Augustin d’Hippone/Locutions employées dans l’Heptateuque/Locutions tirées du Deutéronome


LIVRE CINQUIÈME.
LOCUTIONS TIRÉES DU DEUTÉRONOME.




Chapitre I.7. Usque ad flumen magnum, flumen Euphratem[1] ; on n’a pas dit : Usque ad flumen magnum Euphratem.

17. Et judicium quod durum fuerita vobis, afferetis illud ad me[2]. Au lieu de dire quod durum fuerunt vobis, on a mis a vobis, comme s’il y avait : ira durum, ut a vobis judicari non possit. 35,36. Si videbit aliquis virorum istorum terram optimam have, quam juravi patribus eorum, praeter Chaleb filius Jephone, hic videbit eam[3]. Nous avons déjà trouvé cette locution au livre des Nombres[4] ; elle consiste à mettre le nominatif filius, là où il fallait dire avec l’accusatif, praeter Chaleb filium Jephone.

Chapitre II. — 7. Dominus enim Deus vester benedixit te in omni opere manuum tuarum[5]. On n’a pas dit benedixit vos in omni opere manuum vestrarum, quoiqu’on ait mis auparavant vester, et non pas tuus.

24. Nunc ergo surgite, et promovete, et pertransite vos vallem Arnon ; ecce tradidi in manus tuas Seon regem Esebon[6]. On n’a pas mis in manus vestras; mais on a passé du pluriel au singulier.

Chapitre IV.7. Quoniam quae est gens magna, cui est ei Deus appropians illis[7]. Il y a ici deux choses à remarquer : la première c’est qu’on a dit : cui est ei ; la seconde, c’est qu’on n’a pas dit : appropians illi, mais illis.

12. « Vous n’avez aperçu aucune forme, mais seulement une voix. » La voix ne peut pas tomber sous le sens de la vue ; mais, comme si tous les sens avaient la faculté d’apercevoir, on emploie ce mot pour désigner en général, toute perception sensible. 5,14. In quam vos ingredimini illo, haereditare eam[8]; le sens eût été complet sans illo.

20. « Et il vous tirera de la fournaise de fer de l’Egypte. » Par « la fournaise de fer, » on a voulu dire : une dure oppression. Le psalmiste s’est servi de la même figure, en disant de Joseph : « Le fer a traversé son âme[9]. »

22. « Je ne passerai pas ce Jourdain, » comme s’il y avait un autre fleuve de ce nom. C’est la même locution, je crois, qui fait dire souvent ce monde, comme s’il en existait un autre. 25 : « Si vous engendrez des enfants, et des « enfants de vos enfants. » Remarquez cette locution, en vertu de laquelle on dit des aïeuls qu’ils engendrent leurs petits-fils.

29. Et quaeretis ibi Dominum Deum vestrum ; et invenietis eum, quando exquiretis eum ex toto corde tuo, et ex tota anima tua in tribulatione tua[10] ; on ne lit pas in toto corde vestro et in tota anima vestra, in tribulatione vestra.

32. Interrogate dies priores, qui fuerunt priores te[11]. Diesest mis pour homines. Remarquons encore que après, avoir commencé par le pluriel interrogate, on termine par le singulier priores te, tandis qu’il fallait dire priores vobis.

34. Si et tentavit Deus ingressus accipere sibi gentem de media gente[12]. Tentavit est mis pour voluit, ou tout autre mot ayant le même sens. Et lorsqu’on lit de media gente, il faut entendre de mediis gentibus; c’est le singulier employé pour le pluriel, comme qu’d nous avons vu serpens, rana, locusta, mis pour serpentes, ranae locusta. Ibid. Secundum omnia quae fecit Dominus Deus vester in Aegypto eorum te vidente[13]; on pouvait se dispenser de mettre vidente, qui n’ajoute rien au sens.

Chapitre V.5. Et ego stabam inter Dominum et vos in tempore illo, annuntiare vobis verra Domini ; quoniam timuistis a facie ignis, et non ascendistis in montem, dicens : Ego sum Dominus Deus tuus, etc.[14]; dicens est mis pour cum diceret.

14. Et advena qui incolit in te[15]. Ces paroles s’adressent au peuple, et non à un seul homme ; car ce n’est qu’au milieu du peuple que l’étranger pouvait demeurer.

15. Propter hoc constituit tibi Dominus Deus tuus, ut observes diem sabbati, et santificare eum[16]. Si la conjonction et était supprimée, on ne s’écarterait pas, ce semble, de l’usage, en disant : ut observes diem sabbati sanctificare eum. On pouvait mettre encore : ut observes diem sabbati, et sanctifices eum; ou bien : propter hoc constituit tibi Dominus Deus tuus observare diem sabbati, et sanctificare eum. Mais puisqu’on lit : ut observes diem sabbati, et sanctificare eum, il faut reconnaître dans cette phrase une locution inusitée, qu’il est bon de signaler.

Chapitre VI.13. Attende tibi ne dilatetur cor tuum, et obliviscaris Domini Dei tui[17]. Dilatatio cordis peut donc se prendre aussi en mauvaise part. La joie a certainement pour effet de dilater le cœur ; la tristesse au contraire le resserre ; mais l’une et l’autre peuvent se prendre en bonne et en mauvaise part.

20. Et erit, cum interrogaverit te filius tuus cras dicens[18]; cras marque ici un temps futur indéterminé.

Chapitre VII.1. Septem gentes magnas et multas[19]. Comment a-t-on pu dire multas, si ces nations ne sont qu’au nombre de sept ? Multasest donc mis pour multitudinem habentes.

2. Non dispones ad eos testamentum[20]; il s’agit ici de peuples ; testamentumest donc mis pour pactum. 3,4. « Vous ne permettrez pas à vos fils d’épouser leurs filles ; car elles détourneraient vos fils de mon culte, pour leur faire adorer des dieux étrangers, et le Seigneur entrerait en colère contre vous. » Le Seigneur comme s’il parlait d’un autre que lui-même, ne dit pas : « J’entrerai en colère. »

Chapitre IX.1. « Des villes très-grandes, et dont les murailles s’élèvent jusqu’au ciel ; » c’est là une hyperbole.

4. Ne dicas in corde tuo, cum consumpserit Dominus Deus tuus gentes istas ante faciem tuam, dicens : Propter justifias meas induxit me Dominus haereditare terram bonam istam[21]. Voici l’ordre naturel des paroles : ne dicas in corde tuo dicens.

28. Ne quando dicant inhabitantes terrant, unde eduxisti nos inde[22]. L’addition de inde est une forme particulière à l’Écriture.

Chapitre XI.3. Quae fecit virtutem Aegyptiorum[23]. Quelques traducteurs latins, ne saisissant pas parfaitement le sens de cette phrase, n’ont pas voulu dire virtutem : mais comme le mot grec dunamisa quelquefois la signification de exercitus, ils l’ont rendu par virtuti ou exertui. Il y a cependant de l’élégance dans cette locution : quae fecit virtutem eorum; c’est comme si l’on disait quid eam fecit, ce que le Seigneur en a fait, pour indiquer que le Seigneur fa réduite à néant. Toute la difficulté vient de ce que le pronom relatif est exprimé au pluriel.

6. Quos aperiens terra os suum deglutivit eos, et domos eorum, et tabernacula eorum[24]. Il y a ici deux locutions : la première consiste dans l’addition de eos, mot que le pronom quos, exprimé au commencement, rendait inutile ; la seconde consiste dans les mots domos eorum, ajoutés à tabernacula eorum, comme si les Israëlites avaient eu dans le désert d’autres habitations que des tentes. Mais, en parlant de leurs maisons, on a voulu sans doute désigner les personnes de leurs familles ; de même que le prophète désigne tout le peuple, quand il dit : Et nunc tu, domus Jacob[25]. Cette locution n’est pas étrangère à la langue latine ; et Virgile lui-même appelle les Romains domus Assaraci[26], parce qu’ils descendent du Troyen Assaracus.

7. « Parce que vos yeux ont vu toutes les œuvres merveilleuses, que le Seigneur a faites aujourd’hui au milieu de vous. » Il s’agit des prodiges qui ont été opérés dans le désert, pendant les quarante ans que les Israëlites y ont demeuré ; et cependant Moïse dit : « aujourd’hui. » Ce mot désigne donc tout ce laps de temps, quel que soit le nombre des années qui le composent.

9. « La terre que le Seigneur a juré de donner à vos pères et à leur postérité après eux. » Entendez : « c’est-à-dire à leur postérité après « eux ; » car ce n’est pas à eux personnellement qu’elle a été donnée ; mais ils l’ont seulement possédée dans la personne de leurs descendants.

13. Si autem auditu audieritis omnia mandata ejus, qua ; ego mando tibi hodie[27]. On pourrait supprimer auditu; mais c’est une locution très-familière aux livres saints.

14. Et dabit pluviam terrae tuae in tempore suo matutinum et serotinum2. Comme matutinum tempos signifie le commencement du jour, n’aurait-on pas voulu désigner par cette expression la première époque de l’année ? Le mot serotinum, est moins latin ; mais il n’y avait pas d’autres terme qui rendit aussi fidèlement la signification du grec opsimon. On s’en sert très-souvent, il est vrai mais dans le sens de tardif, tandis que, ici, il marque plutôt une certaine époque de l’année. 15,16. Et cum comederis et satiatus fiteris, attende tibi ipsi ne dilatetur cor tuum, et praevaricemini, et serviatis diis aliis[28]. Nous avons déjà signalé plus haut des locutions semblables, où l’on passe du singulier au pluriel, et où dilatetur est pris en mauvaise part, pour signifier une prospérité dont on abuse.

24. Et flumen magnum, flumen Euphratem[29]. Ces sortes de locutions sont très-fréquentes dans l’Écriture et rendent la pensée avec beaucoup de grâce.

25. « Le Seigneur votre Dieu répandra votre crainte et votre terreur par toute la terre. » Il ne s’agit pas ici de la crainte ou de la terreur que les Israëlites auraient éprouvée eux-mêmes, mais de celle qu’ils devaient inspirer aux autres.

Chapitre XII.17. « Tu ne pourras pas manger dans tes villes la dîme de ton blé, » c’est-à-dire : vous ne devrez pas.

Chapitre XIII.16. Et incendes civitatem in igni[30]; l’usage de notre langue demandait que l’on mit simplement igni.

Chapitre XIV.24. Si autem longe fuerit via a te[31] ; c’est comme s’il y avait longa via fuerit; l’adverbe est mis pour l’adjectif.

Chapitre XV.6. Et fœnerabis gentes multas[32]. Fœneratio, dans l’Écriture, signifie l’action de prêter de l’argent, quand même on n’en tirerait aucun intérêt. On en voit une preuve dans ce passage des psaumes : Beatus qui miseretur et commodat[33]; car là où les traducteurs latins, plus attachés au sens qu’aux paroles, ont employé le mot commodat, le grec porte daneixeiauquel correspond parfaitement le mot latin fœneratur. Ibid. Et principaberis gentium multarum, tui autem non principabuntur[34]; c’est comme si l’on disait : tibi non dominabuntur, proposition dont le sujet est gentes. Car toi est le génitif singulier du pronom ; qui fait tibi au datif ; il ne faut pas le confondre avec le nominatif pluriel de l’adjectif qui a pour génitif tuarum.

7. Si autem fuerit in te egenus in fratribus tuis[35]. Ces paroles ne s’adressant pas à un seul individu, mais à un peuple, on a pu dire in te. 7,8. Si autem fuerit in te egenus in fratribus tuis in una civitatum tuarum, in terra quam Dominos Deus tuus dat tibi, non avertes cor tuum, neque constringes manum tuam a fratre tuo egente ; aperiens aperies manus tuas ei, fœnus fœnera : bis ei quantumcumque postulat, et quantum eget[36]. Dans une loi qui prescrit des œuvres de miséricorde, il n’y a pas de place, évidemment, pour les cruelles exigences de l’usure : par les mots fœnus fœnerabis ei, il faut donc entendre l’obligation de prêter gratuitement les choses demandées. En outre, les expressions aperiens aperies manus tuas, aussi bien que celles-ci fœnus fœnerabis, présentent une locution familière à l’Écriture.

17. Après avoir prescrit de percer l’oreille au serviteur, la loi ajoute : Et ancillam tuant facies similiter[37], ici l’accusatif est mis pour le datif ; car l’usage de notre langue demandait : ancillae tuae facies.

21. Si autem fuerit in eo vitium, claudum aut caecum, vel omne vitium manum[38]. On n’a pas mis claudicatio aut cœcitas, qui sont les défauts eux-mêmes, mais claudum aut cœcum, qui se disent, non des défauts, mais des animaux qui ont ces 365 défauts. Remarquez encore comment on dit vitium malum, comme s’il pouvait y avoir un défaut qui fût bon.

Chapitre XVI.4. Et non dormiet de carnibus, de quibus immolaveritis vespere die primo usque in mare[39]; dormiet est mis pour non remanebit ea nocte.

Chapitre XVII.1. Non offeres Domino Deo tuo vitulum vel ovem, in quo est in ipso vitium[40]; la forme régulière était in quo est vitium; mais la locution citée est plus familière à l’Écriture.

5. Et lapidabis eos in lapidibus, et morientur[41]; les règles de notre langue veulent simplement lapidibus, et non pas in lapidibus.

15. « Vous ne pourrez pas prendre pour votre chef un étranger, quine soit pas votre frère. » Ces mots « vous ne pourrez pas » sont mis pour « vous ne devrez pas. »

17. Non multiplicabit sibi equum[42] ; equum est mis pour equos ou equitatum : aussi plusieurs ont-ils traduit par equitatum.

Chapitre XVIII.16. Secundum omnia quae petiisti a Domino Deo tuo in Choreb, in die eonvocationis dicentes[43]. Après avoir dit d’abord petiisti, on a mis ensuite dicentes, au lieu de dicens.

Chapitre XX.4. Quoniam Dominus Deus vester qui praecedit, vobiscum[44]; on n’a pas mis vos.

Chapitre XXII.6. « Si vous rencontrez devant vous sur votre chemin un nid d’oiseaux. » Ainsi l’Écriture se sert du mot « rencontrer » à l’égard d’une chose qui est sans mouvement.

8. Si autem aedificaveris domum novam, facies coronam solario tuo, et non facies homicidium in domo tua, si cadat qui cecidit ab eo[45] ; c’est comme s’il y avait a solorio cadat qui cecidit; cette locution est tout-à-fait inusitée.

Chapitre XXIV.2,3. « Si, étant sortie, elle épouse un autre mari, et que le dernier mari la prenne en aversion. » Il est à remarquer que, de deux hommes, le second est appelé « le dernier. » Cette locution se voit encore dans l’Évangile lorsque, à cette question : « Lequel des deux frères a accompli la volonté de son père, » on répond que c’est le dernier quoiqu’ils ne soient que deux[46].

6. Non pignerabis molam, neque superiorem lapident molce, quia animant iste pignerat[47] ; c’est comme s’il y avait : quia animam pigneras si feceris. Remarquez ensuite le mot animant employé pour désigner cette vie, qui résulte de l’union de l’âme et du corps. La même locution reparaît dans ce passage de l’Évangile : Nonne anima plus est quam esca[48].

7. Si autem deprehendatur homo furans animam ex fratribus suis finis Israël[49]. Animam est mis pour hominem. On lit ensuite : Et opprimens eum vendiderit[50]; c’est là une locution qui mérite aussi d’être signalée : en effet au lieu de mettre eam, ce qui eut été plus logique, puisque ce mot se rapporte à animam, on a mis eum, qui tient la place de hominem représenté par animam.

10. Si debitum fuerit in proximo tuo, debitum quodcumque[51]. La répétition de debitum, est une locution à signaler.

Chapitre XXV.7. Si autem noluerit homo accipere uxorem fratris sui, et ascendet mulier in porta ad senatum, et dicet : Non vult frater viri mei suscitere nomen fratris sui in Israël, noluit frater viri mei[52]. Il est reconnu que l’Écriture aime les répétitions des mots ; celle que nous signalons ici, l’une des moins usitées, exprime avec beaucoup d’art la vivacité de la plainte. Chapitre XXVII.

21. Maledictus omnis qui dormierit eum omni pecore[53]; dormierit a le sens de concubuerit Ensuite eum omni pecore est mis pour eum quolibet pecore.

Chapitre XXVIII.48. « Vous servirez les ennemis, que le Seigneur votre Dieu suscitera contre vous » Le grec porte latreuseis,qu’on a rendu par « vous servirez : » or dans l’Écriture ce mot s’entend ordinairement du service ou culte qui est dû à Dieu, si bien que l’on donne le nom d’idolâtres à ceux qui rendent ce genre de service aux idoles ; ce terme est donc pris ici dans un sens différent de celui qu’on y attache ordinairement. Cependant, il est possible qu’il ait, même ici, la signification ordinaire : car on prédit aux 366 captifs des maux si grands et si nombreux qu’on peut les supposer violemment contraints de rendre les honneurs divins à des ennemis, dont l’orgueil était porté à son comble.

49. Gentem cujus non audies vocero ejus[54]. Remarquez d’abord que l’on dit en même temps cujuset ejus suivant la coutume de l’Écriture ; et ensuite que la phrase cujus non audies vocero équivaut à celle-ci : cujus linguam non intelliges. 51,53. Mollis in te et tenera valde fascinabit oculo suo fratrem suum et uxorem quae est in sinu ejus, et qui reliqui sunt fillii quicumque relicti fuerint illi, ita ut det uni ex eis a carnibus filiorum suorum de quibuscumque edet, eo quod non derelictum sit ei quidquam in angustia et tribulatione, qua tribulabunt te inimici tui in omnibus civitatibus tuis[55]. Remarquez ici l’emploi de fascinabit dans le sens de invidebit. Une mère sera jalouse de celui qui semble n’avoir survécu, que pour exiger sa part de la chair de ses enfants, horrible nourriture dont les parents seront obligés de se repaître. C’est ainsi qu’au livre des Proverbes, les versions latines ont mis : Non cœnabis cum viro invido[56], là où le grec porte andri baskano ; or baskanos a pour synonyme fascinus.

63. Et erit sicut laetatus est Dominus in vobis, benefacere vobis[57]. Le grec porte benefacere vos ; et cette locution n’est même pas grecque. On voit que l’accusatif est mis pour le datif : et à cause de cela, les traducteurs latins ont préféré dire vobis, que de mettre l’accusatif vos. Chapitre XXIX. — 2,3. Vos vidistis omnia quae fecit Dominus Deus vester in terra Aegypto coram vobis Pharaoni et servis ejus omnibus et omni terre illius, tentationes magnas quas viderunt oculi tui[58] ; il faut remarquer le nom de tentationes donné aux plaies d’Egypte.

Chapitre XXX.4. « Quand même vous seriez dispersés d’une extrémité du ciel à l’autre, le Seigneur votre Dieu saura bien vous rassembler. » Il y a tout lieu de croire, que cette expression « d’une extrémité du ciel à l’autre » a le même sens que cette autre formule plus communément employée : d’un bout du monde à l’autre. Ce qui semble justifier cette locution, c’est que l’on donne souvent le nom de ciel à cette atmosphère, qui nous environne et qui touche la terre. 12,13. Non in caelo est, dicens : Quis ascendet in caelum, et accipiet nobis illud, et audientes illud faciemus ? Neque trans mare est, dicens : Quis transfretabit nobis trans mare, et accipiet nobis illud, et audientes illud faciemus[59]? Dicens est mis pour ut dicas, c’est une locution nouvelle.

Chapitre XXXI.

8. Et Dominus qui comitatur tibi tecum[60].

16. « Et le Seigneur dit à Moïse : Bientôt tu dormiras avec tes pères ; » ces paroles expriment la mort prochaine de Moïse.

27. Amaricantes eratis quae ad Deum[61] ; c’est comme s’il y avait : amaricabatis ea quae Dei sunt.

29. Scio enim quia post obitum meum iniquitate iniquitatem facietis[62]. Le grec se sert du seul mot anomesete, pour signifier iniquitatem facietis. Ibid. Et occurrent vobis mala novissimorum dierum[63]; ainsi porte le grec qui revient à in novissimis diebus, ou bien in novissimo dierum.

Chapitre XXXII.6. « N’est-ce pas lui, votre Père, qui vous a possédé, qui vous a fait et vous a créé ? » L’ordre des paroles est à remarquer : il semble qu’on devait dire d’abord « qui vous a créé et qui vous a fait, » et après seulement : « qui vous a possédé. » Le moyen, en effet, de posséder une chose qui n’existe pas encore ?

14. « Avec la graisse des reins du froment. » C’est une métaphore tout-à-fait inusitée, de dire « les reins du froment, » pour signifier l’intérieur du grain de blé, d’où est tirée la farine comparée à la graisse. Cette comparaison est familière à la langue grecque. Nous en avons la preuve dans ce passage de l’Exode : Elevantes farinam super numeros suos[64], où les Septante ont employé le mot steata, qui signifie graisse.

20. Filii in quibus non est fades in eis[65] ; cette locution est d’un usage commun dans l’Écriture.

36. Quoniam judicabit Dominus populum suum, et in servis suis consolabitur[66] ; c’est comme s’il y avait servos suos consolabitur. À moins qu’on ne prenne, ce verbe dans le sens passif, pour signifier que le Seigneur se consolera des offenses, par lesquelles les méchants provoquent son indignation et sa colère. Mais alors il faut entendre la consolation en Dieu autrement que dans les hommes, comme on le fait pour la colère, la jalousie, et les autres sentiments.

37. Ubi sunt dii eorum, in quibus fidebant in ipsis[67]. Le sens eut été aussi complet sans in ipsis.

40. Et jurabo dexteram meam[68] ; c’est comme s’il y avait per dexteram meam.

42. (Chez les Septante). « Cieux réjouissez-vous avec lui ; et que tous les anges de Dieu l’adorent:» d’autres exemplaires portent « et que tous les enfants de Dieu l’adorent. » On trouverait difficilement dans les Saintes Écritures des exemples semblables, où le nom d’enfants de Dieu fût donné aux anges qui sont dans le ciel.

  1. Jusqu’au grand fleuve de l’Euphrate.—2 Et pour les causes qui vous paraîtront difficiles à juger vous me les soumettrez.
  2. Et là vous chercherez le Seigneur votre Dieu ; et vous le trouverez, pourvu que, dans votre affliction, vous le cherchiez de tout votre cœur et de toute votre âme.
  3. Aucun de ces hommes ne verra cet excellent pays, que j’ai promis à leurs pères avec serment, excepté Chalep, fils de Jéphoné, qui le verra.
  4. Ch. 32,12
  5. Car le Seigneur votre Dieu vous a béni dans toutes vos entreprises.
  6. Maintenant donc levez-vous et marchez, et passez la vallée d’Arnon ; car j’ai livré entre vos mains Séon, roi d’Esébon.
  7. Car, quelle est la nation, quelque puissante qu’elle soit, qui ait son Dieu si près d’elle.
  8. Dans laquelle vous allez entrer pour en prendre possession.
  9. Psa. 104,18
  10. Et là vous chercherez le Seigneur votre Dieu ; et vous le trouverez, pourvu que, dans votre affliction, vous le cherchiez de tout votre cœur et de toute votre âme.
  11. Interrogez les siècles passés, qui vous ont précédés.
  12. Si un Dieu est venu se choisir un peuple du milieu des nations.
  13. Selon tout ce que le Seigneur votre Dieu a fait en Égypte sous vos yeux.
  14. Je fus alors votre médiateur auprès du Seigneur, pour vous transmettre ses paroles ; car vous avez été saisis de frayeur à la vue du feu et vous n’êtes pas montés sur la montagne, lorsqu’il vous disait : Je suis le seigneur votre Dieu, etc.
  15. Et l’étranger qui habite au milieu de vous.
  16. C’est pourquoi le Seigneur votre Dieu vous a prescrit de garder et de sanctifier le jour du Sabbat.
  17. Gardez-vous de mettre votre cœur au large, et d’oublier le Seigneur votre Dieu.
  18. Et plus tard lorsque vos enfants vous demanderont
  19. Sept nations grandes et nombreuses.
  20. Vous ne ferez point d’alliance avec eux.
  21. Après que le Seigneur votre Dieu aura détruit devant vous toutes les nations, ne dites pas : C’est à cause de ma justice que le Seigneur m’a mis en possession de cette terre excellente.
  22. De peur que les habitants du pays, dont vous nous avez tirés, ne disent.
  23. Ce que le Seigneur a fait de la puissance des Égyptiens
  24. La terre, s’étant entrouverte, les engloutit avec leurs maisons et leurs tentes.
  25. Maison d’Assaraeus (Eneid. 1, v. 288).
  26. Mais si le chemin est trop long pour toi.
  27. Mais si vous êtes fidèles à observer les commandements que je vous fais aujourd’hui.
  28. Lorsque vous aurez eu les biens.de la terre abondance et que vous serez rassasiés, gardez-vous de mettre votre cœur au large et de violer mon alliance, en adorant des dieux étrangers.
  29. Et le grand fleuve de l’Euphrate.
  30. Tu brûleras la ville.
  31. Mais si le chemin est trop long pour toi.
  32. Tu prêteras à beaucoup de nations.
  33. Bienheureux celui qui exerce la miséricorde et qui prête (Ps. 111,5).
  34. Tu auras l’empire sur beaucoup de nations, et personne n’aura l’empire sur toi.
  35. S’il y a au milieu de toi un de tes frères, qui soit réduit à l’indigence
  36. Si en quelqu’une de tes villes, dans le pays que le Seigneur ton Dieu va te donner, un de tes frères est réduit à l’indigence, tu n’endurciras pas ton cœur, et tu ne resserreras pas ta main à son égard ; tes mains s’ouvriront pour lui, et tu lui prêteras tout ce qu’il te demandera, et tout ce dont il aura besoin.
  37. Tu feras la même chose à ta servante.
  38. S’il a une tache, s’il est boiteux ou aveugle, ou s’il a un défaut quelconque.
  39. Et il ne restera rien, pour le lendemain matin, de la chair de la victime qui aura été immolée le soir du premier jour.
  40. Vous n’immolerez point au Seigneur votre Dieu un veau ni une brebis, qui ait quelque défaut.
  41. Vous les lapiderez, et c’est ainsi qu’ils mourront.
  42. Il ne réunira pas un grand nombre de chevaux.
  43. Selon la demande que vous avez faite en ces termes au Seigneur votre Dieu, auprès de fa montagne de Choreb, au jour où le peuple était assemblé.
  44. Parce le Seigneur votre Dieu, qui marche devant vous.
  45. Si vous bâtissez une neuve maison, vous ferez un appui autour du toit, et de cette manière vous ne serez pas responsable de la mort qu’un homme pourrait trouver dans votre maison, s’il venait à tomber du toit.
  46. Mat. 21,31.
  47. Vous ne recevrez pas pour gage la meule de dessus ou de dessous, parce que celui qui vous l’ogre engage sa propre vie.
  48. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture ? (Matt. 6,36).
  49. Si quelqu’un est convaincu de s’être emparé injustement d’un de ses frères, enfant d’Israël.
  50. Et de l’avoir entraîné par force et vendu.
  51. Si votre prochain vous doit quelque chose.
  52. Mais si un homme refuse d’épouser la femme de son frère, celle-ci ira à la porte de la ville, et dira aux anciens : Le frère de mon mari ne veut pas conserver le nom de son frère en Israël.
  53. Maudit soit celui qui pèche avec une bête.
  54. Une nation dont vous n’entendrez pas la langue.
  55. On verra au milieu de vous la femme, habituée à la vie la plus molle et la plus délicate, regarder d’un œil jaloux son frère et la femme de son frère, et ses propres enfants qui lui sont restés, et ne leur donner qu’à regret de la chair de ses enfants qu’elle sera contrainte de manger, parce qu’il ne lui restera rien autre chose, dans l’état de détresse et de misère, où vos ennemis vous réduiront dans l’enceinte de nos villes.
  56. Ne mangez pas avec l’homme envieux.
  57. Et de même que le Seigneur s’est plu à vous combler de ses faveurs.
  58. Vous avez vu tout ce que le Seigneur votre Dieu a fait devant vous en Égypte à Pharaon, à tous ses serviteurs, et à tout son peuple ; vos yeux ont vu les grandes plaies, par lesquelles il les a éprouvés.
  59. Il n’est point dans le ciel, pour que vous puissiez dire : Qui est celui qui montera au ciel et nous l’apportera, afin qu’en l’entendant nous puissions l’accomplir ? Il n’est pas non plus au-delà des mers, pour que vous soyez en droit de dire : Qui est celui qui passera la mer et nous l’apportera, afin qu’en l’entendant nous puissions l’accomplir.
  60. Et le Seigneur qui t’accompagne.
  61. Vous ne répondiez quo par des murmures à tout ce que le Seigneur faisait pour vous.
  62. Car je sais qu’après ma mort vous vous abandonnerez à tous les désordres.
  63. Et à la fin vous serez en proie à tous les maux.
  64. Mettant la farine sur leurs épaules. (Exod. 12,34.)
  65. Ce sont des enfants infidèles.
  66. Car le Seigneur jugera son peuple, et il consolera ses serviteurs.
  67. Où sont les dieux, en qui ils mettaient leur confiance?
  68. Je lèverai la main, et je ferai serment.