Autant en emporte le vent (Moréas)/Une jeune fille parle

Autant en Emporte le Vent (1886-1887)Léon Vanier, libraire-éditeur (p. 17-18).
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VII

UNE JEUNE FILLE PARLE

Les fenouils m’ont dit : Il t’aime si
Follement qu’il est à ta merci ;
Pour son revenir va t’apprêter.
— Les fenouils ne savent que flatter !
Dieu, ait pitié de mon âme !

Les pâquerettes m’ont dit : Pourquoi
Avoir remis ta foi dans sa foi.
Son cœur est tanné comme un soudard.
— Pâquerettes vous parlez trop tard !
Dieu, ait pitié de mon âme !


Les sauges m’ont dit : Ne l’attends pas,
Il s’est endormi dans d’autres bras.
— Ô sauges, tristes sauges, je veux
Vous tresser toutes dans mes cheveux.
Dieu, ait pitié de mon âme !