Au Soleil (Desbordes-Valmore)

Femmes-Poëtes de la France, Texte établi par H. BlanvaletLibrairie allemande de J. Kessmann (p. 73-74).



AU SOLEIL.

ITALIE.


Ami de la pâle indigence,
Sourire éternel au malheur ;
D’une intarissable indulgence
Aimante et visible chaleur :
Ta flamme, d’orage trempée,
Ne s’éteint jamais sans espoir ;
Toi, tu ne m’as jamais trompée
Lorsque tu m’as dit : Au revoir !

Tu nourris le jeune platane
Sous ma fenêtre sans rideau,
Et de sa tête diaphane
À mes pleurs tu fais un bandeau :
Par toute la grande Italie,
Où je passe le front baissé,
De toi seul, lorsque tout m’oublie,
Notre abandon est embrassé !


Donne-nous le baiser sublime,
Dardé du ciel dans tes rayons,
Phare entre l’abîme et l’abîme,
Qui fait qu’aveugles nous voyons !
À travers les monts et les nues,
Où l’exil se traîne à genoux,
Dans nos épreuves inconnues,
Ame de feu, plane sur nous !

Oh, lève-toi pur sur la France
Où m’attendent de chers absents ;
À mon fils, ma jeune espérance,
Rappelle mes yeux caressants !
De son âge éclaire les charmes ;
Et s’il me pleure devant toi,
Astre aimé, recueille ses larmes,
Pour les faire tomber sur moi !