Théo Hannon ()
Dorbon aîné (p. 91-93).

XL

P. P. C.



Déjà le colchique d’automne
Allume de mauve les prés,
Les horizons se font pourprés
Sous le ciel bas et monotone.

L’humide Septembre, perclus,
S’en va trépasser dans ses brumes
Au glas rauque de ses élus,
Les noirs catarrhes et les rhumes !


Les nuits fraîchissent… Dans les bois
Les arbres, s’en devenant chauves,
Pleuvent leurs feuilles bientôt fauves
Sur l’été maussade aux abois.

L’aube emperle, chaque matin,
La plaine où le lièvre en goguette
Boit la rosée, hume le thym,
Sans souci du chasseur qui guette !

L’automne en commençant son bail
Nous promet de nouvelles fêtes…
Le sorbier suspend sur nos têtes
Ses pendeloques de corail.

L’hirondelle vers d’autres rives
Fuit, cherchant des cieux moins voilés,
Et voici revenir les grives
Ivres des beaux raisins volés.

C’est aussi la saison des huîtres…
Le Train jaune n’opère plus :
Monsieur réclame en ses épîtres
Madame aux regrets superflus.


Les cabines sont sans mystère :
Plus ne sonne l’heure du bain.
La plage se fait solitaire
Et le crabe est son Chérubin !

Fin de saison !… Rentrent at home
Les villégiatureurs frileux
Qui s’enfuient, ô soleil fantôme,
Soufflant dans leurs pauvres doigts bleus…

Accompagnons-les, ma Musette,
Quittons le flot, vraiment amer,
Après la suprême risette
À ton héroïne, la Mer !