Aux flancs du vase/Rhodante
RHODANTE
Dans l’après midi chaude où dorment les oiseaux,
Au fond de l’antre empli d’un clair murmure d’eaux,
Rhodante, nue, a fui les champs où luit la flamme ;
Et sa ceinture gît sur ses voiles de femme.
Rhodante est fine et chaude avec des flancs légers ;
Le fruit brun de son corps fait languir les bergers.
Dans son sang orageux comme un soir de vendanges
Elle roule une flamme et des fièvres étranges.
Et ses petits seins d’ambre ont des bouts violets…
Oh ! ses lourds cheveux noirs et ses rouges œillets !
Un rayon d’or tombé dans l’ombreuse retraite
A glissé dans sa chair une langueur secrète.
Elle sourit, le cœur mourant dans un soupir ;
Tout son corps amoureux s’allonge de désir.
Ses bras tordus en vain, las d’étreindre le vide,
Retombent ; des sanglots pressent son sein rapide.
Par l’attente d’un dieu ses traits semblent frappés ;
Elle arrache de l’herbe avec ses doigts crispés
Et soudain se soulève à demi, pâle et sombre…
Et les yeux d’or du faune ont pétillé dans l’ombre.