Astronomie populaire (Arago)/XXVIII/06

GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 401-402).

CHAPITRE VI

historique de la découverte de la vitesse de la lumière


La détermination de la vitesse prodigieuse avec laquelle la lumière se meut dans l’espace est un des plus beaux résultats de l’astronomie moderne. Les anciens croyaient cette vitesse infinie. Cette opinion fut partagée par Descartes au xviie siècle. La pensée que la lumière doit employer un temps quelconque pour se propager se trouve indiquée dans le deuxième livre du Novum organum de François Bacon.

Les diverses déterminations obtenues par les astronomes furent, du reste, longtemps très-discordantes. Duhamel donnait environ un quart d’heure pour le temps que la lumière emploie pour parcourir le rayon moyen de l’orbite terrestre ; Horrebow trouva 14m 7s, Cassini 14m 10s, Newton 7m 30s, Delambre 8m 13s. Le nombre de 8m 16s que nous adoptons, étant le temps employé à franchir une distance de 38 230 496 lieues de 4 000 mètres, correspond à une vitesse de 77 076 lieues par seconde.

La découverte proprement dite de la mesurabilité de cette vitesse a été faite en 1675 par Rœmer, qui a calculé une valeur approchée du temps que met à nous parvenir la lumière réfléchie par le premier satellite de Jupiter.

On est étonné, en étudiant l’histoire de l’astronomie, de voir que Jean-Dominique Cassini, qui avait d’abord, conjointement avec Rœmer, admis la propagation successive de la lumière pour faire concorder les éclipses observées vers l’opposition avec celles qu’on observe près de la conjonction, ait renoncé à cette théorie. Mais il faut remarquer, à la décharge du grand astronome, que le mouvement de révolution synodique du premier satellite avait seul l’uniformité indiquée par la théorie, et de plus que les éclipses des autres satellites ne s’observaient pas avec toute la précision désirable, à cause de la lenteur de leur mouvement et de leur passage dans le cône d’ombre.