Ballades (Charles d’Orléans)/Ballade VI

Poésies complètes, Texte établi par Charles d’HéricaultErnest Flammarion (p. 122).
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BALLADE VI.

     Je cuide que ce sont nouvelles,
J’oy nouveau bruit, et qu’est ce là ?
Helas ? pourroy je savoir d’elles
Quelque chose qui me plaira.
Car j’ay désiré, long temps a,
Qu’Espoir m’estraynast de liesse,
Je ne sçay pas qu’il en fera.
Le beau menteur plain de promesse.
     S’ilz ne sont ou bonnes ou belles,
Au fort, mon cueur endurera,
En attendant d’avoir ce celles
Que Bon Eur lui apportera,
Et de l’endormye beuvra
De Nonchaloir ; en sa détresse,
Espoir plus ne l’esveillera,
Le beau menteur plain de promesse.
     Pource mon cueur, se tu me celles,
Reconfort, quant vers toy vendra,
Tu feras mal, car tes querelles
J’ay gardées, or y perra ;
Adviengne qu’avenir pourra !
Je suis gouverné par Vieillesse,
Qui de legier n’escoutera
Le beau menteur plain de promesse.


ENVOI

     Ma bouche plus n’en parlera,
Raison sera d’elle maistresse ;
Mais au derrain, blasmé sera
Le beau menteur plain de promesse.