Atlas universel d’histoire et géographie/Blason


ÉLÉMENTS

DE

L’ART HÉRALDIQUE.


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BLASON.


Origine du blason. Si le blason n’est qu’un objet de curiosité pour les esprits superficiels, il a une utilité incontestable, une importance réelle, il devient une source d’ingénieux rapprochements, pour ceux qui, après en avoir étudié les principes, les appliquent à la connaissance de l’histoire. Le blason s’appuyant sur les monuments des arts, sur les chartes et les diplômes, appelant à son aide la paléographie, la sigillographie, la numismatique, cesse d’être un hochet de vanité pour entrer dans le domaine de l’érudition, et sert à expliquer les mœurs et usages du moyen âge, les habitudes de la vie féodale, les lois qui régissaient les guerres et les tournois. Ainsi considéré, il devient un chapitre important de l’archéologie. Ces figures, inintelligibles pour le vulgaire, ont pour l’initié leur signification, leur raison d’être. Comme la féodalité, le blason ne s’est pas borné à un pays ; il s’est développé avec elle ; l’Allemagne, la France, l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne, l’Orient même, l’ont adopté.

Les anciens ornaient leurs boucliers, casques et enseignes de figures symboliques, telles que lions, léopards, griffons, oiseaux, poissons, etc. ; maison ne doit pas rechercher dans ces emblèmes des premiers temps les origines du blason, et conclure avec nos anciens héraldistes que les Hébreux, les Grecs, les Romains, les Germains avaient des armoiries. Si de tout temps on a vu des figures sur les boucliers et les enseignes de guerre, c’est que les emblèmes sont de toutes les époques. Mais ces figures de fantaisie ne servaient que bien rarement à distinguer les familles et jamais à en indiquer la noblesse, ce qui est, comme on le sait, le caractère essentiel des armoiries, qui sont des marques héréditaires d’extraction et de dignités. Certains signes, certains emblèmes anciens sont venus prendre leur place dans l’art héraldique, mais là se bornent les emprunts faits par le moyen âge aux siècles antérieurs.

On a cherché, et non sans raison, à identifier le blason avec la féodalité ; et cette identification montre toute la difficulté de fixer d’une manière précise l’époque à laquelle le blason commença à être en usage. Comme pour la société féodale, on peut en constater les développements et arriver à une période où il est créé, mais son origine restera peut-être toujours dans l’obscurité.

C’est au xe siècle que l’on peut en rapporter les premières traces connues ; il est encore en son enfance, mais il existe déjà ; et si les exemples que les auteurs en citent durant ce siècle violent les règles de l’art héraldique, c’est uniquement parce que ces règles n’étaient pas encore établies ; tout était encore incertitude ; sa langue était sans fixité, ses figures rudimentaires. Au tournoi donné à Gœttingue en 934 par Henri l’Oiseleur, duc de Saxe, depuis empereur d’Allemagne, on voit Sgurer des pièces d’étoffes disposées précisément de la manière dont le furent plus tard les bandes, barres, pals, cotices ; on y reconnaît le losange, le burrelé, l’échiqueté, ce qui semble donner quelque fondement à l’opinion du P. Ménétrier, de de Spelman et de Muratori, qui regardent les armoiries comme nous étant venues d’Allemagne.

Au xie siècle, le blason existe en France ; les sceaux d’Adalbert, duc et marquis de Lorraine (1030 et 1037), où l’on voit l’aigle au vol abaissé ; celui de Robert, comte de Flandre (1072), qui est chargé d’un lion ; celui de Raymond de St-Gilles, comte de Toulouse (1088), avec la croix cléchée et pommetée, en font foi ; mais il faut arriver à la grande époque des croisades pour entrer dans la seconde période des armoiries, les voir se généraliser, se développer selon des règles fixes et plus tard invariables.

Les armoiries deviennent héréditaires. Voilà le blason créé ; mais à quelle époque les armoiries ontelles commencé à devenir héréditaires ? On a beaucoup discuté pour l’établir ; les uns veulent que ce soit à l’époque des premières croisades, et il pourrait bien se faire qu’ils n’eussent pas tout à fait tort ; d’autres en rapprochent la date jusqu’au milieu du xne et même à la fin du {sc|xiii}}e siècle. Il est probable qu’elles ne devinrent héréditaires que successivement, c’est-à-dire que les maisons nobles adoptèrent leurs armoiries, les unes à une date relativement ancienne, les autres à une époque plus moderne. Cela est si vrai que c’est encore ce que l’on voit se produire de nos jours.

Origine des figures héraldiques. Il est hors de doute que les premières croisades multiplièrent les armoiries. Les chevaliers venus de tous les points de l’Europe, et réunis en Palestine, voulurent se reconnaître sous les armes, et ils prirent non-seulement des cottes d’armes, des drapeaux, des boucliers de couleurs variées, mais ils y mirent encore divers signes propres à atteindre le but qu’ils se proposaient. De là ces animaux de toute espèce, lions, léopards, aigles, griffons, serpents, qui paraissent en si grand nombre sur les écus, et cette quantité de croix de toute nature que l’on remarque dans les armes des anciennes maisons nobles. À cette source ont été puisées d’autres figures encore, telles que les merlettes, ces oiseaux voyageurs que l’on représente sans bec ni pattes, peut-être pour indiquer que le chevalier est revenu des guerres saintes mutilé et estropié ; les croissants, les étoiles, souvenirs des figures peintes sur les étendards des infidèles, les besants, en mémoire des rançons que les croisés devaient payer pour racheter leur liberté, les monstres chimériques, admis dans les poésies orientales, toutes ces figures devinrent des symboles héraldiques. Si à ces souvenirs religieux et guerriers tout à la fois, on ajoute celui des tournois, joutes, pas d’armes et autres exercices dans lesquels se complaisait la noblesse, les allusions aux événements mémorables ei aux actions d’éclat auxquels elle prenait part, les droits honorifiques, les dignités, emplois et fiefs qu’elle possédait, les noms de famille et surnoms, au moyen d’allusions plus ou moins directes, se rapportant à leur signification apparente ou réelle ; si on réunit toutes ces origines, on aura, à peu de chose près, les sources auxquelles les nobles et les héraldistes de tous les temps ont dû puiser pour composer et meubler les écus armoriés. Les devises, les cris de guerre, les supports n’ont pas non plus d’autre origine.

Le blason devient une science. Les écus blasonnés deviennent communs vers le milieu du xiie siècle ; mais les armoiries ne sont un peu stables qu’au xiiie siècle. À la fin du règne de saint Louis, elles commencent à se fixer définitivement. Bientôt on voit paraître les premiers traités de blason ; chaque auteur apporte une nouvelle règle à l’art nouveau. On raconte que le roi Jean prenait beaucoup de plaisir à cette science, ce qui fit qu’on s’y appliqua sous son règne et qu’elle fit des progrès. Sous les rois ses successeurs, ce goût du blason se répandit à tel point que presque tous les écrivains du temps en émaillent leurs écrits. Froissart, Monstrelet, Olivier de la Marche en ornent leurs chroniques. Les anciens romans de chevalerie sont remplis de descriptions d’armoiries de fantaisie attribuées à des héros imaginaires. L’art héraldique a, dès lors, un code et un vocabulaire qui lui sont propres, des signes et des symboles qui lui appartiennent. De même que ses règles, exposées plus bas, sont invariables, de même ses figures ont, pour la plupart, des formes conventionnelles que leur ont données les anciens peintres héraldistes ; elles s’éloignent quelquefois de la réalité, mais elles doivent être conservées comme traditionnelles.

Définition. Le blason est l’art de connaître et de décrire méthodiquement les armoiries. On lui donne aussi le nom d’art héraldique, parce qu’une des fonctions des hérauts d’armes consistait à lire à haute voix les armoiries des chevaliers qui se présentaient aux lices des tournois ; c’est ce que l’on appelait blasonner[1].

Principes généraux. Les principaux éléments du blason consistent dans la connaissance de Vécu, des émaux (métaux, couleurs, fourrures), des pièces ou meubles, des brisures et des ornements extérieurs. Une règle, qui souffre peu d’exceptions, prescrit de ne jamais poser métal sur métal, couleur sur couleur, fourrure sur fourrure. Les autres règles seront développées successivement.

Écu[2]. L’écu n’est autre chose que le bouclier qui, destiné d’abord à préserver l’homme de guerre des coups de l’ennemi, servit plus tard à faire connaître les belles actions dont pouvait s’honorer son possesseur. La peinture et la sculpture furent appelées à les y représenter ; le bouclier devint une page d’histoire, une sorte de brevet d’honneur que le titulaire portait toujours avec lui. Bientôt la dimension du bouclier ne suffit plus pour contenir l’énumération des actions d’un guerrier célèbre ; on se servit alors d’emblèmes, langue dont chaque caractère est un fait, chaque terme un récit.

L’écu d’armoiries est le champ qui représente le bouclier, la cotte d’armes, ou la bannière sur lesquels les figures allégoriques étaient reproduites. Il est simple ou composé. Il est simple ou plein lorsqu’il est rempli d’un seul émail ; on dit alors d’or plein, de gueules plein, etc. L’écu composé a plusieurs émaux et par conséquent plusieurs partitions. Deux écus qui se touchent par le bord sont dits écus accollés.

Formes de l’écu. L’écu français est un carré long, arrondi aux deux angles inférieurs et terminé en pointe au milieu de sa base ; l’écu ancien était triangulaire ; on le posait incliné ; il est ainsi figuré sur les anciens sceaux ; c’est de cette manière qu’on le suspendait aux tribunes des lices dans les tournois ; Vécu en bannière était de forme entièrement cil-fée, et généralement en usage parmi les seigneurs qui avaient le droit de bannière à l’armée, et notamment parmi les bannerets de Guienne, de Poitou et de Bretagne. — Écus étrangers : les Anglais ont adopté l’écu français en l’évasant vers la partie supérieure. L’écu allemand est de forme variée, mais reconnaissable à l’échancrure à dextre qui servait aux chevaliers à supporter la lance. Les Espagnols portent l’écu français arrondi par le bas. L’écu italien est ovale en souvenir des ancilles romains qui, selon la tradition, avaient cette forme, qui a été adoptée en France par les ecclésiastiques. Les Russes ont pris aussi la forme ovale.

Partitions. Ce sont les divisions de l’écu résultant des lignes qui divisent le champ en plusieurs sections. Elles sont au nombre de quatre, savoir : le parti, le coupé, le tranché et le taillé. Le parti est formé par une ligne perpendiculaire qui partage l’écu en deux parties égales, dextre et senestre. Le coupé divise aussi l’écu en deux parties égales, mais par une ligne horizontale. Le tranché est formé par une ligne diagonale tirée de dextre à senestre. Le taillé par une diagonale de senestre à dextre.

De ces quatre partitions dérivent les autres divisions de l’écu, nommées répartitions ; savoir : le tiercé, formé du parti, ou du coupé, ou du taillé, ou du tranché, répété deux fois ; l’écartelé, formé du parti et du coupé combinés ensemble ; l’écartelé en sautoir, formé par le tranché et le taillé ; le gironné, combinaison du parti, du coupé, du tranché et du taillé.

Les quartiers servent à distinguer les alliances des familles et s’obtiennent par la subdivision de l’écartelé. L’écu parti de 1, coupé de 2, donne 6 quartiers ; parti de 3, coupé de 1, donne 8 quartiers ; parti de 4, coupé de 1, donne 1 quartiers ; parti de 3, coupé de 2, donne 12 quartiers ; parti de 3, coupé de 3, donne 16 quartiers ; parti de 4, coupé de 3, donne 20 quartiers ; parti de 7, coupé de 3, donne 32 quartiers. Ce dernier nombre est le plus grand dont se servent les héraldistes ; il y a cependant des exemples d’écartelures plus nombreuses.

L’écu de la famille principale se met sur le tout, en cœur ou en abyme ; ce dernier peut lui-même être chargé d’un troisième écu dit sur le tout du tout.

Positions des figures sur l’écu. On appelle positions les places ou points que peuvent occuper sur le champ de l’écu les figures ou meubles qu’on y représente ; ces positions sont au nombre de dix ; voici leurs noms : le chef qui occupe la partie supérieure de l’écu ; le point du chef ; le canton dextre du chef ; le canton senestre du chef ; le point d’honneur ; le centre de l’écu, cœur ou abyme ; le flanc dextre ; le flanc senestre ; la pointe ; le canton dextre de la pointe, et le canton senestre de la pointe.

Lorsque l’écu n’est chargé que d’une figure, elle en occupe ordinairement le centre ; dans ce cas, on ne mentionne pas en blasonnant la place où elle se trouve.

Émaux. Les couleurs employées en blason se nomment émaux. Les émaux se divisent en métaux, couleurs proprement dites et fourrures. Les métaux sont au nombre de deux : l’or, ou jaune, se figure par un pointillé, l'argent par un fond uni, sans traits. Les couleurs sont au nombre de six : le gueules ou rouge, qui se figure par des traits perpendiculaires ; l'azur ou bleu céleste, par des traits horizontaux ; le sable ou noir, par des traits croisés perpendiculairement et horizontalement ; le sinople ou vert, par des diagonales de droite à gauche ; le pourpre ou violet, par des diagonales de gauche à droite ; l'orangé, par des traits croisés diagonalement et verticalement. — Les fourrures sont au nombre de 2 : le vair, espèce de fourrure de couleur blanche et grise, se représente par une sorte de petites cloches argent et azur, ordinairement rangées alternativement et disposées de telle façon que la pointe des pièces d'azur soit opposée à la pointe des pièces d'argent et la base à la base. Les pièces de vair doivent être disposées sur 4 tires ou rangs dont le 1er et le 5e comprennent 4 cloches d'azur et 3 d'argent et sont terminés par 2 demi-pièces aussi d'argent ; le 2e et le 4e tire sont composés de 4 cloches d'argent, et le 3e d'azur, et se terminent par 2 demi-pièces aussi d'azur. Lorsque les pièces dépassent ce nombre, on les appelle menu-vair ; lorsqu'elles ne le dépassentpas, la panne prend le nom de beffroi. Quelquefois le vair est d'un autre émail qu'argent à azur, il est dit alors vair-vairé ; et on mentionne cette exception en blasonnant. Le contre-vair est aussi d'argent et d'azur ; il diffère du vair en ce que le métal y est opposé au métal, la couleur à la couleur, et les cloches du 2° et du 4e rang, renversées. — l'hermine, 2e fourrure, est la peau d'un petit animal du genre de la martre, mais entièrement blanc. On représente l'hermine par un champ d'argent semé de mouchetures de sable en forme de trèfle élargi par la base. Les mouchetures doivent être disposées en quinconce. Si leur nombre est inférieur à 3 ou 4 sur chaque rang, il faut les compter en blasonnant. Le contre-hermine s'obtient en transposant les couleurs de l'hermine : alors le champ est de sable et les mouchetures d'argent.

Figures, pièces ou meubles. Ce sont tous les objets qui se placent sur le champ de l'écu ; ces figures sont de 4 sortes : héraldiques, naturelles, artificielles et chimériques. Les figures héraldiques se divisent en pièces honorables ou du premier ordre et en pièces moins honorables ou du second ordre. — 1° Pièces honorables. Elles occupent le tiers de l'écu, à l'exception du franc-quartier, du canton et du giron, qui n'en occupent que le quart ; elles sont au nombre de 19 : le chef occupe le tiers supérieur de l'écu ; la fasce se place horizontalement au milieu de l'écu ; le pal prend le tiers de l'écu dans la direction verticale ; il est l'opposé de la fasce ; la bande traverse l'écu diagonalement de l'angle supérieur de droite à l'angle inférieur de gauche ; la barre traverse l'écu diagonalement de l'angle supérieur de gauche à l'angle inférieur de droite ; la croix est formée par la réunion du pal et de la fasce ; le sautoir ou croix de saint André est la réunion de la bande et de la barre ; le chevron a sa pointe tournée vers le chef, et les branches se dirigeant vers les flancs dextre et senestre de la pointe de l'écu ; le pairle est composé d'un demi-sautoir et d'un demi-pal assemblés au milieu de l'écu ; sa forme est celle d'un Y dont les branches sont mouvantes des deux angles du chef, et la base touche la pointe de l'écu ; la pointe est une pièce triangulaire partant de la base de l'écu, dont elle occupe le tiers et montant à angle aigu jusqu'au chef ; la pile est la pointe renversée ; comme la pointe, elle peut être multipliée ; elle diminue alors de largeur ; le franc-quartier occupe un peu moins du quart de l'écu ; souvent il sert de brisure, il se place en chef à dextre ; le canton, plus petit que le franc-quartier, n'occupe que la neuvième partie,de l'écu ; il est placé en chef ; il est dit canton


dextre lorsqu'il est placé à l'angle dextre de l'écu, canton senestre lorsqu'il est à l'angle senestre ; la bordure est une bande de la largeur des 7/8 es du champ ; elle suit les contours de l'écu en en touchant le bord ; l’orle, bordure isolée, éloignée du bord de l'écu d'une distance égale à sa largeur qui est de la moitié de celle de la bordure proprement dite ; le trescheur ou essonier est l'or le rétréci ; il est ordinairement double et orné de fleurons ou de fleurs de lis ; le giron est un des triangles formé par le gironné ; sa base est de la largeur de la moitié de l'écu, son sommet se dirige vers le centre de l'écu ; il peut mouvoir de toutes les parties du bord, il s'étend cependant ordinairement de la partie du gironné qui meut du haut du flanc dextre ; la Champagne occupe le tiers inférieur de l'écu ; l’écu en cœur ou en abyme est des 2/3 plus petit que l'écu principal dont il occupe le centre.

Pièces diminuées. Il arrive souvent que la proportion des pièces honorables n'est pas observée ; le pal, la fasce, la bande, la barre, employés même isolément, n'occupent pas toujours le tiers de l'écu ; cela arrive surtout lorsque ces pièces sont doubles, triples, quadruples, etc. ; on les nomme alors pièces diminuées. Le nombre des pals, des fasces et des bandes ne peut dépasser quatre. S'il y en a plus, les pals s'appellent vergettes, les fasces burelles, les bandes cotices. Plusieurs pièces sont réduites au tiers de leur largeur ; elles se nomment alors : le chef, chef diminué ou comble ; la fasce, devise ou fasce en devise ; la bande, cotice ou bâton en bande ; la barre, traverse ou bâton en barre ; la Champagne, plaine ; le chevron, étaie ; le sautoir, flanchis. Les fasces, bandes et barres très-diminuées et rapprochées deux à deux se nomment jumelles en fasces, jumelles en bandes, jumelles en barres ; très-rapprochées trois à trois, tierces en fasces, tierces en bandes, tierces en barres. On nomme filet toute pièce honorable réduite à sa plus simple épaisseur ; la bordure, dans ce cas, se nomme filière.

Sécantes partitions ou rebattements. Ce sont des figures régulières, couvrant le champ de l'écu et se composant alternativement d'un métal et d'une couleur. Ces figures sont très-nombreuses ; nous donnerons ici seulement les plus usitées, en commençant par celles qui dérivent des pièces honorables ou du premier ordre. L'écu, divisé verticalement en 6 parties égales, est dit paie de 6 pièces. Si ces partitions sont formées par des jfascea, des bandes ou des chevrons, l'écu est fascé, bandé, chevronné de 6 pièces. Le paie devient vergeté, le fascé burelé, le bandé coticé, lorsque le nombre des divisions s'élève à 10 ; le vairé est une partition obtenue au moyen du vair, mais de couleur autre qu'argent en azur ; les points équipollés s'obtiennent lorsque l'écu est parti de 2 et coupé de 2 ; les neuf divisions qui en résultent sont considérées comme meubles ; elles doivent toujours alterner métal et couleur ; l’échiqueté est le résultat du parti de 5 traits et du coupé de même nombre ; il divise l'écu en 36 parties égales ; le losangé est le résultat de la combinaison du tranché et du taillé de 8 traits ; comme l'échiqueté, il comprend 36 divisions, dont 28 points entiers et 16 demi ; le fuselé s'obtient comme le losange, mais les traits sont disposés de manière à avoir des fusées et des losanges ; le fretté se compose de 3 bandes et de 3 barres entrelacées de manière à laisser voir le fond de l'écu ; le treillissé est le même que le fretté, seulement l'intersection des bandes et des barres est clouée d'un émail différent ; le papelonné est formé d'une série de pièces arrondies disposées en écailles de poisson, et évidées de manière à laisser voir à leur milieu ie champ de l'écu ; le flanqué ou écartelé en sautoir est une partition mouvante de chaque flanc de l'écu et finissant en pointe au cœur de l'écu ; le flanqué peut être arrondi en forme de deux demi-lunes ; le chape couvre les 2/3 de l'écu ; il descend du chef en deux pointes qui Tiennent poser sur le bas de l'écu dont la partie à découvert forme un triangle ; le mantelé est le chape agrandi et couvrant les 3/4 de l'écu ; le chaussé est le contraire du chape ; il meut de la pointe de l'écu ; le chapé-chaussé est la réunion du chape et du chaussé ; ils s'arrêtent alors tous les deux à la moitié de l'écu ; l'embrassé est le chape mouvant du flanc dextre ou du flanc senestre ; il est dit, selon le cas, embrassé à dextre ou à senestre ; l'emmenché est composé de longs triangles en forme de dents de scie, s'enclavant les uns dans les autres ; il peut être en chef, en pal, en barre, en bande et en pointe. Le nombre des pointes et des demi-pointes doit être exprimé ; il doit y avoir au moins 2 pointes ou une pointe et deux demies. Lorsque dans un écu parti ou coupé les bandes, les fasces, les pals sont opposés les uns aux autres, c'est-à-dire métal à couleur, couleur à métal, on dit alors contre-bandé, contre-fascé, contre-palé. On appelle Vun dans Vautre un rebattement qui consiste à faire passer l'émail d'une des parties sur l'émail de l'autre et réciproquement.

Pièces moins honorables ou du second ordre. Le lambel se pose horizontalement à la partie supérieure de l'écu sans toucher les bords ; il est garni, à la partie inférieure, de pendants en forme de trapèze dont le nombre est ordinairement de trois ; il est employé le plus souvent comme brisure de branche cadette ; les losanges, carrés allongés et pleins posés de biais ; ils sont en métal ou en couleur ; les fusées, losanges étroits et allongés, quelquefois penchés ; les macles, losanges évidés en losanges ; les rustres, macles évidées en rond ; les besants, pièces de monnaie qui avaient cours en Orient à l'époque des croisades ; ils sont toujours en métal ; les tourteaux ont la même forme que les besants, mais ils sont toujours de couleur ; les besants-lourteaux sont des besants mi-partis de métal et de couleur et posés sur un champ de couleur ; les tourteaux-besants sont des tourteaux mi-partis de couleur et de métal sur un champ de métal ; les billettes, pièces de bois carrées, plus hautes que larges ; elles peuvent être évidées, on les dit alors cléchées ; les carreaux, pièces de bois formant un carré à côtés égaux et posées comme les billettes.

Figures naturelles. Elles sont empruntées à toute la création et représentent les astres, les éléments, l'homme, les animaux, les plantes,- leur nombre est infini ; quelques-unes ont, dans la langue du blason, un nom particulier. Nous ne parlerons ici que des plus fréquemment employées.

Figures empruntées aux astres et au firmament. Le soleil se représente comme une figure humaine de forme ronde, entourée de 16 rayons dont 8 ondoyants ; il est levant lorsqu'il meut de l'angle dextre du chef, et couchant lorsqu'il paraît à l'angle senestre. La lune se figure de la même manière, mais sans rayons ; le plus souvent elle a la forme d'un croissant ; on représente ordinairement celui-ci les pointes en haut ou montant ; lorsqu'elles sont en bas, il est dit versé. Le monde ou globe terrestre se représente sous forme de boule surmontée d'une croix et entourée d'un double cercle. Les étoiles n'ont ordinairement que 5 rais ; si elles en ont davantage il faut l'indiquer. L 'arc-en-ciel paraît en blason avec ses couleurs naturelles. Les comètes se figurent comme les étoiles à 7 rais ; un huitième, trois fois plus long que les autres et ondoyant, indique la queue de l'astre. Les nuées se représentent le plus souvent avec des foudres sortant de leurs flancs ; le feu par un métal ou une couleur ; Veau est ordinairement d'argent ombrée de sinople, d'azur ou de sable.

Figures empruntées au corps de l'homme.


L'homme est de carnation, c'est-à-dire au naturel ; il est souvent en buste. La femme se représente de la même manière. Lès yeux sont ordinairement de face ; lorsqu'ils sont de profil, on doit l'exprimer ; ils sont allumés lorsque la prunelle est d'un autre émail que la paupière. Les mains sont ordinairement étendues du côté de la paume et dites appaumées ; ou jointes et posées en fasce ; elles s'appellent alors une foi. Les bras sont ordinairement mouvants d'un des côtés de l'écu ; le droit s'appelle dextrochère et le gauche senestrochère. Les jambes sont aboutées par les cuisses, quelquefois au nombre de trois et au milieu de l'écu. On figure ordinairement les os des jambes passés en sautoir.

Animaux. Une des figures le plus fréquemment employées en blason, et assurément une des plus anciennes, est le lion ; sa position ordinaire est la tête de profil et levé sur les pieds de derrière ; il est dit alors rampant ; mais on n'exprime en blasonnant que les positions ci-après : posé, lorsqu'il est sur ses quatre pieds ; passant, lorsqu'il semble marcher ; léopardé, dans la position réservée au léopard ; armé et lampassé, lorsque les griffes sont apparentes et la langue tirée ; le bouquet de la queue doit être tourné vers le dos ; dans les anciens blasons c'est le contraire, il est tourné en dehors ; morné, lorsqu'il n'a ni dent ni langue ; diffamé, quand il n'a point de queue ; issant, lorsqu'il paraît sur un chef, une fasce, etc. ; la tête de lion est dite arrachée lorsqu'elle est détachée du tronc et que des lambeaux de chair pendent du cou. Le léopard est passant et a la tête tournée de face, la queue dirigée vers le dos le bout en dehors ; il est lionne, lorsqu'il est rampant, c'est-à-dire dans l'attitude du lion ; il est quelquefois assis. Le cheval est gai, lorsqu'il n'a ni bride ni licou ; effrayé ou cabré, lorsqu'il est posé sur les pieds de derrière ; la tête de cheval est toujours de profil. Le bœuf se distingue de la vache par une touffe de poils sur la tête ; il est toujours de profil ; ils peuvent être l'un et l'autre clarines, c'est-à-dire ayant une clochette ; la tête de bœuf, comme celle des autres animaux, le cheval excepté, se pose de face et se nomme rencontre. Le cerf est de profil et passant ; son bois, attaché à un morceau du crâne, est dit massacre de cerf. Les lévriers et les bracs sont à peu près les seuls chiens que l'on voie figurer sur les armoiries ; ils sont ' passants ou courants. L'hermine est représentée au naturel et passante. Le bélier, dans la position ordinaire, est passant ; sautant, lorsqu'il est debout ; on le reconnaît à ses cornes arrondies. L'agneau est de profil et passant ; l'agneau pascal tient une croix à laquelle est attachée une banderole chargée d'une croisette. Le sanglier est de profil, passant et de sable. L'ours est de profil et passant ; il peut être rampant, accroupi, armé et lampassé, etc. L'éléphant est défendu lorsque ses défenses sont d'un autre émail que son corps ; sa trompe ou proboscide est souvent représentée dans les cimiers des casques allemands. L'écureuil, le lapin, le rat, le limaçon figurent assez fréquemment dans les armoiries ; le serpent n'y est pas rare non plus ; on l'y nomme bisse, vivre, givre ou guivre ; il est ordinairement posé en pal et onde. Parmi les poissons ceux que l'on rencontre le plus souvent sont les bars, reconnaissables à leur forme recourbée ; ils sont le plus souvent au nombre de deux et adossés ; les chabots se posent en pal ; le dauphin, de profil et recourbé ; il est versé quand ses extrémités sont tournées vers le chef de l'écu ; couché, lorsqu'elles regardent la pointe ; pâmé, quand sa gueule est ouverte et son œil fermé. Les coquilles figurent fréquemment dans les armoiries ; les plus usitées sont celles dites de saint Jacques et celles de saint Michel ; lorsqu'on les voit à l'intérieur, elles prennent le nom de vannets ; l'écrevisse a la tête en haut et est posée en pal. Oiseaux. L'aigle est l'oiseau le plus souvent représenté en blason ; on lui donne le genre féminin ; ses ailes sont ouvertes lorsqu'elles sont abaissées vers la pointe de l'écu, elle a le vol abaissé ; souvent elle a deux têtes : on la nomme alors éployée ; elle est contournée lorsqu'elle regarde à senestre ; essorante, lorsqu'elle paraît prendre sa volée ; répétée plusieurs fois dans le même blason elle devient aiglette ; privée de ses pattes et de son bec, c'est un alérion ; les deux ailes, sans le corps, forment un vol d'aigle ; une seule aile, un demi-vol. Le cygne se représente au naturel ; le coq également ; il est dit chantant lorsqu'il a le bec ouvert ; Hardi, lorsqu'il a la patte dextre levée ; éployé, lorsqu'il a deux têtes. Le pélican est représenté de profil sur son aire, les ailes étendues, se becquetant le flanc pour nourrir ses petits, au nombre de trois ordinairement. Si les gouttes de sang qui sortent de sa poitrine sont d'un autre émail que celui de l'oiseau, on les nomme piété. La grue se montre de profil, la patte dextre levée, tenant un caillou dit vigilance, qui ne se blasonne que lorsqu'il est d'un émail différent de celui de l'oiseau. Les canettes, petites canes représentées de profil, se distinguent des merlettes en ce que celles-ci n'ont ni pattes ni bec. Le paon a la tête ornée de trois plumes dites aigrette ; il est rouant s'il étale sa queue ; miraillé, lorsque les marques rondes de sa queue sont d'un autre émail que son corps.

Insectes. On figure les abeilles les ailes éployées, vues par derrière et montant. Les doublets sont des moucherons vus de profil. Le papillon a, comme l'abeille, le vol étendu et est vu de derrière ; il est miraillé si les points figurés sur les ailes sont d'un autre émail que les ailes.

Plantes. Les arbres sont assez fréquents en armoiries ; leur émail particulier est le sinople ; ils paraissent ordinairement en pal. Ils sont arrachés, lorsque les racines sont apparentes ; écotés, quand les branches sont coupées ; effeuillés, lorsqu'ils sont sans feuilles ; futés, quand le tronc est d'un autre émail que le reste de l'arbre ; fruités, quand ils portent les fruits d'un autre émail. Le créquier, sorte de prunier sauvage, a la forme d'un chandelier à 7 branches ; il est arraché. La fleur de lis est très-fréquemment employée en armoiries ; elle affecte une forme particulière et de convention : elle est dite au pied nourri, lorsque l'on supprime la partie inférieure ; épanouie, lorsqu'elle est ouverte et ornée. Les rois de France choisirent les fleurs de lis pour armes, d'abord sans nombre, ensuite réduites à 3 sous Charles VI. La rose de blason est épanouie, a 5 feuilles à chacun de ses rangs, un bouton entre chaque feuille du rang extérieur ; elle est de gueule ou d'argent et sans tige ; le trèfle a 3 feuilles et une tige ; si la tige manque, il est dit tierce-feuille ; son émail est le sinople ; le quatre-feuille, fleur idéale posée de face, a 4 feuilles sans tige ; le quintefeuille ou pervenche, fleur à 2 pétales arrondies. La grenade se représente ouverte et laissant voir ses grains. Les glands sont figurés dans leur godet avec une petite tige ; ils sont dits renversés quand le godet est en bas ; les coquet 'elles sont des noisettes dans leur enveloppe et réunies au nombre de trois. La fleur d'ancolie se représente la tige en l'air et ayant la forme d'une clochette.

Figures artificielles. Onnomme ainsi les figures qui sont le produit de l'industrie de l'homme ; elles sont naturellement très-nombreuses. Nous ne donnerons ici que celles qui se rencontrent le plus fréquemment en armoiries :

Croix. Bien que cette figure ait déjà sa place parmi les pièces honorables, les variétés en sont si nombreuses que nous avons dû les renvoyer à ce chapitre. Elles peuvent être chargées, cantonnées, accompagnées. Les principales sont : la croix simple ou pleine qui touche les extrémités de l'écu ; la croia ; pattée, qui s'élargit aux extrémités ; la croix au pied

fiché, dont le pied est aminci en forme de pieu ; la croix ancrée, dont les branches se terminent en un double crochet comme une ancre de navire ; la croix alaisée, dont les extrémités n'atteignent pas les bords de l'écu ; la croix potencée, dont les extrémités ont la forme de potence ; la croix engrêlée ou garnie de dents de scie ; la croix fleurdelisée, dont les extrémités sont garnies de fleurs de lis ; la croix recroisettée, aux branches terminées par des croisettes ; la croix tréflée ou de Saint-Lazare, terminée par 3 feuilles de trèfle ; la croix fuselée, composée de fusées ; la croix pommelée, terminée par desboules ; la croix cléchée et vidée ou de Toulouse, percée à jour et élargie aux extrémités en forme de clef ; la croix patriarcale, de Lorraine, ou des Templiers, croix grecque à double traverse, l'inférieure plus large que la supérieure ; le tau ou croix de Saint- Antonie, sans tige supérieure ; la croix échiquetée, divisée comme les cases de l'échiquier ; la croix vairée, formée de vair ; la croix frettée, la croix recercelée, analogue à la croix ancrée ; mais à crochets enroulés ; la croix de Malte ; la croix de Saint-André.

Tour. Est dite maçonnée lorsque le joint des pierres est figuré ; il est le plus souvent de sable. On doit indiquer l'émail des ouvertures lorsqu'il diffère de celui de la tour.

Château. Est représenté sous forme de forteresse flanqué de tours rondes, crénelées, ordinairement couvertes et surmontées d'une girouette ; il est ajouré lorsqu'il a des ouvertures.

Pont. On doit mentionner le nombre d'arches.

Porte de ville. Ordinairement flanquée de tours, crénelée et fermée d'une herse.

Herse, barrière qui sert à fermer la porte d'une ville fortifiée ou d'un château,

Gonfanon, sorte de bannière à 3 fanons ou pendants arrondis en demi-cercle.

Navire. Se représente sous ses différentes formes ; il faut indiquer en blasonnant s'il est à voiles déployées, ou s'il n'en a pas.

Les couronnes figurent comme meuble de l'écu, mais souvent sous la forme antique.

Rais d'escarboucle, sorte de roue sans jantes, dont le moyeu est figuré par une pierre précieuse, et les rayons au nombre de 8, fleurdelisés aux extrémités.

Roc d'échiquier.

Huchet, petit cor de chasse.

Molette d'éperon, étoile à 6 rais et percée au centre ; l'éperon entier se rencontre aussi quelquefois.

Chausses-trappes, pièces de fer à 2 pointes, dont l'une toujours en l'air.

Les clefs se mettent en pal, en fasce, en sautoir ; deux clefs sont adossées.

Les anneaux, annelets ou bagues peuvent être en métal ou en couleur. Cornière, anse de pot, poignée pour porter les coffres, tables, etc. Chaînes, souvenir de celles dont le chevalier avait été chargé pendant sa captivité. Dans les blasons de ville, elles figurent celles que l'on tendait la nuit dans les rues. Clous de la passion, à tête triangulaire et aplatie. Badelaires, sortes de cimeterres ou sabres recourbés. Phéons, fers de flèches dentelés. Béliers, machine de guerre pour battre en brèche les murailles. Bouterolles, bouts de fourreaux d'épée. Chandeliers, figurent le plus souvent les chandeliers des autels. Anilles, fers des meules de moulins. Hamade ou hameide, pièces de bois au nombre de 3, posées en fasce et ne touchant pas les bords de l'écu. Doloires, hache sans manche ; ancien instrument de chasse. Fermaux, boucles de ceintures. Maillets, marteaux de bois. Hie, outil servant à enfoncer les pieux. Otelles, sorte de fer de lance, en forme d'amande. Palenôtre, chapelet. Pot dit pignate, vase à une anse. Tortil, pièce d'étoffe roulée et qui entoure la tête des Maures ; il faut en indiquer l'émail. Triangle est à côtés égaux et le plus souvent posé sur sa base. Vertenelle ou bris d'huis, bande de fer servant à soutenir une porte sur ses gonds. La mitre des évêques se pose de front. Une crosse se met en pal, 2 en sautoir. Manipule, ornement ecclésiastique, que portent sur le bras les prêtres à l'autel. Housseau ou houssette, sorte de bottine anciennement en usage parmi les gens de guerre ; elle est éperonnée lorsque l'éperon est d'un autre émail. Manche mal taillée, sorte de figure se rapprochant de la forme d'un M.

Figures chimériques. Elles sont pour l'ordinaire celles d'animaux fantastiques empruntés à la mythologie païenne. La tendance du moyen âge à considérer les choses sous un aspect merveilleux a fait adopter beaucoup de ces figures. Nous donnons ici les plus ordinaires. L'aigle éployée, dont la tête et le cou sont séparés en deux et figurent 2 têtes, dont l'une est contournée à dextre et l'autre à senestre. Le dragon, animal qui a la tête d'un lion, les serres d'un aigle, le corps et la queue d'un serpent, celle-ci terminée en dard, et des ailes de chauve-souris ; la langue sort de sa gueule et a aussi la forme d'un dard ; il y a des dragons à figure humaine, on les nomme alors monstrueux. Le griffon a le haut du corps d'un aigle et le bas d'un lion ; il est rampant et de profil. Le phénix se représente de profil, les ailes éployées, sur un bûcher dit immortalité. La salamandre, sorte de lézard que l'on figure au milieu des flammes. La licorne, cheval avec une corne sur le front, une barbe de chèvre et des pieds fourchus ; elle symbolise l'innocence. Le lion dragonné a le haut du corps du lion et le bas du dragon. Le lion mariné a le corps terminé en queue de poisson. Vamphiptère est un serpent ailé. Le diable, que l'on figure avec des cornes, des ailes de chauve-souris et une queue. Le centaure est un homme dans sa partie supérieure et un cheval dans sa partie inférieure ; lorsque le corps se termine en taureau, la figure est dite minautaure ; il est armé d'une massue ; s'il tire de l'arc, on le nomme sagittaire. La chimère a le buste d'une femme, les pattes de devant d'un lion, le reste du corps d'uu griffon et la queue d'un serpent. La harpie a aussi un buste de femme, les ailes, les serres et la queue d'un aigle. La sirène ou mélusine est une femme dont le corps se termine en queue de poisson ; elle tient ordinairement un miroir dans lequel elle se regarde. Le sphinx a le buste d'une femme, et le reste de son corps est celui d'un lion.

Brisures. Les branches d'une même famille se distinguent entre elles par des modifications apportées aux armoiries de la tige principale ; on appelle ces modifications brisures. Les bâtards des maisons nobles étaient tenus d'en porter une dans leurs armes. Les meilleures brisures sont celles qui, altérant moins les armes.primitives, les conservent reconnaissables. La brisure s'opère de plusieurs façons : 1° par le changement des émaux en conservant les pièces ; 2° par le changement des pièces en conservant les émaux ; 3° en changeant la position des pièces, en en accroissant ou en en diminuant le nombre ; 4° par les partitions et les écartelures. Le lambel, la bordure, le bâton péri, le canton sont. les pièces le plus ordinairement employées pour brisures.

Ornements extérieurs des armoiries. Casques ou heaumes. Avant que l'usage des couronnes se fût généralisé, on se servait de heaumes pour timbrer les écussons. Avant le xve siècle le heaume n'était qu'un ornement ; il se posait de profil sur la pointe senestre de l'écu ; mais bientôt s'introduisit l'usage de ne plus incliner l'écu, mais de le poser d'aplomb et de faire servir le casque à désigner le rang des personnes. On imagina, dans ce but, quelques règles, qui furent généralement assez bien

observées. Le heaume des souverains est d'or, damasquiné, taré (posé) de front, la visière relevée et sans grille ; le heaume des princes et ducs souverains est semblable au précédent, sauf qu'il est moins ouvert ; il pouvait être fermé de 11 grilles. Le casque des ducs, marquis et grands officiers de la couronne est d'argent, damasquiné et bordé d'or, taré de front et fermé de 11 grilles ; celui des comtes, vidâmes et vicomtes est en argent à 9 grilles d'or, les bords de même et taré au tiers. Le heaume des barons est d'argent à 7 grilles d'or, les bords de même et taré de 3 quarts ; celui des gentilshommes anciens qui ont rang de chevaliers ou qui occupent quelque charge importante, est d'acier poli, garni d'argent à 5 grilles de même et taré de profil. Le gentilhomme des trois races, paternelles et maternelles, a un heaume en acier poli, taré de profil, la visière relevée, à 3 grilles ; les nouveaux anoblis en ont un en acier poli, taré de profil à dextre, la visière entr'ouverte ; le heaume des bâtards est en acier poli, la visière baissée ; il est tourné à senestre.

Couronnes. A l'exemple du souverain, tous les nobles titrés prétendaient orner leur casque d'une couronne : alors s'introduisit la coutume de réunir ces deux ornements ; elle est abandonnée depuis longtemps. L'usage de surmonter l'écu d'une couronne a prévalu sur celui d'y mettre un casque, quoique ce dernier ne soit pas tout à fait abandonné. L'usurpation par des nobles de couronnes que leur titre n'autorisait pas à porter a été réprimée par plusieurs édits et ordonnances de nos rois ; mais cet abus s'est renouvelé depuis, à ce point qu'on pourrait croire que les règles établies n'existent plus et qu'elles ont été remplacées par la fantaisie.

La tiare est la couronne des papes ; elle se compose d'une toque d'or surmontée d'un globe terrestre orné d'une croix, symbole du souverain de tous les peuples catholiques. La toque est environnée d'une triple couronne formée de fleurons alternés avec des perles et ornée de pierres précieuses. Ces trois couronnes indiquent, la première le titre de souverain sacrificateur, la deuxième celui de grand juge, la troisième celui de législateur des chrétiens. Deux cordons, semés de croisettes, pendent de l'intérieur de la tiare. La couronne impériale de Charlemagne était ornée de fleurons de perles et de pierres précieuses ; celle des empereurs d'Allemagne est formée d'un cercle supportant un diadème surmonté du globe terrestre et d'une croix de perles. La couronne de l'empereur Napoléon Ier était composée de demi-cercles formés par une aigle impériale les ailes étendues ; elle était surmontée du globe traditionnel. La couronne royale de France était formée d'un cercle d'or orné de pierres précieuses surmonté de 8 fleurs de lis supportant un égal nombre de demi-cercles perlés se réunissant au sommet de la couronne par une fleur de lis double. Les rois des autres pays de l'Europe ont remplacé les fleurs de lis par des fleurons ; les branches de la couronne sont surmontées d'un globe et d'une croix. C'est cette couronne qu'avait adoptée Louis-Philippe comme roi des Français. A la couronne des rois d'Angleterre les fleurons sont remplacés par des croix pattées et les branches surmontées d'un léopard. Ces croix ont remplacé les fleurs de lis qui, pendant longtemps, ont figuré sur la couronne d'Angleterre, en souvenir de ses prétentions sur la royauté de France. Les dauphins de France portent la couronne royale fermée par 4 dauphins ; les enfants de France ont le cercle d'or surmonté de 8 fleurs de lis ; poulies autres princes du sang, les fleurs de lis, au nombre de 4, sont alternées par 4 fleurons. Les princes de l'Empire timbrent leurs armoiries d'une toque écarlate, rehaussée d'hermine et fermée, en forme de couronne, par 4 demi-cercles perlés et surmontés d'un globe et d'une croix. La couronne de duc est d'or enrichie de perles et de pierres précieuses et surmontée de 8 fleurons ; celle de marquis est d'or, enrichie de pierres précieuses et surmontée de 4 fleurons alternés par 3 perles réunies en forme de trèfle. La couronne de comte est d'or, ornée de pierres pré cieuses et surmontée de 1 6 grosses perles posées chacune sur une pointe ' ; celle de vicomte est ornée de 4 perles séparées par un petit fleuron ou par une pointe surmontée d'une petite perle Les vidâmes portent une couronne ornée de 4 croix pattées ; les barons ont pour couronne un cercle d'or émaillé, autour duquel est enroulé un chapelet de perles. Les barons allemands ont une couronne qui se rapproche de celle des comtes français, mais elle n'est dominée que de # perles les barons belges ont une toque surmontée du même nombre de perles ; les chevaliers bannerets ont un simple cercle d'or orné de pierres précieuses. Le bourrelet est un rouleau d'étoffe ou de ruban aux couleurs de l'écu ou de fantaisie, et qui se plaçait sur le casque comme ornement, mais sans qu'on y attachât l'idée d'aucun titre. Son but primitif fut d'amortir les coups portés sur la tête.

On avait imaginé, sous le premier Empire, de remplacer les anciennes couronnes par des toques, surmontées de plumes dont le nombre indiquait la dignité du titulaire. Cet usage s'est perdu à la chute de l'Empire, et les titrés de l'époque impériale reprirent les couronnes traditionnelles. Comme les armoiries de l'époque impériale sont timbrées de ces toques, il est utile de les faire connaître :

Les princes grands dignitaires de VEmpire français portaient une toque de velours noir retroussée de vair et surmontée de 7 plumes blanches sortant d'un porte-aigrette d'or ; la toque des ducs était semblable, mais retroussée d'hermine ; celle des comtes était en velours noir, retroussée de contre-hermine et' surmontée de 5 plumes sortant d'un porte-aigrette en or ; la toque des barons était retroussée de contre-vair et ornée de 3 plumes supportées par un porte-aigrette d'argent ; celle des chevaliers, aussi en velours noir, était retroussée de sinople et surmontée d'une aigrette blanche.

Outre les couronnes que nous venons de décrire, on peut encore citer les suivantes : la couronne antique, que l'on trouve comme meuble dans certains blasons, est un cercle surmonté de pointes allongées et semblables ; la couronne murale, qui n'est guère employée que pour timbrer les armoiries des villes, est formée d'un cercle surmonté de portes de villes ou simplement de pans de murailles crénelés ; la couronne navale est un cercle relevé de proues de navires ou de voiles ; la couronne vallaire est formée de pals ou pieux et rappelle un camp retranché ; deux branches de chêne vert composent la couronne civique ; elle est la récompense d'une action d'éclat ; la couronne triomphale est en feuilles de laurier ; elle était la récompense d'une victoire.

Chapeaux, mortiers et toques. Les dignités ecclésiastiques se reconnaissent au chapeau qui surmonte l'écusson. Les cardinaux ont un chapeau rouge à larges bords, duquel tombent des cordons entrelacés, de même couleur que le chapeau et supportant des pendants terminés par cinq houppes ; le chapeau des archevêques est semblable, pour la forme, à celui des cardinaux, mais sa couleur est verte ; les cordons entrelacés supportentdes pendants terminés par quatre houppes de même couleur que le chapeau ; eelui des évêques est vert avec pendants terminés par trois houppes. Les abbés et protonotaires somment l'écu de leurs armes d'un chapeau noir à cordons entrelacés et terminés par deux houppes de même couleur que le chapeau. Les blasons des évêques se reconnaissent aussi à la mitre, sorte de coiffure élevée en usage depuis le Xe siècle mais dont la forme a beaucoup varié depuis cette

époque. Certains bénéfices donnaient droit de porter la mitre ; on appelait abbé mitre l'ecclésiastique qui en était pourvu.

Les chanceliers de France ou gardes des sceaux sommaient le casque ou la couronne dont ils timbraient leur écu, d'un mortier rond, en toile d'or, brodé de même et retroussé d'hermine ; les présidents à mortier du Parlement timbraient leurs armoiries d'un mortier noir, à deux larges galons d'or ; les juges, les avocats surmontaient les leurs de leurs toques.

Lambrequins. Les casques qui somment les armoiries sont le plus souvent ornés de pièces d'étoffes nommées lambrequins. Cet ornement doit son origine aux chaperons que les chevaliers posaient sur leur casque, soit pour le garantir des ardeurs du soleil, soit pour le préserver de la rouille, résultat de l'humidité. Conservé pendant la bataille, il en sortait tailladé de coups d'épée et devenait ainsi un signe d'honneur dont on ne manquait pas de tirer vanité. Bientôt les lambrequins devinrent à la mode et tous les nobles voulurent en avoir ; seulement l'origine en fut oubliée, comme il arrive souvent, et on leur donna les formes les plus bizarres ; celle qui a prévalu les fait ressembler à des feuilles d'acanthe. Sous le premier Empire, on ajouta aussi des lambrequins aux toques qui remplaçaient les couronnes et les casques. Pour ne pas mettre couleur sur couleur, ce qui eût été contraire aux règles du blason, les toques étant de couleur, les lambrequins furent en métal. Les princes grands dignitaires de l'Empire en portaient six en or ; les comtes, quatre : les deux supérieurs en or, les deux inférieurs en argent ; les barons en avaient deux en argent.

Cimiers. Les cimiers sont des ornements du casque que l'on pose à sa cime. Une pièce de l'écu, les panaches, les vols d'oiseaux, les animaux de toute sorte, surtout chimériques, les cornes, symbole de puissance et de force, des dextrochères tenant une épée, sont les cimiers les plus fréquemment employés. Cet ornement est facultatif : on peut le changer à son gré ;, cependant, la plupart du temps, il est transmis par descendance. Les branches cadettes, surtout en Allemagne, brisent leurs armes en opérant un simple changement dans le cimier.

Supports et tenants. On nomme supports en armoiries les animaux naturels ou fantastiques placés aux côtés dextre et senestre de l'écu ; ils ont ordinairement une posture hardie et un air menaçant pour indiquer qu'ils sont chargés de défendre le blason qui est confié à leur garde ; les tenants sont des êtres à- forme humaine, anges, guerriers, sauvages, etc., ou ayant quelques parties du corps de l'homme et des animaux, comme centaures, sirènes, griffons, etc. Les supports et les tenants ne sont guère plus héréditaires que les cimiers ; on les voit cependant se transmettre lorsqu'ils sont tirés des pièces de l'écu. Aux grandes familles seules était reconnu primitivement le droit d'avoir des supports à leurs armes ; mais depuis, tous les nobles s'arrogèrent ce privilège. Dans les familles où les supports sont héréditaires, les cadets se contentent souvent, pour brisure, de les modifier ou de les changer. En Allemagne, en Espagne, en Italie, les supports sont très-rares ; ni les ecclésiastiques ni les dames n'en portent, à moins qu'ils ne soient de très-haut rang. Les veuves entourent l'écu de leurs armes de cordelières de soie, entrelacées, noires et blanches.

Cri de guerre. Le cri de guerre, que l'on appelait aussi cri d'armes, servait au moyen âge soit à donner le signal du combat, soit à se reconnaître dans la mêlée, soit à rallier les soldats sous la bannière de leur chef immédiat et à ranimer leur courage. Il n'appartenait qu'aux chevaliers ayant droit de porter bannière. Outre ces cris particuliers, il y avait le cri général pour toute l'armée, celui du souverain ou du commandant en chef. Le cri des rois de France était Mont-joie Saint-Denis ; ce cri, sur l'origine duquel on n'est pas d'accord, mais qui fait allusion à la prise de l'oriflamme à Saint-Denis, ne remonte pas au delà du règne de Louis le Gros. D'autres grandes familles avaient des cris analogues. La maison de Bourbon : Mont-joie NotreDame ; celle des ducs de Bourgogne : Mont-joie au noble duc et Châtillon au noble duc ; les comtes de Champagne : Passavant le meillor ; les ducs de Savoie : Saint- Maurice et Savoye ; ceux de Flandre : Flandre au lion ; ceux d'Auvergne : Clermont au dauphin d'Auvergne ; les ducs de Bretagne : SaintMalo au riche duc ; ceux de Brabant : Louvain au riche duc. Tout le monde connaît le cri de guerre des croisés : Dieu le veut ; celui des Montmorency : Dieu aide au premier baron chrétien ; celui des Beauffremont : Dieu aide au premier chrétien. Un des cris de guerre les plus usités était le cri du nom de la famille du baron qui conduisait ses vassaux à la guerre. Les Créquy, les Rohan, les La Trémouille, les Damas, les Duras, les Du Guesclin, les Mailly, les Renty, les Clermont, les Châtcaubriant, les Vergy et tant d'autres familles n'en avaient pas d'autre. On criait aussi le nom des maisons d'où on était sorti : les rois de Navarre : Bigorre, Bigorre ; les sires de Beaujeu : Flandre ; les Saint-Paul : Lusignan. Le cri de guerre consistant dans le nom de famille, se transmet avec les armoiries ; il est la propriété de l'aîné de la famille ; les cadets ne peuvent le prendre qu'en y ajoutant le nom de leur seigneurie principale. Il se place au-dessus du cimier, dans un listel ondoyant, aux couleurs de l'écu.

Devise. La devise est une pensée exprimée en un petit nombre de mots et faisant allusion à un sentiment, à un dessein, à une qualité, à un souvenir historique, ou contenant un stimulant au courage et à l'honneur. Elle était choisie par le chef de la famille, par le chevalier prêt à entrer dans la lice du tournoi, ou donnée par le prince au seigneur qu'il attachait à son service et dont il recevait l'hommage lige. Il y en a de plusieurs sortes : Les devises faisant allusion, par une sorte de jeu de mots, au nom des familles qui les portent : la maison de Vienne, au comté de Bourgogne : Tost ou tard vienne, ou à bien vienne tout ; les Vaudray, de la même province : Tay valu, vaux et vaudray ; les Viry, du même pays : A virtute, viry ; les Du Butet, en Savoie : La vertu mon but est ; les ducs de Nemours, de la maison de Savoie : Suivant sa voye.

Celles qui se rapportent aux pièces des armoiries, du cimier et des supports : les Vogué, en Vivarais, qui ont un coq dans leurs armes, ont pour devise : Vigilantia ; les Cassard, en Dauphiné, qui portent d'azur à la licorne d'argent : Sans venin.

Les devises composées de mots énigmatiques ou à sens couvert : Philippe le Bon, duc de Bourgogne, avait pour devise : Autre n'aurai ; Charles de Bourgogne, son fils : Je l'ay empris, et Marguerite d'Yorck, son épouse : Bien en avienne ; Philippe de Brimeu : Plus que d'autres ; Jean de Comines : Sans mal ; Jean de La Trémouille : Ne m'oubliez ; Jean de Croy, comte de Chimay : Souvienne vous ; Philippe de Croy. J'y parviendray ; Charles de Croy, son fils : Je maintiendray.

Il y a des devises composées de proverbes, de sentences ; celle des Brissac : Virtute et tempore ; de mots devenus historiques ; celle des Coucy : Je ne suis roy ne prince aussi, je suis le sire de Coucy ; des Rohan : Roy ne puis, duc ne daigne, Rohan suis ; d'invocation, celle de Du Guesclin : NotreDame, Guesclin ; de simples lettres initiales, comme celle de la maison de Savoie : F. E. R. T., dont on donne plusieurs interprétations et qui est encore la devise de l'ordre de l'Annonciade. Les rébus ont

servi de devises. Au nombre de celles qui sont formées de simples figures, on peut citer le chardon des ducs de Bourbon, la rose blanche et la rose rouge des maisons d'Yorck et de Lancastre. Les devises de figures et de mots sont fréquentes : les Montmorency ont une épée avec le mot grec aplanos ; celle du cardinal de Bourbon était un bras armé d'une épée flamboyante et les mots n'espoir ny peur ; tout le monde connaît la devise de François Ier : une salamandre dans le feu avec ces mots : Nutrior et extinguo ; celle de Louis XIV : un soleil et le fameux nec pluribus impar ; celle de l'ordre de la Jarretière : Honni soit qui mal y pense.

La devise se place au bas de l'écusson, dans un listel de couleur ; les lettres de la légende sont de métal ; couleur et métal sont pris des émaux de l'écu. Lorsque la devise se confond avec le cri de guerre, elle se met comme lui au-dessus des armoiries.

Colliers d'ordres. On les voit figurer parmi les insignes qui accompagnent les armoiries des maisons souveraines. L'ancien écusson de France est posé sur les ordres de Saint-Michel et du SaintEsprit ; le nouveau est entouré de l'ordre de la Légion d'honneur ; celui de la Jarretière encadre les armes d'Angleterre ; il en est de même pour les armoiries des autres puissances de l'Europe ; elles sont ornées de leurs principaux ordres.

Pavillons et manteaux. Le pavillon est une sorte de dôme sous lequel se placent les armoiries des souverains ; il est surmonté de la couronne impériale ou royale. Les rois de France et les autres princes souverains de la maison de Bourbon ont un pavillon de velours bleu, semé de fleurs de lis d'or et doublé d'hermine ; celui de l'empereur des Français est semé d'abeilles d'or ; les autres souverains°de l'Europe, à l'exception de celui de Turquie, qui a un pavillon vert, le portent couleur de pourpre ; la doublure en est toujours d'hermine. Les princes souverains et les ducs qui relèvent d'une autorité supérieure entourent leurs armes d'un manteau doublé d'hermine et sommé de leur couronne. Les ducs titrés et les princes de l'empire germanique portaient le manteau de pourpre ; les pairs de France le surmontaient d'une toque entourée de la couronne indiquant leur titre ; ce manteau était bleu foncé ; celui des chanceliers de France était en drap d'or- les présidents au Parlement de Paris le portaient ecarlate doublé d'hermine ou de petit-gris. '

Insignes et attributs. Certains ornements servaient à reconnaître les dignités ou charges de la France ancienne. Le connétable avait son écu posé sur un dextrochère et un senestrochère sortant d'un nuage et portant une épée nue, la pointe en haut. Le grand amiral posait son écu sur deux ancres en sautoir ; les vice-amiraux n'en avaient qu'une posée en pal ; le général des galères avait derrière son écusson une ancre double. Les maréchaux de France portaient deux bâtons d'azur semés de fleurs de lis d'or, passés en sautoir derrière l'écu ; le colonel général de l'infanterie avait derrière son écusson et de chaque côté du cimier deux drapeaux blanc et azur ; le colonel général de la cavalerie portait quatre petits drapeaux blancs fleurdelisés, dits cornettes, et disposés comme ceux du colonel général de l'infanterie -, lé grand maître de l'artillerie appuyait son écusson sur deux canons posés sur leurs affûts. L'écu du chancelier de France était posé sur deux masses en sautoir, entouré d'un manteau de pourpre, timbré d'une couronne ducale sommée d'un mortier rond en toile d'or, brodé de même et retroussé d'hermine ; et pour cimier la France sous la figure d'une reine, tenant de la main droite un sceptre et de la gauche les sceaux du royaume. Le surintendant des finances accostait son écu de deux clefs, l'une d'or, l'autre d'argent, posées en pal ; le grand maître de France appuyait le sien sur deux bâtons vermeils fleurdelisés, terminés aux deux bouts par une couronne royale et passés en sautoir ; le grand chambellan avait, passées de même, deux clefs d'or dont l'anneau était terminé par une couronne royale. Le grand écuyer accostait son écu de deux épées à garde d'or, au baudrier et au fourreau fleurdelisés. Le grand boutelier ou grand échanson avait, comme supports de son blason, deux bouteilles en vermeil aux armes de France et bouchées d'une fleur de lis double. Le grand panetier faisait supporter ses armoiries par les pièces du couvert royal ; le grand veneura.va.it, pour attributs de ses fonctions, deux cors de chasse avec leurs attaches, disposés aussi en forme de supports ; le grand fauconnier, deux leurres à faucon ; le grand louvetier, deux rencontres de loup ; le grand maréchal des logis, deux marteaux d'armes passés en sautoir derrière l'écu ; le grand prévôt, deux faisceaux de verges d'or liées d'azur, posés en sautoir derrière l'écu ; les colonels généraux des gardes françaises, des Suisses, de l'infanterie française, 6 drapeaux en sautoir. Ceux de la cavalerie légère, des hussards et des dragons, le 1"' 6, les deux autres 10 guidons fleurdelisés. Au bas de l'écusson du grand aumônier était suspendu un livre, recouvert en velours rouge avec les armes royales brodées sur le plat. Le grand aumônier, les cardinaux ducs et pairs, les archevêques avaient derrière leur écu une croix tréflée ; Yarchevêque primat une double croix tréflée. Les blasons des évêques sont reconnaissables à la mitre à dextre de l'écu, et celui des abbés mitres à la mitre et à la crosse au sommet de leur écu, la crosse tournée à dextre. Les abbés non mitres et les abbesses entourent leurs armes d'un chapelet et les surmontent d'une crosse tournée à senestre. Les grands maîtres de Malte somment l'écu d'une couronne de prince ; les commandeurs appuient le leur sur une épée haute ; les chevaliers l'entourent d'un chapelet entrelacé dans les branches de la croix de l'ordre posée derrière l'écusson, et mettent à leurs armes un chef de gueules, chargé d'une croix de Malte d'argent plein. Les membres des autres ordres entourent leurs armoiries de colliers ou cordons de leur ordre, la croix pendant au bas de l'écu.

Divisions des armoiries. Il y a diverses sortes d'armoiries ; on les divise en armoiries de domaine, de prétentions, de dignités, de concessions, de famille, de villes, de patronage, de sociétés et de corporations. Les armoiries de domaine sont celles qui appartiennent à une nation, à un pays, à un grand fief, à une seigneurie et que joignent à leurs armoiries propres les souverains, les princes, les grands feudataires, pour marquer leurs droits de souveraineté ou de possession sur des domaines. Les armes des souverains contiennent presque toujours des armoiries de domaine. Avant saint Louis les princes du sang ne portaient que les armoiries de leurs apanages. Robert de France. fils de Louis le Gros, portait les armes de Dreux, avec le titre de comte ; Pierre de France, son frère, celles de Courtenay. Saint Louis voulut que les princes du sang royal adoptassent les fleurs de lis de l'écusson royal, avec une brisure. Conformément à ce principe, Charles, frère du roi, apanage du comté d'Anjou, donna en 1246, à ce comté, le semé de fleurs de lis d'or sur champ d'azur des armes de France, et brisa ces armes d'une bordure de gueules. Lors de la réunion de la Navarre à la couronne, par le mariage de Philippe le Bel avec Jeanne, reine de Navarre, en 1284, les armes de France furent mi-parties de celles de Navarre, pour marquer la souveraineté de la France sur ce royaume. A Pavénement de Henri IV, cette disposition, qui avait été abandonnée, fut reprise pour indiquer la réunion définitive de la Navarre à la France. Les rois d'Angleterre écartellent les arnies d'Angleterre de celles

d'Ecosse et d'Irlande ; ceux d'Espagne, des armes des royaumes de Castille et de Léon ; ceux de Pologne avaient réuni l'aigle de Pologne au cavalier de Lithuanie.

Nous donnons ici la description des blasons des principales puissances du monde. Ces descriptions, ainsi que celles qui vont suivre, serviront d'exercice de blason et de renseignements historiques.

EUROPE.

France. Empire. D'azur à une aigle d'or empiétant un foudre de même. L'écu entouré du collier de l'ordre impérial de la Légion d'honneur et posé sur la main de justice et le sceptre passés en sautoir. Manteau de pourpre doublé d'hermines, semé d'abeilles d'or et surmonté de la couronne impériale française.

France avant 1789. Deux écus accolés. Le Ie d'azur à 3 fleurs de lis d'or, 2 en chef, une en pointe, qui est de France ; le 2e de gueules à la double chaîne d'or posée en croix, sautoir et orle, qui est deNavarre. Timbre : casque d'or, damasquiné, taré de front et ouvert, orné de ses lambrequins d'or et surmonté de la couronne royale d'or, garnie de 8 fleurs de lis. Supports : deux anges à la dalmatique aux armes, celui de dextre de France, celui de senestre de Navarre, tenant chacun une bannière aux mêmes armes. Pavillon : d'azur semé de fleurs de lis d'or, doublé d'hermine, sommé de la couronne royale. Le tout surmonté de l'oriflamme. Ordre : de SaintMichel et du Saint-Esprit.

France avant 1830. D'azur à 3 fleurs de lis d'or. (Timbre, tenants, pavillon, ordres, comme cidessus.)

France de 1830 à 1848. D'azur aux tables de la Charte d'or. L'écu posé sur 2 canons en sautoir et accosté à dextre de la figure de la Force, à senestre d'un coq hardi et essoré au naturel. Timbre, casque royal orné de la couronne et de ses lambrequins. Pavillon de pourpre semé d'étoiles d'or, doublé d'hermine et surmonté de la couronne royale. Ordre de la Légion d'honneur.

Angleterre. Écartelé : au 1 et 4 de gueules à 3 léopards d'or, l'un sur l'autre ; au 2, d'or au lion de gueules enfermé dans un double trescheur de gueules ; au 3, d'azur à la harpe d'or, cordée d'argent ; sur le tout, un écusson tiercé en pairie renversé, au 1, de gueules à 2 lions léopardés d'or ; au 2, d'or semé de cœurs de gueules au lion rampant d'azur ; au 3, de gueules au cheval lancé d'argent ; sur le tout du tout, de gueules à la couronne d'or. L'écu est entouré de l'ordre de la Jarretière, avec cette devise : Honni soit qui mal y pense, et surmonté de la couronne royale.

Supports : à dextre, un léopard couronné d'or ; à senestre, une licorne d'argent, colletée et enchaînée d'or.

Devise : Dieu et mon droit.

Pavillon de pourpre doublé d'hermine surmonté de la couronne royale.

Autriche. Aigle éployée de sable, couronée d'or, le bec et les serres d'or, portant de la serre dextre une épée nue d'argent et un sceptre d'or, et de la senestre un globe d'azur cerclé d'or et surmonté d'une croix de même ; chargée en cœur d'un écu tiercé, au 1, d'or au lion de gueules ; au 2, de gueules à la fasce d'argent ; au 3, d'or à la bande de gueules chargée de 3 alérions d'argent.

Pavillon de pourpre doublé d'hermine, sommé de la couronne impériale.

Ordre de la Toison d'or.

Prusse. D'argent à l'aigle de sable, becquée et membrée d'or, tenant un sceptre d'or et un monde d'azur, cintré et croisetté d'or, ayant sur la poitrine un écu d'argent à l'aigle de gueules. L'écu timbré du casque royal.

Tenants : 2 sauvages de carnation, ceints et couronnés de feuillage et portant des bannières aux couleurs de l'écu.

Pavillon de pourpre doublé d'hermine, surmonté de la couronne royale.

Ordre de l'Aigle noir.

Russie. D'or à l'aigle éployée de sable, becquée et membrée de gueules et couronnée d'or, tenant de la patte dextre un sceptre d'or, et de la senestre un monde aussi d'or ; et portant sur la poitrine un écu de St-Georges. Sur les ailes de l'aigle sont les écussons des royaumes, grands-ducbés et villes de Kief, Novogorod, Astrakan, Sibérie, Casan et Vladimir.

L'écu timbré de la couronne impériale.

Pavillon de pourpre doublé d'hermine, surmonté de la couronne impériale de Russie.

Ordre de St-André.

Bavière. Écartelé : au 1 et 4, fuselé en bande d'argent et d'azur de 21 pièces ; au 2 et 3, de sable au lion d'or armé et lampasséde gueules. Sur le tout, de gueules à une épée d'argent garnie d'or et un sceptre d'or mis en sautoir, surmontés d'une couronne royale d'or.

Supports : 2 lions couronnés ; l'écu sommé de la couronne royale.

Belgique. De sable au lion d'or.

Supports : 1 lions. L'écu timbré d'un casque royal sommé d'une couronne de même et orné de ses lambrequins.

Devise : L'union fait la force.

Danemark. De gueules à la croix pattée d'argent plein et cantonnée de 4 quartiers : au 1, d'or semé de cœurs de gueules, à 3 léopards armés, lampassés et couronnés d'azur, l'un sur l'autre ; au 2, de gueules au poisson sans tête d'argent, surmonté d'une couronne d'or ; au 3, de gueules au dragon couronné d'or ; au 4, d'or à 2 léopards lionnes d'azur l'un sur l'autre. Sur le tout, parti : au 1, d'or à 2 fasces de gueules ; au 2, d'azur à la croix pattée et alaisée d'or.

L'écu timbré d'une couronne royale.

Tenants : 2 sauvages de carnation appuyés sur leurs massues, ceints et couronnés de feuillage.

Espagne. Écartelé : aux 1 et 4, de gueules au château d'or, crénelé de même, maçonné d'azur ; au

2 ou 3, d'argent au lion de gueules couronné et lampassé d'or ; enté en pointe d'argent à la grenade de gueules, feuillée de sinople. Sur le tout, d'azur à

3 fleurs de lis d'or.

L'écu timbré de la couronne royale. Ordre de la Toison d'or.

Etats de l'Église. Écartelé : au 1 et 4, d'azur au lion d'or ; au 2 et 3, d'argent à 3 bandes de gueules.

L'écu posé sur deux clefs d'or et timbré de la tiare.

Nota. Les armes pontificales sont personnelles à cbaque pape et changent à chaque pontificat.

Grèce. D'azur à la croix alaisée d'argent chargée de l'écu de Danemarck.

Supports : 2 bons couronnés ; l'écu sommé de la couronne royale.

Hollande. D'azur semé de billettes d'or, au lion d'or, couronné de même, tenant de la patte dextre une épée à lame d'argent, et de la senestre, un faisceau de flèches d'or, hé de même.

L'écu timbré de la couronne royale.

Supports : 2 léopards lionnes, couronnés d'or.

Devise : Je maintiendrai.

Htalie. De gueules à la croix d'argent. Supports : 2 lions, dont un couché sur des lauriers.

L'écu sommé de la couronne royale et entouré de l'ordre de l'Annonciade.

Kaplcs (Ancien royaume de). Écartelé : au 1, d'azur semé de fleurs de lis d'or, à la bordure componée de gueules et d'argent,- au 2, d'or à 6 pals de gueules, flanqué en sautoir d'argent à l'aigle couronné de sable ; au 3, d'argent à la croix potencée d'or cantonnée de 4 croisettesde même ; au 4, d'azur semé de fleurs de lis d'or, au lambel d'argent. Sur le tout, d'azur à 3 fleurs de lis d'or à la bordure de gueules.

L'écu timbré d'une couronne royale.

Supports : 2 lions au naturel, lampassés de gueules.

Ordre de la Toison d'or.

Pologne (Ancien royaume de). Parti : au 1, de

gueules à une aigle d'argent, becquée, membrée et couronnée d'or, aux ailerons liés de même ; au 2, de gueules au cavalier armé d'argent, tenant de la main droite une épée de même, et de la gauche un écu d'azur chargé d'une croix patriarcale d'or ; le cheval bardé d'azur, l'écu timbré de la couronne royale. Cimier : aigle d'argent. Ordre de l'Aigle blanc.

Portugal. D'argent à 5 écussons d'azur posés en croix, chacun chargé de 5 besants d'argent mis en sautoir ; à la bordure de gueules, chargée de 7 châteaux d'or. L'écu timbré de la couronne royale.

Supports : 2 dragons ailés.

saxe royale. Fascé d'or et de sable de 8 pièces à la couronne de rue de sinople, mise en bande. L'écu timbré de la couronne royale.

Suètle. Parti : au 1, d'azur à 3 couronnes d'or ; au 2, de gueules au lion d'or, couronné de même, tenant une hache d'armes d'argent au manche arrondi aussi d'argent.

L'écu timbré de la couronne royale.

Supports : 2 lions au naturel, la tête contournée, couronnés d'or.

Ordre des Séraphins.

Suisse. De gueules à la croix alaisée d'argent.

Turquie. De sinople au croissant d'or. L'écu posé sur un trophée d'armes et timbré du turban, surmonté du croissant.

Ordre du Nichan-Iftikhar.

Wurtemberg. Parti : au 1, d'or à 3 ramures de cerf de sable ; au 2, d*or à 3 lions passants de sable, lampassés de gueules.

L'écu timbré du casque royal orné de ses lambrequins et sommé de la couronne royale.

Supports : à dextre, un lion au naturel, couronné d'or ; à senestre, un cerf au naturel.

AMÉRIQUE.

Mexique. D'azur à l'aigle d'or posée sur un cactus de sinople sortant d'un tertre de même ; enserrant et becquetant un serpent aussi de sinople.

L'écu posé sur une épée et un sceptre en sautoir et sommé de la couronne impériale.

Supports : 2 griffons contournés

États-unis. Dans une gloire étoilée un aigle au naturel aux ailes éployées porté sur un nuage, poitrine d'un écusson paie de gueules et d'argent, au chef d'azur chargé de 15 étoiles d'or et tenant de la serre dextre un foudre et une banderole de gueules avec cette légende : E pluribus unum, et de la senestre une branche d'olivier de sinople.

Brésil. De sinople à la croix pattée de gueules, bordée d'or et chargée d'une sphère aussi de gueules ; la croix entourée d'un cercle d'azur semé de 19 étoiles d'argent. L'écu accosté à dextre d'une branche de caféier et à senestre d'une branche de tabac et timbré d'une couronne fermée.

Pérou. Coupé : le 1 er, d'azur au lama d'or posé sur une terrasse de sinople, parti d'argent à l'arbre de sinople posé sur une terrasse de même ; le 2 e, de gueules à une corne d'abondance d'or posée en fasce, fruitée de même et feuillée de sinople.

Lécu posé sur un trophée de drapeaux et surmonté d'une couronne de laurier fermée d'une étoile.

lia plat». Coupé d'azur et d'argent à une foi d'or, tenant un bonnet phrygien de gueules posé sur un bâton d'or, brochant sur le tout.

Chili. Coupé d'azur et de gueules à une étoile d'argent brochant sur le tout. Supports : Un aigle et un onagre couronnés.

soHvelle-tii'cuiKle. D'azur à une fasce d'argent chargée d'un bonnet phrygien de gueules, accompagnée en chef d'une grenade au naturel accostée de deux cornes d'abondance penchées d'or, et en pointe de deux navires voilés d'argent voguant sur une mer d'azur.

'Venezuela. Coupé : au 1, de gueules à la gerbe d'or, parti d'or à un faisceau de 2 sabres et de 2 lances posés en sautoir et liés de gueules • au 2 d'azur au cheval d'argent passant à senestre sur un tertre de sinople.

L'écu posé sur un trophée de drapeaux aux couleurs et armes nationales et sommé de 2 cornes d'abondance posées en sautoir.

Guatemala. Coupé : au 1, d'argent à 5 pals d'azur ; au 2, d'azur chargé de 3 volcans allumés de gueules.

L'écu sommé d'un soleil levant et posé sur 2 drapeaux aux couleurs nationales et réunis par une banderole chargée de la légende : Sub D. 0. M. protectione.

ASIE.

Perse. D'azur au lion d'or passant sur une terrasse de sinople, et tenant de la patte senestre un cimeterre d'azur à poignée d'or ; au soleil d'or levant derrière le lion.

Japon. D'azur à un oval d'or chargé en cœur d'une lune d'argent, à l'orle de 6 étoiles de même, cantonné de 4 étoiles d'or à la bordure de même.

L'écu posé sur les drapeau et pavillons japonnais.

Armoiries de prétentions. Ces armoiries sont celles de royaumes, de duchés ou grands fiefs que certains souverains plaçaient ou placent encore dans leur écusson, pour marquer leurs prétentions fondées sur des droits plus ou moins contestables sur ces mêmes royaumes, duchés ou grands fiefs possédés ordinairement d'une manière directe par d'autres princes. Les rois d'Angleterre ont longtemps écartelé leur écusson de France, en souvenir de leurs prétentions à la couronne de France ; ceux de Sardaigne ont écartelé de Chypre et de Jérusalem, pour rappeler leurs droits sur ces deux royaumes ; les rois de Naples avaient dans leurs armes celles de Jérusalem, de Bourgogne et d'AnjouSicile, États qui ont fait partie de l'apanage de princes de leur maison.

Armoiries de dignités et de concessions. Les armoiries de dignités sont celles qui sont attachées aux fonctions et dignités et que les titulaires sont tenus de porter, indépendamment de leurs armes personnelles ; elles se composent de figures qui meublent le champ de l'écu et d'ornements extérieurs qui accompagnent ces armoiries, Celles de

concession contiennent des pièces des armoiries des souverains ; ces dernières figurent même, quelquefois, tout entières dans celles de certaines familles pour les récompenser des services rendus au prince et au pays et en conserver le souvenir à leur postérité.

Armoiries de familles. Ce sont les plus anciennes, car les armoiries furent personnelles avant de devenir de domaine, de prétention, etc. Les armoiries de familles se subdivisent en armes pures et pleines et en armes brisées ; les premières sont les armes primitives de la famille que les aînés seuls ont le droit de porter ; les secondes sont celles qu'adoptent les cadets, ainsi que nous l'avons vu au chapitre des brisures. On peut ranger dans cette classe un genre d'armes que l'on rencontre assez fréquemment, les armes parlantes, qui font allusion au nom de celui qui les porte. On distingue encore dans les familles les armes vraies, c'est-àdire composées selon les règles héraldiques ; les armes à enquerre, qui pèchent contre les principes du blason, soit qu'elles remontent à une époque où ces principes n'étaient pas encore bien établis, soit que le souverain, en les concédant, ait voulu, en violant la règle, perpétuer le souvenir de quelque action éclatante et obliger à s'enquérir des causes qui ont donné lieu à cette exception (fig. 317) ; les armoiries provenant d'alliances qu'une famille ajoute aux siennes pour indiquer les alliances qu'elle a contractées ; elles se mettent écartelées, parties, posées sur le tout. Cette dernière disposition indique ordinairement la famille d'où la branche est sortie, ou une famille illustre à laquelle elle est alliée. Les armoiries de succession et de substitution peuvent être rangées dans cette classe.

Comme exemple de ces différentes variétés d'armoiries, nous donnons ici la description des blasons de quelques grandes familles de France qui ont un nom historique :

Alençon (Comtes d'), de France à la bordure de gueules chargée de 8 besants d'argent.

Anjou (Comtes et ducs d'), de gueules à 2 lions passants d'or, armés et lampassés, l'un sur l'autre.

Armagnac (Comtes d'), d'argent au lion de gueules, armé et lampassé.

Artois (Comtes d'), semé de France, au lambeî à 4 pendants de gueules, chaque pendant chargé de 3 châteaux d'or.

Auvergne (Anciens comtes d'), d'or au gonfanon de gueules, frangé de sinople.

Bonaparte (Maison de), de gueules à 2 barres d'or accompagnées de 2 étoiles, l'une en chef et l'autre en pointe.

Bourbon (Ducs de), semé de France à la bande de gueules.

Bourgogne (Comtes de), d'azur au lion d'or, semé de billettes de même.

Bourgogne (Ducs de)., écartelé : aux 1 et 4, d'azur semé de fleurs de lis d'or, à la bordure componée d'argent et de gueules de 16 pièces, qui est de Bourgogne moderne ; aux 2 et 3, bandé d'or et d'azur de 6 pièces, à ia bordure de gueules, qui est de Bourgogne ancien.

Bretagne (Ducs de), d'hermine.

Bretagne-Dreux (Ducs de), échiqueté d'or et d'azur au franc quartier d'hermine, à la bordure de gueules.

Brienne (Comtes de), mêmes armes que celles des comtes de Bourgogne.

Brissag (Ducs de), de sable à 3 fasces d'or dentelées par le bas.

Champagne (Comtes de), d'azur à une bande d'argent accompagnée de 2 doubles cotices potencées et contre-potencées d'or de 13 pièces.

Clermont-Tonnerre (Les), de gueules à 2 clefs d'argent passées en sautoir. Clisson (Les), de gueules au lion d'argent, armé, lampassé et couronné d'or.

Condé (Les princes de), écartelé : au 1 et 4, de Bourbon ; au 2 et 3, d'Alençon.

Conti (Maison de Bourbon-), de France au bâton de gueules péri en bande, à la bordure de même.

Couci (Les sires de), fascé de vair et de gueules de 6 pièces.

Courtenay (Les seigneurs de), d'or à 3 tourteaux de gueules, posés 2 et 1.

Du Guesclin, d'argent à l'aigle éployée de sable couronnée d'or.

Flandre (Comtes de), d'or au lion de sable, armé et lampassé de gueules.

Guienne (Ducs de), de gueules au léopard d'or armé et lampassé d'azur.

Jérusalem (Rois de), d'argent à la croix potencée et contre-potencée d'or, cantonnée de 4 croisettes de même.

Larochefoucauld (Les), burelé d'argent et d'azur à 3 chevrons de gueules, le premier écimé, brochants sur le tout.

La Tour d'Auvergne (Ancienne maison de), de gueules à la tour d'argent maçonnée de sable.

La Trémouille (Les sires de), d'or au chevron de gueules, accompagné de 3 aiglettes d'azur, becquées et membrées de gueules.

Lorraine et de Bar (Ducs de), parti : au 1, d'or à la bande de gueules chargée de 3 alérions d'argent ; au 2, d'azur semé de croisettes recroisettées au pied fiché d'or à 2 bars adossés de même.

Lusignan (Les seigneurs de), burelé d'argent et d'azur au lion de gueules, armé, couronné et lampassé d'or, brochant sur le tout.

Montmorency (Les), d'or à la croix de gueules cantonnée de 16 alérions d'azur.

Montpensier (Comtes de), de Bourbon ; la bande de gueules brisée d'un quartier d'or, au dauphin d'azur.

Normandie (Ducs de), de gueules à 2 léopards d'or.

Orange (Comtes d'), d'or au cornet de chasse de sable enguiché d'argent et lié de gueules.

Orléans (Les Bourbons d'), de France au lambel d'argent.

Provence (Comtes de), d'or à 4 pals de gueules.

Richelieu (Ducs de), d'argent à 3 chevrons de gueules.

Rohan (Les), de gueules à 9 macles d'or, rangées en fasces, 3, 3, 3.

Toulouse (Comtes de), de gueules à la croix cléchée, vidée et pommetée d'or.

Turenne (Vicomtes de), coticé d'or et de gueules.

Vendôme (Comtes de) et de La Marche, semé de France à la bande de gueules chargée de 3 lionceaux d'argent.

Viennois (Dauphins de), d'or au dauphin d'azur, crété, barbé et oreille de gueules.

Armoiries des villes. Ce sont celles que les villes, lors de l'affranchissement des communes au moyen âge, firent sculpter au fronton de leur maison de ville et sur leurs portes, graver sur leurs sceaux et cachets, peindre sur leurs bannières. Elles sont simples ou de patronage. Les armoiries simples sont celles qui ont conservé leurs pièces symboliques ou meubles primitifs ; elles avaient été composées par les magistrats de la cité. Les armoiries de villes dites de patronage sont celles qui portent en chef les armes du souverain, soit comme souvenir d'une résistance héroïque à l'ennemi, soit comme récompense de services rendus au prince ou au pays.

Les écussons des villes sont ordinairement som-


mes d'une couronne murale. Sous le premier Empire on donna, comme timbre, au blason des villes du premier ordre, une couronne murale à 7 créneaux d'or, pour cimier une aigle naissante ; à celles du second, une couronne murale à 5 créneaux d'argent, et à celles du troisième, une corbeille de gerbes d'or.

Nous donnons ici la description des armoiries des 89 chefs-lieux des départements de la France :

Agen. Parti : au 1, de gueules à l'aigle essorant d'argent, tenant dans ses serres une légende de même, sur laquelle est écrit : Agen ; au 2, aussi de gueules à la tour d'or, crénelée de 4 pièces, maçonnée de sable, donjonnée de 3 tourelles girouettées d'or.

Ajaccio. D'azur à 2 lions d'argent supportant une colonne de même ; la colonne surmontée d'une couronne antique du second émail. Les lions et la colonne posés sur une terrasse de sinople.

Alby. De gueules à la tour d'argent crénelée et ou. verte de deux portes ; surmontée d'un léopard d'or, les pattes posées sur 4 créneaux, brochant sur une croix épiscopale du second émail. En chef, à dextre, un soleil rayonnant d'or ; et à senestre, une lune en décours d'argent.

Alençon. D'azur à l'aigle éployée d'or.

Amiens. De gueules à un alizier d'argent entrelacé en cercle ; au chef d'azur chargé de fleurs de lis d'or.

Angers. De gueules à une clef d'argent posée en pal ; au chef d'azur chargé de deux fleurs de lis d'or.

Angoulême. D'azur semé de fleurs de lis d'or, à la bande componée d'argent et de gueules.

Annecy. De gueules à une truite d'argent marquetée de sable et de gueules, posée en bande.

Arras. D'azur à la fasce d'argent chargée de 3 rats de sable, accompagnée en chef d'une mitre d'or, et en pointe, de 2 crosses de même posées en sautoir.

Auch. Parti : au 1, de gueules chargé d'un agneau pascal d'argent à la croix de même, supportant une bannière d'azur ; au 2, d'argent au lion armé et lampassé de gueules.

Aurillac. De gueules à 3 coquilles d'argent ; au chef d'azur chargé de 3 fleurs de lis d'or.

Auxerre. D'azur semé de billettes d'or, au lion de même, armé et lampassé de gueules, brochant sur le tout.

Avignon. De gueules à 3 clefs d'orposées de fasce.

Bar-le-Duc D'azur semé de croisettes recroisettées au pied fiché d'or ; à 2 bars adossés de même, brochant sur le semé.

Beauvais. De gueules au pal fiché d'argent.

Besançon. D'or à l'aigle éployée de sable, tenant dans ses serres 2 colonnettes de gueules.

Blois. D'argent à une fleur de lis d'or.

Bordeaux. De gueules à un château d'argent posé sur une onde de sinople, chargée d'un croissant montant d'argent ; au chef d'azur chargé de fleurs de lis d'or.

Bourg. Parti de sinople et de sable à la croix de Saint-Lazare d'argent brochant sur le tout.

Bourges. D'azur à 3 moutons passants d'argent, accornés de sable, accolés de gueules et clarines d'or, à la bordure engrêlée de gueules ; au chef semé de fleurs de lis d'or.

Caen. Coupé d'azur et de gueules à 3 fleurs de lis d'or, 2 en chef, 1 en pointe.

Cahors. De gueules au pont à 5 arches d'argent sur une rivière de même, chargé de 5 tours couvertes de même, surmontée chacune d'une fleur de lis d'or, mise en chef. Carcassonne. D'azur au portail de ville flanqué de 2 tours d'or couvertes en clocher, la porte hersée et surmontée d'un écu de gueules chargé d'un agneau pascal d'argent ; à la bordure de France.

Chalons-sur-Marne. D'azur à la croix d'argent cantonnée de 4 fleurs de lis d'or.

Chambéry. De gueules à la croix d'argent, à une étoile d'argent au canton dextre du chef.

Chartbes. De gueules à 3 deniers chartrains d'argent ; au chef d'azur, chargé de 3 fleurs de lis d'or.

Chateauroux. D'argent au château ouvert de gueules, posé sur une terrasse de sinople.

Chaumont. Parti : au 1, de gueules à une demiescarboucle d'or, mouvante du flanc senestre de la partie ; au 2, d'azur à la bande d'argent accompagnée de 2 cotices potencées et contre-potencées d'or ; au chef d'azur chargé de 3 fleurs de lis d'or.

Clermont-Ferrand. D'azur à la croix pleine de gueules orlée d'or, cantonnée de 4 fleurs de lis d'or.

Colmar. Parti de gueules et de sinople, à la molette d'éperon d'or attachée à sa branche posée en barre de même.

Digne. D'azur à une fleur de lis d'or en cœur, entre deux L affrontées d'argent, accompagnée d'une crossette de gueules en chef, et d'un D d'argent en pointe.

Dijon. De gueules au chef parti : au 1, d'azur semé de fleurs de lis d'or, à la bordure componée d'argent et de gueules ; au 2, bandé d'or et d'azur de 6 pièces, à la bordure de gueules.

Draguignan. De gueules au dragon d'argent.

Épinal. De sable à 5 chevrons d'argent, au chef échiqueté de sable et d'argent.

Évreux. D'azur à 3 fleurs de lis d'or, 2 et 1 ; à la bande componée d'argent et de gueules brochant sur le tout.

Foix. D'or à 3 pals de gueules.

Gap. D'azur à un château d'or crénelé, sommé de 4 tours de même couvertes en clocher.

Grenoble. D'or à 3 roses de gueules.

Guéret. D'azur à 3 peupliers de sinople sur une terrasse de même ; au cerf passant d'or sur le tout.

Laon. D'azur au chef d'argent, chargé de 3 merlettes de sable.

Laval. De gueules au léopard lionne d'or.

Lille. De gueules à une fleur de lis d'argent.

Limoges. De gueules au buste de saint Martial, orné à l'antique, d'argent, ombré de sable, entre les initiales gothiques S. M. d'or ; au chef d'azur, chargé de 3 fleurs de lis d'or.

Lons-le-Saulnier. Ëcartelé : au 1, d'azur à l'N d'or surmontée d'une étoile du même ; au 2, d'azur à la bande d'or ; au 3, de gueules au cornet de chasse d'or ; au 4, d'or plein.

Lyon. De gueules au lion d'argent ; tenant de la patte senestre un glaive de même ; au chef d'azur chargé de 3 fleurs de lis d'or. Maçon. De gueules à 3 anneaux d'argent, 2 en chef, 1 en pointe.

Mans (le). D'or à la croix de gueules chargée de 3 chandeliers d'église d'argent, 2 et 1, et d'une clef de même posée en pal sur le chandelier de la pointe ; au chef d'azur chargé de 3 fleurs de lis d'or.

Marseille. D'argent à une croix d'azur.

Melun. D'azur à 7 besants d'or, 3, 1, 3 ; au chef du second émail.

Mende. D'azur à l'M gothique d'argent, et au soleil d'or en chef.

Metz. Parti d'argent et de sable. Mézières. De gueules à l'M d'argent accompagnée en chef de 2 râteaux d'or posés en face.


Montauban. De gueules au saule terrassé et étêté d'or, aux 6 branches sans feuilles, 3 à dextre et 3 à senestre ; au chef d'azur semé de 3 fleurs de lis d'or.

Mont-de-Marsan. D'azur à 2 clefs d'argent adossées posées en pal.

Montpellier. D'azur à un trône antique d'or, à une Notre-Dame de carnation tenant l'enfant Jésus aussi de carnation ; en chef, à dextre, un A, et à senestre, un M gothiques d'or ; en pointe un écusson d'argent chargé d'un tourteau de gueules.

Moulins. D'argent à 3 croix ancrées de sable, 2 et l ; au chef d'azur semé de fleurs de lis d'or.

Nancy. Coupé : le chef aux armes pleines de Lorraine, la pointe d'argent à un chardon de sinople, fleuri de gueules.

Nantes. De gueules à un navire d'argent sur une onde ombrée de sinople aux voiles d'hermine ; au chef cousu de même.

Napoléon-Vendée. De gueules à une ville d'argent posée sur un tertre de sinople et surmontée en chef d'une foi d'argent ; au canton dextre d'azur chargé d'une N d'or et surmontée d'une étoile de même.

Nevers. D'azur semé de billettes d'or, au lion de même brochant sur le tout.

Nice. D'argent à l'aigle de gueules perchée sur 3 rocs de sable battus par des flots d'azur ou de sinople.

Nîmes. De gueules au palmier terrassé de sinople, au crocodile de même posé en fasce, enchaîné et colleté d'or ; avec la légende en lettres de même COL. NEM. (Colonia Nemausus) posée de même.

Niort. D'azur semé de fleurs de lis d'or, à une tour d'argent, maçonnée de sable, crénelée de 7 pièces d'argent, posée sur une onde de même.

Orléans. De gueules à 3 cœurs de lis d'argent, 2 et 1 ; au chef d'azur chargé de 3 fleurs de lis d'or.

PARIS. De gueules au navire d'argent, aux voiles éployées, sur une onde de même ; au chef d'azur semé de fleurs de lis d'or.

Pau. D'azur à 3 pals d'or fichés et alaises, réunis par une fasce de même ; le pal du milieu surmonté d'un paon rouant, au naturel ; en pointe, 2 vaches affrontées de gueules, accolées et clarinées du champ.

Périgueux. De gueules au château de 3 tours d'argent crénelées, celle du milieu sommée d'une fleur de lis d'or en chef.

Perpignan. De gueules à 2 tours crénelées d'argent et une fleur de lis d'or en chef.

Poitiers. D'or au lion de sable à la bordure de même, chargée de 12 besants d'or ; au chef d'azur à 3 fleurs de lis d'or.

Privas. D'argent au chêne de sinople englanté d'or, posé sur une terrasse de sinople ; au chef d'azur chargé de 3 fleurs de lis d'or.

Puy-en-Velay (Le). D'azur semé de fleurs de lis d'or, à une aigle d'argent brochant sur le tout.

Quimper. De gueules, au cerf passant d'or ; au chef d'azur à 3 fleurs de lis d'or.

Rennes. Paie d'argent et de sable de six pièces, au chef d'hermine.

Rhodez. De gueules à 3 besants d'or.

Rochelle (La). De gueules au navire aux voiles éployées d'argent ; voguant sur des ondes de sinople.

Rouen. De gueules à l'agneau pascal d'argent, tenant une croix d'or à la banderole d'argent, chargée d'une croix de même ; au chef d'azur, chargé de 3 fleurs de lis d'or.

Saint-Brieux. D'azur au griffon d'or.

Saint-Étienne. D'azur à 2 palmes de sinople posées en sautoir, cantonnées d'une couronne d'or fermée en chef, et de 3 croisettes d'argent, pierrées d'or, posées 2 et 1. Saint-Lô. De gueules à une licorne rampante d'argent ; au franc canton d'azur chargé d'une N d'or surmontée d'une étoile de même.

Strasbourg. D'azur à une Notre-Dame de carnation vêtue d'argent, sur un trône d'or et sous un pavillon de même, tenant de la main dextre un sceptre d'or et sur le bras senestre l'enfant Jésus de carnation ; en pointe, écusson d'argent à une bande de gueules.

Tarbes. Écartelé d'or et de gueules.

Toulouse. De gueules à un agneau pascal d'argent, la tête contournée, appuyé sur une croix cléchée, vidée et pommetée d'or, soutenue d'une vergette de même ; à dextre, le portail de l'église SaintSernin d'argent, et à senestre, un château sommé de 3 tours aussi d'argent ; au chef d'azur semé de fleurs de lis d'or.

Tours. De sable à 3 tours d'argent, maçonnées, ouvertes, ajourées du champ et girouettées de gueules.

Troyes. D'azur à la bande d'argent accompagnée de 2 doubles cotices potencées et contre-potencées d'or.

Tulle. De gueules à 3 rocs d'échiquier d'or, 2 et 1 ; au chef d'azur chargé de 3 fleurs de lis d'or.

Valence. De gueules à la croix d'argent chargée en cœur d'une tour d'azur.

Vannes. De gueules à une hermine d'argent, colletée d'hermine et sommée d'une couronne ducale d'or.

Versailles. D'azur à 3 fleurs de lis d'or, 2 et 1 ; au chef d'argent chargé d'un coq éployé, crête de gueules, naissant au naturel.

Vesoul. Coupé : au 1, d'azur semé de billettes d'or, chargé d'un lion issant de même ; au 2, de gueules au croissant montant d'argent.

Alger. Coupé : au 1, à l'aigle de l'empire français ; au 2, de sinople au croissant montant d'or) accompagné de 3 étoiles de même.

Armoiries de patronage et de concession. Les armoiries de patronage sont empruntées à celles d'un supérieur dont on se reconnaît l'obligé ; elles se placent dans la partie la plus honorable de l'éeu pour marquer la dépendance envers ce supérieur. C'est dans les États de l'Église que ce genre d'armoiries a été le plus répandu ; on attribue l'introduction des quartiers de patronage à des cardinaux neveux de papes. On doit ranger dans cette catégorie les armoiries des 40 villes de France qui reçurent, sous la Restauration, le titre de bonnes villes, avec la permission d'ajouter à leur blason un chef de France, pour marquer leur obéissance et leur fidélité au roi ; les provinces, les fiefs de la couronne portaient aussi le chef de France. Les armoiries de concession sont celles que concède le souverain en récompense de belles actions, de services rendus au pays ou de dévouement au chef de l'État. On les ajoute au blason de famille, soit en parti, soit en écartelé, soit sur le tout, ou bien encore dans un écusson séparé.

Armoiries des corporations. Ce sont celles des corporations laïques et ecclésiastiques, des universités, des académies et des collèges ; elles sont fort nombreuses ; nous nous contenterons d'en donner ici quelques exemples.

La communauté des consuls de la ville de Paris


avait pour armes : d'argent à un navire voilé de sable, voguant sur une mer d'argent, soutenu par une foi et surmonté de l'écusson de France, couronné d'or ; l'Université de Paris, la fille aînée des rois de France, selon le titre qui lui l'ut donné par Charles VI, portait d'azur à 3 fleurs de lis d'or, qui est de France ancien, à un dextrochère tenant un livre ouvert et naissant d'une nuée mouvante du chef, le tout d'argent ; la corporation des libraires de la même ville écartelait ses armoiries de celles de l'Université et de celles de la ville, avec le chef de France ancien, celle des peintres portait : d'azur à 3écussonsd'argentetunefleur de lis d'orenabyme ; celle des orfèvres avait pour armes : de gueules à une croix d'or engrelée, cantonnée au 1 et 4, d'un ciboire : au 2 et 3, d'une couronne antique, le tout de même ; au chef de France ancien : V Académie française avait pour armoiries : de France, et en chef" un soleil d'or ; et pour devise ; A l'immortalité ; Y Académie des inscriptions et belles-lettres portait aussi de France à un médaillon représentant le buste du roi en abyrne.

Les chevaliers et grands maîtres de la plupart des ordres de chevalerie ajoutaient à leurs armes celles de leur ordre ; les grands maîtres de Malte, du Temple, de l'ordre Teutonique en écartelaient leurs armes ; les chevaliers de ces trois ordres et ceux de Saint-Étienne les placent en chef et posent leur écu sur la croix de l'ordre, entourée d'un chapelet. Dans les autres ordres, les membres posent seulement leur écu sur la croix de l'ordre sans rien changer à leur blason. Les ordres religieux et militaires, les abbayes, les églises avaient leurs armoiries particulières ; les religieux de la Merci portaient sur la poitrine le blason de leur ordre.

Les confréries, telles que celles de l'arc et de l'arquebuse, les corps de métiers ou corporations, avaient des armoiries qu'elles portaient peintes sur une bannière les jours de solennités.

Noblesse de l'Empire. Napoléon I e1 ' en créant des nobles, se réserva le droit de leur donner des armoiries. On suivit, dans ces concessions, les règles du code héraldique ancien ; les quelques exceptions qui avaient été admises ont disparu depuis, soit pai l'usage, soit par l'ordonnance de Louis XVIII. On peut ajouter les détails suivants à ceux que nous avons donnés précédemment (p. 775) au sujet des toques et lambrequins de l'époque impériale. Le blason des princes grands dignitaires avait un chef d'azur semé d'abeilles d'or ; il était entouré d'un manteau d'azur semé de même, doublé d'hermine et sommé d'un bonnet d'honneur de forme électorale ; les ducs avaient un chef de gueules semé d'étoiles d'argent et un manteau doublé de vair ; les comtes sénateurs, un franc quartier à dextre d'azur, à un miroir d'or en pal, où se mirait un serpent tortillé d'argent ; les comtes militaires, un franc quartier à dextre d'azur, à l'épée haute en pal d'argent, montée d'or ; les comtes archevêques, un franc quartier à dextre d'azur, à une croix pattée d'or ; les barons militaires, un franc quartier à senestre de gueules, à l'épée haute en pal d'argent ; les barons évêques, un franc quartier à senestre de gueules, à la croix alaisée d'or ; les chevaliers, un pal de gueules chargé de la croix de la Légion d'honneur.

Les anoblissements faits depuis le premier Empire comportent aussi concession d'armoiries soumises aux lois héraldiques et judiciaires.


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  1. 1. On croit que le mot blason vient de l’allemand blasen, sonner du cor, parce que l’écuyer du chevalier qui arrivait au tournoi ou le chevalier lui-même sonnait du cor pour annoncer sa venue aux hérauts d’armes ; mais cette étymologie est contestable.
  2. 2. Du latin sculum, bouclier.