Anthologie féminine/Comtesse de la Suze

Anthologie féminineBureau des causeries familières (p. 66-67).

DE LA SUZE (Henriette de Coligny, Ctesse)

(1618-1673)


Petite-fille de l’amiral de Coligny, elle épousa Thomas Hamilton, comte de Hadington. Devenue veuve, se remaria à Gaspard de Champagne, comte de la Suze ; ne fut pas heureuse en ménage : le comte de la Suze, fort jaloux, l’emmena dans ses terres. Ne pouvant souffrir ni son mari ni la solitude, elle se sépara du comte, et de protestante se fit catholique, « afin, dit Christine de Suède, de ne rencontrer son mari ni dans ce monde ni dans l’autre ».

Mme  de la Suze était d’une grande beauté et possédait une physionomie charmante.

Ses poésies sont presque toutes rimées par Pellisson. Elles sont d’une douceur que l’on pourrait appeler fade ; le monde littéraire qui constituait sa petite cour les admirait aveuglément.


CHANSON

J’ai juré mille fois de ne jamais aimer,
Et je ne croyais pas que rien pût me charmer ;
Mais alors que je fis ce dessein téméraire,
Tircis, vous n’aviez pas entrepris de me plaire.
Ma raison contre vous ne fait plus son devoir,
Et de l’amour enfin je connais le pouvoir.
Hélas de mon erreur trop tard je m’aperçois ;
Je pensais que ce dieu ne rangeait sous ses lois
Que ceux qui de ses traits savent mal se défendre,
Mais je sens que mon cœur malgré moi va se rendre.
Ma raison contre vous ne fait plus son devoir.
Et de l’amour enfin je connais le pouvoir.