Astronomie populaire (Arago)/III/09

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 105-106).

CHAPITRE IX

aberration de sphéricité


La lentille oculaire, à l’aide de laquelle on examine l’image focale des objets engendrée par la lentille objective, sert uniquement à agrandir les dimensions de cette image. Si l’image de la lentille objective est confuse, l’image agrandie sera confuse aussi. Si les rayons qu’embrasse l’objectif, et qui partent de divers points de l’objet, ne se réunissent pas exactement dans des points sans dimensions appréciables, l’image focale étant confuse, les objets vus par l’ensemble des deux verres dont la lunette se compose seront confus aussi.

Nous avons reconnu expérimentalement que les rayons venant d’un point, qui traversent une lentille sphérique de verre biconvexe, se réunissent dans un foyer sans dimensions appréciables. Toute vérification faite, on trouve par la théorie et l’expérience que c’est seulement à peu près que cette réunion a lieu. Les rayons qui ont traversé la lentille, près de ses bords extérieurs, se sont trop réfractés, comparativement à ceux qui ont traversé la lentille vers les régions centrales.

Les diverses zones de la lentille sphérique n’ont pas mathématiquement le même foyer ; il résulte de là que chaque point de l’objet est représenté dans l’image par une surface d’une certaine étendue, et que cette image est un peu confuse.

La confusion qui provient du défaut de concordance des rayons, passant près des bords et dans les régions centrales de la lentille, est ce qu’on appelle l’aberration de sphéricité. Descartes a montré le premier que, pour faire disparaître cette aberration, il serait nécessaire que la lentille, au lieu d’être terminée par des surfaces sphériques, le fût par des surfaces paraboliques ou hyperboliques. On a imaginé, pour engendrer de telles surfaces, des procédés très-ingénieux, mais qui ont totalement manqué leur but, lorsqu’il a fallu passer de la surface simplement doucie à la surface parfaitement polie.

Heureusement qu’en usant le verre de la lentille objective, sur un bassin sphérique, des artistes habiles ont trouvé le moyen de donner aux deux surfaces une figure telle que l’aberration dite de sphéricité disparaît à peu près complétement. On voit, par cette courte explication, quelle peut être l’influence du talent de l’artiste dans la construction d’un bon objectif.