Anthologie féminine/Mme Petiteau de la Férandière

Anthologie féminineBureau des causeries familières (p. 175-176).

Mme  PETITEAU (Marie-Amable)
(Marquise de La Férandière)

(1736-1817)


Née à Tours ; elle épousa Louis-Antoine Rousseau, marquis de la Férandière.


VERS POUR UN BOSQUET
où devaient être placés le tombeau de son époux et le sien

Bosquet silencieux, où la simple nature
Cache son sanctuaire et ne l’ouvre qu’à nous,
Aimable confident des entretiens si doux
Que nous dicta cent fois l’amitié la plus pure,
Tant que de mon époux le cœur palpitera,
  Tant que le mien le chérira,
De roses nous viendrons enlacer ton feuillage ;
Nous viendrons dans ton sein chanter notre bonheur,
Et, rendant grâce aux dieux témoins de notre ardeur.
  Nous reposer sous ton ombragé.
Mais, hélas ! quand la mort, à la suite des ans,
 Aura glacé nos esprits et nos sens,
Et tous deux au tombeau nous aura fait descendre,
Solitaire berceau, propice à notre amour,

Que tu défends des feux et des regards du jour,
Tes verts rameaux enfin couvriront notre cendre.
 Réduit paisible, aujourd’hui si charmant,
Ah ! quel que soit alors ton aspect triste et sombre,
N’épouvante jamais que l’être indifférent,
  Et que toujours le tendre amant
  Vienne en rêvant chercher ton ombre !


L’AIGLE ET LE PAON
fable

Un aigle auprès d’un paon, non sans quelque murmure,
De sa robe enviait l’éclatante parure :
« Si vous devez briller aux yeux de l’univers,
  Dit le paon, c’est par le courage ;
L’oiseau que la nature a fait le roi des airs
  N’a pas besoin d’un beau plumage. »