Aventures fantastiques d’un canadien en voyage/10

P. R. Dupont, imprimeur-éditeur (p. 101-117).

X

la chasse au trésor.


La récolte de l’or était abondante pour ceux qui avaient creusé le dernier puits, c’est-à-dire pour Bernard, le Parisien, Dupont et Williams.

Tous quatre travaillaient toujours avec ardeur et, chaque jour, ils récoltaient de quatre cents à cinq cents dollars.

Un matin, le changeur était venu, avait compté cinquante mille dollars entre les mains de Bernard et dit :

— J’achète votre claim, vous paye comptant… mais partez tout de suite, entendez-vous, tout de suite.

— Nous partons ! nous partons ! s’exclama Williams ; oh ! l’heureux jour et que ne vous dois-je, cher M. Ragling !

— Du calme ! fit Bernard. Partageons-nous l’argent. Nous avons cinquante mille dollars… ça nous fait douze mille cinq cents dollars chacun… plus les huit mille dollars que nous avions… soit en tout une somme de vingt mille dollars à notre actif. Que dites-vous de cela, Dupont ?

— Je dis que c’est joli.

— Et vous, Williams ?

— Je dis que j’en ai assez pour aller vivre avec Lilian.

— Bah ! vous nous quitteriez ?

— Ah ! mais, tiens, c’est vrai, je n’avais guère pensé à cela !

— Vous voyez !

— J’en parlerai à Lilian… fit le nègre, songeur.

— Faisons trêve à nos transports de joie, dit Bernard, et décidons-nous à partir.

— Où allons-nous ? demanda le Parisien,

— À Melbourne, pardieu, mettre notre fortune en sûreté, dit Dupont.

— Pourquoi ne nous rendons-nous pas plutôt à Black-Hill, fit Bernard.

— Mais notre or ? dit Williams.

— Vous le porterez sur votre dos, mon cher. Allons, en route, voilà Ragling, là-bas, qui vient prendre possession de son claim.

— Il est accompagné, fit remarquer Dupont.

— Oui.

Ragling, en effet, arrivait, accompagné de Jean Piraud.

— Comment, dit-il, en s’adressant, aux quatre amis, vous n’êtes pas encore partis ?

— Pas encore, non, mais ça ne tardera guère, dit Bernard.

— Vous pouvez tout de suite mettre monsieur à l’ouvrage, dit le Parisien en désignant Piraud, nous lui aiderons même à le mettre au fait de notre système de creusage.

— Piraud commencera à travailler quand je le jugerai à propos, répondit Ragling, d’un ton sec.

— Bien, très bien, ne vous fâchez pas, père, dit Bernard… nous partons.

— Au revoir, dit Ragling, et bon voyage,

Bernard lui tendit la main, ses amis firent de même. Le Parisien, lui, avait aussi tendu la main à son compatriote Piraud. Celui-ci lui glissa un papier et murmura : « Prenez garde. »

Le Parisien était habitué à tant d’aventures qu’il sourit à l’avertissement de son ami. Il remarqua néanmoins que Ragling les épiait. Il put, cependant, à l’insu du changeur, glisser le papier dans sa poche.

Ce jour-là, le soleil s’était levé radieux à l’horizon et promettait une journée splendide.

Les quatre amis s’éloignèrent joyeux, le cœur léger, l’esprit libre. Disons, que cette fois, ils avaient acheté des mulets. Seul, le Parisien paraissait préoccupé.

Lorsqu’ils furent éloignés et qu’ils eurent pris la route que tout le monde suivait pour aller à Black-Hill, lorsqu’enfin, ils furent hors de portée de vue des mineurs du lac Oméo, le Parisien fit arrêter ses amis :

— Messieurs, avançons tranquillement, ne nous pressons pas… d’ailleurs, faites halte, j’ai une communication à vous transmettre.

— Qu’est-ce ? fit Bernard.

— Vous vous rappelez, répliqua le Parisien, qu’en partant du lac Oméo, j’ai tendu la main à mon compatriote Piraud.

— Oui, fit Dupont, je me rappelle.

— Eh bien, ce cher compatriote m’a glissé dans la main le papier que voici, en murmurant : « Prenez garde ».

Et le Parisien avait tiré de la poche de son pantalon une feuille de papier blanc sur laquelle les quatre amis purent lire ces mots ;


« Cher compatriote,

« Je sais de source certaine que vous serez attaqué, vous et vos amis, par force supérieure, aujourd’hui même, sur la route du lac Oméo à Black-Hill. Ragling a l’intention de vous reprendre les cinquante mille dollars qu’il a déboursés. Faites bonne garde » !

Signé : Jean Piraud. »

— Le brave homme, fit Williams.

— C’est un Français, dit le Parisien, en souriant.

— Diable ! diable ! murmura Dupont, encore des obstacles sur notre route !

— Avançons toujours, dit Williams, mais avec prudence…

— Nous sommes quatre, dit Dupont, et s’ils sont vingt ?…

— Qui ? demanda Williams.

— Ceux qui doivent nous attaquer, parbleu.

— Bah ! ça ne ferait rien.

— Comment !

— Oui, Bernard en vaut bien dix, vous, le Parisien et moi, valons bien les dix autres. S’ils ne sont que vingt, nous serons à forces égales, ce me semble !

Dupont secoua la tête.

— Dieu sait, murmura-t-il, que je n’ai pas peur pour moi-même…

— Qui avez-vous donc à défendre autre que vous ? demanda le Parisien goguenard.

— Mon trésor, parbleu, dit Dupont, d’une voix dolente.

— Ce cher Dupont, fit Bernard, a peur pour son trésor, mais, ce trésor, il s’agit de le mettre en sûreté, voilà tout.

— Auriez-vous encore une idée, Bernard ? demanda Dupont anxieux.

— Peut-être, oui. J’ai bien en effet arrêté encore mon plan de défense.

— Voyons.

— Il est certain que si nous continuons à avancer, nous allons tomber dans la gueule du loup. Le mieux est pour nous de nous arrêter ici, d’aller mettre nos mulets en sûreté dans le bois, puis d’attendre. Nous aurons certainement affaire à des coupe-jarrets soudoyés par le changeur. Sont-ils nombreux ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais très bien, c’est qu’ils nous attendent, à quelque endroit de cette route. Or, quand ils seront las de nous attendre, ils reviendront sur leurs pas avec l’intention d’aller raconter à Ragling leur insuccès. Quant à nous, nous serons embusqués ici, tout près de la route, dans les buissons. S’ils font mine d’inspecter le lieu de notre refuge, nous nous défendrons. Nous avons chacun une carabine à double canon. C’est dire que nous tenons entre nos mains la vie de huit hommes. S’ils sont vingt, il en reste douze. Chacun trois, ce n’est pas trop.

— Mais le trésor ? dit Dupont.

— Ah ! tiens ! je n’y pensais plus. Et bien, mon cher, faites un trou dans la terre et déposons y les cinquante mille dollars. Il faut en effet, s’attendre à toute éventualité.

Dupont et le Parisien furent chargés d’aller mettre les mulets et le trésor en sûreté. Bernard et Williams restèrent embusqués dans les buissons, au bord de la route.

Dix minutes s’écoulèrent.

Les deux aventuriers perçurent tout à coup un léger bruit de feuilles… c’étaient Dupont et le Parisien qui revenaient.

Celui-ci alla se placer à droite de Williams, et celui-là à gauche de Bernard.

Tous quatre, couchés à plat ventre, attendirent la troupe de bandits.

Ce ne fut pas long.

Un bruit de voix confus d’abord, puis distinct ensuite, se fit entendre à l’oreille des quatre aventuriers.

— Les voilà ! fit Williams.

— Chut ! dit Bernard, écoutons.

— Pitié ! pitié ! criait une voix affaiblie, pitié ! ne me pendez pas.

— Peste ! ils veulent pendre un homme, murmura Bernard. Nous ne pouvons les laisser faire.

— Non, dit Dupont, maintenant rassuré quant à son trésor.

— Attendons encore, souffla Bernard et ne vous levez qu’à mon signal.

— Pitié ! pitié ! grâce ! suppliait toujours la même voix.

En ce moment, la troupe, composée de vingt hommes environ, s’arrêta à cinq pas seulement du lieu où Bernard et ses compagnons étaient embusqués.

— Ils sont vingt, murmura Williams, bon.

Heureusement, les bandits avaient le dos tourné aux quatre amis, sans cela peut-être eussent-ils aperçu les épaules du Canadien qui se dessinaient à travers le feuillage.

— Arthur, commanda celui qui paraissait être le chef de la troupe, grimpe donc dans ce palmier qu’il y a là-bas dernière nous et tu attacheras à la plus forte branche la corde qui doit servir à pendre ce chien.

Et le chef montrait un tout jeune homme, en larmes, couché à terre, les pieds et les mains liés.

— Ah ! les lâches ! murmura Bernard.

— Me permettez-vous, Bernard, dit Williams, d’envoyer une balle à ce monsieur Arthur qui grimpe dans le palmier, là-bas ?

— Pas maintenant, patience, nous aurons tout le temps bientôt, je crois, de brûler notre poudre.

Celui qui répondait au nom d’Arthur grimpa dans l’arbre, noua la corde à l’une des branches sur laquelle il resta assis, et attendit la fin de ce drame narquois, cynique, humant l’air.

— Tu vois cette corde, dit le chef de la troupe, en s’adressant au jeune prisonnier, eh bien, elle va sur l’heure servir à ta pendaison, si tu ne nous dis quelle route les quatre mineurs ont prise.

— Je n’en sais rien, murmura le jeune homme. Il est vrai que je tiens auberge à la fourche des deux chemins à une demi-lieue d’ici, mais je vous jure que je n’y ai vu personne.

— Tu mens ! cria le chef de la troupe. Holà ! qu’on me pende ce chien !

Deux hommes s’élancèrent près du jeune prisonnier et s’apprêtèrent à le pendre.

— Grâce ! grâce ! supplia le malheureux.

Personne ne répondit.

Soudain, deux coups de feu retentirent, et le commandant culbuta foudroyé, et Arthur dégringola de la branche où il se pavanait.

C’étaient Bernard et Williams qui venaient de tirer.

— Voilà qui est bien touché, murmura Dupont.

— Ne nous découvrons pas, dit Bernard, laissons ces bandits venir à nous et, quand ils seront à deux pas, feu !…

Toute la troupe, en hurlant, se précipita vers le buisson. Six coups de feu en sortirent et six hommes tombèrent. Puis, tout-à-coup, quatre hommes s’élancèrent

Les brigands n’avaient pas eu le temps de se reconnaître ; aussi, croyant avoir affaire à une autre troupe considérable, ils s’enfuirent.

— Malpeste ! fit Dupont, j’en ai culbuté deux à mon goût !… Hi ! Hi ! ces messieurs ont déguerpi comme s’ils eussent eu le diable à leurs trousses.

Le Parisien était occupé à délier le jeune prisonnier.

— Eh ! bien, mon ami, lui dit Bernard, vous l’avez échappé belle, je crois.

— En effet, répondit le jeune homme, sans votre courageuse intervention, j’eusse certainement trouvé la mort ici.

— Mais comment se fait-il, dit le Parisien, que la troupe de brigands vous ait fait prisonnier ?

— « J’étais assis à la porte de mon auberge, lorsque cette troupe passa.

— « Hé ! jeune homme, me demanda le chef, as tu vu passer par ici quatre mineurs montés sur des mulets ?

— « Non, que je répondis.

— « Mais il ne voulait pas me croire. On employa d’abord les menaces, puis les coups, et enfin on me fit prisonnier. Ces hommes là pensaient que je les trompais. »

— Depuis combien de temps habites-tu cette contrée ? demanda Bernard.

— Depuis deux ans.

— Seul ?

— Seul depuis six mois. Mon père, avec qui je demeurais fut tué sur cette même route du lac Oméo à Black-Hill.

— Ton nom.

— Magloire Dupont.

— Es-tu né en ce pays ?

— Non, je suis né à Nicolet, dans le district des Trois-Rivières, Canada.

— Je le pensais né à Marseille, fit remarquer le Parisien, en souriant.

— Tu es alors Canadien, dit Bernard.

— Oui, je suis canadien et que ne donnerais-je pour revoir mon pays !

— Comment tiens-tu ton auberge ?

Le jeune homme sourit.

— Mon auberge ! ah ! vous n’y trouverez rien à boire, rien à manger. Souvent, lorsque des voyageurs se trouvent sans abri, la nuit, ils viennent se réfugier chez moi et me donnent une pincée d’or ! C’est là toute ma vie… et encore faut-il que j’aille aux placers acheter ce qu’il me faut pour manger et me vêtir.

— Mais comptez-vous mener longtemps ce genre de vie ?

— Non, j’ai l’intention de me rendre demain ou après-demain à Black-Hill, et m’engager dans les mines.

— Eh bien ! nous ferons route ensemble. Mais dites donc, combien me vendez-vous votre bicoque ?

— Mais je ne la vends pas, ça ne vaut guère d’argent. Bernard fouilla dans son gousset.

— Tiens, voici cent dollars, ta bicoque est à moi.

— Mais monsieur ! fit le jeune homme surpris.

— Prends ! accepte ! dit le Canadien, cela t’aidera… il ne sera pas dit que je n’ai pas aidé un compatriote !…

— Tu portes mon nom, fit Dupont, en fouillant, lui aussi, dans sa poche… cela mérite quelque chose. Bien que tu sois né au Canada et moi à Marseille, tu es quand même un « Dupont. »

Tiens, voici cent dollars, accepte

— Tu es le compatriote d’un ami que je considère comme un frère, fit le Parisien… et tu es pauvre. Tu es Canadien, moi je suis Français. La France et le Canada sont liés, mon enfant, par des liens sacrés… Nous sommes donc un peu parents… En considération de tout ceci, j’ajoute moi aussi cent dollars… accepte…

— Tu portes le nom, dit Williams, d’un ami qui m’a autrefois sauvé la vie en Californie. Les nègres sont noirs, mais ils ont bon cœur… Tiens, voici cent autres dollars, accepte

— Ah ! messieurs, murmura le jeune homme, avec des larmes dans les yeux

— Dites donc Dupont, mais allez donc chercher les mulets. Il nous faudra partir, dit Bernard.

— En effet, dit Williams, nous sommes encore loin de Black Hill et nous n’arriverons pas ce soir.

— Bah nous coucherons à l’auberge de Magloire, dit Dupont.

— C’est cela, fit le jeune homme.

Il pouvait alors être environ trois heures de l’après-midi. Le matin, on le sait, le soleil s’était levé resplendissant et pendant toute la matinée il avait faisait une chaleur accablante.

Mais voilà que quelques gouttes de pluie commencèrent à tomber.

En ce moment Dupont revenait.

— Nos mulets ont été dévorés, dit-il, inutile de les chercher plus longtemps… mais j’ai le trésor !

— Dévorés ! dit Bernard.

— Oui, mon cher, les restes sont là-bas, allez voir.

— En ce cas, partons, et vite, voilà l’orage.

En effet, la pluie se mit à tomber avec force et plusieurs coups de tonnerre firent résonner l’écho des montagnes.

Comme les aventuriers arrivaient à l’auberge de leur nouvel ami, le vent soufflait très fort. Peu à peu il se déchaîna avec fureur contre les arbres les plus hauts, il les agitait en tout sens et en courbait par moment le sommet, au point que les branches les plus élevées se penchant jusqu’à terre, se brisaient net, ou reprenaient leur position naturelle avec un craquement formidable.

— Tout à coup, du haut des rochers, une rafale de vent s’abattit sur l’auberge avec tant d’impétuosité que la porte de la bicoque s’ouvrit avec fracas.

— Encore une rafale semblable, dit Bernard, et l’auberge s’effondre sur nous.

En ce moment, c’est-à-dire en se précipitant pour fermer la porte, Williams fut renversé comme un fétu, Dupont poussa un cri de terreur, le Parisien arma vivement sa carabine et Bernard saisit son poignard.

Une panthère venait de s’élancer dans la hutte. Elle était terrible à voir avec sa robe mouchetée, ses griffes puissantes, ses yeux ardents, ses bonds impétueux. Elle poussait des cris que leur ressemblance avec la voix humaine rendait très lugubres.

Les quatre aventuriers étaient trop habitués aux dangers de toutes sortes pour perdre la tête en une semblable circonstance. Williams se releva vivement. Dupont se remit de sa première émotion.

De tous les genres de maux qui existent, celui qui menaçait les quatre amis était sans conteste le plus affreux.

Mourir de faim ou mourir par la balle d’un fusil est une perspective très agréable en comparaison d’être mis en pièces par les dents et les griffes de ce terrible animal. Aussi les quatre aventuriers étaient-ils résolus de vendre chèrement leur vie.

— Tous ici, derrière la table, s’écria Bernard, et attention !

La panthère s’avançait doucement. Ses griffes étaient si dures et si fortes qu’elles s’enfonçaient dans le plancher à chaque pas qu’elle faisait. Les quatre amis avaient devant eux la face hideuse du monstre.

— Dupont et le Parisien, murmura Bernard, très calme, mettez l’animal en joue. Williams, prenez votre poignard. Magloire, tremblez un peu moins, mon ami, prenez la carabine de Williams et épaulez, dépêchez-vous

La panthère ne se pressait pas. Sans doute, elle n’était pas affamée…

— Faisons lui donc son affaire, tout de suite, murmura Dupont.

— Non, attendez, dit Bernard, laissons-là nous attaquer !… Visez juste !…

En ce moment, l’animal se mettait à croupeton, puis se dressait sur ses pattes ; elle s’élançait…

— Feu ! cria Bernard. En avant ! Williams…

Deux coups de feu retentirent… Bernard et Williams s’élancèrent… En un clin-d’œil, deux poignards s’enfoncèrent dans la poitrine du monstre… Un cri lamentable, un râle affreux… ce fut tout… la panthère était morte.

— Pouvons-nous maintenant fermer la porte, dit Williams, avec le plus grand sang-froid.

— Sans doute, fit Bernard.

Les quatre amis se regardèrent, étonnés. Comment, en si peu de temps, avaient-ils pu se débarrasser d’un si terrible ennemi ?…

— Avez vous de l’eau ? demanda Williams à Magloire.

— Mais oui, pourquoi donc ?

— Tu ne le vois pas, Bernard et moi avons les mains rouges du sang de cet animal !…

Personne, durant ce drame terrible, n’avait plus fait attention à la tempête. Elle continuait cependant à se déchaîner. La pluie redoublait de violence. Les coups de tonnerre devenaient plus fréquents et plus forts.

— Nous allons sans doute coucher ici, dit Dupont.

— Certes, mon ami, fit Bernard, je le crois.

— Mais le corps de cette panthère me gêne.

— N’est-ce que cela ? dit Williams.

— Oui, mon cher nègre.

— Eh bien, mon cher Marseillais, c’est peu de chose…

Et Williams, aidé de Bernard, portèrent le monstre dehors.

— Maintenant, dormons, dit Dupont…

Et les quatre amis, une minute après, couchés un peu partout dans la hutte, dormaient et ronflaient comme si rien ne se fut passé.

Magloire seul ne pouvait fermer l’œil.

Dehors, la tempête ne se ralentissait pas !…