Arômes du terroir/Au maréchal Joffre

Imprimerie Beauregard (p. 57-60).

Au Maréchal Joffre


DOUBLE BALLADE faite pour les élèves des Capucins d’Ottawa, qui désiraient offrir leurs hommages au généralissime des armées françaises, nouvellement créé maréchal par la République (1916).


Payé serez, sans delay ny arrest :
Vous n’y perdrez, seulement que l’attente.
LA REQUÊTE.

Ou plus que Job soit en griefve souffrance …
Qui mal vouldroit au royaume de France !
CONTRE LES MEDISANS DE LA FRANCE.

Françoys Villon


Si ton pays, que le Barbare enflamme,
Tient hardiment contre l’envahisseur,
Pour châtier la violence infâme
Et consoler l’angoisse du penseur,
C’est toi qui fus son plus grand défenseur !
Reconnaissant nos fières origines
Dans l’altitude où, brave, tu chemines,
Notre vieux sang gaulois s’éveille en nous ;
Car tes Poilus font nos terres cousines
Pour protéger la France de partout !


Puisque c’est toi que l’Univers acclame
Dans les vivats qu’il accorde au vainqueur,
Entends nos vœux : ils nous viennent de l’âme
Et montent haut pour atteindre ton cœur.
Tu refoulas les hordes du Traqueur
Qui harcelait les libertés divines.
Il tombera le jour que tu devines,
L’ardent joueur dont tu tiens le va-tout ;
Car les Poilus sortent de leurs ravines
Pour protéger la France de partout !

L’Humanité prend ton nom pour dictame
Contre un César qui fut violateur.
Le Droit martyr, sur son gibet, réclame
Le glaive pur d’un régénérateur
Pour rétablir l’ordre du Créateur
Et maîtriser les guerres assassines.
Demain déjà la paix que tu dessines
Remontera toutes les croix debout ;
Car tes Poilus découvrent leurs poitrines
Pour protéger la France de partout !


Une Alliance éloquemment proclame
La foi des preux en un libérateur,
Et regardant flotter ton oriflamme
Dans l’idéale et sublime hauteur
Où plane ton génie inspirateur,
Ta race altière arrache les épines,
De son front lourd, au milieu des ruines :
Dans l’avenir la souffrance l’absout ;
Car tes Poilus balayent les fascines
Pour protéger la France de partout !

La Kultur dit : « Pas de quartier ! la femme,
L’enfant, l’aïeul, fauchés dans la douleur,
Affirmeront par la force du drame
Notre vertu, qui fait notre valeur ! »
Ô Maréchal ! il est pour toute fleur
Une bonté qui de là-haut s’incline
Sur chaque lys et sur chaque racine,
Pour mettre cesse à ce hideux bagoût ;
Car tes Poilus arment la carabine
Pour protéger la France de partout !

ENVOI

JOFFRE, tu vois, notre Muse déclame.
Elle voulait te dire le bonheur
De ces enfants qui poursuivent ta trame
Dans le couvent de nos Frères Mineurs ;
Elle s’arrête. Or le carillonneur
Prîra pour toi, quand sonneront Matines,
Disant à Dieu qu’il garde tes courtines
Et fasse fuir l’Allemand jusqu’au bout ;
Car tes Poilus saignent des chevrotines
Pour protéger la France de partout !

Décembre 1916.