Astronomie populaire (Arago)/XXXIII/01

GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 647-648).

CHAPITRE PREMIER

avant-propos


Le calendrier n’a pas encore été l’objet d’une exposition claire et détaillée. Dans les écrits de mes prédécesseurs on a laissé entièrement de côté une foule de questions intéressantes ; divers points, il est vrai, y sont traités avec une grande supériorité, mais non pas, si une telle observation m’est permise, par des raisonnements à la portée des personnes dépourvues de connaissances mathématiques. J’ai essayé de remplir cette lacune en réunissant ici l’indication abrégée des méthodes diverses mises en usage chez les anciens et les modernes pour se retrouver dans le temps. Le lecteur est maintenant familiarisé avec les théories astronomiques, et il ne s’agit plus pour lui que d’en faire l’application à divers problèmes dont la pratique de la vie des sociétés demande la solution aux astronomes.

Quoique j’aie pris tous les soins dont je suis capable pour éviter les inexactitudes que j’avais à craindre en traitant une question qui exigeait à la fois des recherches scientifiques, historiques et d’érudition ; quoique j’aie puisé aux meilleures sources, telles que Clavius, Gassendi, Blondel, Delambre, Daunou, etc., je ne sais si je dois me flatter que des erreurs plus ou moins graves ne se seront pas glissées dans mon travail. Ma seule prétention a été de répandre un peu de clarté sur un sujet que les astronomes de profession eux-mêmes abordaient avec répugnance, à cause de sa complication.

La vieille astronomie, dit un savant historien, exclue de nos écoles, règne toujours dans nos calendriers et dans nos langues. Les détails dans lesquels nous allons entrer mettront en complète évidence la vérité de cette réflexion. Un mot encore avant d’entrer en matière.

Le Bourgeois gentilhomme, dans la comédie de Molière, voulait que son maître de philosophie lui apprît l’almanach. C’était là un vœu très-raisonnable. Tel qui s’en moque serait bien embarrassé si on lui adressait à ce sujet les questions même les plus élémentaires. Mais, on doit l’avouer, M. Jourdain se trompait en s’imaginant que les leçons qu’il demandait seraient faciles et simples. L’explication de l’almanach touche aux points les plus délicats, les plus épineux de la science et de l’érudition. Le lecteur, au reste, va en juger.