Astronomie populaire (Arago)/IX/01

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 349-351).

CHAPITRE PREMIER

classification des étoiles suivant l’ordre de leur grandeur


La division, en ordres de grandeurs, des étoiles dont le firmament est parsemé, a été faite par les astronomes de l’antiquité d’une manière arbitraire et sans aucune prétention à l’exactitude. D’après la nature des choses, ce vague s’est continué dans les catalogues modernes. Les cartes les plus accréditées offrent aujourd’hui un nombre total de 17 étoiles de première grandeur pour les deux hémisphères. Ce sont :

Sirius, ou α du Grand Chien, Béteigeuze, ou α d’Orion,
η d’Argo (variable), Achernard, ou α d’Éridan,
Canopus, ou α d’Argo, Aldebaran, ou α du Taureau,
α du Centaure, β du Centaure,
Arcturus, ou α du Bouvier, α de la Croix,
Rigel, ou ε d’Orion, Antarès, ou α du Scorpion,
La Chèvre, ou α du Cocher, Ataïr, ou α de l’Aigle,
Wéga, ou α de la Lyre, L’Epi, ou α de la Vierge.
Procyon, ou α du Petit Chien,

Pourquoi avoir admis 17 étoiles de première grandeur et non pas 16 ou 15 ? pourquoi 17 et non pas 18 ou 19 ? Personne ne saurait le dire. Les 17 étoiles de première grandeur sont loin d’avoir toutes la même intensité. La dernière de la première grandeur et la première de la seconde, Fomalhaut ou α du Poisson austral, ne diffèrent pas tellement d’éclat, que l’une n’eût pu descendre à la classe immédiatement inférieure, ou l’autre remonter à la classe immédiatement plus élevée avec β de la Croix, Pollux ou α des Gémeaux, Régulus ou α du Lion. Ces mêmes remarques s’appliquent, à plus forte raison, aux nombreuses étoiles des ordres inférieurs. La création de grandeurs intermédiaires, sortes de subdivisions entre des classes dont les limites sont mal déterminées, ne fait qu’ajouter plus de vague encore à une classification sans netteté, dont le fondement ne pourra être établi solidement que par des mesures photométriques.

La sixième grandeur composait, chez les anciens, le dernier ordre d’étoiles visibles à l’œil nu. Aujourd’hui plusieurs étoiles, observables sans instruments, sont rangées dans la septième grandeur. C’est donc la septième grandeur, qui est réellement le terme de démarcation entre les étoiles visibles à l’œil nu et les étoiles télescopiques.

Suivant M. Argelander, l’hémisphère boréal présente :

9
34
96
214
550
1 439
étoiles de première grandeur,
de deuxième,
de troisième,
de quatrième,
de cinquième,
de sixième.

La somme est égale à 2 342.

En supposant l’hémisphère austral aussi riche que l’hémisphère boréal, nous aurions sur un nombre total de 4 684 étoiles :

18
68
192
428
1100
2 878
étoiles de la première grandeur,
de la deuxième,
de la troisième,
de la quatrième,
de la cinquième,
de la sixième.

La même classification a été continuée pour les étoiles visibles au télescope en commençant par la septième grandeur, et ainsi de suite.