CARTE N° 6.
ÉGYPTE ANCIENNE.

(Une carte principale et quatre cartes accessoires.)

ÉGYPTE ANCIENNE.

carte principale.

L’Égypte ancienne était divisée en quatre régions :

lre région. L'Égypte inférieure, au N., comprenant le Delta ;

2e ré<gion. L'Égypte moyenne, au centre, ou l' Heptanomide, ainsi appelée parce qu'elle comprenait 7 nomes ou provinces ;

3e région. La Thébaïde ou Égypte supérieure, au S.

Chacune de ces régions a, depuis les plus anciens temps, été subdivisée en provinces, que les Grecs ont appelées nomes. M. Brugsch, le célèbre égyptologue allemand, a fait un savant livre sur la géographie de l'ancienne Égypte, dans lequel il a déterminé le nom et la place de chacune de ces provinces dans l'ancien empire pharaonique. Il a donné le nom hiéroglyphique et la transcription en langue égyptienne (copte) de chaque province avec ses villes principales, et il a établi la concordance de ces noms égyptiens avec les noms grecs qui ont subsisté pendant toute la domination des Ptolémées et même pendant l'époque romaine. Nous nous bornons à indiquer les noms grecs beaucoup plus connus et généralement adoptés.

L'Égypte fut réduite en province romaine en l'an 21 av. J. C, par Octave. Étant une des sources des grands approvisionnements de blé de l'Italie, cette province fut administrée par un préfet de l'ordre équestre, et cette dignité forma le plus haut degré auquel un chevalier pût atteindre, sauf la charge de Préfet du Prétoire, à laquelle la dignité de Præfectus Ægypti donnait accès. Ce haut fonctionnaire était assisté d'un autre chevalier portant le titre de Juridicus Ægypti. Nous connaissons plusieurs préfets d'Égypte par les inscriptions grecques gravées sur la partie inférieure du colosse de Memnon, et qui ont fourni la matière à un des plus remarquables mémoires de M. Letronne.

DIVISIONS EN 40 NOMES[1] :

I. Égypte basse ou Égypte inférieure et Delta (19 nomes) :

1. N. Hermopolite, cap. Hermopolis (peu éloignée de Damanhour) ; villes : Alexandrie, Canope (Aboukir), Marea à l'extrémité occidentale du lac Mareotis (lac Mariout).

2. N. Libyque, au S. du lac Mareotis, et au N. O. de la vallée des lacs Natrons.

3. N. Nitrite, dans la région des lacs Natrons. Cette contrée, déserte aujourd'hui, était fertilisée autrefois par un canal dérivé du Nil.

4. N. Naucratite, ch.-l. Naucratis (Desuq) ; Metelis (Fouah) ; Bolbitine (Rosette).

5. N. Saïte, ch.-l. Saïs, qui a donné son nom à une dynastie (ruines très-importantes près de Sad-Hagr).

6. N. Phténote, au N. E. du précédent.

7. N. Xoïte, ch.-l. Xoïs, à l'E. de Saïs.

8. N. Sébennytique, ch.-l. Sebennytus (Samanhoud).

9. N. Mendésien, ch.-l. Mendès (ruines à Tell-Dibleh) ; Tamiathis (Damiette) ; Thmuis (ruines à Tmaï-el-Emdid).


10. N. Tanite, ch.-l. Tanis ou Avaris (ruines très-importantes à Sân), résidence des rois Pasteurs ; Phacusa (ruines à Faqus).

11. N. Sétroïte, ch.-l. Sethroe (Tell-el-Serig) ; Tennis (dans une île du lac Menzaleh près de Port-Saïd) ; Pelusium (enfouie dans le limon aujourd'hui) ; Magdol ou Magdolon (Tell-el-Semoud) ; Daphné (ruines à Tell-Deffeneh) ; Sele (près de Kantara, passage de la grande route de Syrie) ; Tagasarta (position douteuse, au S. O. de Daphné).

12. N. Busirite, ch.-l. Busiris (position douteuse, près de Tell-el-Mokdam) ; Pharbatos (ruines à Horbeit).

13. N. Bubastite, ch.-l. Bubastis, qui a donné son nom à une dynastie (ruines très-importantes à Tell-Basta, près de Zagazig) ; Pithom (ruines à Tell-Abou-Soliman, au S. O. de Tell-el-Kébir, dans le pays de Gessen).

14. N. Phacroriopolite, ch.-l. Phacroriopolis (vers Tell-Rigabeh, dans le pays de Gessen).

15. N. Héroopolite, ch.-l. Héroopolis (à l'O. du lac Timsah) ; Ramsès (ruines à l'O. de la précédente, ville mentionnée dans la Bible ; Thaubastum (ville, toute moderne, de Timsah, construite par la compagnie de l'isthme de Suez) ; Serapeum (ruines entre le lac Timsah et les lacs Amers) ; — Cambysos (monuments persépolitains entre le Gebel-Géneffi et les lacs Amers) ; Arsinoé ou Cléopatris (ruines au N. E. de Suez) ; Clysma (ruines au N. de Suez, Tell-Kolzum).

16. N. Athribite, ch.-l. Athribis (ruines à Bena).

17. N. Prosopite, ville Térénuthis (Terraneh).

18. N. Héliopolite, ch.-l. Héliopolis (ruines à Mit-Sareh, à trois milles du Caire, au N.) ; Onion (ruines à Tell-el-Youdié).

19. N. Létopolite, ch.-l. Létopolis (entre le Barrage et le Caire, rive gauche du Nil) ; Babylon (le vieux Caire, au S. du Caire et. de Boulaq). (Près de là est le village de Beçatin, au pied du Gebel Mokattam, où l'on présume qu'eut lieu le rendez-vous des Juifs à l'appel de Moïse. Là commence en effet la Vallée de l'Egarement qui conduit à Suez.)

II. Heptanomide ou Égypte moyenne (7 nomes) :

1. N. Memphite, ch.-l. Memphis, rive gauche, capitale de la basse Égypte, et qui l'a été de tout l'empire égyptien pendant longtemps (ruines entre les villages de Bedrécheïn, de Sakkara et d'Abousir. Le village de Mit-Rahinet est au milieu de ces ruines) ; Memphis a donné son nom à plusieurs dynasties de rois. Troja (Tourah, au S. du. Caire), rive droite ; les Pyramides, rive gauche.

2. N. Aphroditopolite, ch.-l. Aphroditopolis (Atfieh, rive droite).

3. Arsinoïte, ch.-l. Arsinoe ou Crocodilopolis, sur les bords du lac Méris qui n'existe plus aujourd'hui, mais dont l'emplacement et les dimensions sont très-reconnaissables et qui n'est pas, comme on l'a cru, le lac appelé par les modernes Birket-el-Qiroum (ruines à Médinet-el-Faïoum) ; le Labyrinthe (sans doute peu éloigné des pyramides de Haouarat) est encore à chercher.

4. N. Héracléopolite, ch.-l. Heracleopolis (Ahnasel-Medineh), rive gauche.

5. N. Oxyrrhynchite, ch.-l. Oxyrrhyncos (Belmeseh), rive gauche. 6. N. Cynopolite, ch.-l. Cynopolis, rive gauche (au N. de Minieh).

7. N. Hermopolite, ch.-l. Hermopolis magna, rive gauche (au S. de Minieh) ; Spéos-Artémidos (grottes de Beni-Hassan, si célèbres par les lettres de Champollion) ; Antinoë ou Besa (Ser-Abadeh) ; Psinaula (Tell-Amarna) ; Pescla (Deir-el-Koseïr).

III. Thébaïde ; ou haute Égypte ou Égypte supérieure (14 nomes) :

1. N. Lycopolite, ch.-l. Lycopolis (Syout), rive gauche.

2 N. Hypsélite, ch.-l. Hypselae (au S. de Syout) ; Abotis (Abutig) ; Apollinis civitas minor (Sadfeh), rive gauche.

3. N. Antéopolite, ch.-l. Anteopolis (Qau-el-Kébir), rive droite.

4 N. Aphroditopolite, ch.-l. Aphroditopolis (Etfeh) ; Athribis (Sech-Hammed) ; Ptolémaïs-Hermiu (El-Mensieh), rive gauche.

5 N. Panopolite, ch.-l. Chemmis ou Panopolis (El-Achmim), rive droite.

6 N. Thinite, ch.-l. This, qui a donné son nom à une dynastie (ruines près d’Abydos) ; Abydos (temples et monuments), rive gauche.

7 N. Diospolite, ch.-l. Diospolis parva (Hou), rive gauche.

8. N. Tentyrite, ch.-l. Tentyris (Denderah, temple célèbre de l’époque Ptolémaïque), rive gauche.

9 N. Coptite, ch.-l. Coptos (Qouft), entrepôt célèbre du commerce de la mer Rouge, avec la moyenne et la basse Égypte, au temps des Ptolémées. Deux routes conduisaient, à travers le désert, l’une à Myos-Hormos, l’autre à Bérénice, par des stations mentionnées dans la Table antonine et reproduites dans notre carte ; Cœnopolis (Qéneh) ; Apollinopolis parva (Qous).

10. N. Phatyrite, ch.-l. Thèbes ou Diospolis magna, qui a été longtemps capitale de l’Égypte et de tout l’empire sous les célèbres dynasties XVIIIe, XIXe, XXe, etc. (monuments immenses à Karnak, à Luqsor, sur la rive droite ; à Médinet-Ahou, à Gournah, sur la rive gauche).

11. N. Hermontite, ch.-l. Hermontis (Erment), temple célèbre ; Aphroditopolis (Gebelen).

12. N. Latopolite, ch.-l. Latopolis (Esneh), temple ptolémaïque ; Asphinis (Asfan).

13. Apollinopolite, ch.-l. Apollinopolis magna (Edfou), temple célèbre le mieux conservé de toute l’Égypte ; Hierakonpolis, et Eilethya (ruines).

14. N. Ombite, ch.-l. Ombos (temple) ; Silsilis, ruines et carrières ; Eléphantine, ruines pharaoniques, dans l’île qui est en face de Syène ; Syène (Assouan), île sacrée de Phile, couverte de temples en ruine.

Antiquités. Fouilles ; principaux chantiers. — Depuis 1851, M. Auguste Mariette a accompli en Égypte des travaux d’exploration et des fouilles qui ont produit les résultats les plus importants pour la connaissance de l’histoire de l’Égypte. Nous avons cru devoir indiquer les principaux points explorés par l’illustre archéologue ; ce sont :

1o Dans la basse Égypte : Tanis ou Avaris à San, où il a retrouvé les monuments des Pasteurs ; Sais, Busiris, Bubastus, Thmuis, Athribis, Héliopolis.

2o Dans l’Heptanomide, Memphis et sa nécropole (découverte du Sérapéum, du temple d’Armachis ou du grand sphinx, de tombeaux sans nombre) ; Arsinoé et les environs du lac Méris. Les grottes de Beni-Hassan, Antinoé, Hermopolis magna.

3o Dans la haute Égypte. Lycopolis, This, Abydos (où il a dégagé le fameux temple de Séti et trouvé de nombreux monuments des Xe, XIe, XIIe et XIIIe dynasties). Thèbes, où il a dégagé le sanctuaire de Karnak, les temples de Médinet-Abou,


celui de Deir-el-Bahari et des sépultures sans nombre, à Gournah, à l’Assassif ; Edfou, où il a complètement dégagé le grand temple d’Apollinopolis magna ; Eléphantine.

Il faut ajouter à cela les fouilles de Nubie et du Soudan, jusqu’aux environs de Khartoum ; la fameuse stèle du Gebel-Barkal a été mise au jour près de cette montagne.

3o Cartes accessoires.

I. L’empire égyptien sous Toutmès III le Grand et sous Ramsès II (Sésostris).

On sait avec certitude aujourd’hui quels étaient les peuples soumis et tributaires des Pharaons aux grandes époques de l’histoire d’Égypte. Ces grandes époques sont : 1o la IVe dynastie ou la domination des rois Choufou (Chéops) et Chafra (Chephrem), fondateurs des grandea pyramides, s’étendait sur toute la vallée du Nil, depuis la Méditerranée jusqu’à Eléphantine, où étaient ces fameuses carrières de granit rose, dont de nombreux monuments contemporains des pyramides sont construits, et notamment le temple d’Armachis ou du sphinx, découvert par M. Mariette. Cette première époque, dont la grandeur est attestée par les monuments, est celle des Dynasties Memphites. Memphis, qui paraît dans l’histoire bien avant Thèbes, contrairement à ce qu’on a cru longtemps, était donc alors la capitale du royaume qui forma de tout temps ce qu’on est convenu d’appeler l’Égypte proprement dite, c’est-à-dire la vallée du Nil jusqu’à la première cataracte, ce qui fait 320 lieues en remontant son cours depuis son embouchure.

2o La seconde époque prospère est celle de la XIIe et de la XIIIe dynastie dont les rois paraissent avoir été fixés dans le Fayoum, c’est-à-dire dans la région de Crocodilopolis, où était le fameux lac Méris. Nous ne savons rien de l’étendue exacte de l’empire pendant cette période. Mais il est certain que les stèles de cette époque nous montrent, parmi les peuples vaincus, des nègres ; or il ne s’en est jamais trouvé au nord du 9e degré ; donc la domination des Pharaons de ces dynasties s’étendait fort au delà des limites de l’Égypte proprement dite. Peu de temps après, vinrent les rois Pasteurs ou Hycsos, conquérants sémites qui séjournèrent surtout dans le Delta, et dont la capitale semble avoir été Tanis ou Avaris (aujourd’hui Sân).

3o Chassés par les rois de Thèbes, les Pasteurs firent place aux Pharaons de la XVIIIe et de la XIXe dynastie, conquérants illustres et souverains puissants qui donnèrent à l’empire égyptien une splendeur et une étendue qu’il n’a jamais retrouvées depuis. Toutmès Ier commence la conquête de l’Ethiopie (Terre de Kousch), du pays des Arabes (Sasou), de la Blésopotamie (Naharina) et du pays des Assyriens (Rothenou). Sous la régente Hatasou, sa fille, l’Arabie Heureuse (Pount) devint tributaire. Sous Toutmès III, les conquêtes atteignent leur plus grand développement. Tout le pays de Chanaan (ou des Chétas) est soumis par la bataille de Maggeddo (Maketa-la-Mauvaise). Le pylône de Karnak donne les noms des 115 peuples ou villes soumises après cette victoire, ce qui comprend, à peu près, toute la Syrie. Les Assyriens (Rotenou) furent tributaires, les Phéniciens (Zhaï) et les Arméniens (Rémenem) également. Ninive (Neniau) est prise ; on connaît le détail de 15 campagnes successives et toujours heureuses entreprises en Asie ; mais Toutmès III ne paraît avoir franchi ni le Tigre, ni le Taurus. Le Sennaar, en Babylonie, était compris parmi les pays tributaires. L’île de Chypre (Kefa) a été attaquée par ses flottes. Enfin le pays de Kousch ou l’Ethiopie a été entièrement conquis, et le pylône de Karnak nous donne 115 noms de peuples, c’est-à-dire de tribus ou de villes qui ont reconnu les lois de Toutmès III. Il est probable que le pays qui fut entièrement conquis et annexé à l’Egypte s’étendait sur les rives du Nil jusques et y compris l’île de Méroé et même au delà de Khartoum. Amada, Corte, Talmis, Pselchis, Semne, Koumm et Mahata (au pied du Gebel-Bakal), qui a été la résidence de rois éthiopiens conquérants de l’Egypte, tels que Pianchi Mériamoun, et Tharaka, sont les noms les plus connus de cette partie de l’empire égyptien. Un texte dit expressément que les princes d’Ethiopie administraient le pays au nom du roi Toutmès III.

Sous Amenhotep II, les peuples de l’Asie sont maintenus dans l’état de tributaires. On voit la Chypre figurer comme un pays soumis sur un monument de Thèbes.

Toutmès IV, vers 1550, ne paraît pas avoir perdu le fruit des conquêtes du grand Toutmès.

Amenhotep III ou Aménophis III, représenté par le fameux colosse de Memnon, à Thèbes, conserva et fortifia l’empire dans les mêmes limites. On a la longue liste des peuples qui dépendaient de ce roi et ce sont les mêmes qu’au temps de Toutmès le Grand.

Amenhotep IV (Chou-en-Aten) maintint l’empire intact ; mais, à la suite de la révolution religieuse que provoqua ce roi, une partie des pays soumis échappèrent à ses successeurs, et sous les Pharaons de la XIXe dynastie il fallut, recommencer l’œuvre de Toutmès. Ce fut l’emploi des règnes de Ramsès Ier, de Séti Ier (Sethos) et surtout de Ramsès II le Grand ou Sésostris, son fils, qui renouvela les conquêtes de Toutmès le Grand sans le surpasser, ni même l’égaler, pendant son long règne de soixante ans environ. S’il est plus connu que tout autre dans la tradition égyptienne dont Hérodote a donné le reflet altéré, c’est qu’il couvrit l’Egypte et l’Ethiopie de monuments et que ses exploits ont été chantés par les poètes. Mais il a plutôt organisé l’empire qu’il ne l’a étendu. On connaît sept gouverneurs ou préfets du Soudan (Ethiopie) sous son règne. Ses prétendues campagnes en Asie au delà du Tigre et jusqu’au Gange, aussi bien qu’en Asie Mineure, sont une fable. Aucun monument n’en parle, et cependant ils racontent avec prolixité tous les événements de son règne. On en peut faire les annales complètes. Sa plus grande victoire, célébrée à Thèbes, au Ramesseum et à Médinet-Abou, est celle qu’il a remportée sur les Chétas (Chananéens). Nous ne donnerons donc pas d’autres limites à ses États que celles de Toutmès le Grand.

Après Ramsès II cet empire se soutint encore quelque temps, surtout sous Ramsès III ; puis, avec les derniers rois de ce nom (XXe dynastie) et surtout avec les prêtres d’Ammon (XXIe dynastie), commence la décadence de l’Egypte qui est peu à peu réduite à ses anciennes limites, paraît sans cesse agitée par des luttes de prétendants et est enfin envahie par les conquérants éthiopiens.

II. Topographie de Menphis et de ses environs.

La ville de Memphis, dont les ruines sont à peine inconnaissables, sauf le colosse couché de Ramsès II, embrassait, sur la rive gauche, un espace considérable qui se trouve entre les villages modernes de Bédréchyn, Sakkarah, Abousir et la fameuse forêt de palmiers et dont le centre est le village de MitRahineh. Ce ne sont pas les ruines de Memphis

. escarpements de sanie qui appartiennent déjà au désert. La limite qui sépare les cultures des sables est formée, comme autrefois, par un canal appelé aujourd’hui le Bar-Yousouf.

Cette nécropole a plus de 10 lieues d’étendue et comprend plusieurs régions dont les différents groupes de pyramides forment comme autant de centres. À partir du N., se trouvent d’abord les


groupes des grandes pyramides de Giseh, du nom de la petite ville chef-lieu de moudyrie, qui est située en face et sur la même rive du Nil. Ce sont les tombeaux de Choufou(Chéops),le plus haut monument du monde, de Chafra (Chephrem), la seconde par ses dimensions, et de Menkerès (Mycérinus) où a été trouvé le sarcophage de ce roi. Un grand nombre de sépultures de tous les âges et d’édifices religieux dont les plus remarquables sont de la IVe dynastie, se groupent autour des pyramides. Le grand sphinx (le dieu Amarchis), avec son magnifique temple en granit rose, est du nombre. Viennent ensuite, au sud des pyramides de Giseh, celles d’Abousir avec d’autres tombeaux ; puis celles de Sakkarah dont les environs sont le noyau le plus important de la nécropole de Memphis et où se trouve le fameux Serapeum découvert par Mariette. On reconnaît dans cette vaste nécropole comme autant de quartiers différents, les cimetières des dynasties primitives et surtout de la IVe, celui des XVIIIe et XIXe, celui de la XXVIe et enfin celui des Grecs de l’époque ptolémaïque. On n’a pu encore trouver un seul monument des XIIe et XIIIe dynasties si fréquentes dans le Fayoum, aux abords du lac Méris et à Abydos. Enfin le dernier groupe est figuré par le Mastabat-el-Pharaoun et les pyramides de Dashour.

III. Ruines de Thèbes.

Thèbes était la seule ville de l’Egypte qui s’étendit sur les deux rives du fleuve, cependant très-large en cet endroit. À droite était le quartier principal qu’on peut appeler la cité par excellence. À gauche était surtout la ville des morts, quoiqu’un vaste territoire fût certainement habité de ce côté. La ville de droite, dont les imposantes ruines révèlent l’immense étendue, possède les monuments les plus célèbres de l’Egypte et est couverte, sur deux points, des débris les plus vastes qui soient au monde. Le plus important de ces deux quartiers est celui auquel le petit village de Karnak a donné son nom ; c’est là que sont ces temples, dont l’ensemble n’a guère moins d’une lieue de tour et où se trouvent les pylônes, les salles hypostyles, les obélisques, les sanctuaires de tous les âges depuis l’époque antérieure aux Pasteurs jusqu’à Philippe Arrhidée. Ces pages d’histoire, déchiffrées aujourd’hui, nous donnent surtout des annales entières des grands règnes des Toutmès et des Ramsès. À Luqsor, sont des temples du temps de la XVIIIe et de la XIXe dynastie.

Sur la rive gauche, on ne trouve guère que des monuments sacrés sur la limite du désert et semblant appartenir déjà à la nécropole. Ce sont, du N. au S. : le temple de Gournah, du temps de Séti Ier et de Ramsès II son fils ; le Ramesseum, ou grand temple de Ramsès II avec des pylônes célèbres racontant ses victoires ; le Memnonium, avec ses deux colosses qui remontent à Aménophis III ; les temples de Médinet-Abou, ou mieux Medineh-Tabou, dont l’un est du temps des Ramsès, les deux autres de l’époque ptolémaïque ; on y voit aussi les débris du palais de Ramsès II. À l’O. de ces édifices, commence la nécropole de Thèbes, d’abord resserrée vers le S. entre la ville et les montagnes libyques, puis, s’élargissant vers le N., pour former les quartiers célèbres désignés sous le nom de Deir-el-Bahari, où se trouve, parmi des myriades de sépultures, un temple du temps des premiers Toutmès et de la régente Hatasou, l’Assassif, Drah-Abou — Neggah, où dominent les tombes de la XIe et peut-être même de la VIe dynastie. Enfin, derrière les plus hauts sommets de la montagne libyque, et à l’extrémité d’un chemin tortueux et aride encaissé dans des roches inaccessibles, sont les tombes des rois. Ce quartier, connu sous le nom de Biban-el-Molouk, a déjà fait connaître les magnifiques tombes royales de Séti Ier, découvertes en 1819 par Belzoni, et de plusieurs Ramsès.

Plan d'Alexandrie.

La principale description que nous possédions d'Alexandrie est de Strabon (1. XVII, ch. i). La ville fondée par Alexandre était assise sur la langue de terre qui séparait le lac Maréotis de la Haute mer, en face de l'île de Pharos, à laquelle elle fut rattachée par une digue appelée Heptastade à cause de la distance de 7 stades (environ 1 mille, ou 1480 mètres) qui la mesurait. Le rivage de la terre ferme se rapproche des deux côtés, à l'O. et à l'E., de l'île de Pharos, dont la forme est allongée, et cette disposition produit les deux ports d'Eunoste, à l'O., du Grand-Port, à l'E., séparés l'un de l'autre artificiellement par l'Heptastade qui ménageait toutefois un double passage de l'un a l'autre, à l'aide de deux ouvertures, avec des ponts mobiles. Le Phare était isolé dans la mer à l'extrémité orientale de l'île et en face du promontoire Lochias. Le grand port était subdivisé en plusieurs autres ports. Près du cap Lochias étaient les immenses palais des Ptolémées, le Musée, le Soma ou sépultures des rois parmi lesquelles était le tombeau d'Alexandre. Dans ce quartier royal, sur le côté oriental du Grand-Port, était un petit port fermé appelé Port des rois et qui renfermait la flotte des princes. En face de ce petit Port des rois, toujours par conséquent dans le grand port, était la petite île Antirhodus qui supportait un palais, un théâtre et qui avait elle-même un petit port. La côte qui formait le quai méridional du Grand-Port, depuis le quartier des palais royaux jusqu'à l'Heptastade, offrait d'abord un ler Emporium ; le quai formait ensuite un coude appelé le Posidium, à cause du temple de Neptune qui le surmontait. C'est à ce point qu'Antoine fit construire une jetée s'avançant jusqu'au milieu du Grand-Port, et c'est là que s'élevait un palais auquel il avait donné le nom de Timonium ; puis venaient le 2e Emporium, le Cœsareum,les arsenaux et les chantiers. — De l'autre côté de l'Heptastade était le port d'Eunoste qui communiquait avec un autre port creusé au S. et appelé Kibotos, Cibotus, auquel aboutissait un grand canal ayant son ouverture méridionale dans le grand Port du Lac Maréotis. C'est là que les navires du haut Nil arrivaient avec les marchandises de l'Orient et de l'Égypte. De nombreux canaux, les uns latéraux au Nil depuis la haute Égypte, les autres pris au fleuve à la même latitude qu'Alexandrie (pour le commerce du Delta), offraient des communications faciles avec tous les points importants du pays. C'est là que se faisait le commerce d'importation ; dans les ports de la Méditerranée, le commerce d'exportation. A l'O. du canal qui faisait communiquer le Port-du-lac avec le Cibotus, était encore une portion de la ville, puis la Nécropole ; à l'E., était le Serapeum, le Stade, et les grands quartiers, le Panium, l' Hippodrome, le Cirque. La ville avait trente stades de long (de l'E. à l'O.) et sept ou huit de large (du N. au S.). Deux grandes rues la traversaient dans les deux sens et par conséquent la coupaient à angle droit. Dans l'île de Pharos était encore un port ouvert au N. et qu'on appelait le Port des Pirates, ce qui faisait 7 ports à Alexandrie.

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Pl. 6 EGYPTE ANCIENNE

  1. 1. Strabon dit qu'il n'y en avait que 36 dans l'origine.