Arrivée de l’archevêque arménien à Constantinople
Constantinople. — Arrivée de l’archevêque arménien catholique. — L’archevêque arménien catholique est arrivé ici depuis peu de jours ; il s’est transporté sans pompe et presque incognito de Khiat-Rhané, par mer, à la maison située dans le quartier de Galata, que la nation a louée pour servir d’archevêché. Ce personnage ne s’est pas encore présenté à la Porte pour recevoir son diplôme et le bâton de commandement dont on investit les patriarches grec et arménien. Cette formalité doit sanctionner la séparation des Arméniens catholiques d’avec les Arméniens schismatiques, séparation déjà consentie par la Porte à la suite de négociations entamées par l’ambassadeur de France, et auxquelles les légations d’Autriche et même de Russie doivent, au besoin, prêter leur appui. Cette mesure de la division des deux sectes d’Arméniens offre une importance réelle, en raison de la guerre acharnée qu’elles se font depuis long-temps, et dont les résultats ont plus d’une fois causé des secousses nuisibles à la tranquillité de l’empire et aux intérêts des deux ennemis. Elle se rattache d’ailleurs à l’esprit de tolérance qui préside aux relations de la Porte avec tous les peuples d’une autre croyance habitant sur son territoire, et elle est reconnue nécessaire par les membres les plus influens du cabinet ottoman. On pense donc que son exécution complète ne souffrira plus de retards, et que les Arméniens catholiques pourront bientôt jouir de la plénitude de leurs droits, constitués en corps de nation sous le chef religieux auquel la Porte conférera à ce sujet des pouvoirs analogues à ceux des patriarches des autres communions.