Heures du soirUrbain Canel ; Adolphe Guyot (p. 307-491).

AURÉLIE.

I

Six heures sonnaient à l’abbaye de Buzé, et tour-à-tour les horloges des bourgs épars çà et là les répétaient comme de lointains échos. Le mois de mai commençait à peine, et l’un de ses plus beaux jours éclairait la campagne. La Loire, déjà dégagée des brouillards de la nuit, réfléchissait l’éclat du soleil : belle et majestueuse, elle semblait, par ses molles ondulations, saluer la ville de Nantes, au bas de laquelle, réunissant les sept bras dont elle entoure des îles nombreuses, elle prend, dans son immense étendue, l’aspect de cette mer houleuse, où, sept lieues plus loin, elle va se jeter. Les vagues, grossies par la marée montante, bruissaient légèrement, et, se déferlant en larges plis sur l’herbe des prairies, y jetaient des flocons d’écume semblables à des boules de neige. Une foule de barques, amenées par une brise sud-ouest, remontaient le fleuve et se dirigeaient vers Nantes. À les voir courir rapidement toutes penchées, et comme prêtes à sombrer sous le poids de leurs voiles, vous eussiez été saisi d’effroi, si les chansons et les joyeuses paroles dont les mariniers faisaient retentir le rivage n’eussent écarté toute idée de danger.

En tête de cette petite flotte, dont la voilure tantôt blanche tantôt rouge s’inclinait presque horizontalement sur les eaux, on distinguait le canot d’un navire de la marine royale, et le pavillon qui flottait au-dessus de son gouvernail annonçait la présence du capitaine. En effet, debout à l’arrière, le regard fixé sur un point du rivage, il semblait y porter toute son âme. Tout-à-coup il tressaille, agite en l’air le mouchoir qu’il tient à la main, et presque au même instant le vent apporte à son oreille des sons doux et inarticulés comme ceux qu’on entend dans un rêve.

« Arrive à tribord ! » s’écrie-t-il aussitôt d’un accent précipité.

À cet ordre, les matelots, faisant force de rames, dirigent le canot vers la terre. Il n’y touchait pas encore que déjà Georges de Valmer était sur la rive et que de Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/320 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/321 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/322 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/323 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/324 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/325 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/326 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/327 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/328 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/329 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/330 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/331 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/332 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/333 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/334 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/335 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/336 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/337 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/338 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/339 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/340 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/341 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/342 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/343 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/344 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/345 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/346 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/347 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/348 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/349 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/350 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/351 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/352 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/353 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/354 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/355 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/356 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/357 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/358 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/359 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/360 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/361 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/362 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/363 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/364 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/365 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/366 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/367 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/368 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/369 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/370 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/371 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/372 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/373 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/374 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/375 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/376 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/377 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/378 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/379 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/380 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/381 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/382 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/383 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/384 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/385 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/386 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/387 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/388 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/389 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/390 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/391 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/392 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/393 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/394 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/395 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/396 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/397 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/398 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/399 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/400 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/401 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/402 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/403 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/404 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/405 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/406 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/407 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/408 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/409 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/410 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/411 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/412 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/413 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/414 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/415 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/416 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/417 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/418 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/419 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/420 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/421 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/422 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/423 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/424 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/425 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/426 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/427 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/428 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/429 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/430 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/431 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/432 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/433 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/434 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/435 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/436 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/437 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/438 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/439 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/440 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/441 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/442 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/443 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/444 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/445 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/446 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/447 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/448 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/449 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/450 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/451 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/452 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/453 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/454 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/455 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/456 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/457 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/458 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/459 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/460 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/461 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/462 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/463 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/464 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/465 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/466 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/467 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/468 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/469 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/470 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/471 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/472 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/473 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/474 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/475 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/476 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/477 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/478 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/479 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/480 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/481 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/482 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/483 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/484 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/485 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/486 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/487 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/488 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/489 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/490 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/491 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/492 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/493 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/494 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/495 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/496 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/497 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/498 Page:Collectif - Heures du soir 04.djvu/499 quoi ces acclamations de tout un peuple ?… Aurélie, des femmes arrêtent mon frère et lui présentent des fleurs ; oh ! quelle satisfaction semble l’animer !… Que s’est-il donc passé depuis une heure ?… »

Cette heure venait de rendre à Valmer tout l’éclat de sa vie : il sortait de sa cruelle épreuve complètement justifié ; tandis qu’Édouard fuyait, poursuivi par les imprécations de la foule, qui, si on ne l’eût contenue, l’eût écrasé…

« Cours, chère Élise, cours au-devant de Valmer, dit Aurélie, prépare-le à me voir ; je vais moi-même rassembler toutes mes forces pour supporter tant de joie. Mon Dieu ! mon Dieu ! encore un moment avant de rappeler mon âme à toi… »

Passé, avenir, craintes, espérances, bientôt tout se confondit, tout fut oublié ; car Georges et Aurélie, pressés dans les bras l’un de l’autre, concentraient dans un baiser le bonheur de toute leur existence…

. . . . . . . . . . . . . . .

Et maintenant taisons-nous : ne retraçons pas des scènes de désespoir et de deuil ; laissons en paix les tombeaux.

— FIN. —