Astronomie populaire (Arago)/IX/15
CHAPITRE XV
étoiles changeantes ou périodiques
Il existe des étoiles dont l’éclat change périodiquement. Dans quelques-uns de ces astres singuliers, le passage du maximum au minimum d’intensité et le retour du minimum au maximum s’opèrent en peu de temps. Dans d’autres étoiles, au contraire, ces périodes sont assez longues.
Voici un tableau de quelques étoiles périodiques :
Étoile R de la Couronne, avec une périodicité de 323 jours, et une variation entre la sixième grandeur et la disparition complète |
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Périodicité reconnue par Pigott et déterminée par le même astronome. | |||
ο de la Baleine ; périodicité de 334 jours, avec une variation entre la deuxième grandeur et la disparition entière |
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Périodicité découverte par Holwarda ; Période déterminée par Bouillaud. | |||
χ du col du Cygne ; période de 404 jours, avec une variation de la cinquième à la onzième grandeur |
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Périodicité reconnue par Kirch ; Période déterminée par Maraldi. | |||
Étoile 30 de l’Hydre femelle, dite aussi l’Hydre d’Hévélius ; période de 494 jours. Elle varie entre la quatrième grandeur et la disparition |
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Périodicité découverte par Maraldi ; Période déterminée par Maraldi, et mieux ensuite par Pigott. |
Algol de la tête de Méduse, ou β de Persée. Période de 2 jours 20 heures 48 minutes |
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Reconnue variable entre la deuxième et la quatrième grandeur par Montanari et Maraldi. Période déterminée par Goodricke. | |||
δ de Céphée. Période de 5 jours 8 heures 37 minutes. Variation de la troisième à la cinquième grandeur au plus |
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Période reconnue et déterminée par Goodricke. | |||
β de la Lyre. Période de 6 jours 9 heures. Variation de la troisième à la cinquième grandeur au plus |
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Période reconnue et déterminée par Goodricke. | |||
η d’Antinous. Période de 7 jours 4 heures 15 minutes, avec une variation de la quatrième à la cinquième grandeur |
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Période reconnue et déterminée par Pigott | |||
η d’Argo |
Période indéterminée. |
J’ai cru devoir former moi-même ce tableau, en remontant autant que possible aux sources originales. Les détails que j’aurais pu extraire des ouvrages astronomiques les plus accrédités manquent, ce me semble, de précision, en se plaçant au point de vue historique. Dans certains cas, en effet, on a regardé comme ayant découvert l’étoile périodique, un observateur aux yeux duquel l’astre s’était offert comme une étoile nouvelle, un observateur qui ne se douta jamais qu’après s’être affaiblie l’étoile reviendrait à son premier éclat. Dans d’autres cas, au contraire, on a laissé entièrement de côté l’astronome qui avait reconnu, qui avait proclamé la périodicité, et tout l’honneur de la découverte a été attribué à celui dont les observations, combinées plus ou moins bien avec celles de ses prédécesseurs, ont donné pour la période le résultat numérique le plus exact. L’un et l’autre des deux systèmes peuvent être défendus par de bonnes raisons ; mais il me semble juste de n’en point changer quand on fait son choix, de n’en point changer surtout dans une seule et même table de quelques lignes. Je n’encourrai pour ma part de reproche d’aucun côté, puisque tous les éléments constitutifs de la découverte complète se trouvent indiqués dans ma table et rapportées à qui de droit.
N’est-il pas étonnant qu’Hévélius ait souvent déterminé la distance angulaire de ο de la Baleine à Algol, sans reconnaître la périodicité de cette dernière étoile. Avis à ceux qui s’interdisent toute incursion sur les champs déjà explorés par des hommes éminents.
J’emprunterai, du reste, au tome iii du Cosmos, de mon illustre ami Alexandre de Humboldt, la liste des étoiles variables dressées par M. Argelander. Le zéro placé dans la colonne de l’éclat minimum, signifie que l’étoile est, à ce moment, au-dessous de la dixième grandeur. Les lettres du grand alphabet latin ont été données par M. Argelander aux petites étoiles variables qui avant lui n’avaient pas encore reçu de nom ni de signe. Les sept étoiles o de la Baleine, β de Persée, χ du Cygne, 30 de l’Hydre d’Hévélius, β de la Lyre, δ de Céphée, R de la Couronne, se retrouvent dans le tableau que j’ai dressé moi-même. L’étoile η de l’Aigle du tableau de M. Argelander n’est pas autre que celle que j’indique comme η d’Antinoüs. Les nombres des deux tableaux pour les durées des périodes montrent dans quelles limites peuvent varier des déterminations de cette nature faite par des astronomes différents.