Astronomie populaire (Arago)/XXI/02

GIDE et J. BAUDRY (Tome 3p. 381-383).

CHAPITRE II

durée de la révolution de la lune


C’est à Halley qu’est due en point de fait l’observation de laquelle il résulte, ainsi que nous le disions plus haut (chap. i), que le mouvement de la Lune s’est accéléré depuis les plus anciennes observations, surtout depuis les observations faites du temps des califes jusqu’à nos jours. Quand on rapproche ce résultat des causes physiques qui président aux mouvements célestes, il excite la surprise. Il est impossible, en effet, qu’un astre se meuve autour d’un autre avec plus de rapidité, sans que sa distance à celui-ci ne diminue.

La permanence du mouvement circulatoire exige qu’il y ait égalité entre la quantité dont le corps circulant tombe vers l’astre central, en vertu de son action attractive, dans l’intervalle d’une seconde, quantité qui ne peut manquer d’augmenter lorsque la distance diminue, et la force centrifuge qui, dans le même temps, tend à éloigner le corps circulant du point central. Cette force centrifuge augmente nécessairement avec la vitesse.

On voit dès lors qu’à un mouvement plus rapide de la Lune devrait correspondre une diminution dans la distance de l’astre à la Terre, qu’à une augmentation indéfinie de vitesse correspondrait une diminution indéfinie de la distance. De sorte qu’en dernière analyse, la Lune serait venue se poser sur la Terre, événement qui eût été accompagné d’épouvantables révolutions physiques.

Les astronomes discutèrent beaucoup, vers le milieu du siècle dernier, ces conséquences de l’accélération observée dans le mouvement de la Lune. Heureusement le public n’en fut informé qu’à l’époque où de Laplace eut démontré théoriquement que l’accélération sera renfermée dans des limites fort restreintes, et qu’elle sera suivie à une époque plus ou moins éloignée d’un mouvement graduellement retardé.

Ce résultat de l’illustre géomètre a permis de prouver que la température générale de la Terre n’a pas varié d’un centième de degré dans l’intervalle de 2 000 ans ! malgré le peu de liaison qu’on peut apercevoir au premier coup d’œil entre cette température et le mouvement de la Lune.