint vassal,
qui avec [son] donateur de trésor gémit en [son] esprit,
un dur tourment d’âme[120] ; ores la main gît [morte]
qui secondait presque tous vos désirs.
J’ai entendu dire ceci à des habitants du pays,
conseillers de salle, mes sujets[121],
qu’ils ont vu deux tels grands
hanteurs de marches tenir les marais,
[des] esprits étrangers ; l’un de ceux-ci était,
1350 comme ils pouvaient le plus certainement [le] savoir,
une apparence de femme ; l’autre misérable
foulait sous forme humaine les sentiers d’exil,
sauf qu’il était plus grand qu’aucun autre homme,
lui qu’aux jours d’antan les campagnards
nommaient Grendel ; ils ne [lui] connaissaient pas de père,
s’il y en avait un engendré autrefois pour eux
parmi les esprits cachés. Ils habitent un pays
mystérieux, des pentes à loups, des promontoires battus par le vent
un hasardeux sentier de marécage, où le torrent de montagne
1360 dévale sous les brumes des falaises [de promontoires],
[où] le flot [descend] sous terre. Ce n’est pas loin d’ici,
en mesures milliaires, que s’étend le lac
au-dessus duquel sont suspendus des bosquets glacés ;
un bois fixé par [ses] racines surplombe l’eau.
Là chaque nuit l’on peut voir une effrayante merveille[122],
du feu sur le flot. Il ne vit personne d’assez intelligent entre
les enfants des hommes qui connaisse ce fond[123].
Quoique le [cerf] hantant la bruyère, harassé par les chiens,
le cerf vigoureux par ses cornes, cherche le bois forestier,
1370 mis de loin en fuite, il cédera plutôt [son] existence,
il [finira] ses jours sur le bord plutôt que de vouloir
y [cacher sa] tête. Ce n’est pas un endroit délicieux ;

de là le remous des vagues monte
sombre vers les nuages, quand le vent agite
l’odieuse tempête, jusqu’à ce que l'air s'obscurcisse,
que les cieux pleurent. Ores le conseil secourable dépend
de nouveau de toi seul. Tu ne connais pas encore la résidence,
l’endroit hasardeux, où tu puisses trouver
l’être aux nombreux péchés ; cherche [la], si tu l’oses.
1380 Je te compenserai en argent la querelle,
en biens anciens, comme je le fis auparavant,
en or enroulé, si tu [en] reviens. »


XXI.


Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow :
« Ne sois pas en souci, homme circonspect : il est mieux pour chacun
qu’il venge son ami, que de s’inquiéter beaucoup.
Chacun de nous doit attendre la fin
de la vie de [ce] monde ; que celui qui [le] peut remporte
de l’honneur avant [sa] mort ; c’est là pour l’homme-lige
privé de vie le meilleur à la fin.
1390 Lève-toi, gardien du royaume ; sortons rapidement
pour observer la route suivie par la parente de Grendel.
Je te le promets : elle n’échappera pas sous couvert protecteur
ni au sein de la campagne, ni au bois de la montagne,
ni au fond de l’océan, qu’elle aille où elle voudra.
Ce jour-ci, toi, aie patience pour
chacun de [tes] maux, comme je [l’] attends de toi[124] ».
Lors le vieillard se leva vivement, il remercia Dieu,
le puissant Seigneur, de ce que cet homme déclarait.
Lors pour Hrothgar un cheval fut bridé,
1400 monture à la crinière onduleuse ; le prince avisé
s’avança resplendissant ; la troupe des fantassins
porteurs d’écus en tilleul se mit en marche. Les traces
étaient visibles au loin le long des sentiers de la forêt,
la route suivie sur le sol ; elle était allée droit[125]
sur le ténébreux marais, [elle] emportait inanimé
le plus excellent des vassaux apparentés [au roi],
de ceux qui avec Hrothgar veillaient sur le logis.
Lors l’enfant des nobles passa sur
des pentes pierreuses escarpées, des sentes étroites,
1410 des sentiers solitaires resserrés, voie inconnue,
promontoires à pic, maisons nombreuses de monstres de mer.
Lui, avec un petit nombre d’hommes avisés,

allait devant pour observer la plaine
jusqu'à ce que soudain il trouva
des arbres de montagne[126] penchés au-dessus de la pierre grise,
bois morne[127] : au-dessous l’eau stagnait
ensanglantée et troublée. Ce fut pénible d’humeur
pour tous les Danois, les amis des Scyldings,
pour maint vassal, de souffrir
1420 détresse, [et] pour chacun des comtes, alors qu’ils
rencontrèrent la tête d’Aeschere sur cette falaise marine.
Le flot bouillonnait de sang (le peuple le regardait),
de sang frais et chaud. De temps en temps le cor sonnait
un prompt chant militaire. Tous les fantassins s'assirent ;
lors ils virent sur l’eau maints [êtres] d’espèce reptilienne,
étranges dragons marins, explorer le bras de mer,
qui à l’heure matinale font souvent
quelque triste expédition aventureuse sur la route des voiles[128],
1430 des reptiles et des bêtes sauvages ; ils s’enfuirent
dépités et furieux, ils avaient perçu le son éclatant,
[entendu] retentir le cor des combats. Le chef des Géates
de son arc à flèches priva l’un d’eux de vie[129],
de [sa] lutte contre les vagues, en sorte que le dur trait d’armée
se fixa dans des parties vitales ; il [en] fut sur la crête d’eau
d’autant plus lent à la nage que le trépas le prit.
Rapidement sur les vagues avec des épieux à sanglier
aux crochets formidables il se trouva durement pressé,
assailli de vive force et traîné sur le promontoire,
1440 le merveilleux glisseur sur les lames ; les hommes observaient
le terrible esprit. Beowulf s’équipa
d’une armure de comte, il n’était nullement inquiet pour ses jours ;
[sa] cotte de mailles d’armée tissée de main [d’homme],
large et habilement colorée, devait explorer le bras de mer,
celle qui savait protéger la chambre d’os [le corps],
afin que l’étreinte de bataille ne pût nuire à sa poitrine,
l’emprise hostile de la furie à ses jours ;
de plus le heaume blanc défendait [sa] tête,
qui devait pénétrer les fonds marins,
1450 chercher le tumulte du bras de mer, orné d’un trésor [de joyaux]
encerclé de chaînes princières, comme aux jours de jadis
[le] travailla le forgeron d’armes, [qui] le façonna merveilleusement,
l’entoura d’images de verrats, afin qu’après cela aucune

épée flamboyante ni estoc batailleur ne pût [le] mordre[130].
Ce ne fut pas alors la plus insignifiante des puissantes aides
que lui prêta dans le besoin le porte-paroles de Hrothgar ;
cet estoc à poignée avait nom Hrunting ;
c'était un des principaux biens anciens ;
le tranchant était en fer, imprégné par des brauchettes vénéneuses,
1460 durci par le sang versé dans la mêlée ; jamais il n’a faibli
à la bataille pour aucun des hommes qui le saisit avec sa droite,
qui osa s'avancer en des aventures terribles[131],
sur le terrain du peuple ennemi ; ce ne fut pas la première fois
qu’il dut faire œuvre de courage.
Certes le rejeton d’Ecglaf ne se rappela pas,
plein de forte endurance, ce qu’il avait autrefois exprimé,
étant ivre de vin, lorsqu’il prêta cette arme
à un preux[132] plus brave [que lui] ; lui-même n’osa pas
dans l’altercation des vagues risquer ses jours,
1470 faire acte d’héroïsme ; là il perdit [son] honneur,
[son] renom de courage. Il n’en fut pas ainsi pour l’autre,
après qu’il se fut équipé pour le combat.


XXII.


Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow :
« Ores songe, fameux rejeton de Healfdene
prince circonspect, ores que je suis prêt pour l’aventure,
ami d’or des hommes, à ce dont jadis tous deux nous avons
causé : si pour ton besoin je devais
finir mes jours, que tu serais toujours
en place de père pour moi disparu.
1480 Sois, toi, le protecteur[133] pour mes parents vassaux,
mes compagnons intimes[134], si la bataille me prend ;
envoie aussi les objets précieux que tu m’as
octroyés, bien-aimé Hrothgar, à Hygelac.
Le seigneur des Géates à cet or pourra alors s'apercevoir,
le fils de Hrethel [pourra] voir, quand il contemplera ce trésor,
que j’ai trouvé un dispensateur de bagues excellent
en vertus viriles, que j’ai usé [de bonne fortune], quand je [l’]ai pu.
Et laisse Unferth avoir l’ancien legs,
l’épée curieuse à lignes ondulées, [laisse] l’homme connu au loin
1490 [avoir l’épée] au dur tranchant ; avec Hrunting je me
procurerai honneur, ou la mort me prendra. »

Après ces paroles le chef des Weder-Géates[135]
courageusement se hâta, il ne voulut nullement
attendre une réponse ; le remous du courant reçut
le guerrier de bataille. Lors il y eut un certain temps de jour
avant qu’il put apercevoir le fond plat[136].
Bientôt elle trouva cela, celle qui férocement avide
tint pendant cent semestres l’étendue des flots,
cruelle et insatiable, qu’il y avait là un homme
1500 explorant d’en haut la résidence des monstres étranges.
Lors elle étendit sa griffe vers [lui], saisit le guerrier combattant
avec d’horribles étreintes ; elle n’en blessa pas plus tôt
[son] corps intact ; la cotte [de mailles] au dehors le garantissait à l’entour.
en sorte qu’elle ne put percer ce justaucorps militaire,
chemise à mailles des membres, de ses doigts odieux.
Lors la louve du courant, lorsqu’elle vint au fond
porta le prince aux anneaux à sa demeure,
en sorte qu’il ne put pas (quoiqu’il fût plein de bravoure)
manier [ses] armes ; mais tant d’êtres prodigieux le
1510 harcelèrent à la nage, mainte bête marine
de [ses] défenses de bataille pressa [sa] chemise [de mailles d'armée,
des bêtes monstrueuses [le] poursuivirent. Lors le comte s’aperçut
qu’il était il ne savait [en] quelle salle hostile[137],
où nulle eau ne lui nuisait aucunement,
ni en raison de la salle voûtée ne pouvait le toucher
l’atteinte soudaine du flot. Il vit une lumière de feu,
une lueur vive briller avec éclat.
Lors l’excellent [guerrier] aperçut la louve de fond meurtrière,
la puissante femme de l’onde ; il donna un formidable assaut
1520 de [son] glaive de bataille, [sa] main ne retint pas l’élan,
en sorte que sur la tête [du monstre] la lame ornée d’anneaux
fit retentir l’avide chant du combat. Lors l’hôte trouva
que l’épée luisante de guerre ne voulait par mordre,
attenter aux jours, mais le tranchant faiblit
pour le chef souverain en [son] besoin ; elle avait auparavant éprouvé
beaucoup de corps à corps, souvent fendu en deux un heaume,
une armure d’armée d’[homme] voué à la mort ; ce fût lors la
première fois pour le cher objet précieux, que son honneur défaillit.
Il fut de nouveau résolu, nullement lent en courage,
1530 se souvenant d’actions d’éclat, le parent d’Hygelac.
Lors il jeta l’arme damasquinée couverte de bijoux,
le soldat irrité, en sorte qu’elle gisait à terre,

raide avec son tranchant d’acier ; il se fiait à sa force,
à l’étreinte de sa droite puissante. Ainsi doit faire un homme,
quand il pense mériter au combat
louange durable, il n’a pas souci de sa vie.
Lors le chef des Géates du combat (il n'avait nullement cure de la querelle),
prit par l’épaule la mère de Grendel,
lors le [chef] hardi au duel, alors qu’il était furieux, jeta
1540 l’ennemie mortelle de sorte qu’elle s’affaissa sur le parvis.
Rapidement elle lui donna récompense de main
par de cruelles étreintes et l’agrippa ;
lors, lassée d’humeur, elle renversa le plus vigoureux des guerriers,
des fantassins[138], en sorte qu'il se trouva tomber.
Lors elle s’assit sur cet hôte de [sa] salle et tira un poignard
large, à tranchants bruns, elle voulut venger son enfant,
[son] unique descendant. Sur l’épaule du [chef] reposait
le filet de poitrine[139] tissé ; cela protégea [son] existence,
ferma l’entrée à la pointe et au tranchant.
1550 Lors eût péri[140] le fils d’Ecgtheow
sous le spacieux fond [de mer], le champion des Géates,
à moins que la cotte de mailles pour la mêlée, [le] dur filet d’armée,
lui eût fourni secours, et [que] le Dieu saint
lui eût procuré victoire à la guerre, le sage Seigneur[141] ;
le Dominateur des cieux [le] décida à [bon] droit
aisément, après que [Beowulf] se fut relevé.


XXIII.


Lors il vit dans la panoplie un glaive riche en victoires,
vieille épée de géants, vaillante du tranchant,
honneur des guerriers ; c’était l’élite des armes,
1560 mais elle était plus [grande] qu’aucun autre homme
pourrait [en] porter au jeu du duel,
excellente et splendide, œuvre d’êtres gigantesques.
Lors il saisit la poignée à ceinturon[142], le preux [chef] des Scyldings
brandit la lame ornée d’anneaux ; farouche et cruel au combat[143],
désespérant de ses jours, il frappa furieusement
en sorte que la dure [épée] s’attacha au cou [du monstre],

[lui] brisa les anneaux osseux[144] ; le glaive traversa toute
[sa] couverture de chair vouée [à la mort] ; elle s’écroula sur le parvis.
L’épée dégouttait de sang ; l’homme se réjouit de [son] œuvre.
1570 La lueur rayonna, la lumière se répandit à l’intérieur,
tout juste comme la lampe céleste éclate du ciel
avec clarté. Lui regarda autour de la pièce,
[et] lors se tourna près du mur ; le vassal d’Hygelac,
hardi souleva l’arme par la poignée,
furieux et résolu. Le tranchant n’était pas sans valeur
pour le guerrier batailleur, mais il voulait rapidement
revaloir à Grendel les nombreux assauts de combat
qu’il avait faits contre les Danois de l’Ouest
bien plus souvent qu’une seule fois,
1580 quand il frappa à mort les camarades de foyer d’Hygelac
dans [leur] assoupissement, qu’il dévora
quinze hommes endormis du peuple des Danois,
et qu’il [en] emporta autant d’autres,
horrible butin. Il lui donna cette récompense,
féroce champion, à ce point qu’il vit sur [sa] couche
Grendel gisant lassé par le combat,
privé de ses jours, comme auparavant lui avait nui
la bataille à Héorot. Le cadavre s’ouvrit béant
quand il souffrit le coup après la mort,
1590 le dur élan de flamberge ; et lors il lui coupa la tête.
Bientôt ils virent cela, les gens circonspects,
qui avec Hrothgar regardaient la crête aqueuse,
que le remous des vagues était tout trouble,
le courant taché de sang. Des vieux
à cheveux gris devisaient ensemble de l’excellent [chef],
(disant) qu’ils ne s’attendaient plus de la part de ce noble
qu’exultant en [sa] victoire il vînt trouver
le fameux souverain, vu qu’à maints [hommes] il paraissait
que la louve du courant l’avait détruit.
1600 Lors vint la neuvième heure du jour ; les Scyldings
actifs abandonnèrent le promontoire ; il s’en alla de là au logis,
l’ami d’or des hommes. Les hôtes étrangers étaient assis ;
malades d’humeur, et fixaient les yeux sur l’onde,
ils souhaitaient[145] et ne s’attendaient pas à voir leur
seigneur ami lui-même.
          Lors cette épée commença,
par suite du sang coulant dans la mêlée, [ce] glaive de guerre,
à disparaître en glaçons de bataille ; ce fut une des
merveilles qu’il se fondit tout [entier] très semblable à

de la glace quand le Père relâche le lien de la gelée,
1610 qu’il déroule les cordes du gouffre[146], Lui qui a domination
des temps[147] et des moments ; c’est la véritable Divinité.
Il ne prit pas dans ces habitations, le cacique des Weder-Géates,
plus de biens précieux, quoiqu’il en vit là plusieurs,
sauf cette tête et la poignée ensemble
brillante de trésor ; auparavant l’épée s’était fondue,
la lame décorée s’était consumée ; le sang était à ce point chaud,
l’esprit étranger [si] venimeux, qui trépassa là-dedans,
Bientôt il fut à la nage, celui qui auparavant endura dans le conflit
l’assaut de guerre des êtres hostiles, plongeant à travers l’eau il remonta,
1620 tous les remous des vagues étaient purifiés,
les espaces étendus, lorsque l’esprit étranger
quitta [ses] jours de vie et cette destinée passagère.
Lors vint à terre le protecteur des marins
nageant d’humeur vaillante, il se réjouit de [ses] dépouilles de mer,
du puissant fardeau de qu’il avait avec lui.
Lors ils allèrent vers lui, ils remercièrent Dieu,
eux, la suite de vassaux de choix, ils se réjouirent de [leur] souverain,
de ce qu’ils pouvaient le voir sain et sauf.
Lors on détacha prestement du valeureux le heaume
1630 et la cotte de mailles. L’étendue liquide s’apaisa,
l’eau sous les nuages, souillée du sang versé du carnage.
De là ils se mirent en route s’avançant sur les sentiers des piétons.
contents au cœur, ils passèrent par le chemin de la campagne,
[par] les routes connues, ces hommes royalement hardis.
De cette falaise marine ils portèrent la tête,
péniblement pour chacun d’eux,
[les] très braves ; quatre [d’entre eux] durent
sur la pique de carnage transporter avec labeur
dans la salle d’or le chef de Grendel,
1640 jusqu’à ce que soudain survinrent dans la
salle, prompts [et] belliqueux, les quatorze
Géates ; avec [eux] le seigneur des hommes,
fier dans [sa] troupe, foula les prés d’hydromel [du palais].
Lors le prince des vassaux entra,
l’homme vaillant en actes honoré de gloire,
le héros brave à la bataille, pour saluer Hrothgar.
Lors fut portée par la chevelure sur le parvis
le chef de Grendel, là où les hommes buvaient,
[la tête] terrible devant les comtes et la reine avec [eux] ;
1650 les gens aperçurent un étonnant spectacle.

XXIV.


Beowulf parla, l'enfant d’Ecgtheow :
« Voici ! nous t’avons apporté ces dépouilles de mer
avec plaisir, fils d’Healfdene, cacique des Scyldings,
en signe de gloire, [ces dépouilles] que tu regardes ici.
J’ai malaisément échappé à cela avec mes jours,
dans la guerre sous l’eau j’ai osé [cette] œuvre
avec peine ; le combat fut presque
arrêté[148], si Dieu ne m’eût couvert d’un bouclier.
Je ne pus pas à la bataille accomplir quelque chose
1660 avec Hrunting, bien que cette arme soit bonne ;
mais le Gouverneur des mortels m’accorda
de voir suspendue sur la paroi une belle
vieille épée énorme (très souvent Il a guidé
ceux dépourvus d’amis) de sorte que je tirai cette arme.
Lors je frappai dans cette attaque, lorsque l’occasion s’offrit
à moi, les gardiens de la maison. Lors ce glaive de bataille
se consuma, la lame décorée[149], comme le sang jaillit,
le plus chaud des sangs versés dans la mêlée. De là j’emportai
aux ennemis cette poignée, je vengeai les actes criminels,
1670 le massacre mortel des Danois, comme il était convenable.
Je te le promets donc, qu’à Héorot tu pourras
t’assoupir sans chagrin avec la compagnie de tes hommes,
et chacun des vassaux de tes peuples [le pourra],
vétérans et jeunes ; que tu n’auras pas besoin de redouter
pour eux, souverain des Scyldings, de ce côté
un mal mortel pour les comtes, comme tu [le] faisais auparavant. »
Lors la poignée d’or fut donnée en main
au vieux guerrier, au chef de bataille grisonnant,
l’ancien travail des géants ; elle passa en possession
1680 du maître des Danois, après la chute des démons,
le merveilleux travail des forgerons ; et lorsque quitta ce monde
l’être au cœur farouche, l’adversaire de Dieu,
coupable de meurtre, et sa mère aussi,
elle passa au pouvoir du meilleur
des rois du monde entre les mers,
qui distribuât en Scandie des dons en argent.
Hrothgar parla, il contempla la poignée,
la vieille relique, sur laquelle était écrite l’origine
de l’antique lutte, après que le flot, l’océan
1690 s’élançant, frappa de mort la race gigantesque.
Ils se comportèrent témérairement ; c’était une populace

étrangère à l’Éternel Seigneur ; à eux le Gouverneur donna
par le tourbillon de l’eau ce jugement final.
De même sur la garde[150] [de l’épée] d’or brillant il fut
gravé exactement en vers runiques,
inscrit et dit, pour qui cette épée,
l’élite des fers, fut tout d’abord ouvrée,
la poignée enroulée et ornée de serpents. Lors le sage
fils d’Healfdene s’exprima [ainsi], tous se turent :
1700 « Cela, certes !, il peut le dire, celui qui soutient la vérité
et le droit dans le peuple, [qui] de bien loin se souvient de tout,
vieux gardien du pays natal, que ce comte-ci est
né meilleur [de race][151]. Ton renom est élevé
le long des grands chemins, mon ami Beowulf,
ton [renom] par-delà tous les peuples[152]. Tout cela, tu le gardes
patiemment, [ton] pouvoir avec prudente humeur[153]. Moi je devrai
accomplir pour toi mon pacte[154], comme tous deux, nous [en] parlâmes d’abord ; toi,
tu devras devenir perpétuellement à réconfort à ton peuple,
à secours aux héros. Hereinod ne devint pas ainsi
1710 pour les descendants d’Egwela, les Glorieux Scyldings.
Il ne grandit pas pour leur désir[155], mais pour la chute du carnage
et pour le massacre mortel du peuple des Danois.
D’humeur irritée, il brisa [ses] commensaux,
[ses] amis intimes[156], jusqu’à ce qu’il erra seul,
le fameux souverain, à l’écart des félicités humaines.
Bien que le puissant Dieu l’exalta par la joie
de la puissance, par le pouvoir, par-delà tous les hommes,
[et] le fit avancer, cependant il lui poussa au cœur
un esprit[157] sanguinaire ; il ne donna nulles bagues
1720 aux Danois suivant la coutume[158] ; il resta sans félicité
en sorte qu’il souffrit la peine de cette lutte[159],
de longs maux avec [son] peuple. Toi, instruis-toi par là,
saisis la vertu de choix virile ; à ton sujet moi, je t’ai rappelé
cette histoire, rendu sage par les hivers. C’est une merveille de dire
comment à la race des hommes le Dieu puissant

par [Son] vaste esprit distribue la prudence,
l’espace où résider et la prouesse du comte. Il possède domination
sur toutes choses. Parfois Il laisse [sa] pensée[160] se tourner
vers l’amour d’un homme de race fameuse.
1730 Il lui accorde la joie de la terre dans [son] pays natal,
pour conserver le bourg protecteur des humains,
Il lui rend sujettes des portions du monde,
de larges royaumes en sorte qu’il ne peut lui-même
dans son imprudence en concevoir la fin.
Il demeure dans l’affluence, nullement ne l’arrêtent
la maladie ni la vieillesse, ni souci hostile
ne lui assombrit l'esprit, ni conflit quelque part
n’apparaît, ni haine meurtrière, mais pour lui tout le monde
tourne à [son] désir.


XXV.


Il ne connaît pas de pire [état]
1740 jusqu’à ce que pour lui grandisse et s’accroisse au-dedans
une part d’outrecuidance, quand dort le gardien,
le berger de l’âme. Ce sommeil est trop ferme,
lié par les afflictions, le meurtrier est très près
qui tire méchamment de l’arc à flèches.
Alors il est frappé au cœur, sous le heaume,
du trait mordant ; il ne sait se garantir
des merveilleux ordres retors de l’esprit maudit ;
ce qu’il a longtemps conservé lui semble trop petit.
L’esprit courroucé, il convoite ; il n’accorde avec vanterie[161]
1750 nulles bagues plaquées [d’or] et il oublie et dédaigne
le monde à venir, cette part de dignité que jadis
Dieu lui remit, le Gouverneur de gloire.
Ensuite il advient à l’article de la fin
que l’enveloppe éphémère du corps décline,
tombe vouée [à la mort] ; un autre [lui] succède,
qui répartit sans chagrin des objets précieux,
d’anciens biens de comte ; il n'incline pas vers la crainte.
Garantis-toi contre cette haine mauvaise, cher Beowulf,
homme excellent, et pour toi choisis cette [conduite] meilleure,
1760 gains permanents ; n’incline pas vers l'outrecuidance,
fameux champion. Maintenant le renom de ta puissance
durera pour un temps ; ensuite ce sera bientôt
que la maladie ou le tranchant [de l’épée] te sèvrera de
[ton] pouvoir, ou l’étreinte du feu, ou le tourbillon du flot,

ou l’attaque d’estoc, ou le vol du javelot,
ou l’affreuse vieillesse, ou le regard éclatant des yeux[162]
gâtera et assombrira [toutes choses][163] ; soudain
il adviendra que la mort te subjuguera, noble guerrier.
Ainsi moi, j’ai gouverné pendant cent semestres
1770 les Danois aux Anneaux[164] sous les nuages et [les] ai préservés
à la guerre contre maintes tribus dans cet enclos du milieu[165]
avec des [javelots en] frêne et des tranchants d’épée, en sorte que
sous l’étendue du firmament je ne comptais nul adversaire.
Voici! il survint pour moi un changement en ceci dans mon pays natal,
une peine après le ravissement, depuis que Grendel,
le vieux lutteur, devint mon envahisseur.
De cette persécution je portai continuellement
grand souci d’humeur. De ceci grâce soit à la Divinité,
au Seigneur éternel, de ce que vivant j’ai éprouvé
1780 que cette tête ensanglantée par la flamberge
après la vieille lutte, je la contemple de mes yeux.
Va maintenant à [ton] siège, jouis de la joie du festin,
honoré pour [ta] valeur ; un grand nombre d’objets précieux
devront nous [être] communs[166], quand sera le matin. »
Le Géate fut gracieux d’humeur, bientôt il alla
rejoindre [son] siège, comme le [chef] l’ordonnait.
Lors on prépara encore de façon séante comme auparavant
[un banquet] pour les vaillants preux assis au parvis,
une nouvelle fois. Le heaume de la nuit s’assombrit
1790 ténébreux sur les hommes liges. Toute l’élite se leva ;
le Scylding ancien aux cheveux gris voulut
rejoindre [son] lit. Il plut infiniment bien
au Géate, de se reposer, au guerrier vaillant [armé] de l’écu.
Bientôt le vassal de la grand’ville le mena dehors,
fatigué de [son] aventure, venu de loin,
lui qui par courtoisie pourvoyait à tout
besoin du vassal [d’Hygelac], comme en ce temps-là[167]
devaient [en] avoir des voyageurs sur l’onde.
Le [héros] au large cœur se reposa ; le bâtiment se dressait
1800 spacieux et éclatant d’or ; au dedans l’hôte était assoupi
jusqu’à ce que le noir corbeau réjoui de cœur
annonça la joie du ciel ; lors vint le brillant soleil

en hâte sur les plaines. Les ravageurs se pressèrent,
les nobles étaient désireux de retourner vers
[leur] nation ; le nouveau venu à l’esprit altier[168]
voulait de là rejoindre au loin l’embarcation.
Lors le hardi ordonna au fils d’Ecglaf[169]
de porter Hrunting, [lui] ordonna de prendre son épée,
le fer précieux ; il lui dit merci de ce prêt,
1810 il déclara qu’il comptait pour bon cet ami de combat,
pour puissant à la guerre ; nullement de [ses] paroles il ne
blâma le tranchant d’estoc. C’était un homme courageux.
Et lorsque les guerroyeurs disposés au voyage
furent prêts sous l’armure, le noble chéri des Danois
s’avança vers le haut siège, où l’autre se trouvait,
le héros brave à la bataille salua Hrothgar.


XXVI.


Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow :
« Maintenant nous, voyageurs sur mer, venus de loin,
nous voulons dire que nous nous proposons hâtivement
1820 d’aller trouver Hygelac ; nous avons été ici parfaitement
entretenus suivant [nos] désirs ; tu nous as bien traités
Si donc je puis en quoi que ce soit sur terre
mériter plus de ton affection de cœur[170],
seigneur des hommes, que je ne [l’]ai fait encore,
je serai bientôt prêt aux œuvres de combat[171].
Si j’apprends ceci par delà l’étendue des flots,
que ceux habitant à l’entour t’oppressent de terreur,
comme le firent jadis de tes ennemis[172],
moi, je t’amènerai mille vassaux
1830 [et] héros à [ton] secours. Moi, je sais d’Hygelac,
seigneur des Géates, bien qu’il soit jeune,
le berger de [son] peuple, qu’il voudra me soutenir
par [ses] paroles et [ses] actes, pour que je t’honore bien
et qu’à ton aide je porte [mon] bois de javelot,
l’appui de [ma] puissance, quand tu auras besoin d’hommes.
Alors si Hrethric, l’enfant du souverain[173], prend du service
à la cour des Géates, il pourra y trouver

beaucoup d’amis ; les pays lointains sont
mieux visités par celui qui lui-même est vaillant. »
1840 Hrothgar parla et lui répondit :
« Le sage Seigneur t’a mis dans l’esprit
ces discours prononcés ; je n’ai pas entendu d’homme,
à un âge aussi jeune, s’exprimer plus circonspectement.
Tu es fort en puissance et prudent d’humeur,
avisé discoureur. Je compte qu’il faudra s’attendre,
s’il advient que le javelot, la bataille terrible
par les flamberges, la maladie ou le fer prenne
le descendant de Hrethel[174], ton prince,
berger du peuple, et que tu vives,
1850 que les Géates de la Mer n’auront pas de meilleur
que toi à choisir comme roi, comme
gardien du trésor des héros, si tu veux tenir
le royaume de [tes] parents. Ton esprit me
plaît [encore] mieux avec le temps, cher Beowulf.
Tu as accompli [ceci], c’est que pour les [deux] peuples,
pour la nation des Géates et les Danois à Javelots,
la paix de famille devra [être] commune et le conflit
cesser[175], les assauts hostiles qu’ils subirent autrefois ;
que [leurs] objets précieux, tant que je gouvernerai ce large
1860 royaume, devront être communs, et maint homme saluer
tel autre de [dons] excellents par-delà le bain du fou[176] ;
le navire couronné d’anneaux devra porter par-delà l’onde
butin et témoignage d’affection. Je sais ces gens
affermis tant vis-à-vis de l’ennemi que de l’ami,
tout à fait sans reproche à l’antique façon. »
Lors le refuge des comtes, le rejeton de Healfdene, lui
remit encore à l’intérieur [du palais] douze objets précieux,
avec ce butin il lui recommanda d’aller trouver
en santé [sa] douce nation [et] de revenir vite.
1870 Lors le roi d’excellente noblesse embrassa
le chef souverain des Scyldings, le meilleur des vassaux,
lui jetant les bras autour du cou ; il versa des larmes,
le [prince] aux cheveux gris. Pour lui vieux, très âgé,
il pouvait s’attendre à deux choses, et plutôt à celle-ci,
[à savoir] qu’ils pourraient [ne plus se] revoir ensuite,
[ces héros] courageux au conseil. Cet homme lui était cher
au point qu’il ne pouvait retenir le tourbillon de [sa] poitrine,
mais qu’en son cœur, fixée dans les liens de [son] esprit,

une secrète aspiration après l’homme cher
1880 fit refluer [son] sang.
          Alors Beowulf,
guerrier combattant fier de l’or, foula la plaine herbeuse
joyeux de [son] trésor ; le [navire] marchant sur la mer
qui se trouvait à l’ancre, attendait le propriétaire et maître.
Lors pendant la traversée le don de Hrothgar
fut souvent apprécié. C’était un roi
tout à fait irréprochable jusqu’à ce que la vieillesse lui
enleva les joies de la puissance, lui qui souvent battit maints
[héros].


XXVII.


Lors vinrent au flot [ce] grand nombre de courageux
jeunes preux[177] ; ils portaient un filet aux anneaux [de fer],
1890 une cotte d’armes entrelacée pour [leurs] membres. Le gardien de la terre
nota le voyage de retour des comtes, comme il le fit jadis ;
du promontoire de la dune il n’accueillit pas
avec insulte les hôtes, mais il chevaucha vers eux,
il dit au cacique des Weders que les guerriers destructeurs
à cotte de mailles brillante se rendaient bienvenus au vaisseau.
Lors sur le sable le navire spacieux pour la mer
fut chargé de vêtements militaires, le [vaisseau] à proue
ornée d’anneaux, de chevaux et d’objets précieux ; le mât
se dressait au-dessus des biens accumulés de Hrothgar.
1900 Au gardien du bateau il remit une épée
reliée d’or, de sorte que celui-ci depuis lors fut
d’autant plus honoré pour [cet] objet précieux sur
le banc d’hydromel, pour [ce] legs[178]. Il s’en alla sur le navire[179]
troubler l’eau profonde, il abandonna la terre des Danois.
Là près du mât il y avait une des enveloppes navales,
une voile fixée par un cordage ; le bois marin bourdonna.
Le vent sur les vagues n’écarta pas là de [sa] course
le [navire] flottant sur les lames ; le marcheur sur mer fila,
il flotta au loin, le cou écumeux, sur les vagues,
1910 sur les courants aquatiques, le [vaisseau] à la proue liée,
en sorte qu’ils purent apercevoir les falaises des Géates,
les caps connus ; la quille bondit en haut
chassée par l’air [agité], elle s’arrêta en terre.
Rapidement le gardien du port fut prêt au [bord de] l’eau,
lui qui jadis pendant un long espace de temps avait regardé

au loin sur le bord [de la mer] désirant les chers hommes.
Il attacha à la grève le vaisseau au large sein
fixé par les liens de l’ancre pour que d’autant moins la forte
poussée des vagues pût chasser le joyeux bois [marin].
1920 Lors il recommanda de porter en haut le bien des nobles,
les joyaux et l’or plaqué ; de là pour lui[180] il n’y avait pas loin
pour aller trouver le dispensateur des trésors ;
Hygelac fils de Hrethel demeure là au logis,
lui-même avec [ses] compagnons, près du rempart marin.
L’édifice était splendide, le seigneur un vaillant roi,
les grandes salles élevées[181], Hygd très jeune,
sage, fort vertueuse, quoi qu’elle fût restée
peu d’hivers sous la protection du bourg[182],
la fille d’Haereth ; elle n’était pas mesquine pourtant,
1930 ni trop avare de dons pour la nation des Géates,
de biens précieux.
          Thrytho était farouche d'humeur[183],
reine hautaine du peuple, d’une violence affreuse ;
aucun brave de ses doux compagnons n’osait,
sauf son [seigneur et] maître, s’aventurer à
la regarder de [ses] yeux ostensiblement[184],
mais [alors] il [devait] compter sur des liens mortels
préparés pour lui, ourdis par la main ; rapidement ensuite
après l’arrestation[185] l’estoc était engagé
afin qu’une lame damasquinée pût décider[186],
1940 faire connaître le châtiment meurtrier. Pour une femme royale
pareil usage n’est pas à pratiquer, quoiqu’elle soit
unique, qu’une [femme] tisseuse de paix attaque
dans [son] existence un homme cher après une fureur de mensonge.
Cependant le parent d’Hemming[187] coupa court à cela.
Les buveurs de cervoise disaient autre chose, [à savoir]
qu’elle accomplit moins de maux contre la nation,
d’assauts hostiles, quand une fois elle fut
donnée, ornée d’or, au jeune champion,
au cher noble, quand, suivant le conseil de [son] père,
1950 sur le sombre flot elle eut été en voyage trouver
le parvis d’Offa ; là ensuite elle usa bien,

renommée pour [sa] bonté, sur le siège souverain[188],
tant qu’elle vécut, de sa condition de vie,
elle garda une haute affection envers le seigneur des héros,
le plus excellent, entre les mers, de tout le genre humain,
à ce que j’ai appris, du vaste genre [humain].
Aussi Offa fut-il célèbre au loin, homme audacieux
au javelot, pour les dons et
les combats ; avec sagesse il dirigea[189]
1960 son pays natal. De là Eomer s’éveilla[190]
pour secourir les héros, le parent d’Hemming,
petit-fils de Garmund, fort pour les assauts.


XXVIII.


Lors le hardi s’en alla avec sa poignée [d’hommes]
fouler lui-même le long du sable la plaine maritime,
les larges grèves ; la chandelle du monde brillait,
le soleil se hâtant du sud ; ils firent voyage[191],
ils allèrent prestement là où ils apprirent
que le protecteur des comtes, le destructeur d’Ongentheow,
l’excellent jeune roi combattant, à l’intérieur des
1970 bourgs distribuait des anneaux. Le voyage de Beowulf[192]
fut vite annoncé à Hygelac, [à savoir]
que le protecteur des guerriers, [son] camarade [d’écu] de tilleul,
était venu là dans l’enceinte vivant,
[sorti] sauf du jeu de la mêlée, pour se rendre à la cour.
Rapidement fut préparé, comme le puissant l’ordonna,
pour les hôtes à pied le parvis intérieur.
Lors il s’assit en face d’[Hygelac] lui-même, celui qui échappa
à la bagarre, parent en face de parent, après que le seigneur lige
avec des discours courtois[193] eut salué le fidèle [vassal]
1980 de paroles vigoureuses. Avec des cruches d’hydromel
la fille d’Haereth parcourut le bâtiment ;
elle aimait la nation et portait le broc réconfortant
aux mains des héros. Hygelac commença
dans la haute salle à interroger
aimablement son compagnon, la curiosité le tenaillait[194]

[pour savoir] quelles furent les aventures des Géates de la Mer :
« Que vous est-il advenu en voyage, cher Beowulf,
lorsque tu résolus soudain d’aller trouver
la bagarre lointaine par-delà l’eau salée,
1990 la bataille à Héorot ? Est-ce que pour Hrothgar
tu as en quoi que ce soit allégé la peine connue au loin,
pour le souverain fameux ? À cause de cela je bouillonnais[195]
d’humeur soucieuse, de tourbillons de chagrin,
je me méfiais de l’aventure d’un
homme [si] cher. Je te suppliai longuement
pour qu’en aucune façon tu n’entrasses en rapport[196]
avec cet étranger meurtrier, que tu laissasses les Danois
du Sud eux-mêmes arranger [leur] combat contre Grendel. Je dis
grâces à Dieu que je puisse te voir [sain et] sauf. »
Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow,
2000 « Cela est manifeste, seigneur Hygelac,
la fameuse rencontre, à maints entre les humains,
[et] quel temps de tumulte guerrier entre Grendel et moi
il y eut sur la plaine où il causa grand nombre
de chagrins pour les Scyldings Victorieux,
misère perpétuelle. J’ai vengé tout cela
en sorte qu'aucun parent de Grendel n’osera
se vanter sur terre de ce fracas crépusculaire,
qui vivra le plus longtemps de cette race odieuse
entouré de marais. J’arrivai là d’abord
2010 à la salle des anneaux pour saluer Hrothgar ;
aussitôt[197] le fameux rejeton de Healfdene,
après qu’il connut mon intention[198],
m’assigna un siège auprès de son propre fils.
[Sa] troupe fut en joie ; de toute ma vie je ne vis
sous la voûte du ciel plus d’allégresse d’hydromel
de [gens] assis en la grand’salle. Parfois la reine fameuse,
gage de paix des peuples, traversait tout le parvis,
stimulait les jeunes garçons [serveurs] ; souvent elle remettait
un bracelet tors à quelqu’un avant de se rendre à [son] siège.
2020 Parfois devant l’élite la fille de Hrothgar portait
d’une extrémité à l’autre le broc de bière aux comtes.
Lors j’entendis les [hommes] assis au parvis [la] nommer
Freaware, quand elle remettait aux héros
le vase garni de clous. Elle est promise,
jeune, ornée d’or, au gracieux fils de Froda.

Ainsi il a paru bon à l’ami des Scyldings,
au berger du royaume — et cela, il l’estime de conseil [avisé], —
qu’au moyen de cette femme il apaisât une quantité
de querelles sanglantes [et] d’assauts. Souvent, non rarement,
2030 où que ce soit, après la chute d’un chef, peu de temps
se repose le javelot meurtrier, quoique la fiancée soit de prix.
Donc il peut alors déplaire au souverain des Heathobards
et à chacun des vassaux de ces gens
quand il va au parvis avec la dame
[et que son] élite[199] accompagne l’enfant seigneurial des Danois[200] ;
sur lui brillent de durs legs des aïeux
et la rapière ornée d’anneaux, bien des Heathobards
tandis qu’ils purent dominer par ces armes,


XXIX[201].


jusqu’à ce qu’ils fourvoyèrent dans ce jeu [des écus] de tilleul
2040 leurs doux compagnons et leur propre existence.
Alors à la [beuverie de] cervoise, quelqu’un dit, qui voit
l’anneau[202], vieux guerrier [à lance] de frêne, qui se souvient
de tout, du meurtre des hommes par le javelot (son esprit est farouche) ;
triste d’humeur il commence par la pensée de [sa] poitrine
à sonder l’entendement du jeune champion,
à réveiller des maux de guerre, et prononce cette parole :
« Peux-tu, mon ami, reconnaître l’estoc
que ton père porta au combat
sous le masque d’armée la dernière fois,
2050 fer précieux, là où les Danois le frappèrent,
[et] que les Scyldings actifs après la chute des héros,
quand Withergyld gît à terre[203], s’emparèrent du lieu de carnage ?
Ici maintenant le garçon d’un quelconque de ces assassins
s’avance sur le parvis, content de [ces] ornements,
se vante du meurtre et porte l’objet précieux
qu’en droit, toi, tu devrais détenir. »
Il le presse de la sorte et [lui] rappelle à chaque reprise
avec des paroles cinglantes, jusqu’à ce que vienne l’occasion
[et] que le vassal de la dame, pour les actes de [son] père,

2060 dorme souillé de sang après la morsure du glaive,
ayant payé de ses jours [le meurtre] ; l’autre s’échappe
de là vivant, il connaît bien [cette] terre.
Alors des deux côtés sont brisés
les serments jurés des comtes, après qu’en [l’esprit d’] Ingeld
s’agitent des assauts meurtriers et que chez lui l’affection[204] pour
[sa] femme devient moins brûlante sous les tourbillons du souci.
C’est pourquoi je ne crois pas la fidélité des Heathobards,
[leur] part dans la paix des troupes, sincère pour les Danois,
[ni leur] amitié ferme.
          Désormais je dois discourir
2070 de nouveau au sujet de Grendel pour que tu saches
promptement, dispensateur de trésor, à quelle fin aboutit
après cela le corps à corps des héros. Après que le joyau
du ciel[205] eût glissé au-dessus des plaines, l’esprit survint
furieux, l’horrible noctambule farouche, nous faire visite
où [encore] saufs[206] nous gardions la salle.
Là pour Hondscio la bataille fut menaçante,
la mort violente pour le condamné [du destin] ; il fut couché
le premier, le champion à ceinturon ; pour lui, le fameux
vassal apparenté, Grendel devint un assassin dévorant,
2080 il engloutit tout le corps du cher soldat.
Lors il ne voulut pas plus tôt ressortir les mains vides,
l’assassin à la dent sanglante, se souvenant
de forfaits, de cette salle d’or,
mais lui, vaillant en [sa] puissance, me tâta,
s'attacha [à moi], la paume prompte. [Son] gant pendait,
vaste et étrange, fixé par des liens curieux ;
il était tout préparé habilement
avec la force du diable et des peaux de dragon.
Moi innocent, il voulait m’y enfermer,
2090 l'affreux malfaiteur, moi avec
plusieurs autres ; il ne le put pas
après que je me dressai en fureur.
Il est trop long de narrer comment à ce destructeur du peuple
je donnai paiement de [ma] main pour chacun des méfaits.
Là, mon souverain, j’honorai ta nation
par [mes] œuvres. Il s’échappa en partant,
peu de temps il usa des plaisirs de la vie.
Quoi qu’il en soit, sa main droite marqua
[sa] trace à Héorot, et de là le misérable,
2100 triste d’humeur, tomba au fond du marais.

L’ami des Scyldings me récompensa grandement
en or battu, de cet assaut de carnage,
en maints objets précieux, après que le matin fut venu
et que nous fûmes assis au banquet.
Là il y eut chant et gaîté. Le vieux Scylding
demandant beaucoup [de choses], narra de loin[tains récits] ;
parfois un brave guerrier fit entendre[207] la harpe enchanteresse,
le bois joyeux, parfois il rappela une histoire
vraie et triste ; parfois c’est un conte étrange
2110 que narra adroitement le roi au cœur généreux ;
parfois encore lié par la vieillesse,
un vieux guerrier combattant se prenait à déplorer
[sa] jeunesse, [sa] vigueur à la bataille ; [son] cœur[208] s’agitait
en dedans, quand âgé par les hivers, il se rappelait nombre[209] [d’événements].
Ainsi là en dedans [du palais] pendant l’interminable jour
nous primes [notre] plaisir jusqu’à ce qu’une autre nuit
survînt pour les mortels. Lors rapidement après [cela]
la mère de Grendel fut prête à la vengeance,
elle marchait pleine de chagrin ; la mort enleva [son] fils,
2120 la haine guerrière des Weders. La monstrueuse femelle
vengea son enfant, elle tua un [chef] militaire
avec courage ; lors l’existence fut prête à quitter
Aeschere, vieux conseiller[210] prudent. Ils
ne purent non plus, les gens des Danois, après
que le matin fut venu, consumer en [le] brûlant
l’[homme] lassé par la mort, ni charger sur le bûcher
l’homme chéri ; elle emporta le corps dans
[son] étreinte ennemie sous le torrent de montagne.
Ce fut pour Hrothgar la plus amère des afflictions,
2130 de celles qui avaient longtemps atteint le chef de la nation.
Lors, l'humeur attristée, le souverain me supplia
par ta vie pour que, dans le remous aqueux,
je fisse prouesse de comte, je risquasse mes jours,
j'exécutasse des actions d’éclat ; il me promit un prix.
Lors, comme il est connu au loin[211], je trouvai
la farouche, la terrible gardienne du fond [marin].
Là pour un temps nous eûmes tous deux un corps à corps ;
la crête d'eau bouillonna de sang frais, et j'ai tranché
dans cette salle du fond la [tête de la] mère de Grendel

2140 de mon énorme épée[212] ; de là péniblement
je sauvai[213] mon existence ; je n’étais pas encore voué [à la mort].
Mais le protecteur des comtes, le rejeton de Healfdene,
me remit après [cela] maints objets précieux.


XXXI.


Ainsi le roi de la nation vivait suivant les coutumes ;
je n’avais nullement manqué les récompenses,
le prix de la puissance, mais il me donna, lui, le fils
d’Healfdene, des objets précieux [mis] à ma propre disposition,
que je veux t’apporter, roi militaire,
[te] présenter volontiers. Toutes mes faveurs
2150 dépendent encore de toi ; j’ai peu de
proches parents[214], Hygelac, sauf toi. »
Lors il recommanda de porter l’[image du] sanglier, le cimier,
le heaume dominant la mêlée, la cotte de mailles grise,
l’épée de com bat splendide, puis il discourut :
« Hrothgar me remit ce vêtement de bataille,
prince circonspect ; il recommanda en paroles expresses
que je te disse d’abord ses amitiés[215] ;
il déclara que le roi Heorogar l’eut
pendant longtemps, le cacique des Scyldings.
2160 Néanmoins[216] il ne voulut pas [la] remettre à son fils,
à l’actif Heoroweard, quoiqu’il lui fût fidèle,
[cette] armure de poitrine. Use bien du tout. »
J’ai entendu [dire] que quatre chevaux jaunes pomme,
tout à fait pareils, suivirent de près[217] ces
ornements ; il lui fit honneur[218] des
chevaux et des objets précieux. Ainsi doit faire
un parent [et] nullement tisser un filet hostile
pour l’autre, préparer la mort par quelque force cachée
pour un camarade. Pour Hygelac hardi
2170 à l’assaut [son] neveu fut très fidèle
et chacun se souvenait de bienfaits pour l'autre.
J’ai entendu [dire] qu’il remit à Hygd le collier,
la curieuse merveille, que lui donna Wealtheow,

la fille du souverain, [et] trois montures ensemble
élégantes et à brillante selle ; depuis lors elle eut
la poitrine ornée, après [cette] réception d’anneaux[219].
Ainsi l’enfant d’Ecgtheow se montra hardi,
l’homme connu pour [ses] combats, par [ses] hauts faits,
il se comporta glorieusement, il ne frappa nullement après
2180 boire [ses] compagnons de foyer ; il n'avait pas l'esprit cruel,
mais dans toute l’humanité lui, le brave à la bataille,
disposa avec le plus d’habileté des amples dons
que Dieu lui avait remis. Longtemps il fut
dédaigné, comme les enfants des Géates ne le comptaient pas
pour bon, le seigneur des troupes[220] ne voulut pas l’estimer
digne de grand [honneur] sur le banc d’hydromel.
Ils s'imaginaient bien qu’il était mou
[ci] noble pusillanime. Un changement survint à
chacun de [ces] outrages pour l’homme comblé de gloire.
2190 Lors le protecteur des comtes, le roi vaillant à la mêlée,
recommanda de chercher le legs de Hrethel
orné d’or ; lors il n’était pas chez les Géates
de meilleur objet de trésor en forme d’épée.
Il la plaça dans le giron de Beowulf
et lui remit 700.000 [arpents], une maison
d'habitation et un siège seigneurial. Tous deux
ensemble, ils avaient dans le pays une terre héréditaire,
un domaine, un droit territorial, [mais] l’autre plutôt
[avait] un large royaume, et en cela la supériorité.
2200 Ensuite ceci advint en des jours ultérieurs
par les fracas de bataille, après que Hygelac git à terre
et que les estocs de bataille eurent tué
Heardred sous le couvert de la targe,
lorsque chez [sa] gent victorieuse les hardis
loups de bataille, les Heatho-Scylfings[221], le recherchèrent,
[et] attaquèrent à l’assaut le neveu de Hereric.
Après cela le large royaume passa aux
mains de Beowulf. Il le dirigea bien
pendant cinquante hivers (lors il fut un vénérable roi,
2210 vieux gardien du pays natal), jusqu’à ce que dans
des nuits sombres un certain dragon se mit à dominer,
qui dans un haut tertre surveillait un trésor accumulé,
dans un tumulus de pierre escarpé ; au-dessous se trouvait
un chemin inconnu des mortels. Là à l’intérieur se rendit

en ne sait qui d’entre les hommes. . . . . il prit[222]
au trésor païen accumulé, [saisit]
[une chose] brillante [de trésor], ensuite il [le regretta],
quoiqu’il eût trompé le [dragon] endormi
par une ruse de voleur. Plus tard le souverain [découvrit],
2220 le héros [sans reproche] du peuple, que [le dragon] était furieux.


XXXII.


Nullement de plein gré ni volontairement il [alla trouver],
la masse puissante des trésors accumulés du reptile, celui qui se
lit gravement mal, mais par nécessité de misère l’esclave de
l’on ne sait quel enfant des héros, privé de [demeure], fuyait
les coups de la haine et tomba là-dedans,
individu troublé par le péché. Bientôt il advint
que pour cet étranger une horrible terreur se dressa ;
cependant le misérable . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2230 . . . . [avorton] . . . lorsque la crainte le saisit,
[vit] un coffre à trésor. Là il y avait, dans cette
maison de terre, abondance d’anciens biens
que l’on ne sait quel homme de ceux d’autrefois,
[comme] immense legs d'une race noble,
avait prudemment caché là,
objets précieux de valeur. Tous ceux-là, la mort les enleva
aux temps jadis et lors le seul encore
de l'élite de [cette] nation, qui rôda là le plus longtemps
pleurant ses amis, espéra durer pour ceci [seulement],
2240 qu’il pût user pour un petit intervalle
des biens d’âges reculés. Un tumulus tout prêt
restait sur la plaine près des tourbillons d’eau,
tout à côté d’un cap, habilement fermé ;
là le surveillant des anneaux porta à l’intérieur
une lourde masse de biens de comtes,
d’or en plaques, il prononça peu de paroles :
« Ores toi, sol, retiens, ores que [les] héros
ne [le] peuvent, les possessions des comtes. Voici ! c’est en toi
que les braves autrefois s’en emparèrent ; la mort dans les combats les
2250 enleva, le téméraire carnage mortel [emporta] chacun de [ces] humains,
mes concitoyens, qui quittèrent [cette] vie ;
ils virent la joie de la salle [céleste]. Je ne possède
personne qui porte l’épée ou polisse la coupe plaquée [d'or],

le précieux vase à boire ; l’élite est partie ailleurs.
Le dur heaume agrémenté d’or devra [maintenant] être
dépourvu de [ses] plaques ; les polisseurs sont assoupis
qui devaient arranger les masques belliqueux ;
et de même la cotte d’armes qui à la bataille endura
à travers le fracas des targes la morsure des [épées de] fer,
2260 périra après le chef militaire ; la cotte aux mailles en anneaux
ne pourra s’en aller au loin après le chef guerrier
à côté des héros. Il n’y a [plus] de joie de la harpe,
de ravissement du luth[223], nul excellent faucon
ne traverse la salle au vol, nul coursier rapide
ne piaffe contre la cour du château. Un trépas violent
a chassé maintes générations de vivants. »
Ainsi triste d’humeur, il déplorait ses ennuis,
seul après [eux] tous, il pleurait sans joie
jour et nuit, jusqu’à ce que le tourbillon de [la] mort
2270 le toucha au cœur.
          Le vieux ravageur crépusculaire
trouva ouvert le joyeux trésor, lui
qui brûlant va chercher les tumulus,
le nu dragon envieux, [qui] vole de nuit,
entouré de feu ; les campagnards
le redoutent fort. Il doit aller chercher
sous le sol le trésor accumulé, où il gardera,
vieux de [maints] hivers, l’or païen ; il ne lui en ira
nullement mieux. Ainsi trois cents hivers
le ravageur de la nation conserva dans le sol
2280 une caverne à trésor immensément puissante jusqu’à ce
qu’un homme l’irrita en [son] humeur ; à [son] seigneur lige
[celui-ci] porta une coupe plaquée [d’or] ; il demanda un contrat
de paix à [son] seigneur nourricier. Lors le trésor accumulé fut exploré,
le trésor accumulé des anneaux emporté ; à l’homme misérable
[ses] requêtes [furent] accordées. Le maître regarda
pour la première fois l’ancien travail des humains.
Lorsque le reptile se réveilla, la contestation fut renouvelée ;
lors il renifla le long du rocher, l’[être] au cœur vigoureux
trouva la trace du pied de l’ennemi ; celui-ci était sorti
2290 avec une ruse dissimulée près de la tête du dragon.
Ainsi il peut aisément, non voué [à la mort], échapper
au malheur et au voyage d’exil, celui qui tient
la bienveillance du Gouverneur [suprême]. Le gardien du trésor accumulé
chercha bien le long du sol battu, il voulait trouver l’homme

qui pendant son assoupissement lui avait causé [cette] douleur.
Brûlant et triste d’humeur, il se porta souvent autour du tertre
tout à l’extérieur ; il n’y avait là aucun mortel
en ce [lieu] désert. Cependant il se réjouit de batailler,
de l’œuvre de combat ; parfois il retournait dans le tumulus,
2300 il cherchait le vase du trésor ; bientôt il trouva cela,
[à savoir] que quelqu’un des hommes avait découvert l’or,
les biens de prix. Le gardien du trésor accumulé attendit
péniblement jusqu’à ce que le soir vint ;
lors le conservateur du tumulus fut gonflé de rage,
l’odieux adversaire voulut revaloir par la flamme
le vase à boire précieux. Lors le jour était parti
suivant le gré du reptile ; il ne voulut pas plus longtemps
attendre sur [son] rempart, mais se transporta tout embrasé,
pourvu de feu. Ce début fut terrible
2310 pour les gens sur [cette] terre ferme, comme prestement cela se
termina fâcheusement pour leur dispensateur de trésor.


XXXIII.


Lors l’étranger[224] se mit à vomir des tisons enflammés,
à brûler des demeures brillantes ; la brûlante lueur apparut
en défi aux mortels ; l’odieux être volant
ne voulait laisser là rien de vivant.
La guerre [faite] par ce reptile fut visible au large,
l’attaque de l’ennemi pressant au près et au loin ;
[on vit] comment le combattant destructeur haïssait
et humiliait la nation des Géates. Il rentrait en hâte
2320 dans le trésor accumulé, salle seigneuriale cachée, avant le temps
du jour ; il avait entouré de flamme les gens de [cette] terre,
d’embrasement et d’incendie ; il se fiait à [son] tumulus,
à [sa] puissance guerrière et à [son] rempart ; son attente le trompa.
Lors fut annoncée à Beowulf vite et véridiquement
la terreur [de savoir] que son propre logis,
le meilleur des édifices, se fondait dans les tourbillons brûlants,
le siège aux dons des Géates. Cela fut à l’excellent [roi]
une affliction en [son] cœur, le plus grand des soucis d’esprit ;
le sage pensait qu’il avait amèrement irrité, [et] contre
2330 le droit d’antan, le Gouverneur [suprême], l’éternel Seigneur ;
[sa] poitrine au dedans était agitée de sombres
pensées, comme il n’avait pas accoutumé.
Le dragon aux flammes avait détruit de [ses] tisons
la forteresse de la nation, le littoral extérieur, le boulevard
de terre. Pour cela le roi combattant, le souverain des Weders,

imagina vengeance contre lui. Lors il recommanda, protecteur
des guerriers, seigneur des comtes,
qu’on lui fabriquât tout en fer
une superbe targe guerrière ; il savait bien
2340 que le bois forestier ne pourrait l’aider,
l’[écu de] tilleul, contre la flamme. Le très excellent
noble devait éprouver la fin des jours [à lui] alloués,
de la vie de [ce] monde, et le reptile tout ensemble,
quoiqu’il eût longtemps détenu la richesse du trésor accumulé.
Lors le prince aux anneaux dédaigna [cela],
qu’il allât trouver avec une troupe cet [être] volant au loin,
avec une vaste armée ; il ne craignit pas l’assaut pour lui,
ni pour lui ne compta pour quelque chose[225] la guerre du reptile,
[son] pouvoir et [son] courage[226], attendu que jadis
2350 affrontant les périls, il avait enduré beaucoup d’attaques,
de fracas de bataille, après que, riche en victoires,
il eut purifié la salle de Hrothgar et
qu’au combat il saisit les parents de Grendel
de race odieuse.
          Cela ne fut pas le moindre
corps-à-corps, [celui] où l’on frappa à mort Hygelac,
après que le roi des Géates, maître ami des peuples,
dans l’assaut de combat sur la terre des Frisons,
[le] descendant de Hrcthel, trépassa par la flamberge altérée de sang,
abattu par le glaive ; de là Beowulf se tira
2360 par sa propre force, usant de la natation[227] ;
il avait sur le bras quelque trente équipements
de bataille, lorsqu’il plongea dans l’élément aquatique.
Les Hetwares n’eurent nullement lieu d’[être] réjouis
de la guerre de fantassins, [eux] qui s'avancèrent contre lui
portant des [écus de] tilleul ; peu revinrent
de cette bataille[228] visiter [leur] logis.
Lors le fils d’Ecgtheow traversa à la nage l’étendue
des eaux tranquilles[229], retournant, malheureux solitaire, à sa nation.
Là Hvgd lui offrit le trésor accumulé et le royaume,
2370 les anneaux et le siège seigneurial ; elle ne se fiait pas
à [son] enfant pour qu’il sût tenir contre les peuples étrangers
les sièges du pays natal, lorsque Hygelac fut mort.

Pas davantage les malheureux ne purent obtenir
de ce noble à aucune condition
qu'il fût le seigneur de Heardred, ou
qu’il voulût accepter la souveraineté ;
cependant il le soutint auprès du peuple[230] par des conseils amicaux
aimablement avec respect, jusqu'à ce qu'il devint plus âgé
[et] dirigea les Weder-Géates. Des bannis,
2380 fils d’Ohtere, vinrent trouver Heardred par delà la mer ;
ils s’étaient révoltés contre le protecteur des Scylfings,
ce meilleur des rois maritimes,
de ceux qui dans le royaume de Suède distribuaient un trésor,
le fameux souverain. Cela mit un terme [à sa vie][231] ;
là, sans nourriture[232], il eut pour lot une mortelle blessure
d’un coup d’épée, lui Heardred, le fils d’Hvgelac.
Et le petit-fils d’Ongentheow s’en revint
visiter le logis, après que Heardred gît [à terre],
il laissa Beowulf détenir le siège seigneurial,
2390. diriger les Géates ; ce fut un excellent roi.


XXXIV.


Il se souvint de venger cette catastrophe nationale[233]
dans les jours ultérieurs ; il devint ami pour
Eadgils malheureux, il appuya de [son] peuple
le fils d’Ohtere par delà la large mer,
avec guerriers et armes ; il tira vengeance après cela
par de froides expéditions pleines de soucis, il priva
le roi de ses jours.
          Ainsi il avait échappé à chacune
des attaques, des rencontres périlleuses, des courageuses
aventures, lui, le fils d’Ecgtheow, jusqu’à ce jour même
2400 où il devait s’en prendre au reptile.
Lors il s’en alla avec onze autres[234], gonflé de colère,
le seigneur des Géates, pour observer le dragon ;
lors il avait appris d’où s’éleva la querelle,
l’attaque mortelle pour les militaires ; dans son giron était venu
par la main de l’informateur le fameux vase précieux.
Celui-ci était le treizième homme de la bande,
celui qui avait provoqué le commencement de ce tumulte guerrier ;
captif attristé, il dut humblement [les] guider là vers

la plaine. Il s’[y] rendait contre son gré jusqu’à
2410 [l’endroit] où il savait une salle de terre solitaire[235],
une chambre voûtée sous le sol, près du tourbillon aquatique,
de l'altercation des vagues, qui était pleine en dedans
de bijoux et de filigranes. Le gardien monstrueux,
le loup de combat [tout] prêt, détenait les objets d’or précieux,
vieil [habitant] sous terre ; ce n’était pas un prix commode
à risquer pour un homme quel qu’il fût.
Lors le roi hardi à l’attaque s’assit sur le promontoire,
de là il dit adieu à [ses] camarades du foyer,
l’ami d’or des Géates. Il avait l’esprit triste,
2420 il était troublé et s’attendant au carnage, le destin [était] infiniment près,
qui devait aborder[236] le vieillard,
aller trouver le trésor accumulé de l’âme, séparer[237]
du corps la vie ; alors l’existence du noble
ne fut pas longtemps enveloppée de chair.
  Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow :
« Dans [ma] jeunesse j’ai survécu à beaucoup
d’assauts de combat, de temps de tumulte ; je me rappelle
tout cela. J’avais sept ans, lorsque le hardi prince aux trésors,
le maître ami des peuples, me reçut de mon père ;
2430 le roi Hrethel me tint et me garda,
il me donna trésor et banquet, il se rappela notre parenté.
Je ne lui fus pas en [ma vie] du tout moins chéri[238] comme
écuyer au château qu’aucun de ses enfants,
Herebeald et Haethcyn, ou mon propre [seigneur] Hygelac.
Pour l’aîné fut étendu[239] d’une façon contre nature
par les actes d’un parent un lit de meurtre,
après que Haethcyn l’abattit, son [futur]
maître ami[240], d’une flèche [venue] de [son] arc en corne,
il manqua le but et atteignit son parent,
2440 un frère l’autre, d’un trait sanglant.
Ce fut une attaque sans compensation [possible] perpétrée
criminellement, écœurante, et pourtant quoiqu’il en fût,
le noble dut finir ses jours non vengé.
  Ainsi il est triste pour un vieillard
d’endurer [ceci], que son garçon monte
jeune au gibet, qu’alors il chante [sa] plainte,

chant affligé, alors que son fils est pendu
pour le profit du corbeau et qu’il ne peut,
vieux et fort âgé, lui octroyer aucune aide.
2450 Toujours chaque matin lui est rappelé
le départ de [son] fils[241] ; il ne se soucie pas
d’attendre à l’intérieur du château[242] un autre
héritier[243], quand l’un d’eux a par
la nécessité de la mort subi des actes [de violence].
Dans un triste souci il voit la chambre de son fils,
la salle de vin désolée, séjour des vents
privé d’allégresse ; les cavaliers sont assoupis,
les héros dans la tombe ; il n’est pas là de son de la harpe,
de gaîté dans les enclos, comme il y en eut là autrefois.


XXXV.


2460 Alors [Hrethel] s’en va vers [son] lit, il chante un lai
soucieux, lui seul, en mémoire de l’autre ; tout lui semblait trop
spacieux, plaines et demeure d’habitation. Ainsi le protecteur
des Weders agité portait un souci de cœur
au sujet d’Herebeald ; il ne pouvait en aucune façon
tirer vengeance de la querelle sur le meurtrier[244] ;
il ne pouvait pas davantage par des actes hostiles
poursuivre le guerrier de sa haine, quoiqu’il ne lui fût pas cher.
Lors avec ce souci que la blessure lui valut,
il abandonna la félicité humaine [et] choisit la lumière de Dieu.
2470 À [ses] descendants il laissa, comme le fait un homme fortuné,
une terre et des bourgs nationaux, lorsqu’il s’en alla de la vie.
Lors il y eut lutte et conflit des Suédois et des Géates,
contestation commune par-dessus la [nappe d’]eau large,
dure attaque d’armée, après que Hrethel trépassa
et pour eux les descendants d’Ongentheow furent
hardis, belliqueux, ils ne voulaient pas garder
la paix par delà les lacs, mais autour de Hreosnabeorh
souvent ils effectuaient une incursion terrible.
Cela, mes parents amis [le] vengèrent,
2480 la querelle et l’outrage, comme ce fut renommé,
quoique l’un des deux le payât de ses jours,
à dur prix ; pour Heathcyn,
seigneur des Géates, le combat [fut] fatal.

Lors j’ai appris que le matin un frère[245] avec le tranchant du glaive
tira satisfaction du meurtrier pour l’autre,
là où Ongeotheow fondit sur Eofor ;
le heaume de combat se brisa en morceaux, le vieux Scylfing
s’écroula pâli par la flamberge ; la main se rappela
assez de querelles, [et] ne retint pas le coup mortel.
2490 Je lui revalus au combat les objets précieux
qu’il m 'avait remis, comme [cela] me fut accordé,
de [mon] épée étincelante ; lui, me fit don d’une terre,
d’une résidence, joie du pays natal[246]. Il n’y eut nul besoin
que chez les Gépides, ou chez les Danois à Javelots,
ou dans le royaume suédois, il dût chercher
un plus médiocre loup de guerre, l’acheter à prix [d’or].
Toujours pour lui je voulus marcher de l’avant avec les fantassins,
moi seul en tête, et ainsi pendant [le reste de] mes jours
je devrai pousser l’assaut, tant que cette épée durera,
2500 qui tôt et tard m’a souvent servi
après que par prouesse je tuai de ma main
Daegrefn, le champion des Hugas.
Il ne put nullement apporter au roi des Frisons
les joyaux, l’ornement de poitrine,
mais il s’affaissa sur le champ de bataille,
gardien[247]de l’étendard, noble par le courage ; l’épée
tranchante ne fut pas [son] meurtrier, mais [mon] étreinte guerrière[248]
arrêta les tourbillons de [son] cœur, écrasa [sa] charpente d’os.
Ores le tranchant du glaive, la main et la dure épée devront
2510 guerroyer pour le trésor accumulé. » Beowulf parla, il s’exprima
en paroles vantardes une dernière fois : « J’ai osé
beaucoup de combats en [ma] jeunesse ; je veux encore,
conservateur âgé du peuple, rechercher la querelle,
agir avec éclat, si ce méchant destructeur
sort de [sa] salle de terre pour me chercher, »
Lors il salua chacun des hommes,
les actifs porteurs de heaumes, pour l’ultime fois,
[ses] chers compagnons : « Je ne voudrais pas porter l’épée,
l’arme contre le reptile, si je savais comment
2520 je pourrais autrement m’opposer avec [ma] vantardise
à l’être monstrueux, comme jadis je [le] fis contre Grendel.

Mais là je m’attends au feu ardent de la mêlée,
à l’haleine et au poison[249] [du monstre] ; c’est pourquoi j’ai
sur moi targe et cotte de mailles. Je ne veux pas devant le gardien
du tumulus fuir l’espace d’un pied,
mais il devra advenir de nous au rempart, comme la Destinée
le décidera pour nous, le sort de chaque homme. Je suis [si] prompt
d’humeur que je m’abstiendrai de vantardise contre ce
combattant ailé. Demeurez sur le tumulus, défendus par [vos] cottes
2530 de mailles, gens en armure, [pour voir] lequel pourra le mieux
de nous deux, après l’assaut du carnage, se remettre
de [sa] blessure. Ce n’est pas votre aventure à vous,
il ne convient pas à [quelque] homme, sauf à moi seul,
d’exercer ses forces contre l’être monstrueux,
de faire prouesse de comte. Je dois avec courage
conquérir l’or, ou le combat, l’effrayante
mort violente, prendra votre maître. »
Lors le vaillant soldat se leva auprès de [son] écu,
hardi sous le heaume, il porta [sa] cotte d’armes[250]
2540 sous les pans de rochers, il se fiait à la vigueur
d’un seul homme ; tel n’est pas l’exploit d’un couard.
Lors il vit auprès du rempart, lui qui avait enduré
grand nombre de combats, de fracas de bataille,
lui, excellent en vertus viriles, quand les fantassins se rencontrent,
[il vit] se dresser une arche de roc, de là un cours d’eau jaillir
du tumulus, le tourbillon de ce torrent
était chaud du feu de la mêlée ; près du trésor accumulé
il ne put sans brûler supporter quelque temps
le creux[251] à cause de la flamme du dragon.
2550 Lors de [sa] poitrine, lorsqu’il fut gonflé [de colère],
le cacique des Weder-Géates laissa partir une parole,
[le héros] au cœur vigoureux tempêta ; [sa] voix claire en la mêlée
entra retentissante sous la roche grise.
La haine fut soulevée, le gardien du trésor accumulé
reconnut le discours d’un homme ; il n’y avait plus là
le laps de temps pour solliciter la paix. Tout d’abord
l’haleine de l’être monstrueux sortit de la roche,
un air chaud de bataille ; le sol résonna.
Le [chef] militaire sous le tumulus souleva [son] écu[252],

2560 le seigneur des Géates, contre l’hôte affreux[253].
Lors le cœur de [l’être] courbé en anneau fut disposé
à rechercher le conflit. Déjà[254] l’excellent roi combattant
tira [son] épée, legs ancien,
rapide de tranchant ; chacun des deux
adversaires[255] eut terreur de l’autre.
Il se tint, l’humeur résolue, contre [son] écu élevé,
le prince des amis, quand le reptile se replia
vite sur lui-même[256] ; il attendit sous l’armure.
Lors [l’être] brûlant s’avança recourbé,
2570 se précipita vers [son] destin[257]. Le bouclier garantit bien
la vie et le corps pour le fameux souverain
moins de temps que son désir [ne] le cherchait
si, en cette circonstance, il devait, ce premier
jour, remporter renom à la bataille, comme
la destinée ne [le] lui attribua pas. Il éleva la main,
le seigneur des Géates, il frappa le [monstre] affreusement brillant
du legs pesant[258], en sorte que le tranchant sombre
céda sur l’os, [et] mordit moins fortement
que le roi national n’en avait besoin,
2580 pressé de peines[259]. Lors le gardien du tumulus,
farouche d’humeur après [ce] coup porté dans la mêlée,
lança un feu meurtrier[260] ; au large jaillirent
les flammes de bataille. Il ne se vanta pas de victoire
renommée, l’ami d’or des Géates ; le glaive de combat nu
flancha, comme il ne l’aurait pas dû, dans l’attaque,
le fer fort excellent[261]. Ce ne fut pas là un voyage[262] facile,
que le fameux rejeton d’Ecgtheow
consentît[263] à abandonner cette plaine terrestre[264] ;
il devait contre [son] gré[265] établir [son] habitation
2590 ailleurs, ainsi que chaque homme doit
quitter [ses] jours alloués. Lors il n’y eut pas longtemps

avant que les [deux êtres] prodigieux se rencontrèrent encore.
Le gardien du trésor accumulé s’enhardit, à nouveau [son] sein
s’agita de [son] souffle ; entouré de feu,
il souffrit détresse[266], celui qui jadis gouvernait le peuple.
[Ses] camarades, enfants de nobles, ne se tinrent
nullement en groupe autour de lui
avec bravoure batailleuse, mais ils se replièrent vers le bois,
ils protégèrent [leurs] jours. Chez un seul d’entre eux l’esprit
2600 fut agité de soucis ; jamais rien ne peut détourner
[le devoir de] parenté[267] pour qui est bien pensant.


XXXVI.


Il s’appelait Wiglaf, fils de Weohstan,
aimable guerrier à [écu de] tilleul, cacique des Scyliings,
parent d’Aelfhere. Il vit son seigneur lige
souffrir de la chaleur sous [son] masque d’armée ;
lors il se rappela l’honneur que celui-ci lui accorda jadis,
l’opulente demeure d’habitation des Waegmundings,
[et] chacun des privilèges politiques[268] que son père possédait.
Lors il ne put s’abstenir, [sa] main saisit l’écu,
2610 le jaune tilleul, [et] tira la vieille épée.
Celle-ci était [connue] parmi les mortels [comme] legs d’Eanmund,
fils d’Ohthere, pour qui exilé sans ami,
à l’assaut, Weohstan devint un meurtrier avec
le tranchant de [son] estoc et enleva aux parents du [mort]
le heaume de couleur brune, la cotte de mailles aux anneaux,
l’antique épée de géant[269] que lui donna Onela,
les vêtements de combat de son frère d’armes,
accoutrement militaire [tout] prêt. Lors [Onela] ne mentionna pas
cette querelle, quoique [Weohstan] eût accablé l’enfant de son frère.
2620 [Weohstan] retint pendant plusieurs semestres les ornements,
le glaive et la cotte de mailles, jusqu’à ce que son garçon
put accomplir prouesse de comte comme son père jadis ;
lors il lui donna parmi les Géates innombrable quantité
de vêtements de combat, lorsque de la vie il s’en alla au loin,
étant âgé.

          Lors ce fut la première fois
pour le jeune champion, qu’il dut faire assaut
de combat auprès de son franc seigneur ;
son esprit ne défaillit pas[270], et le legs de [son] parent
ne fléchit pas à la guerre ; cela, le reptile le trouva
2630 après que les trois furent aux prises[271].
Wiglaf parla en beaucoup de paroles justes,
il dit à [ses] compagnons (son esprit était triste) :
« Je me rappelle le moment où nous prenions notre part d’hydromel,
quand nous promîmes à notre seigneur nourricier
dans la salle de bière, à lui qui nous donna ces anneaux,
que nous lui revaudrions les équipements de combat,
les heaumes et la dure épée, si pareille nécessité
survenait pour lui. Aussi[272] il nous a choisis dans
l’armée par sa propre volonté pour cette expédition,
2640 il nous a rappelé les actions d’éclat, et m’a donné ces
objets précieux[273], vu qu’il nous estimait excellents
guerriers à javelot, des porteurs de heaume actifs, quoique
le seigneur nourricier pensât accomplir seul pour nous
cet exploit courageux, lui berger du peuple,
parce que de [tous] les hommes il a accompli le plus
d’actions d’éclat, de faits téméraires. Ores le jour est venu
où notre seigneur lige a besoin de la puissance
d’excellents guerriers combattants ; rendons-nous près de [lui]
pour aider le chef de bataille tandis que la chaleur est [sur lui],
2650 la cruelle terreur des tisons enflammés. De moi Dieu sait
qu’il m’est grandement préférable que les tisons consument
mon enveloppe corporelle avec mon dispensateur d’or.
Il ne me semble pas convenable que nous rapportions [nos] écus
à [notre] résidence à moins de pouvoir auparavant
abattre [notre] antagoniste [et] défendre l’existence
du souverain des Weders. Je sais fort bien que
[tels] n’étaient pas [ses] anciens mérites[274] qu’il dût seul
de [toute] l’élite des Géates souffrir l’affliction,
s’effondrer à l’attaque ; nous aurons tous deux en commun
2660 épée et heaume, cotte de mailles et bouclier protecteur[275].

Lors il marcha à travers la fumée meurtrière[276], il porta
le heaume guerrier au secours du maître, [et] prononça peu de paroles :
« Cher Beowulf, acquitte-toi bien de tout,
comme tu déclaras jadis dans ta jeunesse[277]
que tu ne laisserais pas, toi vivant,
ton honneur décliner ; ores tu dois, vaillant en actes,
noble à l’esprit résolu, de toute [ta] puissance
défendre [ton] existence ; moi, je t’assisterai jusqu’au bout. »
Après ces paroles le reptile vint furieux,
2670 l’affreux étranger hostile, une seconde fois,
étincelant de tourbillons de feu, fondre sur les ennemis,
sur les hommes odieux. Par les vagues de flamme la targe
[fut] brûlée jusqu’au bord de l’écu[278] ; la cotte de mailles
ne put fournir aide au jeune guerrier à javelot ;
mais l’adolescent sous le bouclier de son parent
s’avança avec courage[279], lorsque son propre [bouclier]
fut détruit par les tisons. Lors encore le roi combattant
se souvint de [ses] actions d’éclat, il frappa d’une force puissante
avec le glaive de bataille [en sorte] que celui-ci s'arrêta dans
2680 la tête [de la bête] enfoncé par l’assaut. Naegling[280] se brisa,
l’épée de Beowulf, ancienne et grisâtre,
fléchit à l’attaque. Il ne lui fut pas accordé
que les tranchants de fer pussent
lui prêter secours à la bataille ; [sa] main était
trop forte, qui, à ce que j’ai entendu, en [le] brandissant,
forçait chacun de [ses] estocs[281] ; quand il portait à l’attaque
une arme étonnamment dure, cela n’en allait pas mieux pour lui.
Lors pour la troisième fois le destructeur de la nation,
l'effrayant dragon de feu, se rappelant les querelles,
2690 se jeta sur le vaillant, lorsque l’occasion s’offrit à lui[282] ;
ardent et farouche en la mêlée, il entoura tout le cou [du héros]
de dents mordantes ; [Beowulf] fut ensanglanté
de sang de vie répandu ; le sang coulant jaillit en vagues.

XXXVII.


Lors j’ai entendu dire que dans l’[urgent] besoin du roi national
le comte montra un incessant courage,
force et hardiesse, comme cela lui était naturel ;
de la tête [du monstre] il n’eut nul souci (mais la main
de l’homme valeureux fut brûlée tandis qu’il secourait
son parent), [en sorte] qu’il frappa l’assaillant étranger un peu
2700 plus bas, lui, homme armé, que l’épée s’enfonça,
brillante et plaquée [d’or], [et] que le feu commença
après cela à diminuer. Lors à nouveau le roi lui-même
reprit[283] ses sens, il tira l’épée courte meurtrière[284],
mordante et aiguisée pour le duel, qu’il portait sur
la cotte de mailles ; le protecteur des Weders trancha le reptile
par le milieu. Ils avaient abattu l’ennemi, [leur] force courageuse avait
chassé [son] existence, et tous deux, nobles apparentés,
l’avaient détruit. Tel devrait être un homme,
un vassal dans le besoin. Ce fut pour le souverain
2710 le dernier temps de victoire[285], par ses propres actions,
de [son] œuvre en [ce] monde.
          Lors la blessure
que le dragon terrestre auparavant lui avait faite[286]
commença à lanciner et à s’enfler ; il trouva bientôt cela,
[à savoir] que dans son sein s’agitait un mauvais venin,
un poison intérieur.
          Lors le noble alla
[jusqu’à ce] qu’il s’assit avec de sages réflexions[287]
auprès du mur sur un siège ; il regarda l’œuvre des géants,
comment l’éternel bâtiment de terre contenait à l’intérieur
ces arches rocheuses affermies sur des colonnes[288].
2720 Lors de sa main le vassal infiniment brave
réconforta d’eau le fameux souverain,
son seigneur ami, ensanglanté par le combat[289],
rassasié de la bataille, et détacha son heaume.

Beowulf parla, il devisa en dépit de [sa] plaie,
de [sa] pitoyable blessure du carnage ; il savait fort bien
qu’il avait passé ses journées[290]
de joie terrestre ; lors tout était parti
du nombre de [ses] jours, la mort [était] infiniment près :
« Ores », [dit-il], je voudrais remettre à mon fils
2730 [mon] vêtement de combat, s’il m’[était] accordé
que quelque héritier[291] provenant de [mon] corps
survînt après [moi]. J’ai dirigé[292] cette nation
[pendant] cinquante hivers ; il n’y a eu aucun roi
de peuple de ceux habitant à l’entour
qui osât m’attaquer[293] avec des amis de combat[294],
m’oppresser par la terreur. Dans [ma] résidence j’attendis
les moments fixés, je conservai bien ce qui [était] à moi,
je n’allai pas chercher d’assauts armés, ni pour moi ne jurai
beaucoup de faux[295] serments. De tout ceci je puis,
2740 malade de plaies mortelles, avoir réjouissance,
parce que le Gouverneur des humains n’aura pas besoin
de me reprocher le méchant meurtre de parents, quand ma vie
partira de [mon] corps. Ores va, toi, prestement
observer le trésor accumulé sous la roche grise,
cher Wiglaf, ores [que] le reptile gît,
qu’il dort grièvement blessé, privé de [son] trésor.
Ores hâte-toi pour que j’aperçoive
l’antique richesse, l’amas d’or, que j’observe fort bien
les brillants joyaux curieux, pour que d’autant plus à l’aise,
2750 après [avoir gagné] de précieuses richesses, je puisse quitter
ma vie et [ma] nation, que j’ai longtemps dirigée[296].


XXXVIII.


Lors j’ai appris que vite, après [ces] paroles prononcées,
le fils de Weohstan obéit à son seigneur blessé,
malade de la mêlée, qu’il porta [son] armure à anneaux de fer,
[sa] chemise de combat[297] tissée, sous le toit du tumulus.

Lors réjoui par la victoire, lorsqu’il passa près du siège,
le courageux vassal parent vit beaucoup de joyaux précieux
en forme de soleil, de l’or étincelant qui jonchait le sol,
des merveilles sur le mur[298], et l’antre du reptile,
2760 du vieil oiseau crépusculaire ; [il vit] debout
des vases, vaisseaux à boire d’hommes anciens, manquant de polisseur,
dépouillés d’ornements. Là étaient maint heaume,
vieux et rouillé, beaucoup de bracelets
habilement entrelacés. Aisément un trésor,
de l’or [gisant] sur le sol, peut tourner la tête à
quelqu’un de race humaine, [le] cache[299] qui veut !
Il vit aussi se dresser une bannière toute d’or,
élevée au-dessus du trésor accumulé, la plus grande des merveilles
faite de main, tissée par puissance d’enchantement[300] ; d’elle sortait
2770 une lueur [en sorte] qu’il pût distinguer le parquet[301],
examiner de près les bijoux. Du reptile il n’y avait là
nulle trace, mais l’épée tranchante l’avait enlevé.
Lors j’ai entendu dire que dans le tertre un seul homme
ravit le trésor accumulé, l’ancien travail des géants,
il chargea dans son giron coupes et plats
à son choix ; il prit encore la bannière,
le plus éclatant des signaux. Auparavant le glaive
du vieux seigneur nourricier[302] (son tranchant était de fer)
avait nui à celui qui fut longtemps je protecteur
2780 de ces objets précieux, il porta une chaude terreur
de flammes à cause du trésor accumulé, terreur qui bouillonnait
farouche[303] au milieu de la nuit jusqu’à ce qu’il mourût de mort violente.
Le messager se hâta, avide de retourner,
chargé[304] de joyaux ; la curiosité le tenaillait
[de savoir] s’il rencontrerait vivant, lui au cœur hardi,
sur le lieu de plaine où il le laissa auparavant,
le souverain sans force[305] des Weders.
Lors auprès des objets précieux il trouva le fameux
souverain, son seigneur, ensanglanté,
2790 [parvenu] au bout de ses jours ; il se mit de nouveau

à l’asperger d’eau jusqu’à ce que la pointe d’une parole
perçât[306] du trésor accumulé de [sa] poitrine. Beowulf parla,
vieillard [plein] de douleur, il observa l’or :
« Pour ces joyaux je dis merci au Maître de tout,
au Roi de l’Honneur, en [mes] paroles,
à l’éternel Seigneur ; [pour ces joyaux] que je contemple
ici, de ce que j’ai pu pour ma nation
acquérir de telles [choses] avant [mon] jour de trépas.
Ores j’ai troqué contre un trésor accumulé d’objets précieux
2800 l’abandon de ma vie âgée[307] ; vous pourvoirez toujours
aux besoins de la nation ; je ne puis être ici longtemps.
Ordonnez aux [héros] fameux dans la mêlée de construire
un tertre en vue brillant après le feu [funéraire] sur le cap marin ;
comme monument de souvenir pour ma nation,
il devra se dresser haut sur le Hronesnaes[308],
afin que les voyageurs sur mer après cela l'appellent
le tumulus de Beowulf, eux qui poussent
au loin les navires élevés par-dessus les brumes des flots. »
De [son] cou le souverain à l'esprit audacieux enleva
2810 le collier d’or ; il [le] remit au vassal,
au jeune guerrier à javelot [et] le heaume orné d’or,
l’anneau et la cotte de mailles, il lui recommanda[309]
d’en bien user. « Tu es le dernier restant de notre race,
des Waegmundiugs ; la destinée a emporté
tous mes parents vers le sort décrété par la Divinité,
comtes [grands] en courage ; je devrai les suivre. »
Ce fut pour le vieillard la parole suprême
des pensées en [son] sein avant qu’il se résignât au feu
[funéraire], aux chauds tourbillons de flamme[310] ; l’âme lui
2820 sortit du cœur pour aller trouver le sort des justes[311].


XXXIX[312].


Lors il était péniblement advenu au jeune homme
de voir sur terre [le héros] le plus
aimé arrivé lamentablement au

terme de [sa] vie. [Son] meurtrier aussi,
le terrible dragon terrestre, gisait privé
de ses jours, accablé par la ruine. Le reptile
tors et recourbé ne pouvait plus longtemps dominer
le trésor accumulé des anneaux, mais les tranchants de fer
l'avaient enlevé[313], les durs [tranchants] ébréchés en la mêlée,
2830 reliquats de marteaux, [en sorte] que le [monstre] volant au loin,
immobilisé par [ses] blessures, s'affala sur le terrain près de
la demeure du trésor accumulé. Il ne rôda [plus] nullement
dans l’air, jouant en pleine nuit, [ni], fier de ses biens précieux,
ne manifesta [sa] présence, mais il tomba
à terre par l’œuvre de la main du chef de bataille.
Certes ceci a réussi au monde[314] à peu d’hommes
puissants, d’après ce que j’ai appris,
(bien qu’[un héros] fût entreprenant en tout [genre d’]exploits),
qu’il se précipitât contre l’haleine d’un dévastateur venimeux,
2840 ou que de ses mains il bouleversât une salle à anneaux,
s’il trouvait que le gardien veillant
habitât le tumulus. Pour Beowulf, [sa] part
des objets précieux seigneuriaux fut payée par la mort ;
l’un et l’autre avaient atteint le terme
de [la] vie éphémère.
          Lors cela ne prit pas longtemps
[avant] que les retardataires de la bataille quittèrent
le bois, les dix traîtres[315] timorés ensemble,
qui auparavant n’osèrent pas jouer des épieux
dans le grand besoin de leur seigneur lige ;
2850 mais honteux, ils portèrent [leurs] boucliers,
[leurs] vêtements de combat, là où gisait le vieillard ;
ils regardèrent Wiglaf. Il était assis lassé,
le champion fantassin, près des épaules du maître,
il voulait le ranimer[316] avec de l’eau ; cela ne lui servit en rien.
Il ne put retenir sur terre, quoiqu’il le
désirât bien, l’existence du chef[317],
ni changer en rien la volonté du Gouverneur [suprême].
Pour chacun des hommes le jugement de Dieu voulait
décider par les faits, comme ores encore il agit.

2860 Lors il y eut de la part du jeune [homme] une réponse farouche
aisément produite pour qui auparavant manqua de courage.
Wiglaf parla, le fils de Weohstan,
l’homme au cœur affligé regarda [ces gens] non aimés :
« Cela, certes, il peut le dire, celui qui veut parler vrai,
que ce seigneur lige qui vous donna ces objets précieux,
[ces] harnachements militaires dans lesquels vous êtes là debout,
quand sur le banc de cervoise il remettait souvent
heaume et cotte de mailles à ceux qui siégeaient dans la grand’salle,
le souverain à ses vassaux, tels qu’il put [les]
2870 trouver les mieux choisis n’importe où au loin ou auprès,
qu’entièrement il gaspilla à tort [ces] vêtements
de combat, lorsque la guerre le surprit.
Le roi du peuple n’eut nullement lieu de se vanter
de [ses] belliqueux compagnons ; cependant Dieu lui accorda,
Lui qui dispose des victoires, qu’il se vengeât
seul avec le tranchant [de l’épée], lorsqu’il eut besoin de courage.
Moi, je pus lui rendre peu de chose au combat
pour protéger [sa] vie, et je me mis toutefois
à aider [mon] parent au-delà de ma force.
2880 Toujours [le monstre] fut d’autant plus faible, quand de
Tépée je frappai l’ennemi mortel[318], le feu sortait
en bouillons moins fortement de [son] chef. Trop peu de défenseurs
se pressèrent autour du souverain, lorsque la période [de lutte]
l’assaillit. Ores réception de trésor et don d’épée,
toute joie en terre natale devront[319] manquer [comme] espoir
à votre race ; privé de [son] droit territorial
chacun des hommes de cette famille[320] pourra
rôder, après qu’au loin les nobles
entendront parler de votre fuite,
2880 de [votre] acte sans gloire. La mort est préférable
pour chacun des comtes à une vie d’infamie. »


XL.


Lors il commanda d’annoncer cette œuvre de la mêlée à l’enclos
en haut par-delà la falaise marine, où la troupe de comtes
était assise triste d’humeur, tout le long du jour depuis
le matin, tenant [leurs] targes, dans l’attente de deux [choses],

[à savoir] du jour final ou[321] du retour
de l’homme cher. Il se tut peu sur
les dernières nouvelles, celui qui chevaucha vers
le cap, mais il dit avec vérité parmi tous :
2900 « Ores le donateur de plaisir de la nation des Weders,
le seigneur des Géates, est fixé sur [son] lit de mort,
il demeure en repos de carnage par l’acte[322] du reptile.
À côté de lui gît l’ennemi de ses jours,
malade de plaies faites par le poignard ; par l’épée il
ne put en aucune façon infliger à l’être monstrueux
de blessure. Wiglaf est assis auprès
de Beowulf, lui, le fils[323] de Weohstan,
un comte [vivant] au-dessus d’un autre sans vie,
il tient avec un esprit respectueux[324] la garde de la tête
2910 de l’[être] cher et de l’[être] odieux[325]. Ores il y aura
pour la nation attente d’un temps de tumulte guerrier,
après que la chute du roi sera publiée à distance
aux Francs et aux Frisons. La contestation se fit
violente[326] contre les Hugs, après que Hygelac
vint se transporter avec une flotte[327] sur la terre
des Frisons, où les Hetwares[328] le vainquirent
à la bataille, ils obtinrent prestement avec une force
supérieure que le guerrier à cotte de mailles dût
céder, il tomba parmi [ses] fantassins ; [ce] prince ne
2920 donna nullement de joyaux à [son] élite. Après cela
la faveur du [roi] Mérovingien nous fut toujours refusée.
Je n’attends aucunement paix ou bonne foi de la part de
la nation suédoise ; mais il fut connu au loin
qu’Ongentheow priva de ses jours
Haethcen, fils de Hrethel, en face du Bois des Corbeaux,
lorsque par arrogance les Scylfings Combattants
assaillirent d’abord la nation des Géates.
Bientôt le père âgé d’Ohthere, vieux
et terrible, lui rendit le coup en retour,
2930 il tua le chef maritime[329], recouvra [sa] femme,

lui, le vieillard, [son] épouse de jadis, dépouillée de [son] or,
la mère d’Onela et d’Ohthere,
et lors il suivit ses mortels ennemis
jusqu’à ce qu’ils s’en allèrent péniblement
dans la forêt du Corbeau, sans seigneur nourricier.
Lors il assiégea avec une immense armée le reste
échappé aux épées[330], lassé par [les] blessures ; souvent pendant
[l]’interminable nuit il promit malheur à la pauvre petite bande ;
il déclara que le matin avec le tranchant[331] de l’estoc
2940 il voudrait [les] atteindre et [pendre] quelques-uns sur
des arbres de potence pour le plaisir [des oiseaux]. Le réconfort
survint de nouveau aux [hommes] affligés[332] en même temps
que l’aube[333] après qu’ils perçurent le cor et le coup
de trompette d’Hygelac, lorsque l’excellent [chef]
vint avec l’élite de [sa] nation s’attacher à leurs pas.


XLI.


La trace sanglante des Suédois et des Géates,
l’assaut de carnage des soldats, fut visible à distance,
[à savoir] comment les peuples réveillèrent entre eux la querelle.
Lors l’excellent [chef] s’en alla avec ses frères d’armes
2950 vieux, très soucieux[334], rechercher une forteresse ;
le comte[335] Ongentheow se tourna vers [un terrain] plus élevé ;
il avait entendu parler de la prouesse de bataille d’Hygelac,
de la force guerrière du lier [chef], il ne se fia pas à la résistance
[pour] qu’il pût s’opposer à l’attaque des hommes de mer,
aux voyageurs de l’onde, [et] défendre [son] trésor accumulé,
[ses] enfants et [sa] femme ; de là le vieux de nouveau
se retira derrière[336] le rempart de terre. Lors chasse fut
donnée à la nation des Suédois, la bannière d’Hygelac [levée][337].
Ils s’avancèrent sur cette plaine paisible,
2960 après que les Hrethlings se pressèrent vers l’enclos [retranché][338].
Là Ongentheow aux cheveux gris fut réduit

aux abois par les tranchants des épées,
[en sorte] que le roi populaire dut subir
la seule décision d’Eofor. Furieusement
Wulf, fils de Wonred, l’atteignit de [son] arme
[en sorte] que par l’élan [du coup] le sang versé jaillit
des veines sous la chevelure. Cependant il ne fut pas
effrayé, le vieux Scylflng, mais rapidement il
revalut d’un pire échange ce coup affreux[339]
2970 après que lui, roi populaire, se fut retourné.
Il ne put, le vif fils de Wonred,
donner au vieillard un coup en retour,
mais celui-ci auparavant lui fendit [le] heaume
sur [la] tête [en sorte] qu’il dût se courber souillé
de sang, il tomba sur la plaine ; lors il n’était pas encore
voué à mort, mais il se remit, quoique la blessure l’eût
touché de près. Le hardi vassal d’Hygelac[340] laissa
le large estoc, là où gisait son frère,
la vieille épée de géant, le heaume gigantesque
2980 se briser [un passage] à travers le rempart des targes ; lors le roi,
berger du peuple, se courba, il était mortellement frappé,
Lors ils furent plusieurs qui bandèrent son parent[341],
le relevèrent promptement, lorsqu’on leur eut fait place,
[en sorte] qu’ils purent dominer le lieu du carnage,
tandis qu’un guerrier dépouillait l’autre,
[et] prenait à Ongentheow la cotte de mailles de fer,
la dure épée à poignée et avec cela son heaume ;
il porta à Hygelac le harnois du [chef] grisonnant.
Celui-ci prit ces ornements et lui promit courtoisement
2990 des récompenses devant la nation[342], et il accomplit aussi [sa promesse].
Il paya cet assaut de combat, lui, le seigneur des Géates,
descendant de Hrethel, lorsqu’il fut venu au logis,
à Eofor et à Wulf avec des objets fort précieux,
il remit à chacun d’eux cent mille [arpents]
en terre et des anneaux entrelacés[343] ; nul homme en l’enclos
du milieu[344] n’eut besoin de leur reprocher ces récompenses,
puisqu’ils avaient réalisé ces hauts faits ; et lors il donna
à Eofor [sa] fille unique, comme gage de faveur, pour
honorer [son] logis. C’est là la querelle de l’inimitié,

3000 l’assaut de carnage[345] des soldats, de la nation suédoise,
à laquelle je m’attends, qui nous attaquera,
après qu’ils auront appris que notre maître [est]
privé de ses jours, lui qui jadis détenait
contre [les ennemis] haineux [son] trésor accumulé et [son] royaume,
[Scyldings actifs, après la chute des héros][346],
il agissait en vue du bien public, ou faisait
encore plus d’exploits de comte. Ores le mieux est la hâte,
pour que nous contemplions là le roi populaire,
et que nous l’amenions, lui qui nous donna des anneaux,
3010 sur le chemin du bûcher. Nulle chose seule[347] ne devra
fondre avec le [chef] courageux, mais il y a là un trésor accumulé
d’objets précieux, de l’or sans nombre, acquis à prix cruel,
et ores en tout dernier lieu des bagues achetées de sa propre
existence ; ceux-ci, l’incendie devra [les] dévorer,
la conflagration [les] envelopper ; un comte ne devra nullement
porter à [sa] mémoire un objet précieux, ni une belle femme
avoir au cou un ornement de collier,
mais ils devront, tristes d’humeur, dépouillés d’or,
souvent, nullement une seule fois, fouler la terre étrangère,
3020 ores que le sage [chef] d’armée a déposé le rire,
l'enjouement et la gaité joyeuse. C’est pourquoi maint
javelot froid du matin devra être saisi par la droite,
soulevé en main ; le son de la harpe ne [devra] nullement
éveiller [les] guerroyants, mais le sombre corbeau,
prêt autour des voués à mort, [devra] beaucoup croasser,
dire à l’aigle comment il lui advint au repas,
quand à côté du loup il dépouilla les morts du carnage[348]. »
Ainsi l’homme actif redisait d’odieuses
nouvelles ; il ne se trompait pas beaucoup sur
3030 les [événements du] destin ou les mots. Toute la troupe se leva ;
ils s’avancèrent sans joie sous le promontoire des Aigles,
[leurs] larmes jaillissant, pour observer le prodigieux [spectacle].
Lors ils [le] trouvèrent inanimé sur [le] sable
tenant [son] lit incliné[349], celui qui leur donnait des anneaux
aux temps jadis ; lors le jour final
s’était écoulé pour le [chef] excellent, en ce que le roi combattant,
le seigneur des Weders, avait trépassé de mort prodigieuse.
D’abord ils virent là un être plus étrange,
[le] reptile odieux là droit en face

3040 gisant sur la plaine ; le dragon enflammé, terreur
effrayante, était grillé par des tisons ardents.
Il était long de cinquante mesures de
pied [ainsi] étendu ; en temps de nuit
il tenait l’air joyeux, il descendait de nouveau
visiter [son] antre ; il était là immobilisé par la mort,
il avait joui de sa dernière caverne de terre[350].
Auprès de lui étaient dressés des coupes et des vases,
gisaient des plats et des épées de prix,
rouillés, rongés, comme s’ils avaient résidé
3050 là au sein de la terre mille hivers.
Alors cet héritage puissamment grand,
l’or des hommes d’autrefois, était entouré d’enchantement,
[en sorte] qu’aucun des êtres humains ne pouvait toucher
cette salle d’anneaux, à moins que Dieu Lui-même,
le Vrai Roi des victoires, n’octroyât à qui Il voulait
(Il est le protecteur des hommes) d’ouvrir le trésor
accumulé, comme il Lui semblait à propos.


XLII.


Lors il fut visible que cette aventure ne prospéra pas
pour ceux qui à tort avaient caché à l'intérieur
3060 [les] bijoux sous le rempart. D’abord le gardien
frappa [de mort] quelqu’un de [ses] antagonistes. Lors la
querelle fut furieusement vengée. C’est un mystère[351] en quel
endroit un comte au vaillant courage atteindra le terme
de sa destinée de vie, quand l’homme ne peut plus
longtemps occuper avec ses parents la salle d’hydromel.
Ainsi en fut-il pour Beowulf, lorsqu’il alla chercher [le]
gardien du tumulus, [les] assauts armés ; lui-même ne savait
par quoi devait survenir sa séparation d’avec [ce] monde.
Ainsi jusqu’au jour du jugement [les] fameux souverains
3070 l[352]’avaient profondément maudit, [eux] qui l’avaient placé là,
[pour] que cet homme fût coupable de péché,
confiné dans des temples d’idoles, fixé par des liens d'enfer,
tourmenté de maux, celui qui pillerait cette plaine.
Il n’était [pourtant] pas avide d’or ; il avait auparavant
plus volontiers observé la faveur du Possesseur[353] [suprême].
Wiglaf parla, le fils de Weohstan :
« Souvent maint comte doit par la volonté d’un seul

subir grande peine, comme il nous est advenu.
Nous ne pûmes persuader à [notre] cher souverain,
3080 berger du royaume, aucun conseil,
[pour] qu’il n’attaquât pas[354] ce gardien d’or,
qu’il le laissât coucher où il fut longtemps,
demeurer dans [son] habitation jusqu’au terme du monde ;
il poursuivit [sa] haute destinée[355]. Le trésor accumulé est
contemplé, acquis cruellement ; ce sort fut trop
sévère qui attira là ce [roi populaire].
J’ai été là-dedans et j’ai exploré tout cela,
la garniture du bâtiment, lorsqu’il me fut fait place
nullement avec douceur, que le voyage [me fut] permis
3090 là-dedans sous le rempart de terre. En hâte je saisis
de [mes] mains un fardeau puissant des biens
du trésor accumulé, je l’apportai ici dehors
à mon roi ; lors il était toujours vivant,
sage et pourvu de connaissance. Il causa d’une foule
de choses, le vieillard plein de douleur, et recommanda de vous
saluer, il ordonna que vous bâtissiez, en raison des actes de
[votre seigneur] ami, sur la place du bûcher un haut tumulus[356],
grand et fameux, comme lui fut de [tous] les hommes
le plus digne guerroyant au loin sur la terre,
3100 tant qu’il put jouir de [sa] richesse de bourg.
Ores allons une seconde [fois] nous hâter
de voir et chercher le monceau de [trésor] curieux,
le prodigieux spectacle sous [le] rempart ; je vous guiderai
[pour] que vous observiez d’assez près
les bagues et l’or épais[357]. Que la bière soit
prête, promptement façonnée, quand nous sortirons,
et portons alors notre maître, [cet]
homme chéri, là où il devra longtemps
attendre sous la garde du Gouverneur [suprême]. »
3110   Lors le fils[358] de Weohstan, le héros[359] brave à la bataille,
recommanda d’ordonner à maint d’entre les héros
maîtres de maison[360], qu’ils portassent de loin,

eux possesseurs du peuple, le bois du bûcher
vers l’excellent [chef] : « Ores les tisons devront
dévorer, la flamme sombre croître et dominer[361], le boulevard
des guerriers, lui qui souvent endura l’ondée de fer,
lorsque la tempête des traits lancés par les cordes
vola par-dessus le rempart du bouclier, [que] le carreau fit
[son] office, prompt avec son appareil de plumes, [et] seconda la flèche. »
3120 Aussitôt le circonspect fils de Weohstan
de l’escorte appela [des] vassaux du roi,
sept ensemble, les meilleurs ;
il alla, lui huitième, sous le toit hostile.
Un homme de guerre[362] portait en [ses] mains
une torche enflammée, lui qui marchait en tête.
Lors il ne fut pas [tiré] au sort qui pillerait
ce trésor accumulé, après que [les] hommes en virent
quelque partie non gardée demeurant dans la salle
[et] gisant exposée [au premier venu]. On déplora peu
3130 qu’ils emportèrent avec hâte les
objets précieux [si] chers. Ils poussèrent de plus le dragon,
lë reptile, par-dessus la falaise du rem part, ils laissèrent
la vague prendre, le flot engouffrer, le berger des joyaux.
Là l’or enroulé fut chargé sur un chariot,
[en] quantité innombrable ; [le] noble [fut] porté,
l’homme de guerre[363] grisonnant, vers Hronesnaes[364].


XLIII.


Lors pour lui la nation des Géates prépara
sur [la] terre un monceau bien solide,
ceint de heaumes, de targes de bataille suspendues,
3140 de brillantes cottes de mailles, comme il en avait fait requête ;
lors ils posèrent au milieu, eux, les héros se lamentant,
le fameux souverain, le cher seigneur nourricier.
Lors les guerroyants se mirent à allumer[365] sur le tertre
le plus grand des feux funéraires ; la fumée du bois monta
noire au-dessus de la lueur fumeuse[366], la flamme rugissante
[fut] entourée de sanglots (l’agitation des vents s’apaisa[367]),
jusqu’à ce qu’elle eût rompu là la charpente d’os
chaude [jusqu’]au fond. Affligés d’esprit

ils pleurèrent, l’humeur soucieuse, la mort violente de
3150 [leur] seigneur lige ; [la vieille] femme[368] aussi
[chanta] un chant attristé, les cheveux
attachés, [un chant] soucieux, fréquemment
[elle dit] qu’elle [redoutait] de durs jours d’insulte,
grand nombre de chutes mortelles[369], [la] terreur du guerroyant,
humiliation et captivité. Le ciel absorba la fumée.
Lors la nation des Weders construisit
un monticule sur la dune, qui fut haut et large,
visible à distance pour les voyageurs sur les lames,
et assembla en dix jours le signal
3160 du vaillant lutteur ; elle environna d’un
rempart les restes de l’incendie, comme le plus dignement
purent l’imaginer des hommes fort circonspects.
Ils placèrent dans[370] le tumulus des bagues et des bijoux[371],
tous des ornements tels que récemment des hommes
à l’esprit martial [les] avaient pris du trésor accumulé ;
ils laissèrent la terre retenir les biens de comtes,
l’or sur le gravier, où ores encore il existe
aussi inutile aux mortels qu’il le fut avant.
Lors autour du monticule chevauchèrent les enfants
3170 des nobles, braves à la bataille, douze en tout,
ils voulaient déplorer [leur] perte[372], pleurer [le] roi,
faire une complainte, et deviser du [grand] homme ;
ils marquèrent leur estime pour [sa] prouesse de comte et louèrent
hardiment[373] son œuvre de courage, comme il convient
que l’on célèbre en paroles son seigneur ami,
qu’on le chérisse de cœur, quand il doit,
lui éphémère, quitter l’enveloppe du corps[374].
Ainsi la nation des Géates gémit,
[ses] camarades de foyer, sur la chute du seigneur nourricier.
3180 Ils déclarèrent qu’il fut un [grand] roi du monde,
le plus doux des humains et le plus débonnaire aux hommes,
le plus aimable pour [ses] gens et le plus avide de louange.

  1. Kemble lit eorlas, c’est-à-dire : « Il inspira de la terreur aux comtes. » Nous prenons comtes au cours du poème dans son acception primitive de compagnons du chef, puis de chef en titre.
  2. Ou « Dieu comprit ».
  3. Ou « dû aux violences ».
  4. C’est-à-dire : pour mourir.
  5. Ou « plein d’exploits ».
  6. Mot à mot : à l’homme au javelot, c’est-à-dire à l’océan ou, comme nous pourrions dire, à Neptune
  7. C’est-à-dire : était mort.
  8. C’est-à-dire : naquit.
  9. C’est-à-dire : vinrent.
  10. C’est-à-dire : le servaient.
  11. Héorot veut dire « cerf » en raison des bois de cerf ornant le bâtiment.
  12. Rieger lit ellor-gaest, l’esprit étranger.
  13. C’est-à-dire : naquirent.
  14. Ou : aux cottes de mailles.
  15. Ou « la misère ».
  16. C’est-à-dire : le roi.
  17. C’est-à-dire : du trône.
  18. Ou « l’intention de la Divinité ».
  19. Mot à mot : d’humeur.
  20. Mot à mot : en paroles.
  21. Ou « pour l’adorer ».
  22. C’est-à-dire : avec quatorze compagnons.
  23. C’est-à-dire : le vaisseau.
  24. C’est-à-dire : le navire.
  25. Ou « la falaise de mer ».
  26. Au lieu de compléter avec Wülcker par les mots hringed-stefnan, Bugge conjecture [Hwile ic on weallc] : « J’ai été longtemps sur le rempart. »
  27. Ou « de ce que je me propose », ou encore « comme je l’espère ».
  28. C’est-à-dire : cesser.
  29. Mot à mot : plus frais.
  30. Ou « bien intentionnés ».
  31. C’est-à-dire : au roi.
  32. Nous adoptons ici l’addition au texte proposée par Grein pour rétablir l’allitération défectueuse.
  33. Hémistiche ajouté par Grein pour compléter le vers.
  34. Ou « sous le dais. »
  35. Ou « sous la sérénité » en lisant hathor avec Heyne et Socin.
  36. C’est-à-dire : de la fleur.
  37. Weland est le forgeron mythique, le Vulcain, de la légende germanique.
  38. Mot à mot : d’autant plus d’actions.
  39. Ou « battiez [les flots] de vos droites ».
  40. C’est-à-dire : un trésor.
  41. Ou « hostile ».
  42. Ou « tes frères ».
  43. Mot à mot : ton parent en chef, ou « tes parents ».
  44. Mot à mot : endort.
  45. Ou encore : « le chant » ou « la musique ».
  46. Mot à mot : était survenu.
  47. Earle dérive wan de winnan et lit : « il luttait sous les nuages ».
  48. Mot à mot : offrit.
  49. Trautmann lit : “an herewaepnan”, c’est-à-dire : armé.
  50. Ou Géates.
  51. Ou « le courroux… reposait sur [lui] ».
  52. Ou « le pavé multicolore ».
  53. Ou « la puissante fureur ».
  54. Ou « retint le parent d’Hygelac ».
  55. C’est-à-dire la terre.
  56. Karle traduit : « sa réception ».
  57. Mot à mot : « disette de bière », inspirant de la terreur.
  58. Mot à mot : où ils le pouvaient.
  59. C’est-à-dire le tuer.
  60. C’est-à-dire qu’il était invulnérable.
  61. Mot à mot : séparation de l’existence.
  62. Mot à mot : il souffrit.
  63. Mot à mot : les couvertures des os.
  64. Mot à mot : d’autant mieux.
  65. Mot à mot : l’étreinte.
  66. Earle traduit : « Hela le reçut. »
  67. C’est-à-dire : ne ravalaient.
  68. Mot à mot : chargé de.
  69. Earle traduit : word óther fand, un mot suivait l’autre, c’est-à-dire peut-être « sous forme allitérative ».
  70. Mot à mot : non petit.
  71. Mot à mot : à son jugement.
  72. Cosijn lit : aron thah, « prospéra dans les honneurs ».
  73. Cosijn lit : Fealwum mearum, « sur leurs coursiers bais ».
  74. Mot à mot : mesurèrent.
  75. Mot à mot : survienne.
  76. Mot à mot : je n’éprouverais.
  77. C’est-à-dire qu’il n’y aurait rien d’assez dur pour les entamer.
  78. Earle traduit : d'ancien renom ».
  79. Earle traduit : « qui savent voir… »
  80. Ou « de meurtrissures ».
  81. Mot à mot : les restes de limes.
  82. Earle traduit : « polies par la guerre ».
  83. Earle traduit : « et si la destinée ne s'y était opposée ».
  84. C’est-à-dire de bien et de mal.
  85. Clark Hall joint ce vers à la phrase précédente et traduit : au sujet des descendants, etc.
  86. Earle traduit : « l'un après l’autre ».
  87. Earle traduit : « sauver de l’hostilité du vassal. »
  88. C’est-à-dire les Danois.
  89. Earle traduit : « Si d’autre part… »
  90. Ou « le trésor d’or. »
  91. Mot à mot : les vases d’os.
  92. Earle traduit : « leur fleur… »
  93. C’est-à-dire une nouvelle année.
  94. C’est-à-dire arrivent avec régularité.
  95. Ou « commémorât. »
  96. Mot à mot : ne refusa pas.
  97. Muller et Earle lisant worod-raedenne traduisent : « il ne refusa pas la fraternité d’armes. »
  98. Earle traduit : « lui posa sur la poitrine l’épée Lafing. »
  99. Mot à mot : sur l'étreinte.
  100. Mot à mot : son humeur.
  101. Earle traduit : « les dames de la cour. »
  102. C’est-à-dire Hrothgar et Hrothulf.
  103. Earle traduit : « pour ses aises et son profit. »
  104. C’est-à-dire les cadavres des Géates couvraient le sol.
  105. Mot à mot : prenait le bruit. Earle traduit : « retentissait de musique. »
  106. Earle traduit : « te célébreront. »
  107. Ou sans la virgule, « les hommes liges… font… »
  108. Mot à mot : s'éveillèrent.
  109. Earle traduit : « voués depuis longtemps. »
  110. Mot à mot : loup de flamberge.
  111. Wyatt comprend : « crut à la faveur pour lui-même de la part du Tout-Puissant. »
  112. Ou : aux Cottes de Mailles.
  113. Clark Hall traduit : « ornementée. »
  114. Clark Hall traduit : « arrache l'image du sanglier en relief sur le heaume. »
  115. Clark Hall traduit : « la paume couverte de… » Th. Miller propose de lire : under heofe, au milieu de lamentations.
  116. Mot à mot : l’avant-jour.
  117. Earle traduit : « suivant son souhait sincère. »
  118. Clarke Hall traduit : « répliqua. »
  119. Mot à mot : mon camarade d’épaule.
  120. Mot à mot : de poitrine.
  121. Mot à mot : mes nationaux.
  122. Mot à mot : une merveille maligne.
  123. Mot à mot : ce sol.
  124. Earle traduit : « comme pour toi j'ai grande confiance. »
  125. Sievers ajoute au vers les mots thaer heo « là elle était allée ».
  126. Earle traduit : « les arbres sombres. »
  127. Mot à mot : sans joie.
  128. C’est-à-dire sur la mer.
  129. Mot à mot : sépara l’un d’eux de l’existence.
  130. C’est-à-dire l’entamer.
  131. Earle traduit : « sur des sentiers de terreur. »
  132. Mot à mot : un loup d’épée.
  133. Mot à mot : « porteur de sa droite [pour protéger]. »
  134. Mot à mot : « compagnons de main. »
  135. Sans doute : Goths d’orage ou des tempêtes.
  136. Mot à mot : «la plaine du fond. »
  137. Earle traduit : « salle de l’abîme. »
  138. Lisant avec Clarke Hall un gén. pl. fethe-campana au lieu du nomin. cempa, tandis qu’Earle en fait le sujet de la phrase et traduit : « le soldat champion trébucha » ; Wyatt également.
  139. C’est-à-dire la cotte de mailles.
  140. Mot à mot : se fût fourvoyé.
  141. Wyatt met ici une virgule seulement.
  142. Earle en fait un nom propre Fetelhilt.
  143. Mot à mot : à la flamberge.
  144. C’est-à-dire les vertèbres.
  145. En lisant wyscton avec Sweet, ou avec wiston, « ils savaient… »
  146. Ou « les cordes des vagues » en lisant waeg-rápas avec Kemble.
  147. Ou : « des saisons… »
  148. Earle traduit : « le combat… fit défaut. »
  149. Earle traduit : « la pièce tordue », mais non de même au vers 1616.
  150. Mot à mot : les gardes, le pluriel mis pour le singulier.
  151. Bugge lit : thaet the eorl naere, « qu’aucun comte ne naquit meilleur que toi… »
  152. Mot à mot : chacune des populaces.
  153. Mot à mot : avec prudence d’humeur.
  154. Mot à mot : ma protection.
  155. Mot à mot : « à désir à eux ».
  156. Mot à mot : ses camarades d’épaule.
  157. Mot à mot : un trésor de poitrine.
  158. Mot à mot : le jugement.
  159. Mot à mot : cette altercation.
  160. Mot à mot : Sa pensée d’humeur.
  161. C’est-à-dire : fièrement.
  162. C’est-à-dire : le mauvais œil.
  163. D’autres lisent : « L’éclat des yeux faiblira et deviendra sombre. »
  164. Ou : aux Cottes de Mailles.
  165. C’est-à-dire : la terre.
  166. C’est-à-dire : nous devrons partager.
  167. C’est-à-dire : en ce jour.
  168. C’est-à-dire : au cœur hardi.
  169. Ou d’après Grein : le hardi fils d’Ecglaf [Unferth] lui ordonna…
  170. Mot à mot : de ton affection d’humeur.
  171. Earle traduit « si je puis entreprendre pour ta satisfaction plus de travaux guerriers… »
  172. Mot à mot : des haïsseurs de toi.
  173. C’est-à-dire : de Hrothgar.
  174. C’est-à-dire : Hygelac.
  175. Mot à mot : se reposer.
  176. Oiseau de mer plongeur.
  177. Mot à mot : possesseurs de [petits] enclos.
  178. Mot à mot : ce legs d'héritage.
  179. Grein lit : yth-nacan, le navire des vagues.
  180. C’est-à-dire : pour Beowulf.
  181. D’autres lisent heah halle, noble dans [sa] grand’salle.
  182. Mot à mot : la barrière du bourg.
  183. Mot à mot : portait l’humeur [farouche]…, la violence affreuse.
  184. Mot à mot : dans le jour.
  185. Mot à mot : après la saisie par la droite.
  186. Quelques-uns traduisent scyran par « révéler ».
  187. C’est-à-dire : Offa, roi des Angles.
  188. Mot à mot : le siège des hommes.
  189. Mot à mot : il tint.
  190. C’est-à-dire : naquit.
  191. Mot à mot : ils endurèrent le voyage.
  192. C’est-à-dire : son arrivée.
  193. Mot à mot : sonores.
  194. Mot à mot : le brisait.
  195. C’est-à-dire : j’étais agité.
  196. Mot à mot : tu saluasses.
  197. Mot à mot : bientôt.
  198. Mot à mot : mon esprit d'humeur.
  199. Heyne traduit : « tandis qu’un noble descendant des Danois accompagnait l’élite…
  200. Ou : « en compagnie des Danois » si l’on lit bi werode avec Grein.
  201. Ni ce chiffre ni le chiffre XXX n’étant marqué dans le manuscrit, il est permis de supposer avec Thorpe qu’un scribe a sauté le chant XXIX et que nous avons ici en réalité le début du chant XXX.
  202. Ou : « qui les voit tous deux » en lisant the ba avec Bugge.
  203. Earle traduit : « après que l’indemnité eut échoué. »
  204. Mot à mot : les affections.
  205. C’est-à-dire : le soleil.
  206. Earle traduit : pleins de courage.
  207. Mot à mot : salua.
  208. Mot à mot : son sein.
  209. Mot à mot : s’en rappelait le nombre.
  210. Mot à mot : conseiller de jadis.
  211. Mot à mot : au large.
  212. Mot à mot : mon tranchant.
  213. Mot à mot : je retirai.
  214. Mot à mot : parents de tête.
  215. Mot à mot : sa faveur ou si l’on lit his or aerest avec Earle, « son origine ».
  216. Mot à mot : pas plus tôt.
  217. Mot à mot : marquèrent la trace de.
  218. Mot à mot : faveur.
  219. Earle traduit : « quand on distribua des anneaux ».
  220. Cosijn traduit : le seigneur des Weders.
  221. Mot à mot : les Scylfings de la Mêlée.
  222. Traduit avec des lacunes d’après le texte conjectural de Grein.
  223. Mot à mot : du gai bois.
  224. Earle, lisant gǣst au lieu de gaest, dit : « Le monstre »…
  225. Mot à mot : ne fit pour quelque chose.
  226. Earle traduit : « la ruse guerrière du reptile ne dompta nullement la force et le courage de Beowulf. »
  227. Mot à mot : éprouva l’usage de la natation.
  228. Mot à mot : de ce loup de bataille.
  229. Earle propose de lire sceoletha, des bas-fonds.
  230. Earle traduit : dans l’assemblée du peuple.
  231. Mot à mot : devint à terme à [sa vie].
  232. Earle traduit : pour son hospitalité.
  233. Mot à mot : chute de cacique ou de nation.
  234. Mot à mot : un de douze.
  235. D'autres traduisent : une certaine salle.
  236. Mot à mot : saluer.
  237. Mot à mot : séparer à part.
  238. Mot à mot : plus odieux.
  239. Ou « arrangé », si l’on lit styred avec Rieger.
  240. Bugge lit : freo-wine, « son noble ami ».
  241. Ou : descendant.
  242. Mot à mot : du bourg.
  243. Mot à mot : gardien d’héritage.
  244. Mot à mot : le meurtrier de l’existence.
  245. Mot à mot : un parent.
  246. Earle traduit : de la joie de posséder.
  247. Mot à mot : berger.
  248. Mot à mot : étreinte de bataille.
  249. Heyne lit : rethes andhattres, chaleur ardente adverse.
  250. Mot à mot : sa cotte d’armes à flamberge.
  251. Ou en lisant déor avec Bugge : « le brave ne put supporter [cela] » . . . . .
  252. Mot à mot : [son] écu targe.
  253. Ou « l’étranger affreux ».
  254. Mot à mot : Auparavant.
  255. Mot à mot : des pensants à mal.
  256. Mot à mot : ensemble.
  257. Ou « tête baissée » en lisant gescife avec Müllenhoff.
  258. Ou, si l’on lit Inges avec Thorpe : « du legs d’Ing ».
  259. Ou « péniblement pressé ».
  260. Mot à mot : un feu de carnage.
  261. Ou « autrefois excellent ». Earle traduit : « d’ancien renom ».
  262. Earle traduit : « une épreuve ».
  263. Mot à mot : voulût.
  264. Mot à mot : plaine de fond. Karle comprend : «cette entreprise».
  265. Grein lit : wyrmes willan, « par la volonté du reptile ».
  266. Ou « péril ».
  267. Earle traduit : « la parenté ne peut être détournée du devoir . . . . . »
  268. Mot à mot : droits sur le peuple.
  269. Ou : des Eotens (peut-être les Jutes).
  270. Mot à mot : son esprit d’humeur ne fondit pas.
  271. Mot à mot : qu’ils furent allés ensemble.
  272. D’autres traduisent : «Celui qui… »
  273. Bugge lit : ond meda gehet, et m’a promis des récompenses.
  274. Earle traduit : « les vieux usages du service… »
  275. Bugge ajoute au texte bealdra forgulden « ils revalaient au prince » et lit byrda scrad « un superbe costume » au lieu de « bouclier protecteur ».
  276. Mot à mot : fumée de carnage.
  277. Mot à mot : temps ou existence de jeunesse.
  278. Earle traduit : « jusqu’au centre ».
  279. D’autres traduisent : « rapidement ».
  280. « Ornée de clous », nom de l’épée de Beowulf.
  281. Nous préférons cette ponctuation à celle de Wyatt qui met ici une virgule.
  282. Earle traduit : « quand [Beowulf] eut cédé du terrain ».
  283. Mot à mot : domina.
  284. Mot à mot : de carnage.
  285. Grein lit : sige-hwila, le dernier des temps de victoire, Kemble : sithes sige-hwil, le moment de victoire de [son] aventure.
  286. Mot à mot : lui avait travaillée.
  287. Mot à mot : pensant sagement.
  288. Heyne lit heoldon, et traduit : les arches de roche renfermaient une salle…
  289. Mot à mot : par flamberge.
  290. Mot à mot : son temps de jour.
  291. Mot à mot : gardien d’héritage.
  292. Mot à mot : j’ai détenu.
  293. Mot à mot : me saluer.
  294. Peut-être « des épées », voyez au vers 4810.
  295. Mot à mot : serments pour le tort.
  296. Mot à mot : que j’ai détenue.
  297. Mot à mot : de duel.
  298. Earle traduit : dans le tumulus.
  299. Earle traduit : y prenne garde.
  300. Wyatt comprend : par habileté manuelle.
  301. Mot à mot : la plaine du sol.
  302. Earle traduit : « avait supprimé l’ancien maître [du trésor] », lisant eald hlaforde avec Rieger. Kemble traduit : le glaive revêtu de bronze.
  303. Mot à mot : bouillonnant par flamberge.
  304. Hall traduit : poussé par les joyaux.
  305. Mot à mot : malade quant à la force.
  306. Earle traduit : perçât le trésor.
  307. Mot à mot : de mon existence ancienne.
  308. Mot à mot : le Cap de la Baleine.
  309. Mot à mot : ordonna.
  310. Mot à mot : tourbillons de la mêlée.
  311. Mot à mot : des [hommes] fermes en la vérité.
  312. Le chiffre manque dans le manuscrit, mais il y a un vide.
  313. Earle traduit : les lui avait enlevés.
  314. Mot à mot : dans le pays.
  315. Mot a mot : menteurs à la foi jurée.
  316. Mot à mot : il le réveillait.
  317. Mot à mot : du premier javelot. L'on pourrait croire à une traduction du latin primipilus.
  318. Mot à mot : ennemi du cœur.
  319. Mot à mot : devra.
  320. Mot à mot : ce bourg de parents.
  321. Mot à mot : et.
  322. Mot à mot : les actes.
  323. Mot à mot : le garçon.
  324. Mot à mot : respect d’esprit.
  325. Earle traduit : contre ami et ennemi.
  326. Mot à mot : dure.
  327. Mot à mot : une armée à flot.
  328. C'est-à-dire : les Hattuarii ou Chatti.
  329. Mot à mot : le sage maritime.
  330. Mot à mot : le reliquat des épées.
  331. Mot à mot : les tranchants.
  332. Mot à mot : à l’humeur affligée.
  333. Mot à mot : l’avant-jour.
  334. Mot à mot : à soucis nombreux.
  335. C’est-à-dire : le noble Ongentheow.
  336. Mot à mot : sous.
  337. Earle relie ce membre de phrase au suivant et traduit : « les bannières d’Hygelac s’avancèrent ».
  338. Hall traduit : « firent pression contre les rangs serrés ».
  339. Mot à mot : ce coup de carnage.
  340. C’est-à-dire : d’Eofor, frère de Wulf.
  341. C’est-à-dire : Wulf.
  342. Grein lit : his leodum, à ses nations.
  343. Earle traduit : en filigrane.
  344. C’est-à-dire : sur terre.
  345. Hall traduit : la haine mortelle.
  346. À supprimer, simple répétition oiseuse du v. 2051.
  347. Mot à mot : quelque chose de seul ne…
  348. Mot à mot : le carnage.
  349. Earle traduit : son lit d'impuissance.
  350. Mot à mot : de la fin de [ses] cavernes de terre.
  351. Bugge lit : Wundordeathe, C’est par une mort prodigieuse que…
  352. C’est-à-dire : le trésor souterrain.
  353. Bugge lit gold-hwaete sans point-virgule et traduit : Il n’avait nullement éprouvé auparavant la faveur dispensatrice d’or du Maître d’une façon plus effective. »
  354. Mot à mot : ne saluât pas.
  355. Wülcker lit healdan : « tenir sa haute destinée », et Holder heoldon, « nous reçûmes la destinée voulue d’En Haut ».
  356. Mot à mot : ce haut tumulus.
  357. Mot à mot : large.
  358. Mot à mot : le garçon.
  359. Earle lit haele au pluriel et traduit : « recommanda aux braves héros d’ordonner… »
  360. Mot à mot : possesseurs d’édifices.
  361. Earle lit wascan au lieu de weaxan et traduit : laver.
  362. Mot à mot : de bataille.
  363. Mot à mot : de bataille.
  364. C’est-à-dire : le cap de la Baleine.
  365. Mot à mot : à réveiller.
  366. D’autres traduisent : la masse enflammée.
  367. Bugge lit : lec windblonda leg, « la flamme mêlée aux hurlements des courants d’air s’attisa. »
  368. Pour les vers 3150-56, nous adoptons les conjectures de Bugge et le texte tel qu’il l’a rétabli jusqu’à Heofon rece swealg.
  369. Mot à mot : chutes du carnage.
  370. Ou : « sur ».
  371. Ou : « des ornements en forme de soleil », comme aux vers 1157 et 1200.
  372. En lisant : ceare cwithan avec Grein, Bugge conjecture gen cwithan, renouveler leur lamentation.
  373. Ou : pour les vaillants.
  374. Bugge lit laenum et traduit : du corps éphémère.