Atlas universel d’histoire et géographie/IXe siècle après J.-C.

IXe siècle après Jésus-Christ.

Renouvellement de l’empire d’Occident par Charlemagne. — Etat florissant de l’empire des Arabes sous les premiers successeurs d’Haroun-al-Raschid. — Décadence toujours croissante de l’empire grec. — Schisme de l’Eglise grecque et de l’Eglise romaine. — Commencement de la séparation définitive des royaumes de France, d’Allemagne, d’Italie après la déposition de Charles le Gros. — Invasions des Normands. — Naissance du système féodal.
801. Louis, roi d’Aquitaine, enlève Barcelone aux musulmans, après 7 mois de siège.
802. Charlemagne envoie des ambassadeurs à Constantinople pour négocier un traité d’alliance avec Irène. Les grands se révoltent et proclament empereur le patrice Nicéphore. Irène est reléguée dans l’île de Lesbos.

L’assemblée d’Aix-la-Chapelle étend à toutes les provinces l’institution des Missi Dominici, envoyés royaux chargés de surveiller toutes les parties de l’empire. — Célèbre capitulaire de Villis, renfermant des renseignements curieux sur les revenus de Charlemagne, qui consistent principalement dans les produits de ses fermes et de ses métairies.

Haroun-al-Raschid extermine la famille des

Barméeides.
Egbert, roi de Wesséx ou des Saxons occidentaux.
803. Traité conclu entre Charlemagne et Nicéphore, pour régler les limites des deux empires. L’empire d’Occident obtient l’Istrie, la Liburnie et la Dalmatie, à l’exception des villes maritimes de cette dernière province, qui restent à l’empire grec.
Dernière révolte des Saxons, qui se soumettent aux décrets de l’assemblée de Saltz, en Franconie, qui leur impose des prêtres et des juges. 10 000 familles sont transplantées sur différents points de l’empire.
804. 2e voyage du pape Léon III en France. — Entrevue avec Charlemagne.
806. Diète de Thionville. Charlemagne fait le partage de sa monarchie entre ses trois fils, Charles, Louis et Pépin. — Charlemagne reçoit à Thionville Obelerio, doge de Venise, le duc de Dalmatie et l’évêque de Jadres, qui lui demandent son arbitrage dans leurs débats particuliers. — Décret de l’assemblée de Nimègue, qui interdit la conversion des terres bénéficiaires en terres allodiales, conversion préjudiciable aux intérêts de l’empereur. — Louis, roi d’Aquitaine, reprend Pampelune sur les musulmans.
Guerre entre Nicéphore et Haroun-al-Raschid. Les Arabes s’avancent jusqu’à Héraclée, et forcent l’empereur à payer de nouveau le tribut qu’il refusait. Ils conquièrent l’île de Chypre et ravagent Rhodes.
807. Le Franc Burchard cause de grandes pertes aux Sarrasins, qui faisaient de fréquentes descentes dans les îles de Sardaigne et de Corse.
808. 1re descente des Normands en France, sous la conduite de Godefried, roi de Danemark. — Charlemagne fait construire des vaisseaux pour défendre tout le littoral, depuis l’embouchure du Tibre jusqu’à celle de l’Elbe. Importante station de Boulogne.
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CHRONOLOGIE. TABLES. Ap. J.-C. Construction de l'église de Saint-Jacques de Compostelle. 809. Mort du calife Haroun-il-Raschid. — Amin, son fils aîné, lui succède. Le 2 e concile d'Aix-la-Chapelle adopte le sen- timent de l'Église d'Espagne, qui faisait procéder le Saint-Esprit à la fois du Père et du Fils, et qui ajoutait le mot filioqne au symbole de Nicée. Cette addition, toujours combattue par les Grecs, ne fut acceptée en Italie qu'en 1055, au concile de Florence. Guerre de Nicéphore contre les Bulgares. 810. Godefried, roi de Danemark, remonte la Mo- selle avec 200 navires. Il est repoussé par Char- lemagne. Son neveu, Fleming, lui succède. Abdérame, fils d'Al-Hakem, roi de Cordoue, soumet Huesca et Saragosse. Traité de paix conclu entre Charlemagne et Al-Hakem. Le roi d'Italie, Pépin, s'empare, sur les Véni- tiens, de Brendolo, de Chiozza, de Pellestiïne et de Malamocco, mais ne peut prendre l'île de Rialto. Il meurt peu après, à l'âge de 34 ans. Comme il ne laissait point d'enfants légitimes, Charlemagne reste seul roi d'Italie. 811. Fleming, roi de Danemark, conclut la paix avec Charlemagne. X'Eyder devient la limite des deux Etats. Les Frisons, qui s'étaient unis aux Danois, sont privés par Charlemagne du droit de succession. Charlemagne conclut la paix avec le calife de Cordoue. L'Èbre est fixé comme limite des deux États. Les Bulgares, après une horrible dévastation de leur pays, implorent inutilement la paix; mais bientôt après ils exterminent l'empereur Nicéphore, avec son armée. Staurace, son fils, essaye de lui succéder, mais est renversé par son beau-frère, Michel Curopalate. Mort de Charles, fils aîné et héritier présomp- tif de Charlemagne. Le doge de Venise, Angelo Particiaco, transfère son siège de l'île de Malamocco, presque entière- ment ruinée dans la dernière guerre contre Pé- pin, à Rialto, et y fait bâtir un palais qui sub- sista durant plusieurs siècles. 812. Michel I er fait la paix avec les Bulgares et envoie une ambassade à Charlemagne. Celui-ci ratifie le traité fait avec Nicéphore et ratifié par Michel. Par ce traité, Charlemagne rend les îles vénitiennes à l'empereur grec, qui est toujours le souverain nominal de Venise, et qui même confère le titre de consuls aux doges. Bernard, fils naturel de Pépin, est déclaré roi d'Italie. 813. Charlemagne fait couronner son fils Louis et se l'associe dans l'assemblée d'Aix-la-Chapelle. Le concile de Tours prescrit au clergé de prê- cher en langue tudesque. aussi bien qu'en latin et en langue romane vulgaire. Michel I er recommence la guerre avec les Bul^ gares. Il est vaincu et abdique. Un de ses offi- ciers, Léon V l'Arménien, lui succède. Amin, calife de Bagdad, est vaincu et mis à mort par son frère, Almamon, qui lui succède. 814. Charlemagne meurt à Aix-la-Chapelle. Il a eu pour historien Ëginhard, qui fut peut-être son gendre. — Louis le Pieux (le Débonnaire), son fils, lui succède. Il s'attache les Saxons et les Frisons en leur rendant le droit de succession, que Charlemagne leur avait ôté. — Il se plaint de ce que le pape Léon III ait puni les auteurs d'une conspiration sans en référer à l'empereur, patrice de Rome. Taher est chargé par le calife Almamon d'apaiser les révoltes qui s'étaient élevées en Orient. Ap. J.-G. 815. Les Vénitiens enlèvent d'Alexandrie et trans- portent dans leur ville les reliques de saint Marc, que la république adopte pour patron. 816. Louis le Pieux est couronné empereur, à Reims, par le pape Etienne IV. Un concile, tenu à Rome, reconnaît que le pape, élu par les évêques et le clergé, doit être consa- cré devant les députés de l'empereur. Léon V, empereur d'Orient, repousse les Bul- gares. 817. Louis le Pieux associe son fils Lothaire à l'empire. Il donne à Pépin l'Aquitaine, à Louis le Germanique la Bavière. Mécontentement et révolte de Bernard, fils de Pépin, roi d'Italie. Il est fait prisonnier et con- damné à perdre les yeux. Concile d'Aix-la-Chapelle, où Louis le Pieux travaille, avec le concours de Benoît d'Aniane, à établir l'uniformité dans les monastères des États francs, qu'on soumet universellement à la règle de saint Benoît. Pascal I er , pape, qui se fait ordonner sans at- tendre le consentement de l'empereur. Celui-ci lui laisse néanmoins le gouvernement de la ville et du duché de Rome, en gardant la souverai- neté. 818. Mort d'Irmengarde, l re femme de Louis le Pieux. Révolte de Cordoue, comprimée par Al-Hakem. 819. Louis le Pieux épouse Judith, fille de "Welf, comte de Bavière. Fin des royaumes d'Essex et de Kent, qu'Eg- bert, roi de Wessex, réunit à ses États. 820. Les Normands ravagent les côtes de France, entre les embouchures de la Seine et de la Ga- ronne. Michel le Bègue, officier de Léon V, conspire contre la vie de ce prince , qui le condamne à être brûlé vif. Ses complices poignardent Léon V. Avènement de Michel le Bègue. Taher, ayant obtenu du calife Almamon le gouvernement du Khorasan, le convertit en une souveraineté dont il transmet la possession à ses descendants. Il commence la dynastie des Tahé- riens. 821. Michel le Bègue s'associe son fils Théophile. 822. Louis le Pieux se soumet à une pénitence pu- blique à Attigny, pour expier la mort de Bernard, son neveu. Mort d'Al-Hakem, calife de Cordoue. Son fils Abdérame II lui succède. Louis le Pieux envoie son fils Lothaire com- mander en Italie. 823. Lothaire est couronné empereur à Rome par le pape Pascal. — Naissance de Charles le Chauve, fils de Louis le Débonnaire et de Judith. Thomas, esclave fugitif, se fait passer pour Constantin V, fils d'Irène. Soutenu par les Arabes, il assiège Constantinople. Il est vaincu, puis livré par les habitants d'Andrinople, où il se défendit pendant 5 mois, à Michel le Bègue qui le fait mutiler. 824. Michel le Bègue envoie une ambassade à Louis le Pieux au sujet des Iconoclastes. Eugène II, pape. Vers cette époque, des Sarrasins d'Espagne forcés de quitter Cordoue à la suite d'une sédition et qui s'étaient retirés à Alexandrie s'emparent de l'île de Crête sur les Grecs et y fondent Can- die, qui donnera son nom à toute l'île. 825. Capitulaire de Louis le Pieux sur les obligations des MissiDominici. 826. Hériolt, roi d'une partie du Jutland, vient recevoir à Mayence le baptême avec sa famille et ses compagnons d'armes. Ses sujets mécontents MOYEN AGE. 153 Ap. J.-C. refusent de le reconnaître, et il est obligé de se fixer avec ses partisans dans le comté de Rhius- tri (Rustringen) , canton de l'Ost-Frise , que Louis le Pieux lui donna pour asile. Saint Anschaire et saint Autbert, tous 2 moi- nes de Corbie, accompagnent Hériolt dans cette contrée et y forment l'école des missionnaires qui devaient prêcber le christianisme aux Normands. 827. Egbert le Grand, roi des 4 royaumes saxons, étend sa suprématie sur les 3 royaumes des An- gles : ils payent tribut, mais conservent des rois particuliers. L'abbé Anségise compose le premier recueil des Capitulaires de Charlemagne, y compris ceux de Louis le Débonnaire. Avènement du pape Valentin, et de son succes- seur Grégoire IV. 828. Euphémius , général du patrice Photin, gou- verneur de Sicile, que celui-ci avait chargé de diriger une attaque contre les Aglabites d'Afri- que, se révolte, se fait proclamer empereur, puis, menacé par un rival, appelle les Aglabites d'Afri- que qui s'empareront peu à peu de toute la Sicile. Révolte de Mérida comprimée par Abdérame II. 829. Mort de Michel le Bègue. Son fils Théophile lui succède sous la régence de sa mère Théodore. Saint Anschaire prêche le christianisme en Suède. Louis le Pieux assemble une diète à "Worms et donne à son 4 e fils Charles le Chauve l'Alé- manie et la Rhétie avec une partie de la Bour- gogne. Mécontentement de ses autres fils. 830. Saint Anschaire est nommé archevêque de Hambourg et légat du jape pour tout le N. de l'Europe. Les fils de Louis le Pieux, Lothaiffe, Louis et Pépin, se révoltent, s'avancent jusqu'à Verberie, font enfermer leur père à Soissons, et Judith leur belle-mère à Poitiers. L'empereur, soutenu par le clergé, est rétabli au mois d'octobre de la même année, dans une assemblée tenue à Nimè- gue. Le calife Almamon déclare la guerre à l'empe- reur Théophile, qui avait refusé de laisser partir pour Bagdad le savant archevêque de Thessalo- nique mandé par le calife. 831. Les Gascons de la Navarre secouent le joug des Francs sous le comte Aznar. Ils s'allient tantôt avec le roi des Asturies, tantôt avec les Arabes. Le gouverneur de la Catalogne se rend indépendant de Louis le Pieux. Louis le Pieux retire Judith de son couvent. Il renvoie ses fils dans leurs provinces. Les chefs de la dernière révolte sont condamnés à moi t. Louis se contente de les exiler. 832. Pépin, de retour en Aquitaine, prépare une nouvelle révolte contre son père qui le fait arrê- ter. Il est délivré par ses partisans. Les Arabes s'emparent de toute la Cilicie. 833. Louis le Pieux donne l'Aquitaine à son 4 e fils Charles. — Nouvelle révolte de Lothaire,de Louis et de Pépin. — Ils réunissent leurs troupes dans la haute Alsace. Avec le secours du pape Gré- goire IV, ils s'emparent de la personne de leur père qui est abandonné par ses troupes au champ du Mensonge. Conduit à Soissons, il est soumis à une pénitence publique, dégradé, déposé, comme coupable des calamités publiques. Lothaire reprend le titre d'empereur que lui donnait l'acte de partage de l'empire de 817. Le calife Almamon meurt à Tarse, en Cilicie. Cette même année, il avait fait exécuter la mesure de deux degrés du méridien au désert de Sand- jar entre Racca et Palmyre, pour servir à !a dé- termination de la grandeur de la terre. Ap. J.-C. Sous le règne de son frère et successeur Motas- sem les Turcs commencèrent à entrer au service des califes. 834. Louis et Pépin, irrités de la hauteur de Lo- thaire, se liguent contre lui. — Louis le Pieux est rétabli dans une assemblée d'évêques tenue à Saint-Denis. Il pardonne à Lothaire qui re- tourne en Italie. 835. Mort d'Alphome le Chaste. — Ramire I 81 ' lui succède. Diète de Thionville. Tout ce qui avait été dé- crété contre Louis le Pieux est déclaré nul. Le calife Motassem fonde sur le Tigre, à îQ kilomètres de Bagdad, la ville de Samarah ou Sermenrai, dont il fera sa capitale. — Prise de Palerme par les Sarrasins après un siège de 5 ans. 836. Baldimer, roi des Bulgares, renvoie sans ran- çon les prisonniers grecs. Abdérame II s'empare après un siège de 3 ans de Tolède révoltée. 837. Assemblée d'Aix-la-Chapelle où l'empereur donne à Charles la meilleure partie de la France, à l'instigation de Judith. L'empereur Théophile marche en personne contre les Arabes. Il s'avance jusqu'à Sozopetia et Mélitène, dévastant tout sur son passage. Les pirates normands s'établissent dans l'île de "Walcheren, d'où ils remontent l'Escaut, la Meuse et le Wahal. 838. Descente des Normands en France, par la Loire, sous la conduire d'Hastings, qui pille Tours. Mort d'Egbert le Grand, roi d'Angleterre. Ethelwulf lui succède. Les Normands commen- cent à faire des descentes en Angleterre. Les Sarrasins surprennent et pillent Marseille. L'empereur Théophile est forcé à la retraite par les troupes de Motassem qui brûlent Amo- rium et Ancyre. 839. 3° partage de l'empire des Francs entre Lo- thaire et Charles. Louis n'obtient que la Ba- vière. Révolte des fils de Pépin en Aquitaine. Elle est réprimée. Révolte de Louis le Germa- nique. 840. Louis le Pieux marche contie Louis le Ger- manique, le bat et meurt bientôt après de dou- leur, dans une île du Rhin près de Mayence. Charles le Chauve, fils de Judith, est reconnu roi de France. Il fait alliance avec Louis le Ger- manique contre Lothaire qui réclame tout l'hé- ritage de Charlemagne et contre les fils de Pépin. Les Normands profitent de ces dissensions. Ils remontent la Seine jusqu'à Rouen, sous la con- duite d'Oger le Danois. 841. Charles le Chauve et Louis le Germanique gagnent sur Lothaire et Pépin, leur neveu, la mémorable victoire de Fontanet (aujourd'hui Fontaines, petit bourg de l'Auxerrois, à 28 kilo- mètres S. 0. d'Auxerre). 842. Charles et Louis renouvellent solennellement leur alliance à Strasbourg. Les serments qu'ils prononcent en présence de leurs troupes sont les plus anciens monuments de la langue française et de la langue allemande. Avènement de la dynastie de Piast au trône de Pologne. Mort de l'empereur d'Orient Théophile. Son fils Michel III, l'Ivrogne, lui succède à l'âge de 6 ans, sous la tutelle de sa mère Théodora. — Rétablissement du culte des images. Extinction de l'hérésie des iconoclastes qui avait trouble l'empire pendant plus de 120 ans. Mort du calife Motassem. Son fils Watek-Billan lui succède. 154 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C. 843. Persécutions dirigées par l'impératrice Théo- dora contre les Manichéens. Traité de Verdun. Partage définitif de l'empire de Charlemagne. Lothaire obtient avec le titre d'empereur l'Italie, toutes les provinces com- prises entre le Rhône, la Saône, la Meuse et l'Escaut à l'O., le Rhin et les Alpes à l'E. Char- les le Chauve obtient la France limitée par le Rhône, la Saône, la Meuse et l'Escaut; Louis, l'Allemagne, limitée à l'E. par le Rhin et les Alpes. L'Aquitaine est toujours à Pépin II. Les Normands remontent la Loire et pillent Nantes. Réunion des 5 principautés de Galles par Roderic le Grand. 844. Charles le Chauve fait périr Bernard, que l'on croyait son père, pendant le siège de Toulouse. Ses troupes sont vaincues près d'Angoulème par Pépin II. Vaines sommations adressées par Charles, Lothaire et Louis le Germanique à Pépin II et à Nomenoé, roi des Bretons. Les Normands s'avancent jusqu'aux portes de Paris. Charles achète leur retraite. Ramire, fils d'Alphonse le chaste, roi des Astu- ries, refuse de payer aux Sarrasins le tribut de 300 jeunes filles. L'empereur de C. P. Michel propose à Abdérame II, calife ommiade d'Espagne, de faire alliance avec lui contre le calife abbasside d'Orient. Les Normands font une descente en Galice, saccagent Lisbonne et défont les Maures dans trois batailles. 845. Nouveaux ravages des Normands. Ils pillent Paris que tous ses habitants abandonnent. Ex- trême misère des paysans asservis et désarmés. Charles le Chauve détache le Poitou, la Sain- tonge et l'Angoumois du royaume de Pépin II et les donne à Raynulf, qui devient le premier duc d'Aquitaine. Les Maures prennent, pillent et brûlent la ville de Léon. — Séville est pillée par les Normands. • L'impératrice Théodora fait massacrer 100 000 Manichéens d'Arménie. 846. Les Sarrasins s'avancent jusqu'aux portes de Rome, pillent les basiliques de Saint-Pierre et de Saint-Paul et mettent en fuite une armée envoyée contre eux par Louis, fils aîné de Lothaire et roi d'Italie. Ramire défait l'armée d'Abdérame II, et occupe Calahorra sur l'Èbre. Les Normands occupent l'île de Noirmoutiers, en face de la côte de Vendée. Ordonnance rendue par Charles le Chauve qui commet^ chaque évêque pour faire la fonction à'envoyé royal dans son diocèse. Les comtes s'opposent à ce règlement, et dès lors chaque seigneur commença à rendre sa justice souve- raine, et à ne permettre pas même que ses juge- ments fussent portés par appel à la justice du roi. 847. Traité d'alliance conclu à Mersen entre les fils de Louis le Pieux. Dans la même assemblée furent rendues 2 ordonnances, dont l'une permettait au vassal de choisir tel seigneur qu'il voudrait, l'autre le dispensait de fournir des secours au roi, excepté en cas de guerre générale. 848. Le pape Léon IV fait réparer les basiliques de Saint-Pierre et de Saint-Paul dévastées par les Arabes, et pour préserver la ville d'une nouvelle at- taque il fait entourer de murailles le bourg de Saint-Pierre. Ce quartier a été appelé de son nom, cité Léonine. Ce travail durera 4 années. Un concile tenu à Mayence et présidé par Raban Maur, évêque et savant docteur, condamne . A doctrine de Gothescalc sur la double prédesti- nation des élus et des réprouvés. Ap. J.-C. 849. Pépin II, qui se maintient toujours en Aqui- taine, contre Charles le Chauve, fait alliance avec les Normands et les Sarrasins. Mort de Nomenoé, roi des Bretons. Son fils Hérispoé lui succède malgré l'opposition de Charles le Chauve. 850. Charles le Chauve et Lothaire accordent à Godefried, fils d'Hériolt, un établissement dans le pays dont il avait fait la conquête, dans le N. de la Gaule. 851. Investiture de la Bretagne accordée à Hérispoé, fils et successeur de Nomenoé. Abdérame II gagne une bataille sanglante sur Ordogno, roi des Asturies, qui fortifie alors Léon et Astorga. 852. Pépin II est dépouillé pour la 2 e fois de l'Aquitaine par Charles le Chauve qui le fait en- fermer dans l'abbaye de Soissons. Le droit d'hé- rédité est accordé par le roi au comte de Toulouse, Raymond. Trahison de Sanche de Gascogne. Lothaire associe son fils Louis II à l'empire. Prise de Barcelone par Abdoul-Kerim, général d'Abdérame II, qui meurt cette année. Moham- med I er lui succède. 853. Les Normands conduits par le célèbre Hastings ravagent les bords de la Loire. Prise et pillage de Tours. Mousa, Goth de naissance, chrétien renégat et gouverneur de Saragosse, se déclare souverain de Celtibérie. 854. Les Normands saccagent Angers. La couronne d'Aquitaine est offerte au 2 e fils de Louis le Germanique. Pépin II s'échappe de son couvent et rentre en Aquitaina. L'empereur d'Orient Michel gouverne seul, après l'abdication de Théodora, sa mère. Il est dirigé par Bardas, frère de Théodora et compagnon de ses débauches. 855. Mort de l'empereur Lothaire. Partage de sa succession entre ses trois fils. Louis II obtient l'Italie avec le titre d'empereur; Charles, la Provence et la Bourgogne ; Lothaire, les provinces désignées depuis sous le nom de Lorraine. Charles le Chauve donne son second fils Charles pour roi aux Aquitains. Ethelwulf, après de brillantes victoires sur les Danois, entreprend de visiter la ville de Rome. Accompagné d'une suite brillante et de son fils Alfred, il visite les églises des Gaules les plus renommées, est reçu somptueusement par Charles le Chauve et fait "à Rome un séjour d'un an. Mort du pape Léon IV. Il a pour successeur Benoît III qui est le 1 er pape qui ait pris le titre de vicaire de saint Pierre, titre remplacé au xiu e siècle par celui de vicaire de Jésus-Christ. 856. Conférences d'Orbe entre Louis II, empereur d'Italie, Lothaire, roi de Lorraine, et Charles, roi de Provence. Entrée des Normands à Paris, pillage de cette ville. Étendue des ravages des Normands jusqu'à Orléans, Bourges et Clermont. Les Francs de Neustrie et d'Aquitaine recourent à Louis le Ger- manique. Anéantissement presque complet de la classe libre ; misère des villes, esclavage des campagnes. La féodalité prend chaque jour de nouveaux déve- loppements au milieu des calamités. Mariage de Judith, fille de Charles le Chauve, avec Ethelwulf, roi d'Angleterre. 857. Le césar Bardas, oncle de Michel III, dit l'Ivrogne, fait enfermer dans un monastère l'im- pératrice Théodora, mère de l'empereur, chasse de Constantinople le patriarche saiut Ignace qui lui MOYEN AGE. 155 Ap. J.-C. a refusé, pour cause d'mceste, la communion, et lui donne pour successeur le célèbre Photius. Garcie Ximénez succède à son père Garcie dans la Navarre, dont il est le 1 er roi. De nombreux châteaux forts s'élèvent en France, malgré la défense de Charles le Chauve qui est obligé de faire des concessions . à ses grands feudataires. 858. Les seigneurs adressent une nouvelle invitation à Louis le Germanique. Charles le Chauve ne peut défendre Paris contre les Normands. Il rachète l'abbé de saint-Denis et marche à la ren- contre de Louis, puis il s'enfuit de son armée et abandonne le royaume à son compétiteur. Nicolas I er , pape. Soumission de Tolède révoltée contre Moham- med I er . 859. Louis le Germanique, menacé à l'E. par les Slaves, renonce au trône de France, et se récon- cilie bientôtaprèsavec Charlesle Chauve à Coblentz. 860. Nicolas I er désavoue l'élection de Photius comme Patriarche de C. P. Les Scandinaves reconnaissent la forme insu- laire de l'Islande (terre de glace); elle n'est colo- nisée qu'en 874 par le Norvégien Ingolf. 861. Création du duché de France en faveur de Robert le Fort, bisaïeul de Hugues Capet, qui avait déjà reçu en 850 la marche Angevine. Navigation" des Scandinaves vers l'archipel des îles Féroé, au N. 0. des Shetland et des Orcades. 862. Baudouin Bras de Fer épouse Judith, fille de Charles le Chauve, veuve du roi d'Angleterre Ethelwulf. Il est créé comte de Flandre. Lothaire, roi de Lorraine, frère de l'empereur Louis II, répudie sa femme légitime Thietberge, et épouse publiquement sa concubine Waldrade. Nicolas I er prend parti pour Thietberge, que Lothaire sera forcé de rappeler en 865. Ordogno I er s'empare de Salamanque, située au S. du Douro. Les Slaves de Novogorod, menacés par leurs voisins de même race qu'eux, appellent à leur secours les Varègues ou Normands qui occupaient la côte de l'Ingrie sur la Baltique, où ils exer- çaient la piraterie. Trois frères, Rurik, Sinéous et Trouver , conduisent l'expédition des Varègues et s'établissent aux environs du lac Ilmen, où ils fondent chacun une ville. A Bagdad, les esclaves turcs qui forment la garde des califes, disposent du trône pour la première fois en faveur d'un petit-fils de Motassem, qu'ils renversent bientôt après. 863. Mort de Charles, roi de Provence ; ses frères Louis II et Lothaire partagent son royaume. 864- Édit de Pistes par lequel Charles le Chauve ordonne la démolition des châteaux forts. Cet édit n'est pas exécuté. Les chrétiens d'Espagne persécutés sont aban- donnés de Charles le Chauve qui traite avec Mohammed I er et lui cède Barcelone, Girone et Urgel. 865. Pépin II, roi d'Aquitaine, est livré à Charles le Chauve, dont le fils Charles le remplace dans cette province. Rurik s'empare de Novogorod et y établit sa résidence. Ses sujets perdent le nom de Slaves et ne sont plus connus que sous celui de Russes — Ses frères Oskhold et Dir forment un établis- sement à Kiev, d'où ils menacent Constantinople. Bogoris, chef des Bulgares, demande au pape Nicolas I er des évêques et des prêtres. Le patriar- che de Constantinople envoie aussi des clercs qui feront chasser les prêtres romains, en sorte que les églises bulgares relèveront de Constantinople. Mort de saint Anschaire. apôtre du Danemark et de la Suède. Ap. J.-C. 866. Honteux traité conclu par Charles avec les Normands. Imposition sur tout le royaume pour payer un tribut à ces barbares. — Robert le Fort périt en les combattant à Brissarthe, près du Mans. Son fils Eudes lui succède dans le duché de France et dans la marche d'Anjou. Ethelred I er , roi d'Angleterre. Ravages exercés par les Danois sous son règne. L'empereur d'Orient Michel III, l'Ivrogne, fait assassiner son oncle, le césar Bardas, par Basile le Macédonien, d'origine arménienne, qu'il associe à l'empire. Mort d'Ordogno, roi des Asturies. Alphonse III, dit le Grand, lui succède. 867. Mort du pape Nicolas I er . Adrien II lui succède. Lambert, duc de Spolète, sous prétexte que le successeur de Nicolas I er avait été ordonné sans le consentement de l'empereur, occupe Rome et la traite comme une place emportée d'assaut. L'empereur Louis II est battu devant Bari par les Sarrasins. Basile lé Macédonien fait assassiner Michel III, l'Ivrogne, et s'empare du trône. Il appuie d'abord Ignace contre Photius. 868. Les Normands en France, et les Sarrasins en Italie continuent leurs ravages. — L'empereur Louis II commence le siège de la ville de Bari, occupée par les Sarrasins. Ce siège durera 3 ans. 869. Mort de Lothaire, roi de Lorraine. — Charles le Chauve se fait couronner roi de Lorraine à Metz, par l'archevêque de Reims. Hincmar, malgré les réclamations de l'empereur Louis II, alors occupé au siège de Bari. L'empereur d'Orient Basile le Macédonien en- voie des secours à Louis II contre les Sarrasins. Pendant que Louis II presse le siège de Bari par terre, une flotte grecque de 200 voiles vient as- siéger cette ville par mer. 9° concile général, tenu à C. P sous Adrien II et l'empereur Basile. Photius y fut déposé et anathématisé et saint Ignace rétabli. Les légats, après le concile, tinrent avec les Grecs une con- férence, pour savoir à quelle juridiction, celle de l'Église romaine ou celle de l'Église de C. P, de- vait ressortir la nouvelle Église de Bulgarie. Les Grecs- décidèrent en leur propre faveur et l'em- portèrent, malgré la réclamation des légats. La hauteur avec laquelle ces derniers soutinrent la prééminence du siège de Rome, comme ils avaient déjà fait dans le concile, ne fit qu'ac- croître l'éloignement des 2 Eglises l'une pour l'autre. 870. Louis le Germanique dispute la Lorraine à Charles le Chauve, qui la partage avec lui, par le traité de Mersen, qui donne à la France la Meuse pour limite. La Lorraine, dès ce moment, devint une source de guerres perpétuelles entre les Gallo-Francs et les Allemands d'outre-Rhin. — Les troupes de Charles le Chauve occupent la Provence, dont Lothaire avait obtenu une portion en 863- Résistance de Gérard de Roussillon, comte de Provence, qui défendait ces pays au nom de l'empereur Louis IL Ottfried, moine et instituteur au couvent de Weissembourg, en Alsace, est le premier poète ou versificateur connu des Allemands. Son Har- monie des S. Evangiles est écrite en strophes de quatre vers. 871. L'empereur Louis II est fait prisonnier dans son palais par le duc de Bénévent, qu'il avait se- couru contre les Sarrasins, mais que commen- çaient à effrayer les progrès des Francs. Il est ensuite rendu à la liberté. , Alfred le Grand succède à Ethelred, roi d An- gleterre. Il défend ce royaume contre les Danois, qui occupent tout le pays des Anyles. 156 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C. 872. Louis le Germanique rend à Louis II une partie de la Lorraine. Jean VIII, pape. 873. Charles le Chauve achète la retraite des Nor- mands. La France est un peu moins tourmentée par ces barbares. Charles le Chauve fait emprisonner son fils Carloman, révolté contre lui. Malgré les prières d'Hincmar, archevêque de Reims, et les lettres hautaines du pape Adrien II, il lui fait arracher les yeux. Yakoud, fils de Sonar, fonde dans le Khorasan la dynastie des Soffarides, qui remplace celle des Tahériens. Elle régna 30 ans sur le Ségestan, le Tabristan et le Khorasan. 874. Les Sorabes sont repoussés par Louis le Ger- manique. Alphonse le Grand fait éprouver une grande défaite aux Tolédains, près de la rivière d'Or- bedo. 875. Mort de l'empereur Louis II. Charles le Chauve réclame son héritage. 11 envahit l'Italie, force à la retraite les fils de Louis le Germanique et se fait couronner empereur à Rome par le pape Jean VIII. — Louis le Germanique reprend alors sa part de la Lotharingie, et la veuve de Louis II, Angilberge, aidera son gendre Boson à se faire roi de Provence. 876. 2 e couronnement de Charles le Chauve à Pon- tyon. L'Italie est de nouveau dévastée par les Sarrasins, et la France par les Normands. Mort de Louis le Germanique. Charles le Chauve réclame ses États. Il est vaincu près d'Andernach par Louis de Saxe, fils de Louis le Germanique. La Germanie reste indépendante et forme 3 royaumes partagés entre les fils de Louis : 1° royaume de Bavière à Carloman l'aîné; 2° royaume de Saxe à Louis; 3" royaume de Souabe à Charles le Gros. Prise de Rouen par les Normands. Prise de Coïrnbre par Alphonse III. 877. La faiblesse de Charles le Chauve augmente avec l'extension de sa domination. Il est appelé par le pape en Italie pour s'opposer aux Sarrasins. Avant d'entreprendre cette expédition, ,il tient à Quierci-sur-Oise une grande assemblée, où il pu- blie ce fameux capitulaire, d'où l'on peut dater la révolution féodale : oc 1° Si quelqu'un de nos fidèles, saisi d'amour pour Dieu, veut renoncer au siècle, et s'il a un fils ou tel autre parent capable de servir la chose publique, qu'il soit libre de lui transmettre ses bénéfices et honneurs comme il lui plaira; 2° si un comte de ce royaume vient à mourir, nous voulons que les plus proches parents du défunt, les autres officiers du comté et les évêques du diocèse pourvoient à son administra- tion, jusqu'à ce que nous ayons pu confier à son fils les honneurs dont il était revêtu. » Charles le Chauve passe en Italie, rencontre à Pavie le pape, et confère avec lui; mais apprenant l'arrivée de Carloman, roi de Bavière, avec une armée considérable, pour réclamer ses droits sur l'Italie, il reprend la route de France, et meurt à Brios, village situé en deçà du mont Cenis. Louis le Bègue, fils de" Charles le Chauve, lui succède. L'autorité de ce prince ne s'étend ni sur l'Italie ni sur la Lorraine. — Alain le Grand la secoue en Bretagne, et Sanche Mitarra en Gas- cogne. — Son cousin Carloman, fils aîné de Louis le Germanique, lui dispute l'Italie. Alfred le Grand, après avoir livré jusqu'à 7 ba- tailles aux Danois, est forcé de prendre la fuite, et de se tenir caché dans la cabane d'un berger pendant toute une année. 878. Alfred, roi d'Angleterre, ayant appris la défaite des Danois à Kinwith, sort de sa retraite, va re- Ap.J.-C. connaître lui-même le camp ennemi, où il entre déguisé en ménestrel, lève une armée, et par une seule bataille recouvre son royaume; puis, après avoir conclu avec Gurthorm, chef danois, un traité qui établit ce dernier roi d'Estanglie, comme vassal, il fait creuser, pour prévenir de nouvelles irruptions des Danois, un large fossé, qui s'étend depuis les marais situés au N. jusqu'à la rivière d'Ouse. Les Sarrasins contraignent le pape Jean VIII à leur payer tribut. — Violences dans Rome d'Adal- bert, duc de Toscane, et de Lambert, duc de Spo- lète, partisans de Carloman de Bavière. Jean VIII s'enfuit en Fiance, où il couronne le roi Louis le Bègue, qui l'avait été l'année précédente par Hincmar, de Eeims; ce prince se réconcilie avec son cousin, Louis de Saxe. Les Sarrasins achèventla conquête de la Sicile par la prise et la destruction de Syracuse. Ils renver- sent les fortifications de toutes les villes, excepté de Païenne, dont ils font leur place d'armes. 879. Louis le Bègue se met en marche pour aller châtier la révolte de Bernard, marquis de Septi- manie. Il est arrêté par la mort à Compiègne. — Avènement de ses 2 fils Louis III et Carloman — Ambition de Boson, beau-frère de Charles le Chauve, qui se fait élire roi d'Arles ou de Pro- vence dans une assemblée d'évêques tenue à Mantaille. Le pape Jean VI II demande et obtientdes secours de l'empereur Basile le Macédonien contre les Sarrasins , qui ravagent l'Italie. Sur la demande de l'empereur Basile, Jean VIII reconnaît Photius comme patriarche de Constan- tinople. — Jean VIII autorise saint Méthodius, apôtre des Moraves et des Slaves, à employer la langue esclavone pour la célébration de l'office divin. Fondation en Egypte de la dynastie des Toulo- nides par Ahmed, fils de Toulon, gouverneur de cette contrée. 880. Louis et Carloman cèdent à Louis de Saxe, 2 e fils de Louis le Germanique, la partie de la Lorraine qu'ils tenaient de Charles le Chauve et de Louis le Bègue. Assemblée de Gondreville, où Carloman, Louis III et Charles le Gros, roi de Souabe, s'allient contre les Normands et Boson, roi de Provence, qui est vaincu, mais non soumis. Mort de Carloman, roi de Bavière. La Bavière est réunie à la Saxe. Un fils bâtard de Carloman, Arnoul, a la Carinthie. — Charles le Gros est couronné roi d'Italie. 881- Charles le Gros vient prendre à Rome la cou- ronne impériale. Louis III gagne sur les Normands une grande bataille à Jaucourt en Vimeu, dans le bassin de la Somme. Cette victoire a été célébrée par un chant national. 882. Louis III meurt à Saint-Denis, sans laisser d'enfants; Carloman règne seul sur toute la France. — Charles le Gros succède à son frère Louis dans le royaume de Saxe. Les Normands s'emparent de Trêves qu'ils ré- duisent en cendre. Ils saccagent Liège, Cologne et plusieurs autres villes. Charles le Gros achète leur retraite par un tribut honteux et par la ces- sion de la Frise occidentale, à Godefroy, qui em- brasse le christianisme. — Conversion du chef normand Hastings, qui reçoit le comté de Char- tres. Mort d'Hincmar, archevêque de Reims. Les princes varègues de Kiev, Dir et Oskhold, qui s'étaient fait baptiser, sont assassinés par Oleg, tuteur du fils de Rurik, Igor. Oleg occupe Kiev, qui devient le siège de la domination russe. MOYEN AGE. 157 Ap. J.-C. 884. Carloman, roi de France, meurt à la chasse, blessé par un sanglier. Charles le Gros, lui suc- cède, au préjudice de Charles le Simple, fils posthume de Louis le Bègue, et réunit ainsi entre ses mains tout l'empire de Charlemagne. Adrien III, pape. 885. Charles le Gros fait difficulté de reconnaître le pape Etienne V, successeur d'Adrien III, parce qu'on n'a pas attendu son consentement pour la consécration de l'élu. 886. Les Normands, conduits par Godefroy et Sige- froy, assiègent Paris pendant une année. Ni l'em- pereur ni les nobles ne songent à secourir cette ville. Elle est défendue courageusement par Eudes, comte de Paris, et l'évêque Gozlin. Charles le Gros s'approche enfin de Paris, mais sans oser combattre. Honteux traité par lequel il écarte les Normands. Ces barbares font traîner leurs barques par terre, au-dessus de la ville, les remettent à l'eau, et, continuant à remonter la Seine, ils entrent dans l'Yonne et vont dévaster la Bourgogne. Mort de Basile le Macédonien. Son fils Léon VI lui succède. Il chasse Photius du siège patriarcal de Constantinople. Il a composé un traité de tac- tique. 887. Mort du roi Boson. Honte de Charles le Gros. A la diète de Kirckheim, il accuse son chance- lier et sa femme. Les grands indignés le dépo- sent solennellement à la diète de Tribur et lui substituent Arnoul, son neveu, dans le royaume de Germanie. Eudes, comte de Paris, fils de Robert le Fort (v. 866), est élu roi de France. 888. Charles le Gros meurt sans enfants dans une île du Rhin. Partage définitif de son empire; anarchie. Arnoul règne sur la Germanie et la Bavière ; Eudes sur la France occidentale et l'A- quitaine. Louis, fils de Boson, règne sur le royaume d'Arles ou de Provence. Rodolphe, fils de Conrad, fonde le royaume de la Bourgogne transjurane. Guy, duc de Spolète, et Bérenger, duc de Frioul, tous deux issus du sang de Char- lemagne par les femmes, se disputent l'Italie. Raynulf, comte de Poitiers, et un grand nombre d'autres seigneurs se rendent indépendants. Or- ganisation de la société féodale. Résistance qu'elle oppose aux Normands; la population commence à s'accroître. Les Normands sont deux fois repoussés de Paris. 889. Vers cette époque, 20 pirates Sarrasins partis d'Espagne sont poussés par la tempête dans le golfe de Grimaud et surprennent le village de Fraxinet, aujourd'hui la Garde-Fraisnet (Var). Ils y forment un établissement qui, pendant près d'un siècle, sera la terreur du midi de la France et du nord de l'Italie. Bérenger rend hommage à Arnoul pour l'Italie, où il reçoit le premier la couronne de fer de Lombardle. 890. Siméon, roi des Bulgares, commence contre l'empire grec une guerre qui durera trois années. Guy, vainqueur de Bérenger à la bataille de la Trébie, se fait couronner roi d'Italie. Vers cette époque, les Hongrois ou Madgyars, comme ils s'appelaient du nom d'une de leurs tribus, passent des régions du Volga dans celles de la Theiss et du Danube, sous la conduite d'Ar- pad, fils d'Almus. A peine sont-ils établis dans ces contrées qu' Arnoul, roi de Germanie, s'en sert pour ébranler l'empire des Moraves fondé par Swiatopolk. Eudes n'ose pas chasser les Normands des bords de l'Oise qu'ils ravagent. Fin du royaume, d'Estanglie, qu'Edouard le Vieux réunit à ses États. Ap. J.-C. 891. Victoire des Normands sur les troupes de Lor- raine, près Maestricht. Arnoul, roi de Germanie , remporte sur eux une grande victoire à Louvain sur la Dyle. Guy détrône Bérenger. Il est couronné roi d'Italie et empereur par le pape Etienne V, avec- son fils Lambert qu'il s'associe. 892. Eudes, roi de France, bat les Normands et est cependant forcé de leur accorder des conditions avantageuses pour les engager à la retraite. Le comte Waltgaire se révolte contre lui. 893. Déclin du pouvoir d'Eudes. Les mécontents lui opposent Charles le Simple. L'incapacité de ce prince le fait bientôt abandonner de ses parti- sans. 894. Eudes marche contre Charles le Simple, qui s'enfuit à Worms et implore le secours d'Arnou 1 qui lui envoie quelques troupes. Mort de Guy, roi d'Italie. Son fils Lambert lui succède. Borziwoi, duc de Bohême, reçoit le christia- nisme ; il est baptisé par l'évêque de Moravie, Méthodius. 895. Arnoul somme Charles et Eudes de compa- raître devant lui à la diète de Worms. Il donne la couronne de Lorraine à son fils naturel Zwen- tibold. — Il descend en Italie, appelé parle pape Formose contre le jeune Lambert, fils de Guy de Spolète. Il passe les fêtes de Noël à Lucques, où Bérenger vient le trouver. Arnoul retient Béren- ger prisonnier et le dépouille de ses Etats. Le duché de Frioul est donné au comte Waltfred et celui de Milan ou de Lombardie au comte de Maginfred. 896. Arnoul s'empare de Rome et se fait couronner empereur par le pape Formose, mais son échec devant Spolète et la maladie le décident à quitter l'Italie. — Bérenger recouvre ses Etats et fait la paix avec l'empereur Lambert. — Le pape Etienne VI fait le procès à la mémoire de For- mose ; il l'exhume, revêt le cadavre d'habits laïcs et lui fait couper la tête et les trois doigts de la main avec lesquels il a béni le peuple. Mais il est bientôt lui-même renversé et périt dans un cachot. A partir de cette époque et pendant plus d'un siècle l'élection des papes, livrée aux capri- ces de la populace et aux violences de l'aristo- cratie romaine, se décida parfois les armes à la main, et les candidats durent la tiare, moins à leurs vertus qu'à leur force et à leur audace. Le roi Eudes laisse à son rival, Charles le Sim- ple, les pays qui sont à l'E. de la Seine et de la Marne. 898. Mort d'Eudes qui laisse la couronne de France à Charles le Simple. Les grands se fortifient de plus en plus dans leurs châteaux pour résister aux Normands, aux Hongrois et aux Sarrasins. Ces 3 peuples barbares se rencontrent dans la Bourgogne transjurane. Ravages des Sarrasins en Provence. Mort de Lambert, roi titulaire d'Italie. En l'ab- sence d' Arnoul, Bérenger se fortifie dans l'Italie du N. et aspire à l'empire. 899. Mort d'Arnoul. Son fils Louis IV, dit l'Enfant, lui succède. Berthe, fille de Lothaire, roi de Lorraine, et de Waldrade, conçoit le dessein d'élever à l'empire Adalbert II, duc et marquis de Toscane, son mari, mais celui-ci est battu et fait prisonnier par Lambert, qui meurt peu après d'une chute de cheval, sans laisser d'héritier. Bérenger est seul roi en Italie; il rend la liberté au marquis de Toscane. Les généraux du calife abbasside essayent en vain d'arrêter les progrès des Karmates, secte de fanatiques qui ravagent l'Arabie et l'Irak-Arabi. 158 CHRONOLOGIE. — TABLES. Ap. J.-C. 900. Louis, fils de Boson, roi de Provence, vient disputer la couronne d'Italie à Bérenger. Celui-ci, secondé par Adalbert, duc de Toscane, s'avance à la rencontre de Louis, qui, désespérant du suc- cès de son entreprise, traite secrètement avec celui qu'il venait détrôner et s'engage, par un serment solennel à ne plus revenir en Italie. — Les Hongrois font éprouver à Bérenger une grande défaite sur les bords de la, Brenta, et ra- vagent toute la Lombardie. — Louis de Provence met à profit la situation de Bérenger pour violer son serment et revenir en Italie, où, après quel- ques succès, il se rend maître de toute la Lom- bardie et se fait élire roi. Zwentibold, fils naturel d'Arnoul, roi de Lor- raine, périt dans un combat sur les bords de la Meuse, contre ses sujets révoltés, et son royaume est réuni à celui de Germanie. Charles le Simple est reconnu dans l'Aquitaine et dans la Septimanie.