Au jardin de l’infante/Chanson d’Été

Au jardin de l’infanteMercure de FranceŒuvres de Albert Samain, t. 1 (p. 195-197).
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CHANSON D’ÉTÉ

Le soleil brûlant
Les fleurs qu’en allant
Tu cueilles,
Viens fuir son ardeur
Sous la profondeur
Des feuilles.


Cherchons les sentiers
À demi frayés
Où flotte,
Comme dans la mer,
Un demi-jour vert
De grotte.



Des halliers touffus
Un soupir confus
S’élève
Si doux qu’on dirait
Que c’est la forêt
Qui rêve…


Chante doucement ;
Dans mon cœur d’amant
J’adore
Entendre ta voix
Au calme du bois
Sonore.


L’oiseau, d’un élan,
Courbe, en s’envolant,
La branche ;
Sous l’ombrage obscur
La source au flot pur
S’épanche.



Viens t’asseoir au bord
Où les boutons d’or
Foisonnent…
Le vent sur les eaux
Heurte les roseaux
Qui sonnent.


Et demeure ainsi,
Toute au doux souci
De plaire,
Une rose aux dents,
Et ton pied nu dans
L’eau claire.