Astronomie populaire (Arago)/XII/06

GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 17-18).

CHAPITRE VI

voies lactées de divers ordres — leurs distances à la terre


Supposons que les étoiles de la nébuleuse, dont la profondeur est indiquée par le contour presque circulaire de la Voie lactée, soient, en masse, distantes les unes des autres, comme la plus voisine d’entre elles l’est du Soleil ou de la Terre. Dans cette supposition très-naturelle, les plus éloignées de ces étoiles seront 500 fois au moins plus distantes de nous que les plus voisines (chap. iv, p. 14). La lumière de ces dernières employant environ 3 ans à nous parvenir (liv. ix), la lumière des plus éloignées ne nous arrivera qu’en 1 500 ans. Le double de ce nombre, ou 3 000 ans, sera le temps employé par un rayon lumineux pour aller d’une des limites de la nébuleuse à la limite opposée.

Les progrès de l’astronomie ont été arrêtés pendant des siècles, par un préjugé enté sur la vanité des hommes ; ne tombons pas dans la même erreur à l’égard de notre nébuleuse ; ne la supposons pas privilégiée, écartons de nous la pensée que le Soleil fasse nécessairement partie du plus grand groupe d’étoiles dont l’espace soit parsemé ; admettons, au contraire, suivant l’idée grandiose de Lambert, que le ciel étoilé présente l’agglomération d’un bon nombre de voies lactées plus ou moins étendues et plus ou moins éloignées ; cherchons ensuite à quelle distance une nébuleuse, ayant les dimensions de notre voie lactée, devrait être transportée pour qu’elle sous tendît un angle de 10′.

Pour qu’un objet sous-tende un angle de 10′, il faut qu’on en soit éloigné de 334 fois ses dimensions. La dimension longitudinale de la nébuleuse lactée est telle, que la lumière emploie au moins 3 000 ans à la traverser. À la distance de 334 fois cette dimension, la nébuleuse lactée serait vue de la Terre sous l’angle de 10′, et la lumière emploierait à nous en arriver 334 fois 3 000 ans, ou 1 002 000 années, un peu plus d’un million d’années.

Tel est probablement l’éloignement de plusieurs amas d’étoiles que nous voyons tout entiers dans le champ de nos télescopes.