Barzaz Breiz/1846/La Marche d’Arthur/Bilingue

Barzaz Breiz, édition de 1846
La Marche d’Arthur



VIII


LA MARCHE D’ARTHUR.


( Dialecte de Comouaille. )


Allons, allons, allons au combat ! allons parent, allons fils. allons fils, allons père ! allons ! allons ! allons tous ! allons donc, hommes de cœur !

Le fils du guerrier disait à son père un matin : — Des cavaliers au sommet de la montagne !

Des cavaliers qui passent montés sur des coursiers gris qui reniflent de froid !

Rangs serrés six par six ; rangs serres trois par trois ; mille lances brillant au soleil !

Rangs serrés deux par deux , suivant les drapeaux que balance le vent de la Mort.

Neuf longueurs d’un jet de fronde depuis leur tête jusqu’à leur queue.

C’est l’armée d’Arthur, je le sais ; Arthur marche à leur tête au haut de la montagne.

— Si c’est Arthur, vite à nos arcs et à nos flèches vives ! et en avant à sa suite, et que le dard s’agite ! —

Il n’avait pas fini de parler, que le cri de guerre retentit d'un bout à l’autre des montagnes.


— « Cœur pour œil ! tête pour bras ! et mort pour blessure, dans la vallée comme sur la montagne ! et père pour mère, et mère pour fille !

« Étalon pour cavale, et mule pour âne ! chef de guerre pour soldat, et homme pour enfant ! sang pour larmes, et flammes pour chaleur !

« Et trois pour un, c’est ce qu’il fait, dans la vallée comme sur la montagne, jour et nuit, s’il se peut, jusqu’à ce que les vallées roulent des flots de sang.

« Si nous tombons percés dans le combat, nous nous baptiserons avec notre sang, et nous mourrons, le cœur joyeux.

« Si nous mourons comme doivent mourir des chrétiens des Bretons, jamais nous ne mourrons trop tôt ! » —


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