Attendre-espérer — Les Désirs de Marinette/Attendre-Espérer

Librairie de L. Hachette et Cie (p. 1-164).

ATTENDRE — ESPÉRER


I

En allant de Nantes à Saint-Nazaire, soit par la voie ferrée, soit par le bateau qui descend la Loire, on remarque sur la rive droite d’admirables mamelons boisés qui se succèdent, obliquement entrecoupés de ravins. C’est le Sillon de Bretagne, soulèvement granitique de vingt à vingt-cinq lieues de longueur, qui part de Nantes en s’écartant vers le nord, et abandonne à Savenay les bords de la Loire pour aller mourir aux confins du Morbihan. Le fleuve, à partir de ce point, n’offre plus que des rives plates, souvent inondées, et des flots troubles, d’âpre saveur, que soulève déjà la forte respiration de l’Océan, et qui participent à ses houles et à ses tempêtes.

Bâtie sur le Sillon de Bretagne, à distance à peu près égale de Nantes et de Saint-Nazaire, la petite ville de Savenay domine un beau paysage, au milieu duquel elle se détache elle-même très-pittoresque ment. Mais à l’intérieur, bien qu’elle soit décorée du titre de sous-préfecture, ce n’est qu’un grand village, peuplé d’artisans et de fonctionnaires ennuyés, et centre d’un commerce rural assez considérable. Si les agglomérations ont, comme les individus, leur caractère, on pourrait signaler dans celui de cette petite ville une nuance d’aigreur et d’inquiétude, résultat d’une rivalité de voisinage et légitimé par le droit de défense. Car l’accroissement de Saint-Nazaire et les prétentions insolentes de ce petit port agrandi menacent d’enlever à Savenay ses pouvoirs administratifs et judiciaires, autrement dit toute son importance, et la moitié, la fleur de sa population. — Mais ce n’est point de raisons d’État ni de grandeur et de décadence que nous voulons nous occuper ici. Il ne s’agit que d’une intime histoire (il va sans dire une histoire d’amour) éclose sous des genêts et terminée à l’ombre d’une vigne en fleur.

Par une chaude journée de juin, un homme jeune, disons un jeune homme — il avait trente ans environ — sortait d’une maison de campagne sise sur les hauteurs, à peu de distance de la ville. À l’air dont il ferma la barrière et dont il jeta les yeux à droite et à gauche sur les champs qui bordaient la route, on devinait en lui le propriétaire, mais non ce qu’on appelle un propriétaire campagnard. Vêtu négligemment d’un habit de coutil presque blanc, coiffé d’un chapeau de paille et tenant à la main une canne d’églantier, tordue par la nature et vernie par l’art, il avait une tournure aisée, élégante. Il portait aussi une magnifique barbe blonde, et, bien que dans son visage rien de fade ni de vulgaire n’eût pu autoriser aucun de ses ennemis à l’appeler un beau garçon, l’harmonie de ses traits flattait le regard, d’autant mieux qu’elle résultait moins de la régularité que d’une expression de bonté, de douceur et d’intelligence. Retenu par cette première impression, toute sympathique, si l’on eût cherché à pénétrer plus avant et à conjecturer sur le caractère de cet inconnu, on eût trouvé dans l’œil bleu, mêlés à l’ardeur des sentiments nobles, les nuages de la rêverie, et l’on eût deviné qu’à l’impressionnabilité du cœur se joignait peut-être cette impressionnabilité de l’esprit qui produit l’indécision.

Il se dirigeait vers la ville, et tous ceux qu’il rencontrait, sur la route d’abord, puis dans les rues, le saluaient comme une connaissance. De la part des hommes du peuple, le salut avait quelque chose d’intime et d’affectueux. Ceux-là, en effet, aiment volontiers dès qu’ils estiment ; on ne les rend humbles que par la défiance et la crainte. Une ou deux fois le jeune homme fut arrêté dans sa marche par des gens qui l’abordèrent. Une femme vint lui présenter un enfant, qu’il prit dans ses bras et qu’il examina soigneusement, en appliquant l’oreille sur sa poitrine ; après quoi, s’approchant d’un de ces bancs qui, à la campagne, bordent presque toutes les maisons, il griffonna sur ses genoux un billet, le remit à la mère et poursuivit son chemin.

« Où va donc aujourd’hui le docteur Émile Keraudet ? cria de sa fenêtre, au capitaine Montchablond, Mlle Chaussat, qui, assise comme à l’ordinaire derrière ses volets entre-bâillés, maniait son crochet avec une dextérité sans égale et une science d’habitude qui laissait à ses yeux et à sa langue la plus entière liberté.

— Je suppose qu’il va voir ses malades, mademoiselle Chaussat. À moins qu’il n’ait d’autres rendez-vous, » répondit le capitaine, qui, de son côté, fumait sa pipe derrière des volets semblables, dont l’ouverture, braquée sur la fenêtre de Mlle Chaussat, établissait entre les deux voisins comme un courant électrique.

Si ce n’était un hasard heureux, ce devait être la Providence qui avait ainsi placé en face l’une ce l’autre ces deux habitations. Mlle Chaussat est une fille de soixante ans, qui à le nez long, d’anciens beaux yeux, le visage encore vif, une grande facilité d’élocution, des principes sévères et, c’est elle qui l’affirme, une dévotion éclairée. Sa grande occupation est de tricoter au crochet des couvertures de lit et des nappes d’autel. Elle brode aussi des pantoufles au Capitaine.

Celui-ci, dans sa jeunesse, a pris le Trocadéro. Il n’a point fait d’autre campagne, et, par une bonne foi qui l’honore, il ne raconte que celle-là. Mais, grâce à lui, les Savenaisiens sont devenus si profondément versés dans la science de cet épisode historique, que Mlle Chaussat est la seule dont la complaisance inépuisable en écoute encore le récit. Il est vrai qu’elle a trouvé un moyen merveilleux de supporter cette épreuve et de la faire servir doublement à son salut : dès que le capitaine entame l’exorde bien connu, elle se met à réciter mentalement des Ave Maria pour les indulgences. Et cet arrangement est si bien trouvé que tout y est bénéfice ; car moyennant cette apparence d’attention, Mlle Chaussat a le droit, à son tour, de raconter ses souvenirs de jeunesse au Capitaine.

Ces deux existences, également isolées, se rapprochent encore par la communication réciproque de leurs contrariétés, de leurs rhumatismes, de leurs cauchemars ; ils se racontent le matin leurs rêves et font leur parte de piquet tous les soirs. Mais le plaisir le plus vif assurément qu’ils goûtent ensemble résulte de leurs entretiens sur autrui.

L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de paroles, dit l’Évangile, et ce que l’Évangile n’a pas assez dit, c’est que l’homme est avant tout, malgré Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/24 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/25 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/26 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/27 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/28 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/29 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/30 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/31 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/32 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/33 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/34 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/35 Page:Bera - Attendre-esperer - Les Desirs de Marinette.djvu/36 Page:Bera - Attendre-esperer - 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— Pas le moins du monde.

— Alors, qu’est-ce que cela vous fait ? Songez d’ailleurs que ce n’est pas seulement une complaisance pour un vieil ami, pour un père, mais un hommage aux principes d’égalité, un pur acte de démocratie. »

Et le bonhomme souriait avec des yeux pétillants de douce malice.

« Baron, vous avez tant d’esprit que vous ne craignez point de vous railler vous-même.

— Pourquoi pas ? Nous sommes tous un peu de vrais enfants. Mais le plus jeune manque à la fête. Marthe ! appela-t-il par la fenêtre.

— Espérez, monsieur le baron, dit une fille de ferme qui passait ; je vas la chercher.

— Comment avez-vous pu vous obstiner si longtemps au désespoir, reprit M. de Beaudroit en se retournant vers Émile, dans un pays où tout le monde, en vous conseillant d’attendre, vous dit d’espérer ? »