Beautés de la poésie anglaise/Philippe ! ô mon Roi !

Anonyme
Traduction par François Chatelain.
Beautés de la poésie anglaiseRolandivolume 1 (p. 18-19).


Philippe ! ô mon Roi.


Avec tes yeux chàtains si grands, regarde-moi
Philippe ! ô mon Roi !
Car à l’entour de toi resplendit l’opulence
Des dignités royales de l’enfance.
Sur mon cou maternel pose ta douce main,
Sceptre invisible encor d’un amour souverain ;
Moi je suis ton Esther, à tes ordres soumise,
Jusqu’à ce que vers toi s’avance la Promise,
Philippe ! ô mon Roi !

Quand tu feras ta cour, l’œil brillante d’émoi,
Philippe ! ô mon Roi !
Quand brisant les verroux, le cœur entre deux fièvres,
Imploreront tes purpurines lèvres,
Couronne par l’amour tu régneras vainqueur,
Asseyant ton pouvoir sur quelque tendre cœur,
Oh ! régis doucement, crois-moi, ton beau royaume,
Femmes ! nous aimons tant, l’amour est notre psaume !
Philippe ! o mon Roi !

De ta bouche à ton front te regarde, et j’ai foi !
Philippe ! ô mon Roi !
J’y découvre l’esprit qui, brûlante lumière,
Sous son éclair subjuguera la terre ;
Mon Saül, mon David que je te voie un jour
Des mortels le premier dominer à l’entour ;
Et cependant ton front réclame une couronne
Plus belle encore alors que le péril la donne…
Philippe ! ô mon Roi !

Une couronne d’or ! — non ! de palmes pour toi
Philippe ! ô mon Roi !
C’est le sort de fouler un sentier plein d’épines,
Et de marcher à travers les bruïnes ;
Rebelles en dedans, ennemis au déhors,
Tâcheront de happer et ton âme et ton corps ;
Mais glorieux martyr ris-toi de ces phalanges,
Lors au trône de Dieu viendront porter les anges
Philippe ! le Roi !