Au jardin de l’infante/Le Sacre

Au jardin de l’infanteMercure de FranceŒuvres de Albert Samain, t. 1 (p. 211-212).

LE SACRE

Notre-Dame annonçait l’apothéose prête
Avec la voix d’airain de ses beffrois jumeaux ;
Au loin les grands canons grondaient, et les drapeaux
Se gonflaient, frissonnants, sous l’orgueil de la fête.


L’Empereur s’inclina, les mains jointes, nu-tête,
Et le Pape apparut, dans l’éclat des flambeaux,
Tenant entre ses doigts étincelants d’anneaux
La couronne portant la croix latine au faîte.



Mon fils ! dit le pontife… alors l’orgue se tut.
Sur tous les fronts baissés un seul frisson courut,
Comme le battement soudain d’une aile immense ;


Et l’on n’entendit plus, ô César triomphant,
Dans la nef où planait un auguste silence,
Qu’une vieille à genoux qui pleurait son enfant.