Anthologie féminine/Daniel Stern

Anthologie féminineBureau des causeries familières (p. 306-307).


DANIEL STERN
(1805-1876)


Marie de Flavigny, née à Francfort-sur-le-Mein, mais d’origine française, écrivit sous le pseudonyme de Daniel Stern, dans l’école de George Sand, avec plus de métaphysique allemand ; George Sand lui a d’ailleurs donné dans les Lettres d’un voyageur des preuves d’estime.

Une dizaine d’ouvrages : Essai sur la liberté, Histoire de la Révolution de 1848 (3 vol.), 1856, Florence et Turin, Henri Valentin, Mélida, en 1845, un de ses plus grand succès. Son plus beau livre est Dante et Gœthe. C’est une œuvre dialoguée où elle admire également l’Italie et l’Allemagne :

Quelle que soit la différence des noms, des personnes ou des relations, Mme  de Stein inspire à Gœthe une passion aussi noble en son principe et en ses effets que l’amour de Dante pour Béatrice. Pour se rendre moins indigne d’elle, Gœthe, docile comme le poète italien aux reproches de son exigeante amie, maîtrise jusqu’à la passion qu’elle lui inspire ; il ouvre son cœur aux ambitions hautes. Du milieu des plaisirs, il incline son jeune souverain aux désirs du bien public ; il s’applique à la bonne administration des affaires, à l’économie des finances, au redressement des abus. Sans système et par la simple impulsion de son grand cœur, Gœthe se préoccupe incessamment d’améliorer le son des classes laborieuses. Il lutte avec la fatalité de la misère, « comme Jacob avec l’ange invisible », et tout le bien qu’il entreprend et qu’il réalise, toute l’activité qu’il déploie, ne suffisent pas encore à remplir son existence. Au sein des plus brillantes compagnies, l’ennui l’obsède ; auprès de la femme qu’il aime, un malaise inexplicable le tourmente. Il s’appelle Légion, dit-il, et il se sent seul. Il cherche t’ombre épaisse des forêts, il gravit les cimes désertes, il descend dans la nuit des mineurs. Comme Dante, errant et inquiet dans la vallée de la Magra, Gœthe demande aux silences d’Ilmenau la paix. Mais quelque chose d’indéfinissable le travaille ; de lointains horizons l’attirent ; il a le mal du pays, d’un pays qu’il n’a jamais vu. Une voix chante en lui : « Dahin, Dahin ! » Il faut qu’il parte ; il le sent, il le dit ; il faut qu’il voie, il faut qu’il possède l’Italie, ou bien il est perdu.


Après avoir eu un salon très fréquenté par les célébrités artistiques et littéraires, et dont Listz était un assidu, elle est morte dans des idées de spiritisme exalté.

Elle a eu trois filles : l’aînée, mariée au comte Guy de Charnacé, a écrit de l’esthétique sous le pseudonyme de Sault ; la seconde a épousé Émile Ollivier avant qu’il fût ministre de l’Empire, elle est morte jeune en lui laissant un fils ; la troisième, Cosima, avait épousé Hans de Bulow, elle divorça pour épouser l’illustre Wagner.