Albert Savine (p. 72-89).


VII


Le ministère Olivier n’existe plus. C’est le général Cousin-Montauban, comte de Palikao, le vainqueur de la Chine, qui est le chef du nouveau cabinet. C’est un grand bien, car, ainsi que le dit M. Beaudrain, dans la situation actuelle, la plume doit faire place à l’épée.

Cedat toga armis, répète-t-il depuis deux jours.

Le nouveau ministre de la guerre est un résolu. Il a dit, en prenant possession de son portefeuille :

― « Nous avons 3,760,000 jeunes gens de vingt à trente ans. Il s’agit de mettre cette force immense à même de résister, par le nombre qu’elle représente, à l’invasion prussienne. J’en fais mon affaire. »

― « L’esprit des populations envahies est excellent, a-t-il dit aussi au Corps législatif. Une dépêche que j’ai reçue m’annonce que des dragons prussiens ayant fait une reconnaissance dans un village, des paysans organisés militairement en francs-tireurs sont sortis armés, ont tué dix dragons et ramené des prisonniers. »

La Chambre a applaudi bruyamment.

D’ailleurs, l’Autriche et l’Italie vont nous venir en aide. Après la première bataille, si le sort favorise les armes françaises, ces puissances entreront immédiatement en ligne.

Et pourquoi le sort ne nous serait-il pas favorable ? Les Prussiens qui manœuvrent autour de Metz, maintenant, sont dans une situation déplorable. Ces hordes immondes meurent de faim et sont dans la boue jusqu’au ventre.

« Ce qu’il faut, dit un journal, c’est être prêt pour la retraite des Prussiens, retraite qui, forcément, s’effectuera avant peu, et que les volontaires changeront en déroute en se jetant sur les flancs de l’armée. Surtout, pas de paix qu’on ne les ait chassés de France ! Des coups de fusil, rien de plus ! Non, dussent-ils ne rien demander en échange de leur victoire, ni un ruisseau, ni un écu, dussent-ils même nous faire des excuses, il ne faut pas subir la paix. L’âme de la France en serait humiliée et avilie pour jamais ! Ayons donc bon courage. Dieu ne laissera pas couper la France, qui est sa main droite. »

Tous les soirs, chez nous, il y a de grandes discussions politiques et stratégiques entre mon père, M. Pion et M. Legros. L’épicier-marchand de tabac tranche de l’important maintenant, et veut avoir des idées à lui : il vient d’être nommé lieutenant de la garde nationale. Çà ne fait pas l’affaire de M. Pion qui parvenait toujours, jusqu’ici, à lui faire partager ses opinions, ou au moins à lui imposer silence. Ils vont parfois jusqu’aux mots aigres-doux. Heureusement M. Beaudrain met le holà.

― Il n’est peut-être pas mauvais que nous ayons été vaincus, dit M. Legros. Nous sommes tellement bavards, nous autres, si prompts à cancaner et à dénigrer, que nous avions besoin d’une leçon.

― Alors, qu’elle vous serve, dit M. Pion.

― Je parle des Français en général, monsieur.

― Le Français en général est magnanime, monsieur, chevaleresque, monsieur. Il tue, mais il n’insulte pas. Il combat au grand jour, sans embûches et sans traîtrises..... et quant à ceux qui lui souhaitent des défaites.....

― Vous ne parlez pas pour moi, j’espère ?

― Je parle des mauvais Français en général. D’ailleurs, maintenant que vous avez acquis un grade…

― Je n’ai rien acquis du tout ! s’écrie M. Legros qui doit son grade à l’élection. On m’a librement élu, librement, vous entendez ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas présenté à l’élection, vous aussi ?

― Moi, répond M. Pion d’un air digne, moi, c’est autre chose. J’ai servi. J’ai occupé un grade élevé dans la hiérarchie militaire et je ne tiens pas, vous comprenez pourquoi, à faire partie d’une milice bourgeoise. Du reste, le gouvernement de l’empereur peut, d’un moment à l’autre, me confier un poste important…

― Ah ! oui, dans un magasin !… Car vous étiez capitaine d’habillement, n’est-ce pas ?

― À propos d’habillement, demande M. Pion qui rougit, avez-vous déjà fait faire votre uniforme de lieutenant ?

― Oui, monsieur.

― Et les galons ne vous gênent pas ?

― Vous verrez ça quand nous irons au feu ! s’écrie M. Legros furieux.

Monsieur Beaudrain intervient.

― Voyons, messieurs, voyons ; vous ne voudriez pas, au moment où l’ennemi a les yeux sur nous, donner l’exemple de la discorde, des dissensions intestines… des… des… voyons, voyons…

M. Pion se calme et M. Legros passe sa rage sur le préfet qu’il accuse de ne pas vouloir distribuer les fusils qu’on lui expédie. C’est honteux : les hommes de sa compagnie sont obligés de faire l’exercice avec des bâtons. Ils ont un fusil à piston pour douze et une baïonnette pour six. Ce n’est vraiment pas le moyen d’encourager une population qui perd déjà confiance. Si l’administration était moins bête…

― Ne calomniez pas le gouvernement impérial, fait M. Pion, sévèrement.

― Mais, fichtre de fichtre ! on prend des précautions, au moins ; on ne livre pas un département sans défense aux coups de l’ennemi… Avez-vous vu cette invitation ridicule lancée à tous les pompiers de France de venir défendre la capitale ?

— Je l’ai copiée hier, dit M. Beaudrain.

— Croyez-vous qu’on ne ferait pas mieux d’envoyer des armes aux paysans ?

— Il est peut-être déjà trop tard, fait mon père. Si on leur donnait des armes, ils ne mettraient pas longtemps à les enterrer. Pourvu qu’on ne touche pas à ce qu’ils possèdent, ils se fichent pas mal du reste, allez.

— Vous exagérez, répond M. Legros. Mais il est certain que nos populations sont bien abattues. Et si deux régiments de Prussiens, seulement, se présentaient devant Versailles, nous n’aurions qu’à leur ouvrir les portes.

M. Pion lève les épaules.

— On voit bien, monsieur Legros, que vous n’avez aucune expérience des choses de la guerre : on ne prend pas une ville comme ça.


Eh bien ! si, on prend les villes comme ça. Quatre uhlans prussiens, le 12 août, à trois heures, ont pris possession de Nancy.

La nouvelle produit une émotion profonde. Quatre uhlans ! Est-ce possible ? Nancy ! capitale de la Lorraine ! Une ville de cinquante mille habitants ! Mais il n’y avait donc plus de soldats ?

Pas un seul.

Et les citoyens ?

Ils n’avaient pas d’armes.

— Alors, hurle M. Pion, le maire de Nancy aurait dû se faire tuer !

— Pourquoi ? demanda M. Legros étonné.

— Pour l’exemple, Monsieur !

La population, comme avertie par un de ses pressentiments précurseurs des catastrophes, se décourage tout à fait. De temps en temps elle s’anime ; on dirait qu’elle a la fièvre.

Un beau jour, on s’aperçoit que, depuis dix ans, les pâturages du plateau de Satory sont affermés à des Allemands et que des gens suspects occupent les abords de l’École de Saint-Cyr. Là-dessus, on ne voit plus partout qu’espions prussiens : on jette des pierres dans les fenêtres des maisons occupées par les étrangers. Un sergent de ville, voyant un aveugle marcher lentement en tâtant devant lui le terrain avec son bâton, lui donne un croc-en-jambe « pour voir si c’est un vrai aveugle ». C’est « un vrai aveugle ». Et il tombe de toute sa hauteur sur le rebord du trottoir, si malheureusement qu’il se casse un bras.

Je n’ai pas encore vu arrêter d’espion ― mais j’ai vu arrêter un individu qu’on prenait pour un espion. ― C’était un vieux bonhomme, portant des lunettes bleues, qui descendait du chemin de fer. Comme il demandait son chemin à un cocher, le cocher, voyant les lunettes bleues et mécontent sans doute de ne pas avoir fait accepter ses services, a crié :

— C’est un espion.

On a saisi le vieillard, on l’a roué de coups, on a lacéré ses habits, on a cassé ses lunettes, et on l’a traîné chez le commissaire. Nous avons attendu plus d’une heure devant le commissariat. À la fin, le vieux bonhomme est sorti, accompagné par un agent qui l’a aidé à se rendre chez un de ses parents qu’il était venu visiter.

Si l’on perd confiance à Versailles, il paraît qu’à Paris on conserve bon espoir. Des amis qui habitent la capitale et qui viennent nous voir un dimanche, M. Arnal entre autres, s’étonnent de nous voir conserver des doutes sur l’issue de la guerre. Eux, ils n’en conservent pas. Ils sont certains du succès. Bazaine va opérer sa jonction avec Mac-Mahon et leurs deux armées n’en formeront plus qu’une seule, énorme, en face d’armées ennemies, décimées et épouvantées. Nous pouvons, d’un moment à l’autre, reprendre l’offensive sur toute la ligne. Ça dépend d’un rien.

— À Paris, disent-ils, on attend le résultat des opérations avec la plus entière confiance…

Le fait est qu’ils ne sentent guère la défaite. Ils sont gais comme des pinsons.

Leur entrain a fini par nous gagner.

Nous avons été visiter le musée, au château, avec eux. Nous nous sommes arrêtés longuement, dans la galerie des Batailles, devant les toiles qui représentent les victoires de la République et de l’Empire.

— Ah ! il y avait de rudes lapins, dans ce temps-là ! dit M. Arnal en secouant la tête.

— Des Romains, dit M. Beaudrain.

Devant le tableau qui représente la bataille d’Iéna, mon père fait halte en frappant le parquet du pied. Il a l’air mécontent. C’est son habitude, quand il arrive devant cette toile-là. Il trouve que Napoléon n’est pas ressemblant.

— Il n’y est pas ! Ah ! dame, il n’y est pas… N’est-ce pas, monsieur Beaudrain, il n’y est pas ?

— Pas tout à fait, en effet.

— Et pourtant, c’est d’Horace Vernet ! D’habitude, il le réussit bien… Ah ! ce diable d’Horace Vernet !…

Et, comme on longe une interminable galerie peuplée de statues, mon père raconte l’histoire de l’hirondelle tracée avec un bouchon noirci sur un plafond du Palais-Royal.

— Est-ce que vous croyez réellement, demande M. Arnal en se croisant les bras théâtralement, au bout de la galerie, est-ce que vous croyez que, lorsqu’on a vaincu successivement tous les peuples de l’Europe, on peut se laisser flanquer une volée par ces pouilleux de Prussiens ?… Tenez, on devrait faire visiter le musée de Versailles à toutes les troupes qui partent pour la frontière. Ça les électriserait.

Avant de rentrer à la maison, mon père fait voir à ses invités, tout à côté, la propriété qui appartient à Bazaine. Il est tout fier d’avoir pour voisin l’illustre maréchal.

Le soir, à dîner, on trinque et on retrinque aux succès de l’armée française et à la santé de l’Empereur. Au dessert, M. Arnal est un peu parti. Et, malgré les coups de coude de sa femme, il entonne :


As-tu vu Bismarck ?…


Ah ! ils sont sûrs de la victoire, les Parisiens !


Ils ont raison. Les bonnes nouvelles se succèdent. Dans la Baltique, une partie de la flotte française bloque Kœnigsberg et une autre partie, Dantzig. L’Empereur a quitté Metz, le 14, « pour aller combattre l’invasion », et le 16, le 17 et le 18, des batailles sanglantes ont été livrées aux Prussiens, dans lesquelles nous avons eu l’avantage. Dans la journée du 18, particulièrement, les Prussiens ont subi un échec considérable. Trois divisions allemandes ont été culbutées dans les carrières de Jaumont. J’ai vu, dans les journaux illustrés, des dessins d’envoyés spéciaux représentant la chute des régiments tombant les uns sur les autres, dans une horrible confusion. C’est un affreux entremêlement d’armes, d’hommes et de chevaux. Ça vous donne froid dans le dos.

On assure que, de la splendide armée du prince Frédéric-Charles, il ne reste que des débris. Et le ministre de la guerre a annoncé au Corps législatif que le corps entier des cuirassiers blancs de M. de Bismarck a été anéanti. Il n’en subsiste pas un.

Les étrangers, maintenant que nous sommes vainqueurs, ne cachent plus leurs sympathies pour la France. Le Figaro reçoit de Louvain une lettre d’un huissier qui exprime des sentiments communs à tous les Belges.

« Je ne suis qu’un huissier, dit l’auteur de cette lettre. ― Je ne suis donc pas riche.

« Tant que durera la guerre contre ces brigands de Prussiens, je vous enverrai chaque mois 20 francs, pour secourir les blessés français. Fils d’un révolutionnaire de 1830, je donne pour mon père qui n’est plus

« Courage, Français ! ― Si vous n’avez plus de chassepots, vous avez encore des couteaux et si cette dernière arme vous manque, alors… alors, il vous reste de l’arsenic !

« Faites qu’ils crèvent tous en France, tous les Prussiens qui ont eu l’audace de sortir de leurs bauges pour souiller le sol sacré de la patrie ! Ô France de 89 ! les cosaques déposent leur fumier dans vos champs, qui ne devraient être abreuvés que de leur sang !

« Je suis marié et j’ai une petite fille… Eh bien ! je prie Dieu chaque soir qu’il inspire aux Prussiens une invasion dans notre pays : j’aurais l’occasion d’en tuer.

« Au revoir, monsieur, mais chut ! ― pas une syllabe à personne ni de mon nom, ni de l’acte que j’accomplis. »

Ça vous met de la joie au cœur, des lettres comme ça. On voit qu’on n’est pas abandonné, au moins. Ces manifestations sympathiques doivent remonter rudement le moral de nos troupes. Pourtant, le 24, on apprend que Bazaine est coupé. Il est vrai qu’on annonce, aussitôt, « que le maintien des communications du maréchal avec Verdun et Châlons n’entrait pas dans les plans du commandant en chef ».

« La situation du maréchal Bazaine, dit un journal, est le résultat d’une tactique heureuse. Les Prussiens sont furieux de voir qu’il s’obstine à rester sous Metz. »

Il faut voir comme on se moque, maintenant, du roi de Prusse, de son fils ― notre Fritz ― et de ses généraux ! Quant aux simples Prussiens, ce sont des misérables qui meurent de faim ; mais la France est toujours charitable : lorsque nous les aurons vaincus ― et le jour de la victoire est proche ― nous ouvrirons une souscription pour les nourrir.

— Et pourtant, dit mon père, ces gens-là ont recours, pour escamoter la victoire, à des procédés bien odieux.

— Je crois bien ! s’écrie ma sœur, ils empoisonnent les fontaines, ils brûlent les villages, ils envoient des espions partout et il paraît même que vingt navires formidablement armés viennent de partir d’Amérique, emportant une quantité considérable de flibustiers, tous allemands ; ces pirates se proposent de débarquer dans les ports ouverts de France, et de les mettre au pillage !

— Oui ! mais à bon chat, bon rat ! ricane M. Pion qui vient d’entrer, un journal à la main. Son excellence le comte de Palikao a lu aujourd’hui à la Chambre une dépêche ainsi conçue :

« Corps franc composé de quelques Français a pénétré sur territoire badois ; trains badois manquent aujourd’hui. »

Il y a un instant de stupéfaction. Ma sœur revient la première à elle.

— Ah !… trains badois manquent aujourd’hui !… Ah ! quel bonheur !

Et, tous ensemble, de toute la force de nos poumons, nous crions :

— Vive la France ! Vive l’Empereur !

— À vrai dire, reprend M. Pion, j’avais eu déjà cette idée-là ; mais je n’avais osé en faire part à personne. Les gens sont si drôles ! Ah ! ç’aurait été un coup à tenter, pourtant : pendant que les Prussiens sont occupés en France, jeter cent mille hommes sur leur territoire !

— Oh ! oui, fait ma sœur, émerveillée.

— Ah ! j’ai eu bien d’autres idées, continue M. Pion en s’asseyant, pendant que nous l’écoutons de toutes nos oreilles. Ainsi, vous savez que, depuis le commencement de la guerre, beaucoup de soldats sont morts de fatigue : les chaussures mal faites, trop grandes, trop petites… Eh bien ! j’avais pensé à une chose…

— Faire vérifier les chaussures avant leur entrée en magasin ? insinue mon père.

— Non pas, non pas : elles n’en vaudraient pas mieux. J’avais pensé tout simplement à habituer le soldat à marcher pieds nus. Oh ! pas une longue trotte, bien entendu ; une petite promenade : deux ou trois kilomètres. D’abord sans sac, ensuite avec sac. Les troupiers s’y habitueraient facilement, voyez-vous ; ça leur serait très utile. En cas de besoin, ils pourraient se déchausser et continuer l’étape pieds nus. Ce n’est qu’une habitude à prendre : voyez les Arabes, les sauvages…

— Évidemment, évidemment, fait ma sœur. Mais je pense encore à votre première idée. Il serait peut-être encore temps de la mettre à exécution.

— Peut-être bien, répond M. Pion en tirant sa moustache.

Moi, je ne crois pas. La guerre bat son plein. C’est, depuis quelques jours, une véritable avalanche de nouvelles : des bonnes nouvelles, pour la plupart. Le roi Guillaume est devenu subitement fou. Il vient d’être reconduit à Berlin par deux officiers généraux. Sa folie a un caractère furieux : c’est le désastre de Jaumont qui en a provoqué la manifestation. Et puis, nous avons encore vaincu les Prussiens en différentes rencontres. Le Figaro annonce que nous avons remporté une grande victoire ― chèrement achetée, il est vrai ― à Grandpré.

Mais, justement, des personnes qui ont des parents à l’armée viennent de recevoir des lettres ― qui sont arrivées en bloc.

Elles ne chantent pas victoire, ces lettres. Oh ! non. Elles parlent de l’indiscipline générale de l’armée française et de l’organisation pitoyable de l’intendance militaire. Les régiments sont disloqués, bivouaquent au hasard, marchent sans ordre. Le nombreux personnel et les bagages de l’Empereur obstruent les routes et retardent de vingt-quatre heures, quelquefois de quarante-huit, la marche de l’armée.

On se les passe de main en main, ces lettres. J’en ai lu une dizaine, pour ma part ; et j’ai lu huit fois, au moins, la même phrase : « Nous avons bien des tentes, mais nous n’avons pas l’oncle. » Est-ce qu’ils se seraient donné le mot ?

Pour le calembour peut-être, mais pour le reste ?

Un journal, ce matin, publie une navrante histoire : « Hier soir, de six heures et quart à neuf heures et demie, la gare des marchandises de Reims a été mise au pillage par trois ou quatre cents traînards du corps de Failly. Ces soldats, appartenant à différentes armes, s’étaient entendus à l’avance avec une cinquantaine de revendeurs. Ils ont brisé ou ouvert près de cent cinquante wagons, ont jeté sur les voies, au risque d’amener d’horribles accidents, les tonneaux de vin et de poudre, les caisses de biscuits et de cartouches, les boulets, les obus, les barils de salaisons, les effets d’habillement et d’équipement, et aussi une grande partie des bagages de l’Empereur.

« Les revendeurs attendaient de l’autre côté de la clôture brisée. Ils payaient 20 centimes pièce les draps de l’Empereur, 50 centimes les pains de sucre. Les bagages des officiers d’un régiment d’infanterie de marine ont été pris dans la bagarre… »


Que croire ?



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