Alphonse Lemerre, éditeur (p. 87-88).

EN PLEIN CHAMP


À Léon Conquet.


Vautré dans l’herbe fraîche et les yeux demi clos,
La bouche ouverte, j’ai regardé les usines
Qui bordent l’horizon, estompant dans leurs flots
De brouillards empestés les vingt maisons voisines.

Un pauvre âne à ma droite écorchait son vieux dos,
Brayant de joie, après quelque buisson d’épines ;
Sur le fleuve jaunâtre on chargeait des radeaux,
En haut l’oiseau rayait le ciel aux couleurs fines.


Tranquille, je pensais à la brune aux yeux verts
Que j’idolâtre et dont le cœur est tant pervers,
Puis à la blonde fille, africaine et brutale

Qui m’aime constamment et que j’aime très peu.
Surtout à toi Soleil, surtout à toi ciel bleu,
Ô nature bourgeoise et si sentimentale !