Astronomie populaire (Arago)/IX/03

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 352-354).

CHAPITRE III

détermination du nombre des étoiles de chaque grandeur
visibles avec nos instruments actuels


D’après le catalogue d’Harding, Struve avait trouvé que jusqu’à la sixième grandeur inclusivement le nombre d’étoiles de chaque classe est environ le triple du nombre d’étoiles appartenant à la classe précédente. Servons-nous de cette loi pour calculer le nombre de ces astres qu’on peut apercevoir avec nos plus forts télescopes, dans la supposition que le quatorzième ordre marque la limite extrême de leur puissances. Struve estime que dans la grande lunette de Poulkova (38 centimètres d’ouverture) les dernières étoiles visibles sont de treizième grandeur.

Le nombre total des astres qu’on peut apercevoir avec les instruments les plus parfaits sera la somme de la progression géométrique suivante :

18 ; 18 × 3 ; 18 × 32 ; 18 × 33 … ; 18 × 312 ; 18 × 313

Le dernier terme, 18 × 313 donne 28 697 000 (en négligeant les centaines et les unités) ; c’est le nombre des étoiles de quatorzième grandeur.

Le terme 18 × 312 fournit 9 566 000.

C’est le nombre des étoiles de treizième grandeur.

La somme des quatorze termes de la série produit 43 047 000.

C’est le nombre d’étoiles de la première à la quatorzième grandeur.

La somme des douze premiers termes de la série est égale à 14 349 000.

C’est le nombre des étoiles, depuis la première jusqu’à la treizième grandeur inclusivement.

Si les évaluations ci-dessus sont erronées, elles pécheront probablement par défaut : les véritables nombres seraient plus grands. En effet, en partant de la sixième grandeur, la loi donne, dans l’hémisphère boréal, environ 7 000 étoiles pour la septième ; Struve en a compté 14 000. Le multiplicateur 3 paraîtrait donc trop petit dans les classes inférieures.

En se servant de la méthode des jauges herscheliennes, dont nous parlerons dans les chapitres suivants, et sans y introduire aucune hypothèse, Struve en a déduit le nombre d’étoiles visibles avec le télescope de 20 pieds (6m,5) ; il a fixé ce nombre à 20 400 000.

Le nombre des étoiles augmente-t-il d’année en année, d’une manière sensible, soit parce qu’il s’en forme de nouvelles, soit parce que la lumière des plus éloignées n’avait pas eu encore le temps de nous arriver depuis l’origine des choses ?

On n’aura jamais un dénombrement assez complet des étoiles de toute grandeur qui brillent au firmament, pour qu’on puisse espérer de résoudre cette question par une inspection immédiate ; mais puisque la clarté répandue sur les objets durant les nuits sereines doit changer avec le nombre des étoiles, peut-être trouvera-t-on, quand les méthodes photométriques seront perfectionnées, le moyen d’arriver sur ce sujet à quelque connaissance positive, surtout si l’on peut comparer entre elles des observations séparées par un grand nombre d’années.