Astronomie populaire (Arago)/III/07

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 101-102).

CHAPITRE VII

des diverses théories des lunettes


Les notions que je vais donner sur la composition des lunettes paraîtront bien vulgaires, je dirai presque bien pratiques, aux géomètres qui en prendront connaissance. Je n’ignore pas que j’aurais pu, en suivant une autre voie, arriver à plus de précision dans les résultats, mais j’ose soutenir que les formules analytiques ne dispensent pas des notions élémentaires dans lesquelles j’ai été obligé de me renfermer. Pour justifier cette assertion, je consignerai ici une anecdote qui m’a été racontée par Lalande.

Il y avait à Gotha, au congrès des astronomes qui se tint dans cette ville, un mathématicien allemand, M. Klugel, auteur de plusieurs ouvrages estimés sur l’optique. Ce géomètre s’était tellement noyé dans les formules compliquées auxquelles il était arrivé, il avait, en retournant les formules pour leur donner de l’élégance, si bien oublié les principes fondamentaux des instruments puissants qui ont tant servi au progrès de la science, qu’un jour, ayant voulu examiner un objet éloigné, il tourna vers cet objet, aux grands éclats de rire de toute l’assemblée, la lentille microscopique qu’on appelle l’oculaire et plaça son œil vers l’objectif.

En lisant les détails imparfaits que je donne sur les lunettes, personne n’aura du moins la tentation de regarder par le gros bout.