Babolain (Max Waller)

Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 279-280).


Babolain


Dans le boudoir où rien ne bouge
Il fait d’un doux à défaillir ;
Elle me dit : Il va venir !
Qui ? — « Babolain, le diable rouge !

« J’ai fait mettre au lit parfumé
Des draps couleur moisson prochaine,
Les coquelicots, mon aimé,
Vont tomber presqu’une semaine.

« Sur la neige il pleuvra du sang,
Du sang comme en une bataille ;
Non, ne me prends pas par la taille,
Dit-elle encore — en rougissant.

« Va-t-en, rentre chez toi, sois sage,
Tu reviendras dans quelques jours
Voir si le diable est là toujours,
Et tu déferas mon corsage.


« Et ce sera si bon d’avoir
Rassemblé des économies !
Mais n’en souffle rien aux amies,
Je pourrais m’en apercevoir… »

Du cher boudoir où rien ne bouge
Qu’un tic-tac très clair et très gai,
Je suis revenu fatigué
Du passage de la Mer Rouge.