BAnQ/Émeutes de Québec de 1918/Témoignage de Séraphine Brien, veuve d'Honoré Bergeron




ENQUÊTE TENUE DEVANT LE CORONER POUR LE
DISTRICT DE QUÉBEC le 8 avril, 1918 et
les jours suivants sur les causes de la
mort de HONORÉ BERGERON, ALEXANDRE
BUSSIÈRES, GEORGES DEMEULE et ÉDOUARD
TREMBLAY.





- VOLUME 1 -


ENQUÊTE TENUE DEVANT LE CORONER POUR LE
DISTRICT DE QUÉBEC SUR LES CAUSES DE LA MORT
de HONORÉ BERGERON, ALEXANDRE BUSSIÈRES,
GEORGES DEMEULE et ÉDOUARD TREMBLAY.



SÉANCE DU HUIT AVRIL, MIL NEUF CENT DIX HUIT.


Présent :
G. W. JOLICOEUR, ECR. M. D.
Coroner.



Les Jurés étant assermentés, le Coroner leur expose les faits de la cause et procède à l’examen des témoins.


Témoignage de Séraphine Brien, veuve d’Honoré Bergeron[1]



SÉRAPHINE BRIEN, de Québec, veuve de Honoré Bergeron âgée de 46 ans, étant dûment assermentée sur les Saints Évangiles dépose ainsi qu’il suit :


Le cadavre qui fait l’objet de cette enquête est celui de mon mari, Honoré Bergeron, menuisier, âgé de quarante neuf ans.


Mon mari est revenu de son ouvrage vers six heures lundi soir. Il a soupé, et après son souper, il est parti pour aller chercher son coffre d’outils. Il est revenu à la maison entre neuf heures et demi et dix heures. En arrivant il m’a dit : « Je te dis sa mère, ça va mal au Boulevard. Les enfants sont-ils ici ? » J’ai dit : Non, c’est comme d’habitude, ils sont sortis. Il dit : Je vas voir où ils sont. Je dis : Reste donc ici, n’y va donc pas toi. Il dit : Je ne serai pas longtemps. C’est tout ce qu’il a dit.


Q. Il était sobre.


R. Oui Monsieur.


Q. Son but était d’aller les chercher ?


R. Oui.


Q. Sortir pour aller les chercher ?


R. Oui. Mon mari était sobre et en bonne santé. Le même soir on est venu me dire que mon mari avait été arrêté par la police militaire et j’ai commencé à faire des recherches pour le trouver. Je suis allée le lendemain pour aller chercher des papiers chez le Docteur Fiset. Le lendemain et toute la journée j’ai fait des recherches pour le faire sortir. J’étais sous l’impression que mon mari était dans la prison militaire. Ce n’est que jeudi dans l’après-midi que j’ai été demandée de me rendre chez M. Hubert Moisan l’entrepreneur de la Morgue et là j’ai identifié le cadavre de mon mari. C’est à ce moment là que j’ai appris qu’il était mort. Tout ce que mon mari m’a dit ce soir là, c’est qu’il y avait beaucoup de trouble au Boulevard. Il n’a pas été question que c’était une affaire préméditée. Ce soir là mes deux garçons sont sortis comme d’habitude mais je n’ai pas entendu parler d’eux-autres qu’il devait y avoir du trouble. J’ai six enfants à la maison. Le plus vieux est âgé de dix neuf ans et le plus jeune a dix mois.


Le Coroner demande aux Jurés et aux représentants des différentes parties s’ils ont des questions à poser au témoin. Sur leur réponse négative la déposition est close.



Je soussigné sténographe assermenté
certifie que ce qui précède est la transcription
fidèle de mes notes sténographiques.
Alexandre Bélinge
  1. Titre ajouté par Wikisource pour fin de présentation.